INTRODUCTION A LA SCIENCE POLITIQUE 1 SOMMAIRE INTRODUCTION I.- L'EXPLICATION P

INTRODUCTION A LA SCIENCE POLITIQUE 1 SOMMAIRE INTRODUCTION I.- L'EXPLICATION POLITIQUE A) La tradition marxiste B) L'analyse systémique C) Le fonctionnalisme D) Constructivisme E) Interactionnisme II.- LE CADRE INSTITUTIONNEL D'EXPRESSION DU POLITIQUE A) L'État 1. Un ordre juridique 2. Un pouvoir politique 3. L'acceptation de l'ordre étatique 4. Rôle et fonctionnement B) Les partis politiques 1. Structure, fonctions et fonctionnement des partis politiques 2. La légitimation des partis politiques C) Les groupes d'intérêts 1. Importance et influence 2. Cadres normatifs III.- LES PRATIQUES DE PARTICIPATION POLITIQUE A) Les mobilisations : origines et enjeux 1. L'approche psychosociale a. Action collective et frustration relative b. L'analyse marxiste c. Mouvements sociaux et historicité (Alain Touraine) 2. Action collective et « mobilisation des ressources » a. Approche en termes de calculs coûts/avantages b. Approche en termes de contrôle social c. Approche en termes constructivistes B) Les élections 1. L'étude de la participation électorale 2. La mesure de la participation électorale 3. Modèles explicatifs de la participation électorale a. L'approche écologique b. L'approche psychosociologique c. Le modèle du marché CONCLUSION 2 INTRODUCTION La réflexion sur le problème politique remonte très loin dans l'histoire des idées. Ce sont les philosophes, tels Platon (428 ou 427 à 348 ou 347 av. J.C.), Aristote (384 à 322 av. J.C.), Thucydide (env. 460-395) qui, dès le Ve et IVe siècle avant Jésus-Christ, ce sont intéressés à ce problème. Mais les préoccupations centrales de ces penseurs tournent autour de la question de savoir quel type de gouvernement convient-il de mettre en place pour mieux garantir une coexistence harmonieuse et pacifique des individus, ce qui les conduit à des considérations morales qui travestissent souvent la réalité des faits. Ces questionnements apparaissent comme une réaction aux spectacles de guerres à répétition, de désordres et de violences permanentes qui mettent en cause la pérennité de la Cité1. Ils cherchent alors le principe de l'ordre politique à instituer impérativement dans l'idée de Bien et du Juste tirée de leur « méditation métaphysique ». Le débat politique prend alors la forme d'une quête de connaissance relative au type de conduite - individuelle, politique et religieuse - auquel l'homme doit se conformer en vue de la réalisation de l'ordre, de la raison, c'est-à-dire la bonne correspondance entre l'organisation du cosmos, celle de la Cité et la hiérarchie des âmes2. L'ouvrage de Machiavel (1469-1527), Le Prince, écrit vers la fin de l'année 1513 marque un renversement de la problématique de la philosophie politique classique. Machiavel fut un haut fonctionnaire de la République de Florence. Entre 1498 et 1512, il a occupé les fonctions de secrétaire de la chancellerie, de secrétaires des Dix de Liberté et de paix ainsi que de conseiller auprès de Pierre Soderini, magistrat suprême de la République. Il est déchu de ses fonctions par les Médicis qui ont envahi et soumis Florence à leur autorité en 1512. Pour 1 Ces préoccupations sont liées immédiatement au contexte sociopolitique de l'époque. Dans les années 499 avant J.C., des villes grecques d'Asie Mineure ont été en proie à des révoltes permanentes contre la domination perse. Le roi perse, Darius 1er, écrase la rébellion en 494, en détruisant la ville de Milet, située dans cette région. Entre 490 et 479, les Athéniens devaient, de leur côté, faire face aux multiples tentatives d'invasion des Perses. La fin des conflits avec la défaite de Xerxès, le nouveau roi perse, lors de la bataille de Salamine, du Cap Mycale et de Platées n'a pas pour autant permis l'unification et la pacification de la Cité. Il faut attendre la domination de Philippe de Macédoine à partir de 338 pour que cette unité et cette paix intérieures auxquelles aspiraient les Grecs depuis si longtemps soient effectivement établies par la force. 2 Platon, République. 3 mieux comprendre les raisons de la défaite de sa République, il s'est mis à l'observation d'une République qui elle a réussi : la République romaine. Il s'agit pour lui de repérer les mécanismes de la durée et de la grandeur de Rome. Il entend montrer les effets des actions des dirigeants et des modes des configurations socioculturelles sur la pérennité ou non de tout régime politique : « Lorsque les pays qu'on acquiert, comme on a dit, sont accoutumés à vivre selon leurs lois et en liberté, pour les tenir il y a trois procédés : le premier, les détruire ; le deuxième, y aller habiter en personne ; le troisième, les laisser vivre selon leurs lois, en en tirant un tribut et en y créant un gouvernement oligarchique qui te conserve leur amitié. Car créé par ce prince, ce gouvernement sait qu'il ne peut durer sans son amitié et sa puissance, et doit tout faire pour le maintenir. Et l'on tient plus facilement une cité accoutumée à vivre libre par le moyen des citoyens eux-mêmes que d'aucune autre, façon, si on veut l'épargner. »3 La rupture opérée ici se situe dans le type de questionnements. Il ne s'agit plus de déterminer le statut de l'homme vertueux, l'ordonnance politique qui l'exprime et le rend possible et les principes qui fondent l'un et l'autre, mais de chercher à savoir comment fonctionne le pouvoir politique. Il donne ainsi à la science politique son objet et sa méthode. Cette démarche positive va être, peu à peu, systématisée dans l'analyse politique. Pour expliquer la particularité du régime politique selon les sociétés, Montesquieu (1689-1755) se réfère dans L'esprit des lois au système des facteurs socioculturels et climatiques qui caractérisent chacune d'entre elles. Pour lui, la différence entre les régimes politiques est liée à la différence des organisations et des structures sociales. Dans De la démocratie en Amérique, Tocqueville (1805-1859) suit la même démarche positive lorsqu'il tente de cerner les facteurs déterminant le caractère libéral et démocratique de la société en Amérique. Il relie 4 le régime démocratique à un processus social global : l'égalisation de conditions entre les individus qui composent la société américaine. C'est cette même préoccupation méthodologique (1818-1883) qui conduit Marx à créer le concept de mode de production. Concept qui tend à rendre compte concrètement des processus par lesquels les groupes sociaux produisent leurs moyens d'existence. La science politique n'a connu son véritable essor qu'à partir du XIXe siècle et du début du XXe siècle, notamment avec les œuvres de Max Weber mettant l'État et sa bureaucratie, l'intervention étatique et sa rationalité, le pouvoir et les mécanismes de sa 3 Machiavel, Le Prince, Paris, Flammarion, 1992, p. 85. 5 légitimation, bref, les mécanismes de la domination, au centre de l'analyse politique de premier plan. La création des départements de science politique dans certaines universités américaines à partir de 1890 et la fondation, en 1903, de l’Américan Polical Science Association présidée successivement par Goodnow, Price, Lowelle et Wilson, permettent à cette discipline de s'affirmer et de se développer aux Etats-Unis. En Europe, la science politique ne s'affirme véritablement qu'aux lendemains de la seconde guerre mondiale, notamment en Grande-Bretagne, en France, en Italie et en Allemagne. Cette institutionnalisation n'évacue pas pour autant les grands débats sur les contours de l'objet même de la science politique. En quoi les phénomènes dits politiques se distinguent-ils des autres phénomènes sociaux ? Quels sont les types de phénomènes que l'on désigne par la notion de politique ? Constituent-ils des phénomènes politiques en soi ? Sinon comment le deviennent-ils ? L'étymologie grecque, TTOAIG, désigne les affaires de la Cité, c'est-à-dire, par extension, ce qui se rapporte immédiatement aux activités du gouvernement. En dehors de ce sens classique, la notion de politique se caractérise par son extraordinaire fluidité sémantique. Elle est utilisée pour désigner des champs et des types d'activités extrêmement variés : 1) Des actions visant la réalisation de projets personnels non conformes aux normes d'action sociale : La notion de politique recouvre ici les activités visant la réalisation de fins personnelles. Ces activités relèveraient des calculs égoïstes, qui s'opposent à la loyauté et au respect de l'intérêt général. La notion de politique indique, de ce point de vue, la disqualification du comportement. C'est le sens de l'expression « politique politicienne ». Cette connotation péjorative conduit les acteurs politiques à se défendre de « faire de la politique » ou à clarifier leurs intentions et leurs démarches, en montrant qu'elles sont conformes à l'intérêt général. 2) Les activités visant la réalisation d'une fin particulière conforme aux normes d'action sociale : Cela concerne tant les actions des hommes politiques pour conquérir et exercer le pouvoir que celles déployées par une marque pour rehausser son prestige auprès des consommateurs, par un syndicat pour accroître son audience auprès des salariés. Dans cette perspective, la notion politique ne se réfère pas à l' « univers politique » classique, c'est- à-dire les affaires de la Cité. Elle indique simplement une ligne de conduite méthodique, en 6 vue d'une plus grande efficacité dans la réalisation d'une fin quelconque jugée digne par une communauté d'individus. 3) L'ensemble de solutions cohérentes apportées à un problème dans un domaine donné : La notion politique recouvre ici les activités mises délibérément en œuvre par les pouvoirs publics pour uploads/Politique/ cours-introduction-a-la-science-politique-1.pdf

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