Pr Abdou Rahmane THIAM Cours d’HIP Licence 2 Sciences politiques 2019-2020 Fsjp

Pr Abdou Rahmane THIAM Cours d’HIP Licence 2 Sciences politiques 2019-2020 Fsjp UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES ------------------------ DEPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE COURS D’HISTOIRE DES IDEES POLITIQUES II LICENCE 2 SCIENCES POLITIQUES Responsable du cours : Pr Abdou Rahmane THIAM Professeur assimilé, Agrégé de Science politique Année académique 2019-2020 Pr Abdou Rahmane THIAM Cours d’HIP Licence 2 Sciences politiques 2019-2020 Fsjp Chapitre 2. La pensée politique romaine L’étude de la pensée politique romaine ne peut sans doute pas être envisagée à la lumière de l’influence politique et militaire de Rome au début de l’ère chrétienne. Si l’on compare la richesse des œuvres latines avec celles des « Maitres » de la Grèce antique, le constat semble assez sévère : ces réflexions ne font que développer et adapter aux institutions romaines l’ensemble des questions posées par les Grecs. Il s’agit des questions de la citoyenneté, la classification des constitutions, la recherche du meilleur régime, la conformité des actes humains aux lois de la nature, le rôle de la philosophie en politique etc. En effet, la cité hellénique et la réflexion politique durant cette période ne conviennent plus soit à la nature ou au génie de certains peuples soit aux visées politiques d’autres peuples. Il est vrai que les Grecs ont su intérioriser un sentiment national, surtout face aux attaques des Barbares. Mais malgré ce fort sentiment d’appartenance commune, les Grecs ne vont réussir l’entreprise de création d’un Etat. Cette situation est surtout liée à la suprématie et l’indépendance que chaque cité grecque se voulait de conserver en tant que modèle d’organisation politique achevée. Le rôle de la cité parait fini en tant que fait politique, d’où l’apparition de doctrines faisant éclater le cadre de la cité comme champ de réflexion. Ces doctrines sont porteuses de construction politique comme l’empire d’Alexandre. Ainsi, il y aura des changements notoires dans la pratique de l’enseignement de la philosophie. D’ailleurs, le successeur d’Aristote à la tête du Lycée, Théophraste précise « Ce ne sont pas les lois qui déterminent les actions des citoyens mais plutôt ceux-ci qui déterminent les lois ». On note, d’abord, selon Jean Claude Ricci, les Cyniques constituant la plus ancienne de ces écoles dirigée par Diogène de Sinope (413-327 av J. C) qui veulent édifier un monde politique nouveau. Ils défendent l’individualisme cosmopolite tout en cherchant la vie la plus proche possible de l’état de nature existant avant l’apparition de la société. Ensuite, il y a les Epicuriens ou Ecole du Jardin avec à leur tête, Epicure qui cherche à rendre la vie humaine plus supportable par le calme et la justice (ataraxie ou paix de l’âme). Sans rejeter les institutions de la cité, il demande simplement que celles-ci assurent à tous les hommes le bonheur. Pour ce faire, les Epicuriens vont définir les règles d’une morale qui n’est plus réellement naturelle puisqu’elle peut évoluer d’une classe à l’autre ou d’une époque à l’autre. Ils sont donc des relativistes aussi bien en morale qu’en politique. Mais la réussite des Romains est d’avoir fait entrer la raison dans l’organisation et le fonctionnement de la vie politique. Dans ce cadre, certains historiens ou juristes latins, sans Pr Abdou Rahmane THIAM Cours d’HIP Licence 2 Sciences politiques 2019-2020 Fsjp dévier de la réflexion classique (grecque) sur la meilleure constitution, ont joué un rôle important dans le renouvellement de la pensée politique antique. I. Les fondations institutionnelles de la cosmopolis romaine Du point de vue historique, l’histoire romaine peut être située entre les IVe et Ve siècles après J.C. Cette période est marquée par le fractionnement de l’empire en 395 en deux entités pendant l’essor du christianisme, entrainant plus tard son déclin en 476 dans sa partie occidentale. La République romaine (de 509 à 27 avant J.C) et l’Empire (de 27 avant J.C à 476 après JC) n’en sont pas moins le creuset d’une expérience politique nouvelle marqué par l’essor du droit savant. A. Le processus de dégénérescence de la civilisation romaine : de la République au Bas-Empire L’histoire de l’Antiquité romaine reste marquée par plusieurs séquences depuis l’âge d’or hellénistique. On parle d’âge hellénistique pour montrer l’extraordinaire diffusion des traditions, des arts et de la pensée des Grecs à l’ensemble des régions du monde méditerranéen. C’est une période marquée par la fin du modèle grec des cités et le rétablissement de grandes monarchies dont les rois sont considérés comme des monarques de droit divins, autrement dit la source des de toutes les lois. Rome est aussi marquée par ses conquêtes fructueuses dans toute la péninsule italienne en raison de l’organisation et la discipline de son armée. Ce qui lui favorise un rayonnement. Il est donc important de porter un regard sur les deux temps forts de l’histoire politique romaine : la République et le régime impérial. 1. La République romaine Elle correspond au temps de l’expansion militaire de Rome qui explique ses victoires remportées contre sa grande rivale Carthage (rasée par Scipion Emilien en 146). C’est pourquoi en deux siècles, la cité latine prend le contrôle de l’ensemble de la Méditerranée, des régions ibériques (Espagne) à la Mésopotamie (Moyen-Orient), en passant par l’Afrique du nord, la Macédoine, les îles grecques et l’Asie mineure. C’est également la formation d’un système institutionnel original et équilibré dit « républicain » dont l’objectif proclamé est d’éviter l’instauration de toute forme de pouvoir tyrannique. Pr Abdou Rahmane THIAM Cours d’HIP Licence 2 Sciences politiques 2019-2020 Fsjp Si les premières institutions romaines sont créées au Ve siècle, elles restent cependant fragilisées par de fortes tensions. D’abord, les patriciens qui représentent les grandes familles (les gentes) contrôlent les principales magistratures : les fonctions des deux « consuls » (pouvoir exécutif), celui du « préteur » (chargé de la justice) et celui du « censeur » (chargé du maintien des bonnes mœurs). Ces derniers ont aussi accès facilement aux assemblées délibératives comme le Sénat, l’assemblée des curies (les comices curiates) et l’assemblée centuriate (les comices centuriates). Ensuite, les « plébéiens » ou tribuns de la plèbe représentent le populus romanus luttent pour faire reconnaître leurs droits. S’ils réussissent à obtenir des droits leur garantissant la citoyenneté romaine (égalité consacrée au Ve siècle par loi des Douze Tables), la création d’assemblées populaires, la réalité du pouvoir reste entre les mains des magistrats placés sous le contrôle étroit du puissant Sénat, dont les membres sont tous représentants de la nouvelle classe des riches apparue au III siècle : la nobilias (détentrice de la propriété foncière composée de patriciens et de plébéiens. A partir de ce moment, l’on observera une certaine stabilisation des institutions pendant deux siècles. Mais cette situation de stabilité va connaitre des moments de crises internes. Malgré les tentatives de réformes, la République romaine va connaître un déclin quelques décennies avant le Moyen Âge chrétien. 2. Le régime impérial On distingue dans l’organisation traditionnelle de l’Empire le Haut et le Bas-Empire. La date de naissance du Haut-Empire (1er-IIIe s) correspond à l’accession au pouvoir d’Octave après la bataille d’Actium en 31 ; ce qui lui donne le titre d’augustus en 27 qui le place au- dessus des autres magistrats. Dans ce cadre, il réforme les institutions avant de prendre le titre d’imperator, titre militaire désignant le Chef de l’armée. Ainsi l’autorité du Sénat devient contestée. Il résistera le temps d’un feu de paille avant de se rallier à l’empereur. Au plan extérieur, la domination romaine en Méditerranée caractérise le Haut-Empire. Mais suite aux brimades orchestrées par le pouvoir impérial contre les chrétiens animés d’une vision révolutionnaire, l’Empire va connaître les premiers signes de déclin politique, notamment l’incapacité de gérer la question de la succession impériale. Le Bas-Empire (fin du IIIe s) ouvre l’ère de la décadence impériale. A l’extérieur, la période est marquée par la fin de la pax romanus. Les guerres civiles et soulèvements se multiplient. Déjà en 212, l’édit de Caracalla avait essayé de réaliser l’unité impériale en attribuant la citoyenneté à tous les citoyens de l’Empire. Mais cela va créer des conflits Pr Abdou Rahmane THIAM Cours d’HIP Licence 2 Sciences politiques 2019-2020 Fsjp internes, notamment avec le Germains au nord –nom donné aux barbares), les Perses sassanides à l’est et les Maures au sud. A la fin du IIe siècle, Dioclétien réalise un redressement des institutions grâce à la formation du gouvernement collégial nommé « tétrarchie » et dirigé par deux Césars et deux Augustes. Cela ne va pas pour autant empêcher les guerres. C’est sous le règne de l’empereur Constantin au IVe siècle que les chrétiens ont une reconnaissance de leurs droits (édit de Milan 313). Le christianisme va connaitre un essor important jusqu’en Méditerranée, malgré la résistance de Julien (l’Apostat). Le polythéisme romain connait un déclin au point que Théodose décide de fermer définitivement en 394 des temples païens. Après sa mort en 395, l’empire sera divisé en deux entités : - L’Empire d’Orient qui devient l’Empire byzantin réussit à assurer son unité jusqu’à la prise de Constantinople par les Turcs en 1453. - L’Empire d’Occident assailli par les invasions barbares uploads/Politique/ cours-hip-l2-sciences-politiques-pr-a-r-thiam-converti.pdf

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