07-11/12/2008 Yaoundé, Cameroun CODESRIA 12th General Assembly Governing the Af
07-11/12/2008 Yaoundé, Cameroun CODESRIA 12th General Assembly Governing the African Public Sphere 12e Assemblée générale Administrer l’espace public africain 12a Assembleia Geral Governar o Espaço Público Africano ةيعمجلا ةيمومعلا ةيناثلا رشع ﺣﻜﻢ اﻟﻔﻀﺎء اﻟﻌﺎم اﻹﻓﺮﻳﻘﻰ Le populaire comme catégorie d’observation des dynamiques d’interpellation du politique Claude Abé Université xxx CODESRIA 12th General Assembly Governing the African Public Sphere 12e Assemblée générale Administrer l’espace public africain 12a Assembleia Geral Governar o Espaço Público Africano ةيعمجلا ةيمومعلا ةيناثلا رشع ﺣﻜﻢ اﻟﻔﻀﺎء اﻟﻌﺎم اﻹﻓﺮﻳﻘﻰ 1 Introduction Le présent travail s’emploie à rendre compte de la construction de l’espace public au ras du sol. Il s’agit d’examiner l’interpellation du politique à partir de la mobilisation de l’imaginaire collectif. Ainsi orientée, ce n’est pas une étude sur les classes populaires et la politique, mais sur les pratiques populaires et le politique ou plus précisément dans leur rapport à l’organisation d’un débat citoyen sur la régulation des affaires d’intérêt commun. Cela permet « de se focaliser sur les usages populaires du politique et les usages sociaux et politiques du populaire » (Collovald et Sawicki, 1991 : 7) et surtout d’éviter le piège de la superposition des clivages sociaux aux différences culturelles dont parle Chartier (1987 : 8) tout en élargissant l’objet du travail à l’ensemble des dominés, gens d’en bas ou pas, dans leur rapport au politique. Bien que la nouvelle histoire de la classe ouvrière (Hoggart, 1970) et celle des femmes (Fraser, 1989) ont été le socle de développement des études sur la culture populaire (Offerlé, 1984 ; Pudal, 1989) dans son rapport aux modes d’accès à l’espace public et à la genèse de la citoyenneté, cette recherche se situe à rebours de celles sur les groupes socialement et économiquement défavorisés qui cantonnent les travaux sur le populaire à un espace social particulier (Bayart, 1985 ; Grignon et Passeron, 1989). Le populaire, ici, renvoie à une réalité sociale plurielle dans laquelle l’on rencontre plusieurs strates sociales, allant des gens de peu aux élites, réunies par l’expérience hégémonique qu’elles subissent quotidiennement, et une hétérogénéité des temporalités de référence (voir Bayart, 1985 : 346). Cependant dans le champ des recherches sur l’espace public, à côté des espaces de culture appartenant à l’élite, l’univers des pratiques populaires comme celui des productions folkloriques a longtemps été tenu pour un espace de recherche scientifique illégitime. Les études sur l’espace public ont longtemps considérées la culture populaire comme inapte à produire l’opinion, publique. J. Habermas peut être pris pour le pourfendeur de cette approche de la réalité lorsqu’il soutient que « le concept d’opinion publique, lorsqu’il n’est défini que par rapport aux institutions de l’exercice du pouvoir, n’est pas en mesure de rendre compte de cette dimension où se déroulent les processus informels de communication » (1986 : 253). Pour le philosophe allemand, l’étude de la structuration et de l’évolution de cet espace d’exercice de la citoyenneté devrait se limiter à l’observation des échanges, notamment les discussions, qui ont cours entre la presse et l’Etat (1986 : 70). Cette thèse disqualifie la culture populaire, notamment l’oralité ; elle affirme l’incompétence de celle-ci à participer à la production de la publicité critique. C'est cette affirmation qui le conduit à conclure que « la sphère publique plébéienne (…) est restée réprimée » (1986 : 10) au cours de l'histoire, c'est - à –dire, exclue de la production de celle-ci. C’est aussi ce que pense Bourdieu qui table sur 2 l’incompétence des milieux populaires à apprécier le jeu politique en raison de l’infériorité de leur capital culturel (1968, 1979). C’est ce qui l’amène à nier l’existence de l’opinion publique issue de la mesure par sondage (voir Bourdieu, 1980). Exceptées les études de Bayart (1984), de Mbembé (1992) et de Geschiere (1995) sur les modes populaires d’action politique mobilisés par les acteurs sociaux pour résister au bloc hégémonique sur lequel repose la construction de l’Etat sous le parti unique ou encore du travail de Onguéné Essono sur l’interpellation du politique par le moyen de la chanson populaire (1996), la culture populaire, dans sa relation la structuration de l’espace public, apparaît comme un espace de recherche vierge ou inexploré au Cameroun. Comme dans la science politique, la socio-anthropologie ou la littérature, la recherche historique sur la lutte pour la citoyenneté ne lui accorde guère d’attention préférant s’intéresser aux mobilisations collectives (Kaptué, 1995), aux figures de la résistance ou aux mouvements armés rentrés dans le maquis (Joseph, 1986 ; Mbembé, 1996). Pourtant, la vivacité des débats sur la compétence politique du citoyen ordinaire (Grignon et Passeron, 1989 ; Elkin, Soltan, 1999 ; Revue franc. de Sc. Po, 2007) montre que la culture populaire reste un domaine d’intérêt actuel pour s’interroger sur l’accès à la citoyenneté par la participation à l’espace public. Elle est même devenue un enjeu scientifique majeur pour étudier la participation politique dans sa globalité (Collovald et Sawicki, 1991 : 10). Le travail de redécouverte en cours sur les travaux de Hoggart (1957) ou de Thompson (1963), un demi siècle après, offre de ce point de vue une occasion de revenir sur le potentiel discursif dont la culture populaire est porteuse au sujet de la marche de la société et de la gestion des affaires publiques (Martin, 2000 : 180) ; ce qui la place au centre la recherche sur la citoyenneté. L’orientation actuelle des études sur l’espace public se prête également à un intérêt pour ce champ d’étude. Elle se focalise sur une reconsidération de la théorie reçue de Habermas et « fait de la connaissance individuelle des phénomènes politiques un élément désormais secondaire » (Blondiaux, 2007 : 769). Ce qui réhabilitent « d’autres répertoires cognitifs et discursifs, d’autres formes de communication et prises de position dans l’espace public » (Blondiaux, 2007 : 769) parmi lesquelles les bricolages quotidiens relevant de la culture populaire qui débouchent sur l’intelligibilité par les citoyens ordinaires du champ politique et de ses enjeux (voir Joignant, 2007). C’est ce que fait Darnton (1981) ou encore Farge (1992). Il apparaît alors que le populaire communicationnel constitue un mode d'être de l’espace public. A titre d'illustration, c'est ce que montre le rapport que la rumeur entretient avec le secret d'Etat. Dans la mesure où elle est subversion de celui-ci (J.-N. Kapferer, 1990 : 3 25 ; A. Farge, 1999 : 72) et rétablissement de la transparence du pouvoir (J.-N. Kapferer, 1990 : 25), la rumeur s'avère être un mode de communication à travers lequel se structure la publicité (au sens kantien du terme). Cela est davantage pertinent encore lorsque l’on prend en compte le caractère rationnel et sérieux de l'interrogation de la réalité que la rumeur institue au cours de son partage entre rumorants qui s'emploient ainsi à produire du sens pour comprendre les évènements du moment liés à la vie de la cité (R. Darnton, 1997 : 17). L’interpellation du politique peut aussi se présenter sous le visage du braconnage. Lorsque l’ordre établi est si répressif qu’il ne s’accommode d’aucune forme d’expression ouverte sur la gestion des affaires d’intérêt commun, la connivence se double de la remise en question de l’ordre dominant et du dévoilement de ses mystères ; pour contourner son dispositif de surveillance, le petit peuple emprunte souvent des voies buissonnières pour donner son avis sur le fonctionnement de la cité. La technique ici est de consommer ce qu’on lui impose mais en lui attribuant un sens propre n’ayant plus rien à voir avec celui construit par l’ordre établi (voir M. de Certeau, 1980 : 12). C’est cette entreprise réflexive de construction du sens que M. de Certeau appelle appropriation ou réappropriation (1980 : 13). Il s’agit d’une opération dont le quotidien constitue le cadre d’actualisation et qui met « en jeu une ratio « populaire », une manière de penser investie dans une manière d’agir, un art de combiner indissociable d’un art d’utiliser » (M. de Certeau, 1980 : 15). C’est dans ce registre que l’on range la dérision (voir C. Toulabor, 1981 ; E. Darras, 1998), la caricature (lire C. Bavoux, 1995 ; A. Mbembé, 1996) et les fresques murales (M. Diouf, 1996) que l’on rencontre souvent dans les grands centres urbains africains. Au Congo-Brazzaville, l’on a vu naître un usage de la consommation vestimentaire durant le régime autoritaire que l’on pourrait aussi classer parmi ces pratiques de braconnage de l’ordre établi (voir R. Bazanguissa, 1992). Toutes ces pratiques participent de l’interpellation du politique au même titre que les échanges discursifs qui ont pour cadre de production les cafés, les clubs et les cercles littéraires. D’où l’intérêt de leur étude pour saisir la structuration de l’espace public dans sa globalité. Ces études procédant par exhumation de la construction de l’opinion publique à l’œuvre derrière les processus non-conventionnels de communication et les pratiques quotidiennes de braconnage de l’ordre établi attestent de la pertinence de la piste d’analyse bakhtinienne, celle qui soutient que la prise de parole par le peuple dans l’espace public s’effectue sous le mode de la subversion (Bakhtine, 1970 ; voir aussi A. Belleau, 1970) et « s’exprime par le réalisme grotesque » (G. Demerson, uploads/Politique/ claude-abe-le-populaire-come-categorie-d-x27-observation.pdf
Documents similaires










-
29
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 24, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
- Taille du fichier 0.2587MB