Robert Descimon Christian louhaud La France du premier XVlle siecle 1594-1661 B
Robert Descimon Christian louhaud La France du premier XVlle siecle 1594-1661 BELIN 8, RUE FEROU 75006 PARIS Antoine de Laval (1550-1631) Maitre des eaux et forets, premier Geographe du rai (1583), il a produit une ccuvre abondante (ecrits de spiritualite, travaux historiques, traductions, reflexions sur \' amenagement des galeries etc.). Son important: de professions nobles et pubtiques contel1ans plusieurs trailes divers et rares, et elltre autres I'Histoire de la Maison de bourbon avec autres beaux secrets historiques (1605). Etienne Pasquier (1529-1615) Avocat et historien auteur des Recherches de la Frallce, monument d' erudition humaniste consacre aI' histoire des institutions, des coutumes, des lois, publie de 1560 a 1617 et auquel Pasquier travailla jusqu'a sa mort (additions dans les editions posthumes). Cardin Le Bret (1558-1655) C'est Ie dernier judste politi que la grande tradition. J\pres une jeunesse obscure, il devint avocat ala eour des Ai au pariement de Paris et mOllrut doyen du conseil d'Etat. II fut un serviteur efficace de Richelieu. 42 theologico-politique. Certains penseurs se mirent en tete et en devoir d'apprendre I'Eglise gallicane ii. son nou veau chef, recent transfuge du camp huguenot. D'autres, tel Antoine de Laval, en outre grand pourvoyeur de pro grammes iconographiques royaux, ecrivent pour enseigner aux hommes la societe de leur temps, ce sont les Desseins de professions nobles et puhliques (1605). D'aulres sont historiens, tel Etienne Pasquier : Les recherches de La France, 1560, constamment teeditees du vivant de leur auteur. La plupart se cantonnent au droit, qui toujours a l' epoque recouvre une dimension politique : les noms d'Antoine Loisel (1536-1617, Les institutes coutumieres, de Guy Coquille (1523-1603), de Pierre Guenois (1520-1600, La cOlljerence des ordonnances royaux, 1603), de Guillaume Du Vair (1555-1621, Traite de l'eLo quel1ce frant;;aise, 1595), de Pierre de L'Hommeau (Maximes generales du droit frant;;ais (1614», comptenl les plus connus, dans Ie sillage de Bodin et de leguerent aux generations futures une image solide, sans cesse retravaillee d'ailleurs, d'une monarchie h~gilime cantonnee dans la gestion d'une sphere publique dcdiee au bien commun, sans pretendre empieler sur lois divines et naturelles. Toutefois, c'est sous Henri IV, en ses Plaidoyers devant la cour des Aides, que Cardin Le Brel, I'auteur du celebre traite de La souverai nete du roi (1632) commew;:a sa carriere de chantre d'un «ahsolutisme» radical. Par Iii. aussi, Ie regne d'Henri IV etre considerc comme fondateur de la tradition absolutiste bourbonienne. Ce chapitre a entendu monlrer que l'histoire elait un peu plus complexe : ii. moins de faire un tri arbilraire dans l' ample matiere politique qu' a laissee derriere lui ce roi, Ie plus populaire que la France ait connu, il convient de reconnaitre que, si Henri IV fut Ie reconslrucleur de ['Blat monarchique et l'inventeur d'une tradition dont ses successeurs ne purent ni ne voulurent s'emanciper, son heritage fut toujours l' objet d'inlerpretations differentes et qu'on put en faire, au choix, Ie pere liberal du peuple (c'est l'image que retinrent les Lumieres et Ie roman tisme) ou Ie crcateur de la version monocratique de la monarchie absolue (c'est, au XX· sieele, l'interpretalion de bien des historiens fran9ais qui ne nourrissaient pas d'hostilile de principe ii. l'egard d'un tel regime). 1. LA RECONSTRUCTION DE LA MONARCH IE Chapitre 2 Religion et politique Le catholicisme est la religion du roi - et done de dans la France du XVIIe sieele. Il ne s' agit pas seulement de foi ou de piete : l'Eglise intervient ii. tous les momenls et ii. loutes les echelles de la vie politique du royaume, comme de sa vie sociale. Et pour Ie milieu res treint de ceux qui servenl1'Etat, la grande question, entre la fin des guerres de Religion el Ie regne personnel de Louis XIV, tient dans la possibilite ou l'impossibilite, la necessite ou l'absence de necessite, de concilier action politique et engagement religieux, alors que la continue, seule, de fournir les armes theoriques d'une subversion de ' Henri de Navarre, heritier legitime de la couronne, n'a pu acceder au lrone qu'apres son abjuralion du pro teslantisme en 1593, sa conversion et son absolution. Pourtant les guerres de Religion n'onl eu de fin que par l'installation durable d'un dualisme confessionnel sans dans les pays voisins. A leur paroxysme, ces guerres civiles religieuses avaient paru annoncer la ruine de la monarchie fran9aise (assassinat d'Henri III, desi gnation par la Ligue du cardinal de Bourbon comme «anti-roi»). Mais on peut tout aussi bien insister sur Ie fait que la monarchie a prouve au long de cette crise lrentenaire sa capacite ii. resister it la tempete, et finale ment ii. l'apaiser avec la victoire militaire puis poJitique d'Henri IV. La paix revenue, les decennies precedentes sont apparues aux contemporains ayant acces ii. la culture eclite (les seuls dont nous pouvons encore saisir directe ment les opinions) comme un temps de desordres abomi nables et de malheurs publics. Pour la tres grande rite des acteurs po1itiques - grands, moyens ou petits, de la haute aristocratie aux petits officiers - l'avenemenl puis la reussite politique d'Henri IV ont fait figure de rupture salulaire et de retour a une harmonie perdue. II fallail pomtant, pour les calboliques, vivre avec la presence 2. RELIGION ET POLITIQUE Charles, cardinal de Bourbon (1523-1590) Oncle d'Henri de Navarre, il fit une calTiere ala fois ecd~siastique et (il futdesigne comme du conseil du rai apres 1562). En 1584, un traile secret (approuve Dar Ie entre Ie II et les Guise designait comme successeur d'IIenri III. J\pres I'execution du due de Guise en 1588, il fut arrete. II devait mourir en prison deux ans plus tard, mais, entre-temps, la Ligue l'avait reconnu comme rai sous Ie nom de Charles X. 43 Dailliage, senechaussee. Ces deux termes designent a la fois des circons{ lions territoriales a la desqueUes se trouvaient un hailli au un senechal (sui vant les regions) et des tri bunaux dans lesquels ser vaient des magistrats proprietaires de leur office (lieutenants general et cri minel, conseillers). Ces tri bunaux jllgeaient en pre miere instance pour certaines causes, tant civiles que crimi nelles, et en d'autres d'abord devant les subalternes (royales au sei gneuriales). Leurs decisions €taient eUes-memes suscep tibles devant les presidiaux et pariemenls. autorisee et protegee des heretiq ues, et, pour les protes tants, admetlre les contraintes d' un statut de minorite tolerce. On a du mal aujourd'hui a imaginer a cela put alors paraYtre etrange et meme revoltant aux deux groupes, Cette question de la coexistence pacifique entre catholiques et protestants est restee au cccur de la vic Dolitique du pays pendant plusieurs dccennies. des relations entre politique et religion dans la France du premier XVlle siccl~ passe donc d' abord par l'histoire mouvementee des rapports entre l'Etat catho lique et la minorite protestante. 1. L'Etat et la question protestante Le 13 avril 1598, Henri IV signe el fait sceller I'Edit de Nantes. Ce texte legislatif offre aux protestants la liberte de conscience et un certain nombre de pour l'exercice dc cette liberte, ce qu'on normnait alors des "privileges». II interdit toute discrimination a regard des rHormes (sauf pour l'acces a certaines charges publiques), mais n'a pas pour mobile la «tolerance». 11 n'instaure pas l'egalite des deux religions. 11 attribue a la minorite religieuse, tombee aenviron 5 % des dix-huit millions de Franyais, des libertes particulieres qui la constituent en corps autonome, la «Religion Pretendue RCformee». Ceux qui s'en reclament pourront desormais se soustraire librement ala discipline de l'Eglise romaine et exercer leur culte, avec cependant certaines restric tions. Sur ce plan de I' exercice public du cu Ite, I'edit enterine les positions acquises en 1597. II Y ajoute plement la possibilite theorique de Ie pratiquer dans les faubourgs de deux localites par bailliage* ou sene chaussee*. A Paris, il ne devra pas s'approcher aplus de lieues de la ville, Aux 95 articles publics de redit de Nantes s'ajoute rent 56 articles secrets, bient6t sui vis de 23 autres. Ces clauses secretes accordaient des «places de surete» au parti huguenot: des places ou des vi lies fortes comme Saumur, Loudun, Montauban, Nimes ou La Rochelle dans lesquelles il pourrait tenir garnison. Un «brevet», lui aussi apres coup, prevoyait meme la prise en du financement de ces privileges militaires. Enfin, I' organisation politiq ue du protestantisme 44 I 2, RELIGION ET POLITIQUE quadrillait Ie royaume et prevoyait reunions regulicres et assemblees generales, etait toleree, sous reserve, pour ces demieres, de l'autorisation du roi. ,On l'a beau coup dit, l'Edit de Nantes ne s'ecartait des ephemeres edits de pacification anterieurs. Mais Ie roi Bourbon eut la force politique de Ie faire appJiquer. Les resistances [urent d'abord considerables. Le parlement de Paris se deroba pendant plusieurs mois et.celui de Rouen ne finit par enregistrer I'edit qu'en 1609. L'acces sans discrimination a la plupart des publiques paraissait particulierement scandaleux aux officiers catholiques. Pourtant il s'agissait la d'une des clefs de voute politiques du projet d' Henri IV. Devant Ie parlement de Toulouse, il affirmait : de veux que ceux de la religion vivent en paix en mon royaume et soient capables d'entrer aux uploads/Politique/ descimon-religion-politique-ordre-desordre.pdf
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- Publié le Nov 24, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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