Du même auteur Enjeux de philosophie politique moderne. Les violences de l’abst
Du même auteur Enjeux de philosophie politique moderne. Les violences de l’abstraction, coll. « Politique d’aujourd’hui », Presses universitaires de France, 1992. Les Grands Courants de la philosophie politique, coll. « Mémo », Le Seuil, 1996. Amour et désespoir. De François de Sales à Fénelon, coll. « Points Essais », Le Seuil, 2000. Philosophie politique. Vol. 1, Individu et société, coll. « Les fondamentaux », Hachette éducation, 1994. Philosophie politique. Vol. 2, Éthique, science et droit, coll. « Les fondamentaux », Hachette éducation, 1994. Un si fragile vernis d’humanité : banalité du mal, banalité du bien, coll. « Recherches : MAUSS », La Découverte, 2005. Les Complaisantes. Jonathan Littell et l’écriture du Mal, en collaboration avec Édouard Husson, éditions François-Xavier de Guibert, 2007. Du bon usage de la torture, ou comment les démocraties justifient l’injustifiable, La Découverte, 2008. L’ère des ténèbres, coll. « La bibliothèque du Mauss », Le Bord de l’eau, 2015. www.donquichotte-editions.com © Don Quichotte éditions, une marque des éditions du Seuil, 2018 ISBN : 978-2-35949-660-4 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. À Alain. « Hommes imprévisibles. Hommes assaillis du dieu. Hommes nourris au vin nouveau et comme percés d’éclairs. » Saint John Perse, Vents, 1946 « Il doit exister ailleurs, je ne sais quoi de plus parfait que nous- mêmes, un Bien dont la présence nous confond et dont nous ne supportons pas l’absence. » Marguerite Yourcenar, L’Œuvre au noir, 1968 TABLE DES MATIÈRES Du même auteur Copyright Dédicace Introduction La richesse du mal Des mines où l’on peut puiser à pleines mains Seul le bien est profond L’Angoisse du roi Salomon ou le cœur bête de Romain Gary Faire la leçon à Dieu La protestation, l’humour et l’angoisse Temps difficiles de Charles Dickens et le jardin des « susceptibilités » Temps difficiles, de Charles Dickens Une éducation modèle De solides unités morales Le jardin des susceptibilités John Stuart Mill : les raisons d’une crise morale Le bonheur, chemin faisant Le prince Mychkine, l’homme positivement beau La chute dans le monde L’amour mort-né de la compassion L’homme positivement beau La bonté et la beauté de la vie dans L’Idiot L’expérience fondatrice Faire de chaque minute un siècle Dostoïevski et Rousseau Le chant du monde Une psychologie très peu psychologique Hans Holbein et le Christ mort Un échec inévitable Billy Budd, l’innocence et le mystère d’iniquité Présence du barbare Une poudrière explosive Le capitaine Vere et le prince bon de Machiavel Le mystère d’iniquité Joyeuseté grecque, affliction hébraïque La conclusion introuvable L’océan impavide et les boutons du roi Une leçon sceptique Les Misérables de Victor Hugo, les deux visages du christianisme Où l’on devine que Hugo songe à Chateaubriand Une série d’indices Les deux visages du christianisme « Commençons par l’immense pitié » À la source de la connaissance Mettons le cadavre sur la table Vaincre la misère, accepter la douleur Ce bien qui fait mal à l’âme La conscience du fauve Le « divin sténographe » La progressive déchéance de l’homme Un corps en mouvement Crainte et tremblement À jamais mesuré par un excès La tombe du nom Le jardin de Gethsémané L’homme précipice La mystique de la désappropriation de soi Ce qu’il advient chez Javert de ce bien qui fait mal à l’âme Concluons avec Gavroche Stefan Zweig, La Pitié dangereuse L’intrigue Où commence la faute ? Une fille du sous-sol L’auto-accusation de la vie Un insupportable sentiment d’infériorité Un être inconsistant Pitié sentimentale, pitié créatrice Une question à ne jamais poser Un crime impardonnable Le dilemme insoluble Un dénouement inévitable La bonté et le bien selon Vassili Grossman Au nom du bien, le mal Grandeur et impuissance de la bonté Ludmila Oulitskaïa, la leçon d’humanité Mensonges de femmes Sonietchka De joyeuses funérailles Conclusion - L’impitoyable expérience du Bien Le roman comme icône La vérité du roman Une expérience impitoyable Le génie du Mal Familiarité du Mal, fécondité du Bien Remerciements Bibliographie Ouvrages Ouvrages collectifs Articles de revue Introduction « Il est important que le grand art nous enseigne comment les choses réelles peuvent être regardées et aimées. » Iris Murdoch, L’Attention romanesque, 2005 « Ce n’est pas avec de bons sentiments qu’on fait de la bonne littérature 1. » Le mot d’André Gide, passé en adage, est si unanimement accepté que c’est à peine si on ose le contester. Est-il seulement des contre- exemples ? Myriel Bienvenu et Jean Valjean dans Les Misérables de Victor Hugo, le prince Mychkine dans L’Idiot de Dostoïevski ou Billy Budd chez Herman Melville – tous personnages que nous rencontrerons dans le présent essai – sont des êtres puissamment bons ou innocents, mais cela ne fait pas de ces œuvres, où se rencontrent aussi des figures d’une noirceur et d’une perversité singulières, des exemples convaincants de ce qu’est une littérature du bien, si tant est qu’une telle chose existe. Ce n’est pas que les hommes soient incapables d’agir avec bienveillance, bonté et générosité, mais écrire un roman à des fins d’édification morale ou religieuse conduirait inévitablement l’auteur à verser dans un sentimentalisme insipide, un angélisme de pacotille. Quel écrivain de talent voudrait se rendre si risible ? Mieux vaut admettre ce qu’écrivait François Mauriac dans son Journal : Rien ne pourra faire que le péché ne soit l’élément de l’homme de lettres et les passions du cœur le pain et le vin dont chaque jour il se délecte. Les décrire sans connivence […] est sans doute à la portée du philosophe et du moraliste, non de l’écrivain d’imagination dont l’art consiste à rendre visible, tangible, odorant, un monde plein de délices criminelles, de sainteté aussi 2. La richesse du mal La luxure, la cupidité, la soif de pouvoir et, accompagnant ces trois passions dominantes, l’ensemble des vices humains avec leurs crimes et leurs délits, mais aussi la souffrance et la détresse physique, psychique, toute la palette de l’expérience humaine du mal, constituent un fonds dans lequel romanciers, dramaturges et poètes ne cessent de puiser, comme s’il s’agissait là d’une ressource infiniment plus riche, féconde et colorée du peu qui pourrait être tiré des déclinaisons du bien : le bonheur, la bonté et la paix. Le propre de la paix est d’être sans histoire, à la différence de la guerre, dont les fureurs alimentent depuis longtemps les récits et les chroniques sanglants de l’aventure humaine. Le bonheur n’est un filon guère plus prometteur. Quant à la bonté... Sait-on même de quoi l’on parle ? Mieux vaut s’inspirer de la méchanceté puisqu’elle n’est jamais à court d’inventions. L’affaire est entendue, le dossier est clos. Mais l’est-il tout à fait ? Du bien, y a-t-il si peu à dire et à penser, sauf à dénoncer les oripeaux de vertu dont il se revêt et les politiques meurtrières qui s’en réclament ? « Voir clair, c’est voir noir 3 », disait Paul Valéry. Le mot est symptomatique. Une longue tradition de moralistes nous aura appris que la lucidité consiste à n’être pas la dupe du jeu social et de ses mascarades, et qu’il convient de ne pas se laisser abuser par l’apparence de la vertu et les séduisantes idéologies du bien – quel mal n’a-t-on pas fait en leur nom ! – et que, derrière le désintéressement, il y a souvent un intérêt à l’œuvre. Dès lors, il s’agira de s’exercer à une constante vigilance négative, sorte de pédagogie inversée qui nous désabuse de la figure du bien, quoique nos pratiques quotidiennes et nos jugements moraux soient ordinairement gros de cette notion 4. Faut-il, pourtant, s’en tenir à ce constat définitif, à cette posture où la prudence voit le poison partout ? Et si, au contraire, le bien n’était pas une illusion ou un leurre, une vieille lune métaphysique douteuse ou dangereuse, comme on voudra ? S’il se donnait parfois à voir dans une manifestation tout à la fois évidente et bouleversante ? Dans Un si fragile vernis d’humanité 5, publié en 2005, nous avions exploré l’admirable conduite des sauveteurs des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Le sous-titre « Banalité du mal, banalité du bien » indiquait assez que, si le mal est une source inépuisable d’interrogations et d’analyses, contrairement à ce que beaucoup affirment, il en est de même du bien et de ses obligations. Mais la démarche historique, s’appuyant sur des cas exemplaires, l’analyse psychosociologique en vue de dégager les traits distinctifs de la personnalité altruiste et les conclusions philosophiques qu’on pouvait en tirer, ce riche et composite matériau, appelaient à suivre une nouvelle direction. Et quoiqu’elle fût singulière, et à bien des égards intellectuellement subversive, c’est avec un caractère d’évidence que s’est un jour imposée l’idée de traiter la question du bien dans la littérature. Des mines où l’on peut puiser à pleines mains Les grandes œuvres littéraires, certains romans plus particulièrement – et nul besoin qu’ils soient « à thèse » ou répondent à une intention ouvertement philosophique – constituent des mines dans lesquelles un lecteur attentif à leur infinie richesse, et accueillant à son tour la générosité de l’auteur, peut puiser à pleines mains pour uploads/Politique/ ce-bien-qui-fait-mal-a-lame-la-litterature-comme-experience-morale-by-michel-terestchenko 1 .pdf
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- Publié le Jui 19, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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