1 ANNÉE ACADÉMIQUE 2019-2020 U. F. R. SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA SOCIÉTÉ ____

1 ANNÉE ACADÉMIQUE 2019-2020 U. F. R. SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA SOCIÉTÉ _________________ DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE SYLLABUS DE COURS LICENCE 2 MASTER 1 PROFESSIONNEL : OPTION SCIENCE POLITIQUE Intitulé du cours : La course au pouvoir et la problématique de la violence politique Nombre de crédits : 03 Volume horaire : 30 Heures Localisation de la salle : Cours en ligne via teams/zoom Nom de l’Enseignant-chercheur : KOUADIO KOFFI DECAIRD Grade : Maître de Conférences Contacts : decairdk@yahoo.fr/ 07721830 2 PLAN DU COURS : Objectifs du cours: Dans ce texte, il est question de montrer que la course au pouvoir peut s’effectuer dans un espace politique sans violence si les institutions jouent véritablement leur rôle. L’étudiant est donc amené à comprendre ce que le vocable pouvoir politique veut dire et s’instruire des mécanismes sans lesquels l’accès au pouvoir peut relever de la barbarie. Introduction 1. L’émergence du pouvoir politique et ses implications 2. Conquête et exercice du pouvoir : leur rapport avec la violence 3. Humaniser et civiliser l’espace politique Conclusion Bibliographie Résumé : Dans l’antiquité et surtout pendant le moyen âge, le fondement du pouvoir vient d’un ailleurs, autre que terrestre, d’où est nié à l’homme le pouvoir de se gouverner et de disposer de l’ordre social. Les sociétés traditionnelles ont été traversées par ces influences qui ont de tout temps instauré le pouvoir qui tire son principe de légitimation de la divinité. Cependant, la modernité, qui institue le pouvoir politique, voit dans la démocratie un régime dans lequel l’opinion publique affranchit le citoyen de l’apolitisme, d’où il se donne le droit de choisir ses dirigeants. De la sorte, l’élection est l’expression de la course au pouvoir. Mais, dans cette compétition électorale, il n’est pas rare de voir la démocratie se vider de sa substance et dégénérer en violence politique. C’est pourquoi, il est urgent de civiliser et d’humaniser la course au pouvoir et son exercice par l’institutionnalisation du droit, qui disqualifie la violence politique qui a tendance à se confondre à la course au pouvoir. L’implémentation de la démocratie dans un espace politique humain et civilisé peut réaliser la conquête du pouvoir sans violence. 3 Introduction La course au pouvoir est à l’épreuve de la violence politique et toutes les dérives qui portent la laideur du politiquement incorrect. Ainsi, la force se présente comme le paradigme de la politique qui vaut comme exigence pour l’accès au pouvoir. La course au pouvoir a bien souvent lieu dans le sang des populations qui aspirent à la liberté et au bien-être, comme si sans violence, l’accès au pouvoir est utopique. Il n’est pas rare de voir à travers la lutte pour l’accès au pouvoir, la manifestation de la violence politique occasionnée par la fraude électorale qui ne va pas sans violence postélectorale, l’intolérance politique, sans oublier les coups d’État et les assassinats politiques. Pourquoi la violence politique se lie-t-elle toujours à la course au pouvoir ? La violence politique n’est-elle pas obsolète à l’époque qui promeut les droits de l’homme et la dignité humaine ? Comment sortir des griffes de la violence politique pour construire un espace politique civilisé d’où l’accès au pouvoir a lieu sans violence ? N’est-il pas urgent d’humaniser et de civiliser la conquête et l’exercice du pouvoir politique par le médium du droit et les débats d’idées ? Telles sont les préoccupations que nous avons choisi d’examiner dans ce cours. 1. L’émergence du pouvoir politique et ses implications Le vocable « pouvoir », appartient au mot latin posse qui est intrinsèquement un verbe composé potis sum qui signifie je suis maître de...c’est-à-dire, être capable de…, avoir la capacité de faire quelque chose. Chez les grecs, le pouvoir renvoie à deux mots, à savoir archès et kratein. Archès (ἀρχή) chez les grecs, se définit comme le commencement, le principe premier qui commande, le commandement. Dans Introduction à la science politique (Université Numérique Juridique Francophone), Arnauld Leclerc souligne que « les Grecs ont d’abord utilisé le terme de basileia ; le basileus (plus tard, cela désignera le roi) est un personnage quasi divin qui exerce sa puissance sur tous les terrains. Très vite, il sera cantonné dans le domaine religieux. Celui ou ceux qui commandent dans le domaine spécifique de la politique sont alors désignés par le terme « archè » ». Archè, selon lui est proche du mot actuel pouvoir entendu comme l’ensemble des gouvernants qu’une partie de ceux-ci. Comme le souligne Arnauld Leclerc, « Archès renvoie à une approche institutionnaliste du pouvoir que le droit a toujours privilégié ». Quant à kratein Arnauld Leclerc, montre qu’« à l’origine, il semble désigner la supériorité, la victoire puis évolua dans le sens de « force », « puissance » et finit par incarner l’idée de souveraineté ». C’est le pouvoir exercé sur quelqu’un. L’histoire humaine est traversée et influencée par ce rapport de commandement à 4 obéissance, car l’homme est caractérisé par un besoin d’ordre que seule la présence d’une autorité peut instituer. Ce besoin d’autorité pour le diriger et ordonner la société dans laquelle il se trouve fait qu’il est enclin à la soumission et à l’obéissance. Ainsi, nous dit K. Niamkey (2019, p. 21), l'originalité du dispositif à l'œuvre dans les sociétés dites primitives consiste à retourner en quelque sorte le fondement de la domination politique contre la réalité de la domination politique en acceptant ou en posant comme principe ou comme axiome de base l'aliénation radicale du sens de la société en vue de préserver la société de l'aliénation de l'homme à l'homme. Ainsi pour ces sociétés, les hommes, ne commandent pas aux hommes. Tous les hommes sont au contraire également soumis à la volonté des Ancêtres et aux décrets des Dieux. Car, le Pouvoir n'appartient de droit qu'aux Dieux et à ceux qui, parmi les hommes, sont passés du côté des Dieux: les Ancêtres. Ici, le fondement du pouvoir vient d’un ailleurs, autre que terrestre, d’où est nié à l’homme le pouvoir de se gouverner et de disposer de l’ordre social. Les sociétés traditionnelles ont été traversées par ces influences qui ont de tout temps instauré le pouvoir qui tire son principe de légitimation de la divinité. Le christianisme qui a longtemps dominé l’espace politique s’est donc doté de ce pouvoir de gouverner l’homme par l’autorité suprême de Dieu. Le « βασιλευς » (Basileus = Roi) est, primitivement, selon Glotz, le « phylobasileus », le chef du « γένος » (= la tribu). Il est celui qui marche devant les autres. Il est représenté comme un intermédiaire entre les hommes et les dieux, dont il descend (διογενής) (= diogènes). Il exerce une autorité sacerdotale. Toutefois, son autorité politique est précaire. C’est pourquoi, Glotz fait noter que, dans la monarchie homérique, les éléments de l’oligarchie vont succéder au « basileus ». Ainsi, quand l’aristocratie élimine le roi comme chef de guerre, comme justicier, il reste un βασιλεuς qui fait office de grand pontife, comme à Rome, après les rois, il y eut un « rex sacrum », c’est-à-dire, un roi sacré. K. Niamkey (2018, p. 38). S’appuyant sur Glotz, Niamkey Koffi nous fait voir que le basileus est le roi dont le pouvoir est divin qui exerce sur les sujets, son autorité. Au cours de l’histoire, surtout au moyen âge, il s’est donc développé une figure sacramentaire et personnelle du pouvoir consacré par des vertus religieuses, symbolisées par les qualités exceptionnelles de celui qui le détient. Ce type de pouvoir repose, pour ainsi dire, sur la sacralisation du chef. Dans cette sphère, tout pouvoir vient de Dieu et, c’est lui qui investit l’homme pour son œuvre, de sorte que toute désobéissance à celui qui en est ainsi investi est ipso facto vue comme une désobéissance à Dieu. Les hommes adhèrent donc au gouvernement de ce pouvoir parce qu’ils ont la conviction qu’il est conforme à la loi divine. Ce pouvoir tire sa légitimité de la vérité divine mais aussi du consentement et de la reconnaissance de ceux sur qui il s’exerce. Ce type de pouvoir nous dit J.M. Denquin (1992, p.28), est un pouvoir apolitique, car, les individus sur lesquels il s’exerce 5 n’ont pas choisi leur titulaire et ne conçoivent pas de participer au choix de son éventuel successeur (…). Même s’il s’avère possible et nécessaire de remplacer le titulaire du pouvoir, les individus sur lesquels s’exerce celui-ci savent qu’ils ne seront pas consultés : il est transcendant par rapport à eux. Il en résulte que ce genre de pouvoir implique des rapports psychologiques spécifiques : ceux qui l’exercent éprouvent le sentiment d’exercer une autorité qui leur appartient en propre puisqu’elle ne doit rien à une délégation de leurs subordonnés. Selon Jean-Marie Denquin, les régimes apolitiques constituent une réalité longtemps dominante dans les sociétés humaines. À dire vrai, ce mode de gouvernement a été imposé à l’homme au cours de l’histoire comme une catégorie naturelle inébranlables et transcendante à leur volonté. On pouvait voir dans ces régimes, le règne de puissants rois dont la volonté faisait loi et envers qui, les sujets éprouvaient uploads/Politique/ cours-doption-science-po-master-1-pro.pdf

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