Le communisme, ou comment la production de la misère devient prolifération onto
Le communisme, ou comment la production de la misère devient prolifération ontologique. Le devenir du travail dans les sociétés contemporaines. Émilie Bernier Thèse soumise à la Faculté des études supérieures et postdoctorales dans le cadre des exigences du programme de doctorat en philosophie en Science Politique École d’études politiques Faculté des sciences sociales Université d’Ottawa © Émilie Bernier, Ottawa, Canada, 2014 TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ iii PRÉFACE iv LISTE DES ABRÉVIATIONS vi Introduction 1 1. Un désaveu de l’humanisme 9 2. La persistance de Marx et la résurgence de Spinoza comme l’impensé de Heidegger 32 3. Explicitation, anamnèse, imagination 40 PARTIE I. L’AVÈNEMENT DU TRAVAIL, OU LA PRODUCTION DE LA MISÈRE 46 Chapitre 1. La sémantique de la question 54 1.1. Production anthropologique 56 1.2. Nécessité et oisiveté. L’idéologie de la satisfaction des besoins 67 1.3. Le travail contre la subsistance 81 Chapitre 2. L’institution du travail 98 2.1. Économie politique et organisation sociale 105 2.2. Avènement de la société civile et métaphysique de l’agir, ou l’autonomie de l’économie 127 2.3. Social-démocratie et marchés auto-régulés : le faux dilemme 159 Chapitre 3. Le vivant comme travail mort 180 3.1. Le renouveau de la domination sociale 187 3.1.1. La production post-fordiste de la valeur 189 3.1.2. Horizontalité et accumulation 212 3.2. Travail, capital, État, force... et valeur 228 3.2.1. Production biopolitique 229 3.2.2. L’éviction de la société civile 253 PARTIE II. DE LA VALORISATION À LA RUINE. VERS UNE ONTOLOGIE DE LA FINITUDE ESSENTIELLE 276 Chapitre 4. L’abolition de la valeur, ou la conquête de l’activité 284 4.1. Aliénation et histoire. La primauté de la passivité 289 4.2. Surtravail, valeur et richesse 304 4.2.1. L’ambivalence de la grande industrie 306 4.2.2. Usage et usure 312 4.2.3. Consommation et dépense 321 4.3. Souffrance et jouissance (vers une ontologie affirmative de la finitude) 334 Chapitre 5. La destruction (Abbau) de toutes les valeurs, ou la conquête de la finitude 368 5.1. Usure et usage 377 5.2. Le nihilisme et la question de l’agir 392 5.2.1. Technique et an-archie 395 5.3. Les valeurs et leur dévaluation 402 5.3.1. L’anamnèse de la détresse 405 5.3.2. La pensée dé-cisive 411 Chapitre 6. La destitution des valeurs, ou la conquête de l’essence 434 6.1. Angoisse et béatitude 441 6.1.1. Finitude et affections 444 6.1.2. Abyssale éternité 452 6.1.3. Temporalité de la libération, ou libération de la temporalité 474 6.2. Révolution et être 488 Chapitre 7. Accuser le communisme 509 7.1. La nouvelle grammaire des formes politiques 519 7.1.1. Multitude et intellectualité 519 7.1.2. L’insondable superficialité de l’être 533 7.2. Biopolitique et irréversibilité 548 7.2.1. Subjectivité biopolitique 550 7.2.2. Violence et construction ontologique : de l’industrie au désœuvrement 570 Conclusion. Pour la ruine du monde 599 ANNEXE 1 613 BIBLIOGRAPHIE 629 1. Corpus 630 2. Ouvrages et articles théoriques 631 3. Ouvrages et articles sur le corpus 643 ii RÉSUMÉ La thèse interroge le sens du travail, des origines de son institution dans la pensée politique moderne aux plus récentes transformations qui marquent le passage aux économies post-fordistes. La principale caractéristique que présentent ces dernières tient à leur intégration, au sein de la sphère productive, de toutes les activités de nature informationnelle, communicationnelle et affective, qui, traditionnellement, lui étaient demeurées extérieure. Cette opération est analysée grâce aux concepts de travail immatériel et de production biopolitique développés par les penseurs associés au mouvement opéraïste. Afin de sonder les conséquences de cette fusion de la production matérielle, éthique et juridique, la thèse sollicite l’éclairage de l’analyse marxienne de la valeur, qu’elle fait ensuite résonner avec la pensée de la technique que propose Heidegger, dans l’optique d’un dépassement de la métaphysique moderne du sujet, où, selon un diagnostic commun aux auteurs, se situe l’origine d’un asservissement du tout de la vie à un régime de production dévastateur – le nihilisme, ou la ruine de toutes les valeurs. S’appuyant sur une lecture contemporaine de Spinoza, notamment par Negri, cette critique de la métaphysique se révèle le geste initiateur d’un procès constitutif proprement politique. Enracinant plutôt le fondement de l’activité dans une ontologie de la finitude essentielle élaborée à la faveur d’une phénoménologie de la praxis collective, la thèse parcourt le chemin qui mène de l’explicitation du sens du travail comme usure du monde dans son ensemble, à l’anamnèse d’un usage intégral de la puissance productive, qui permet, dans les conditions actuelles de la production biopolitique, de déployer une imagination constitutive pour laquelle la notion d’utilité, au sens métaphysique, fournit un principe d’évaluation. Il s’agit d’apprécier, parmi les dynamiques tendancielles inhérentes aux formes de vie et de subjectivité engendrées dans la mobilisation incessante et irréversible qui nous affecte, l’imminence d’une réalisation du communisme dans la transvaluation de l’industrie en désœuvrement. Mots-clé : Communisme - Travail - Production - Valeur - Opéraïsme - Biopolitique - General intellect - Marx - Heidegger - Spinoza - Negri - Bataille iii PRÉFACE Ce texte a été achevé au milieu d’une ferme fruitière en pleine lune d’abondance, sous la patrouille d’une famille d’aigles et devant les jeux mystérieux d’un canard et d’un rat musqué. Une tension le traverse, qui traduit l’effet contradictoire de deux sources d’inspiration : celle de la sobriété et de la gratuité de la nature dans toute sa luxuriance, et celle, plus anxiogène, de l’expérience urbaine et de la précarité économique et financière qui décrivent l’univers habituel de ma vie d’étudiante. Cette double sensibilité détermine la trajectoire nécessaire de la thèse, qui, d’un travail diagnostic exhaustif, et un peu cathartique, mène à l’énonciation d’une philosophie curatrice et régénératrice, d’une pensée apte à guérir les blessures que s’inflige, de manière répétée, quiconque manque encore du courage, pour citer Bataille (de mémoire), de vouer cette société pourrie à la destruction révolutionnaire. Ce qui se déploie dans cette thèse est la constitution d’un être révolutionné, le mouvement d’une composition qui ne peut se nommer qu’au prix de sa trahison. J’ouvre un dialogue parfois impossible, parfois convenu, mais toujours nécessaire et pourtant le fait irréductiblement contingent de mon propre geste de lecture. Mon écriture est une résonance philosophique, une intensification du mouvement de pensée qui participe de ce que celle-ci observe patiemment et recueille dans les circuits de son imagination. Cette écriture qui est la mienne, ne fait que porter plus avant la pensée de ceux et celles qui m’ont précédée, et accepte de se composer à son contact, quitte à se dédire et à avancer à tâtons dans le chemin si singulier de la connaissance. Les traces des lectures y sont donc nombreuses et ne tentent pas de se cacher. Ce texte est un fait collectif, vivant. Une telle composition ne mobilise pas que ces philosophes et leurs commentaires, on trouvera aussi, au creux de chaque ligne, la trace ineffaçable de mes interlocuteurs et interlocutrices. J’aimerais ici les remercier personnellement, ces être chers qui n’apparaîtront pas en bibliographie, mais qui sont au moins aussi responsables que messieurs Marx, Heidegger, Spinoza, Negri et Bataille, de la iv substance du propos que je tiens dans cette thèse. Je salue d’abord l’accompagnement indéfectible de Dalie Giroux, qui a assuré la supervision de ma recherche. Grâce à cette présence unique, à la fois réconfortante et toujours déstabilisante, ce travail a pu être source d’une joie sans borne, a pu subir sans vertige des moments de haute voltige et retomber avec félicité dans la chaleur et la simplicité d’un quotidien toujours réinventé. Merci Dalie de nous avoir proposé d’inventer la vie, et de recommencer toujours. Je remercie M. Frédéric Neyrat pour sa si généreuse lecture et la richesse de ses commentaires. Je remercie aussi chaleureusement Sophie Bourgault, Jean-Pierre Couture et Gilles Labelle, qui ont non seulement lu mon travail avec une attention remarquable, mais m’ont accompagnée jusqu’à son achèvement. Leur présence a été significative de plusieurs manières tout au long de mes années de formation et c’est grâce au généreux partage de leur expérience et de leurs connaissances qu’ils ont joué un rôle phare dans mes années d’apprentissage du travail académique. Je remercie aussi Koula Mellos, une professeure remarquable dont les conseils ont été précieux et la présence si inspirante, ainsi que Douglas Moggach, cet homme érudit dont j’ai tant appris. J’aimerais aussi souligner la présence des êtres chers qui me rendent la vie mystérieuse, intrigante et apaisante: Blaise Guillotte, Jean-François Bissonnette, Richard Cassidy, Stéphanie Robert, Amélie-Anne Mailhot, Julie Perreault, Julien Myette, Marie-Héléne Choinière, Rébecca Lavoie et ma sœur Sarah. Un merci tout spécial à Annie, Guymond et leurs quatre merveilleuses filles : Rébécca, Arianne, Nadine et Rose-Marie, pour avoir apporté de la lumière et de la chaleur dans le long hiver de lecture dans les montagnes beauceronnes. Merci aussi à Lynne et Daniel, pour avoir si gentiment veillé sur moi lorsque je me cachais dans leur verger pour écrire. Merci enfin à mes parents, François et Suzanne, pour leur soutien infaillible et leur amour indéfectible. Je leur dois tout. v LISTE DES ABRÉVIATIONS CC Yann Moulier Boutang, Le capitalisme cognitif. La nouvelle grande transformation, Paris, Éditions Amsterdam, 2007. DM Martin Heidegger, « Dépassement de la métaphysique », Essais et conférences, trad. André uploads/Politique/ bernier-emilie-2014-these-pdf.pdf
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- Publié le Apv 08, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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