MATHIEU GAUVIN Oswald Spengler : de la philosophie de l'histoire à la philosoph

MATHIEU GAUVIN Oswald Spengler : de la philosophie de l'histoire à la philosophie politique Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l'obtention du grade de Maître es Arts (M.A.) Faculté de philosophie Université Laval Québec 2006 © Mathieu Gauvin, 2006 Objet de ce mémoire Nous avons voulu faire de ce mémoire un lieu de réflexion où nous pourrions approfondir la philosophie d'Oswald Spengler, plus précisément les éléments centraux de sa pensée politique, le socialisme et le césarisme, en lien avec sa philosophie de l'histoire. Ce lieu de réflexion en fut aussi un de rencontre avec d'autres pensées, d'autres penseurs, et c'est en cela que nous avons vécu notre recherche comme on traverse une discussion philosophique. Cette recherche nous a permis d'affirmer avec assurance ce que nous avions pressenti au premier contact avec la philosophie de Spengler, c'est-à-dire que cette dernière est une interlocutrice de premier choix dans une réflexion sur les grands problèmes qui nous occupent ici. Ceux-ci sont le sens de l'histoire, la compréhension de notre situation culturelle et politique actuelle, l'avenir de notre civilisation, les relations entre les civilisations, particulièrement la relation entre le pays le plus puissant de l'Occident, les États-Unis d'Amérique, et le reste du monde. Remerciements Nous tenons à témoigner notre gratitude à Monsieur Soheil Kash pour ses conseils éclairants, ses commentaires enrichissants et pour les encouragements qu'il nous a prodigués tout au long de nos recherches. Mentionnons aussi l'apport des précieux conseils de Madame Marie-Hélène Parizeau. Enfin, nous tenons à remercier tous ceux et celles avec qui nous avons eu des discussions sur une ou plusieurs des problématiques abordées dans ce mémoire, discussions qui, en plus d'être agréables, nous furent profitables dans notre cheminement. 1 1 Table des matières Objet de ce mémoire I Remerciements II Table des matières III Introduction 1 I. Spengler et son époque 7 La capitulation de 1918 11 Spengler et la Révolution conservatrice 15 II. De la morphologie de l'histoire universelle au portrait de notre époque 19 Pensée politique et philosophie de l'histoire 19 La méthode de la morphologie comparée des grandes cultures 21 Vie et mort des grandes cultures 24 III. Portrait de notre époque par Oswald Spengler 29 A. Portrait : la ville mondiale, la religion et les moeurs 31 La ville mondiale 31 La mort de Dieu, la déesse Raison, et la seconde religiosité 35 Les mœurs en période de civilisation : effets de la transmutation des valeurs 38 I - La dénatalité 39 II - La tempérance : société de loisirs 42 B. Portrait : le déclin des ordres et l'État 45 Le déclin des ordres 45 L'État et la nation : formes suprêmes et érosion 51 La démocratie en question 54 C. Portrait : alternatives à la démocratie parlementaire. Spengler contre le national- socialisme et le marxisme 58 Retour sur le portrait civilisationnel spenglérien 63 IV. Socialismes et césarismes 65 Le socialisme, affaire occidentale 66 Le socialisme éthique ou prussien 68 La menace du socialisme viking 70 Divergences morales et économiques -et le problème marxiste 72 Césarismes viking et prussien 76 Issue de cette tension : ambivalences spenglériennes 78 Questions entourant le socialisme prussien et le césarisme 80 V. Spengler aujourd'hui : perspectives critiques 83 La victoire de l'esprit viking et les césars états-uniens 84 Le phénomène de la seconde religiosité et le césarisme états-unien 85 Cas particuliers qui témoignent de la persistance de l'esprit prussien 87 Le choc des civilisations 90 Actualité de la philosophie de Spengler -précisions- 96 Conclusion 99 Bibliographie 101 Filmographie 103 III Introduction Ce mémoire est le produit de nos préoccupations et de nos craintes quant à l'avenir de notre civilisation, l'Occident. Nous ne cachons pas notre attachement pour cette civilisation qui a donné naissance à tant de choses que nous chérissons et dont l'histoire, traversée de drames et d'épreuves, en a fait un digne objet d'admiration. Si ce mémoire est le résultat de préoccupations et de craintes, c'est parce que la suite de drames et d'épreuves que l'Occident a affrontés n'est pas terminée. Tant que l'Occident sera une réalité, non plus seulement un souvenir, il affrontera des épreuves. Or, l'épreuve qui l'attend est l'épreuve ultime, celle de la mort, rien de moins. L'Occident, c'est presque un «cadavre parfumé», pour reprendre les mots de Cioran1, c'est une civilisation sur le déclin. La question de la véracité, nous oserions dire, de la « palpabilité » du déclin, nous semble résolue, c'est-à-dire indiscutable, presque comme une vérité apodictique ; elle est une des pierres d'assise de ce mémoire. On pourra s'opposer haut et fort à cette prémisse et tenter, ainsi, de saper le reste de cette introduction. On remettra en question la méthode qui en aura permis l'éclosion. Nous sommes conscient qu'une partie de notre argumentation se déploie sur un présupposé qui semblera aux yeux de certains peu critiqué : nous osons penser que certains passages de ce mémoire suffiront à démontrer la réalité du déclin -bien que ce ne soit pas leur visée principale-; nous espérons ainsi rassurer le lecteur en désaccord avec cette idée, et qui sans doute alors nous aura trouvé bien présomptueux!2 Il y a plusieurs manières de réagir au fait que notre civilisation est sur son déclin, est décadente. D'abord, précisons que la plupart des Occidentaux ignorent qu'ils sont décadents ; ils ignorent le plus souvent même le sens profond de ce terme, que nous 1 « L'Occident : une pourriture qui sent bon, un cadavre parfumé. » Emile Michel Cioran, De l'inconvénient d'être né, dans Œuvres, Gallimard, Collection « Quarto », Paris, 1995, p. 1350. 2 Et même dans le cas d'un désaccord suprême, nous défendrons ce point de départ comme matière à philosopher : partir d'un point de vue nous semble nécessaire. D'autres aussi ont leurs présupposés, comme une morale, une conception de l'histoire, l'existence de Dieu, la foi dans le langage comme transmetteur de la connaissance, etc. Quant à nous, bien loin l'idée d'un « croire pour comprendre > > , mais notre objectif n'est tout simplement pas de prouver qu'il y a déclin, bien que, comme nous l'avons dit, ce mémoire permettra peut-être, en certains passages, de l'illustrer. creuserons dans ce mémoire. Cette ignorance s'explique souvent par le fait qu'ils ne s'arrêtent qu'aux apparences de l'instant et, voyant que nous vivons une sorte de paix et que nous bénéficions d'une abondance matérielle qui se conjugue à de continuelles découvertes techniques et technologiques, ils se disent que tout va bien, se rassurent pour mieux oublier que ce monde des plaisirs éphémères, de « bonheur » personnel, n'est hélas que passager. Parmi ceux qui pressentent ou constatent le phénomène de la décadence, certains réagissent par un retour énergique aux valeurs traditionnelles et se drapent généralement de tout ce qui appartient au passé, de ce qui a réussi et brillé autrefois, espérant peut-être une « renaissance ». Ceux-là, animés de bonnes intentions mais empruntant une voie destinée, selon nous, à l'échec, sont toutefois plutôt rares. La plupart des autres se mentent à eux-mêmes et retournent péniblement dans l'ignorance des faits, rejoignant ainsi le mensonge général du « tout va bien ». D'autres encore, confrontés à l'inéluctable, adoptent pour morale une maxime qui tient en quelques mots, « Après moi le déluge », et justifient ainsi leur inaction devant le monde qui s'ébranle, qui s'écroule par pans, justifient leur morale dissolue et leur dissipation effrénée de l'héritage culturel et matériel des générations futures, qui subiront les contrechocs de leurs excès, surtout de leur paresse. Entre ces deux options, l'une faisant fausse route, l'autre nous paraissant sincèrement méprisable, il y a une crête inconfortable, que nous habitons depuis longtemps. Sur cette dernière se regroupent ceux et celles qui refusent de s'abandonner à des dogmes autrefois charnières de la culture mais épuisés, et qui refusent aussi de se soumettre avec lâcheté aux épreuves latentes. Ils n'attendent pas non plus une quelconque renaissance, car celle-ci, hypothétique, paraît surtout hautement improbable à court et moyen terme. La civilisation est mourante, comme le furent jadis les civilisations antique et égyptienne, maintenant disparues ; nul ne pourra la relever. N'emprunter aucune des deux voies « extrêmes » encourage un questionnement approfondi. Une des seules questions qui nous restent, à nous, dernières cohortes d'Occidentaux, est celle de la manière dont nous « mourrons » : sera-ce en vieillard sénile doté d'une tolérance proportionnelle à sa faiblesse, piétiné par d'éventuelles hordes de barbares (sur la provenance desquelles nous ne spéculerons pas ici), comme certains pays d'Europe semblent en voie de devenir? Sera-ce en vieillard suffisant et agressif, maniant sa canne comme une arme et châtiant violemment les jeunes peuples qui ne rentrent pas dans le rang, comme il semblerait que ce soit le cas aujourd'hui du pays le plus puissant de l'Occident, les États-Unis d'Amérique, qui mène une politique belliqueuse et économiquement destructrice de par le monde? Ou sera-ce avec dignité, sagesse, grâce à la fermeté qu'un âge vénérable confère, contemplant le passé sans nostalgie, et, animé de curiosité et uploads/Philosophie/le-declin-de-l-x27-occident-memoire.pdf

  • 24
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager