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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/337635949 Ecrire entre les “lignes rouges”. L’espace de la presse électronique au Maroc et ses enjeux Book · January 2019 CITATIONS 0 READS 336 2 authors: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Presse au Maroc View project Abdelfettah Benchenna Université Paris 13 Nord 31 PUBLICATIONS 48 CITATIONS SEE PROFILE Dominique Marchetti French National Centre for Scientific Research 88 PUBLICATIONS 601 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Abdelfettah Benchenna on 09 December 2019. The user has requested enhancement of the downloaded file. HAL Id: hal-02109002 https://hal-univ-paris13.archives-ouvertes.fr/hal-02109002 Submitted on 25 Nov 2019 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Ecrire entre les “lignes rouges” . L’espace de la presse électronique au Maroc et ses enjeux Abdelfettah Benchenna, Dominique Marchetti To cite this version: Abdelfettah Benchenna, Dominique Marchetti. Ecrire entre les “lignes rouges”. L’espace de la presse électronique au Maroc et ses enjeux. in Bruno Péquignot (dir.),. Les industries culturelles et créatives dans la mondialisation, L’Harmattan, p. 33-58, 2019, coll. “ Questions contemporaines ”, série “ Les Jeudis de L’Harmattan ”, 978-2343167541. hal-02109002 Écrire entre les « lignes rouges » L’espace de la presse électronique au Maroc et ses enjeux Abdelfettah Benchenna (Université Paris 13, Laboratoire des Sciences de l’information et de la communication) Dominique Marchetti (CNRS, Centre européen de sociologie et de science politique) L’émergence des sites d’information en ligne a profondément bouleversé à la fois l’offre d’informations et les pratiques de consommation des médias au Maroc1. Cette étude de cas est probablement un bon exemple pour saisir les nouveaux enjeux autour du contrôle de l’information dans les espaces nationaux qui, pendant plusieurs décennies, se caractérisaient, d’une part, par une offre en grande partie restreinte aux seules organisations de l’espace politique et journalistique autorisé et, d’autre part, par une « demande » réduite, du fait de l’importance de l’analphabétisme. En effet, les fractions dominantes du champ du pouvoir marocain ont, tout d’abord, fait en sorte depuis 1956 de restreindre socialement le public potentiel de la presse écrite. Il s’agissait de contribuer, dans le prolongement de la colonisation, à leur reproduction sociale par des politiques d’éducation en faveur des seules fractions francophones. C’est pourquoi, même s’il est en diminution constante depuis plusieurs décennies, le taux d’analphabétisme demeure encore considérable au Maroc (32% en 2014 contre 43% en 2004 et 87% en 1960), tout particulièrement chez les femmes (42% contre 22% pour les hommes) et dans les zones rurales2. Par comparaison, ce taux s’élevait à 18,8% en Tunisie en 2014 (contre 23,3% en 2004) et à 15% en Algérie. 45% de la population marocaine âgée de 25 ans et plus ne dispose en 2014 d’aucun niveau d’instruction. Du coup, la lecture (quel que soit le support : livres, journaux, etc.) ne représentait encore en 2011/2012 que 2 minutes par jour pour la population âgée de 15 ans et plus. La lecture de la presse papier payante, qui a par ailleurs fortement chuté (250 296 exemplaires en 2009 à 175 760 en 2014)3, concerne toujours et quasi exclusivement les fractions urbaines de l’espace social les plus dotées en capital économique et culturel, qui se concentrent en grande partie entre la région de Rabat-Salé-Kénitra et celle du Grand Casablanca-Settat. Cependant, ces pratiques de consommation médiatique ont été profondément affectées par le développement d’internet dans un pays où le taux de pénétration dans la population s’élève à 63,7% en 20174. Par exemple, le « mouvement du 20 février » en 2011 et les émeutes (Hirak) 1 Ce texte est tiré d’une enquête en cours menée depuis 2015 avec Driss Ksikes, notamment par entretiens (n=31) qui ont été réalisés avec lui entre 2015 et 2017. Des responsables des principaux supports de la presse papier et électronique et des journalistes ayant travaillé dans plusieurs supports structurant ou ayant structuré fortement l’espace journalistique depuis les années 1980 et 1990 ont été interrogés. Ils sont cités ici a minima pour des raisons liées au court format de cette contribution. Cette recherche est financée dans le cadre d’un projet avec le Labex ICCA (Paris) et le CESEM, centre de recherche de HEM (Rabat). 2 Source : Haut-Commissariat au Plan Maroc. 3 Source : OJD Maroc. 4 Les chiffres de ce paragraphe sont issus des travaux de l’Agence nationale de règlementation des télécommunications (ANRT). Le Maroc a développé fortement l’usage d’internet puisque le nombre d’utilisateurs d’internet s’élevait à 21 millions en 2016 selon l’Union internationale des télécommunications, le dans la région du Rif au nord du Maroc à partir de 2016 ont montré le poids croissant de la diffusion de l’information en ligne, qui n’est plus simplement écrite mais surtout de plus en plus une information audiovisuelle, ce qui démultiplie l’audience des sites dans un pays où la consultation des sites web s’effectue très majoritairement sur les téléphones mobiles : 66,5% des Marocains ont accès à internet par cet outil et 94% du parc global des abonnements à Internet sont liés au téléphone mobile. Ce mouvement d’élargissement des publics, qui était déjà très fort avec le développement des chaines de télévision nationales, étrangères, des radios privées (Sonay, 2017) et des quotidiens arabophones dans les années 2000, se manifeste dans les fortes audiences des supports en ligne, comparativement aux titres papier. Par exemple, selon une enquête menée en 20155 auprès d’un échantillon de la population nationale alphabétisée âgée de 15 ans et plus, 67% des répondants indiquent qu’ils consultent la presse électronique contre 17% seulement pour la presse papier et 26% les deux. Par ailleurs, le profil dominant de ses lecteurs semble en partie différent de celui de la presse papier : il est à la fois plus féminin (73% des femmes déclarent lire la presse électronique contre 8% pour la presse papier) et plus jeune (70% des 15-24 ans contre 8 %). Ainsi, à la mi-octobre 2018, selon le « one month rank » du site Alexa6, il est significatif que 10 sites électroniques nationaux d’information générale figurent parmi les 50 sites les plus visités, dont surtout les sites Hespress.com (créé en 2007) et Choutftv.ma (2012) qui se classent juste derrière Google.com et YouTube.com et devant Facebook7. Les autres pure players d’information générale (Le360.ma en 13e position, Akhbarona.com 14e, Goud.ma 21e, Lesiteinfo.com 23e et Barlamane.com 26e), qui ont tous été créés après 2011, forment le reste du groupe. Seuls quatre sites liés à des titres papier, qu’il s’agisse d’hebdomadaires (Alayam24.com 58e ; Telquel.ma 90e) et de quotidiens (Lematin.ma 70e, Alyaoum24.com 88e), apparaissent dans les 150 premiers sites consultés, étant devancés ou devançant d’autres pure players en arabe (Aljarida24.ma 49e, Lakome2.com 69e, Febrayer.com 102e, Alaoual.com 138e) également très suivis. Plusieurs supports électroniques sportifs généralistes sont enfin très consultés (le site panarabe Kooora.com 10e, ainsi que deux basés au Maroc Elbotola.com 19e et Hesport 38e par exemple), de même que quelques supports régionaux basés dans le nord du Maroc (Nadorcity.com 45e, Tanja7.com 98e et Tanja24.com 100e), à Marrakech (Kech24.com 46e) ou à Fès (Fesnews.net 97e). Cet espace de diffusion est désormais d’autant moins circonscrit que le Maroc est un pays d’émigration, c’est-à-dire que le poids des consultations depuis l’étranger largement lié à la diaspora peut être non négligeable en dépassant les 20% dans de nombreux sites, y compris les plus populaires (Chouftv.ma, Hespress.com). C’est la France qui apparaît en général en deuxième position, les consultations pouvant atteindre une part importante dans les sites les plus francophones et francophiles (10,7% pour Le360.ma, 15% à Maroc figurant au troisième rang de la catégorie « États arabes » de cette institution derrière l’Égypte (39 millions) et l’Arabie Saoudite (24 millions). 5 Source : LMS-CSA pour la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ). 6 Les statistiques de ce paragraphe sont issues du site Alexa (consulté le 18 octobre 2018), permettant seulement de donner quelques grandes tendances. 7 Par comparaison, à la même date, seulement trois sites d’information apparaissaient dans le classement Alexa des cinquante premières adresses consultées en France : Le Figaro, Le Monde étaient en 24e et 25e position et L’Équipe à la 38ème place. Telquel.ma, 16,4% au Desk.ma, 20,9% à H24.ma, 35,9% pour Medias24.com). Pour un site explicitement dédié à l’origine aux Marocains résidant à l’étranger comme Yabiladi, qui est devenu plus généraliste, la part des consultations en France dépasse celle du Maroc (35,8% contre 21%). Tout en élargissant l’espace des publics, l’univers de la presse électronique a contribué à l’explosion de l’offre d’informations au Maroc : à la fin de l’année 2017, le ministère de la Culture et de la Communication comptabilisait 656 sites d’information autorisés fin 2017 contre uploads/Politique/ ecrire-entre-les-lignes-rouges-lespace-de-la-pres.pdf
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- Publié le Mai 06, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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