Promotion Marie CURIE « 2011-2012 » Cycle International Long Master en Administ

Promotion Marie CURIE « 2011-2012 » Cycle International Long Master en Administration Publique Le nouveau Grand Jeu en Asie centrale : analyse des jeux de puissance et des stratégies géopolitiques sur l’exemple du Kazakhstan Mémoire présenté par M. Georgiy VOLOSHIN Sous la direction de : Mme Laure DELCOUR, directrice de recherche à l’IRIS, conseiller pédagogique à la Direction des affaires européennes de l’Ecole nationale d’administration Mai 2012 Résumé Le présent mémoire de Master a pour objet d’étudier le phénomène du nouveau Grand Jeu en Asie centrale, notamment au Kazakhstan, en s’appuyant sur des parallèles historiques avec la compétition géopolitique entre la Russie et la Grande-Bretagne au XIXe siècle. L’écroulement du plus grand pays du monde, l’Union soviétique, et son effet immédiat pour les relations internationales – la fin de la Guerre froide – ont démonté l’ordre bipolaire fondé sur les deux superpuissances. L’apparition de nouveaux acteurs de la politique régionale en Asie centrale a eu pour conséquence la complexification des rapports interétatiques. L’exemple du Kazakhstan illustre bien les principaux défis auxquels ont été confrontées, dès les premiers jours de leur indépendance, les républiques centrasiatiques, sur fond d’une compétition renouvelée pour les ressources et l’influence. Le recours à la politique multi-vectorielle est devenu pour le Kazakhstan, comme pour certains autres pays de l’ex-URSS, le premier outil de dialogue et de maintien de l’équilibre dans ses relations avec les nouvelles puissances du monde multipolaire. Cette politique s’est notamment traduite par l’intensification des contacts à l’échelle régionale, avec la création de plusieurs organisations internationales à finalité politique, économique ou bien militaire. La prolifération d’enceintes multilatérales aura permis de constituer une plateforme de dialogue en continu érigée en bouclier contre les risques de dérive et de rivalité trop importante. Pourtant, le fonctionnement de ces structures et la place du Kazakhstan en leur sein ne peuvent pas être dissociés des rapports qui existent entre les grandes puissances elles- mêmes, parfois impliquées dans des situations difficiles dans d’autres parties du monde. Ainsi, la situation en Asie centrale subit l’influence déterminante des relations entre les États-Unis et la Russie, la Russie et la Chine, la Chine et les États-Unis, ainsi qu’avec l’Union européenne ou les pays islamiques. Leurs contradictions et intérêts communs structurent le nouveau Grand Jeu en Asie centrale, le rendant un phénomène aléatoire, difficilement contrôlable, assujetti à la fois à des logiques de compétition et de coopération. Les théories des relations internationales utilisées dans ce mémoire pour expliquer les différentes postures des acteurs locaux et des grandes puissances permettent de constater une grande diversité de stratégies géopolitiques, qu’elles soient fondées sur la force militaire, le potentiel économique ou le soft power. Pour faire face à ces défis issus du nouveau Grand Jeu, le Kazakhstan poursuit la politique de modernisation économique et industrielle et soutient l’intégration régionale, en espérant modérer les ambitions des acteurs en lice et tirer profit des structures communes. En dépit de ses vertus présumées, cette orientation politique se heurte à des risques graves liés à la stabilité du régime kazakh. D’abord, l’absence de réformes en profondeur visant à démocratiser le système pour aider l’épanouissement des énergies sociales créatrices d’idées freine la réalisation de ces programmes ambitieux. Par ailleurs, la transition politique dont serait inévitablement marquée la fin de l’époque de Noursoultan Nazarbaïev, président depuis 1991, rend de telles perspectives particulièrement incertaines. Dans ce contexte, le nouveau Grand Jeu ouvre des opportunités, mais comporte également des risques. D’un côté, il encourage les acteurs régionaux à plus de coopération afin de trouver des réponses aux problèmes partagés. De l’autre, ce phénomène géopolitique n’exclut pas la possibilité de conflits et remet en question la souveraineté des républiques centrasiatiques risquant de basculer de nouveau dans le camp des satellites de certaines puissances extérieures. Summary The present Master’s dissertation aims to study the phenomenon of the New Great Game in Central Asia, and in Kazakhstan in particular, by drawing a historic parallel with the geopolitical competition between Russia and Great Britain in the XIX century. The collapse of the world’s biggest state – the Soviet Union, and its immediate effect for international relations, the end of the Cold War, led to the demise of the bipolar order based on the two superpowers. The emergence of new actors of regional politics in Central Asia contributed to the complexity of interstate relations. Kazakhstan’s example clearly demonstrates the fundamental challenges encountered since the first days of their independence by Central Asian republics, with a renewed competition for resources and influence looming in the background. Multi-vector policy has become for Kazakhstan, as much as for other former Soviet states, the principal tool of dialoguing and maintaining the balance in its relations with the new powers of the multi-polar world. This policy is particularly reflected in the intensification of contacts at the regional level, accompanied by the creation of several international organizations with political, economic or military purposes. The proliferation of multilateral structures has permitted to set up a platform for continued dialogue serving as a shield against the risks of uncontrollable rivalry. At the same time, the functioning of such structures and the place of Kazakhstan in them cannot be disconnected from the relations between the great powers themselves, which are sometimes involved in complex situations in other parts of the globe. Thus, the situation in Central Asia is influenced in a decisive manner by the relations between the United States and Russia, Russia and China, China and the United States as well as the European Union and some Islamic states. Their contradictions and common interests structure the New Great Game in Central Asia, making it an unpredictable and hardly controllable phenomenon pertaining to the logic of competition or cooperation. The theories of international relations used in this dissertation in order to explain the different postures of local actors and great powers ascertain a great diversity of geopolitical strategies, whether they are based on military force, economic potential or soft power. In its attempt to respond to the challenges of the New Great Game, Kazakhstan is pursuing the policy of economic and industrial modernization and is supporting regional integration, hoping to moderate competing actors’ ambitions and to benefit from participation in joint structures. Despite its presumed virtues, this political course is confronted with serious risks linked to the stability of Kazakhstan’s regime. First, the absence of deep reforms aiming to democratize the system to help unleash productive social energies slows down the implementation of these ambitious programmes. Moreover, the political transition, which becomes inevitable with the end of an era under Nursultan Nazarbayev, the country’s president since 1991, makes such prospects particularly uncertain. In this context, the New Great Game provides opportunities but also contains risks. On the one hand, it encourages regional actors to enhance their cooperation for the purpose of devising solutions to common problems. On the other, this geopolitical phenomenon does not exclude a possibility of conflict and leads to reassess the sovereignty of Central Asian republics, risking once again to find themselves in the position of some external powers’ satellites. Remerciements Je tiens à exprimer ma plus profonde reconnaissance à ma directrice de recherche, Mme Laure DELCOUR, pour sa disponibilité, ses conseils précieux et l’intérêt sincère qu’elle a porté à mon mémoire tout au long de sa rédaction. Je tiens également à remercier M. Michel FRANCK qui a assumé le rôle de premier lecteur externe, et ce avec beaucoup d’enthousiasme et des suggestions utiles. 1 Sommaire Introduction .................................................................................................................................... 3 PREMIÈRE PARTIE. Le Kazakhstan indépendant, pays clé de l’espace centrasiatique, au centre de l’attention des grandes puissances : défis et réponses ................................................................................................................................... 11 I. L’émergence du nouveau Grand Jeu en Asie centrale : le retour d’une compétition entre les grandes puissances à l’ère de la désidéologisation des relations internationales ................................................ 12 II. Les réponses du Kazakhstan aux défis du nouveau Grand Jeu, de la naissance d’un pays souverain jusqu'à nos jours (1991-2011) ........................................................ 24 DEUXIÈME PARTIE. Les relations du Kazakhstan avec les principaux acteurs du nouveau Grand Jeu : stratégies et difficultés ............................. 37 I. La diplomatie de proximité, un vrai défi pour le Kazakhstan : comment être un ami de tous sans être un vrai ami de quiconque ? .......................................................... 39 II. Le Kazakhstan à cheval entre l’Occident et l’Orient : divergence des valeurs, affrontement des idées .............................................................................................................. 52 TROISIÈME PARTIE. Conflictualité ou stabilité, les deux dynamiques possibles du nouveau Grand Jeu : qui, comment, pourquoi ?.................. 66 I. Des tensions à la guerre : le nouveau Grand Jeu en tant que source de conflictualité ............................................................................................................................. 67 II. La coopération est-elle possible dans le cadre du nouveau Grand Jeu ? Hypothèses et scénarii confrontés à la réalité .................................................................. 80 Conclusion ................................................................................................................................... 94 2 Liste des principales abréviations BOMCA Border Management Programme in Central Asia BTC Bakou-Tbilissi-Çeyhan (oléoduc) CADAP Central Asia Drug Action Programme CAREN Central Asian Research and Education Network CICA Conference on Interaction and Confidence-Building Measures in Asia CNPC China National Petroleum Corporation CEI/CIS Communauté des États indépendants/Commonwealth of Independent States CPC Caspian Pipeline Consortium DCI Development Cooperation Instrument ERASMUS European Community Action Scheme for the uploads/Politique/ 2012curie-cil-voloshin.pdf

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