1 Alors que, depuis plus de 20 ans, les évaluations nationales et international

1 Alors que, depuis plus de 20 ans, les évaluations nationales et internationales soulignent l’évolution inquiétante de notre système éducatif, les mesures prises entre 2017 et 2021 forment la trame d’une importante refondation de celui-ci. À court terme, la priorité résolue donnée au primaire durant ce quinquennat rend difficilement appréciable l’effet des réformes engagées sur l’amélioration de la performance de notre école. Pourtant, l’ampleur et la cohérence de l’action engagée sont perceptibles et semblent assez largement appréhendées par le grand public. À plus long terme, les mesures mises en œuvre devraient avoir un effet positif sur la réduction de l’échec scolaire comme des inégalités sociales qui y sont attachées. Plusieurs aspects structurants de la politique éducative conduite depuis 2017 doivent être rappelés : • la rapide exécution de réformes structurelles : 10 800 nouvelles classes ont été créées en moins de trois ans avec le dédoublement des classes de CP et de CE1, la politique de dédoublement s’est ensuite poursuivie avec les classes de grande section (GS) de maternelle ; le baccalauréat réputé irréformable a été transformé en deux ans ; • la priorité donnée à l’école primaire - terreau du décrochage scolaire et de la construction des inégalités - a été fondée sur des travaux de recherche scientifiquement valables, ouvrant la voie à une politique ambitieuse, cohérente et continue durant l’ensemble du quinquennat ; ainsi en 2022, un million d’écoliers environ auront bénéficié de la politique de dédoublement des classes en éducation prioritaire et du plafonnement des effectifs en classe hors éducation prioritaire. Les Rep+ ont particulièrement fait l’objet d’une concentration des moyens durant ce quinquennat avec la mise en œuvre de la politique de dédoublement des classes d’une part et l’engagement d’une politique de revalorisation indemnitaire progressive pour les personnels affectés dans ces établissements d’autre part. Cette politique globale au service des élèves et des établissements les moins favorisés a notamment permis de renforcer l’attractivité des postes concernés et de stabiliser les équipes pédagogiques au sein des établissements ; Auteur : Baptiste Larseneur, chargé d’études, Institut Montaigne 1. L’essentiel Quinquennat Macron : le grand décryptage ÉDUCATION Août 2021 2 • l’importance accordée aux élèves les plus défavorisés s’est incarnée dans une série de mesures éducatives et sociales comme la cantine à 1 €, les petits-déjeuners à l’école, le plan mercredi, les vacances apprenantes ou la mise en place du dispositif “Devoirs faits au collège” ; • la conciliation nécessaire entre la priorité accordée aux élèves les plus fragiles et la constitution de parcours singuliers - notamment pour les élèves les plus performants - s’est traduite par le rétablissement des parcours bi-langues et européens au collège et le rétablissement d’un véritable enseignement du grec et du latin, ainsi que par l’introduction de choix de spécialités au lycée ; • la nécessité de doter notre système éducatif d’outils d’évaluation et de contrôle afin de permettre un pilotage plus efficace s’est traduite par plusieurs mesures concrètes : instauration d’évaluations standardisées dans les premières années de chaque niveau d’éducation (CP, 6ème, 2nd) pour mesurer les progrès des élèves, création du Conseil d’évaluation de l’École qui a pour rôle d’évaluer en toute indépendance l’organisation et les résultats de l’enseignement scolaire, publication des statistiques d’insertion professionnelle pour les jeunes issus de la voie professionnelle ; • enfin, la priorité accordée à l’éducation s’est incarnée par une augmentation constante du budget accordé à l’éducation, et par l’impérieuse nécessité exprimée par le président de la République, lors de son allocution du 14 octobre 2020, de maintenir les écoles et établissements scolaires ouverts durant la crise sanitaire. 47,9 40,0 42,0 44,0 46,0 48,0 50,0 52,0 54,0 56,0 58,0 Budget de l’enseignement scolaire Augmentation 50,0 2017 2016 2018 2019 2020 2021 50,6 51,7 52,7 53,6 Évolution du budget de l’enseignement scolaire durant le quinquennat (hors pensions) 3 Les réformes et les actions engagées ont été nombreuses durant ce quinquennat. Néanmoins, la capacité de réformes et d’évolution de notre système éducatif a largement été entravée par la crise sanitaire. Ainsi, la majeure partie des réformes a été réalisée avant mars 2020, la seconde partie du quinquennat - jusqu’à aujourd’hui - ayant eu pour légitime souci la gestion de la crise sanitaire. PISA compréhension de l’écrit 2012 2015 2018 France 505 499 493 Royaume-Uni 499 498 498 Allemagne 508 509 498 Italie 490 485 476 Moyenne OCDE 496 490 487 PISA Mathématiques 2012 2015 2018 France 495 493 495 Royaume-Uni 494 492 502 Allemagne 514 506 500 Italie 485 490 487 Moyenne OCDE 494 487 489 Une performance scolaire dans la moyenne des pays de l’OCDE pour les élèves scolarisés en classe de quatrième. Performance du système éducatif français Les performances des élèves scolarisés en classe de CM1 régressent de façon continue en lecture. Une situation particulièrement préoccupante en mathématiques. Évolution du score de la France à l’évaluation PIRLS (lecture) 532 526 519 510 2001 490 500 510 520 530 540 2006 2011 2016 4 Les engagements du candidat portaient principalement sur l’école primaire et le lycée : • Accorder la priorité à l’école primaire afin que tous les élèves sachent lire, écrire et compter en arrivant en classe de sixième. Cette priorité s’est déclinée en plusieurs axes : 1. le dédoublement des classes de CP et de CE1 dans les zones d’éducation prioritaire, en limitant à 12 élèves par enseignant la taille des 12 000 classes concernées. Cette politique s’est poursuivie à la rentrée 2020 par le dédoublement des classes de Grande Section (GS) dans les zones d’éducation prioritaire ; 2. la revalorisation des professeurs des écoles enseignant dans les réseaux d’éducation prioritaire (REP +), grâce au versement d’une prime annuelle de 3 000 euros nets ; 3. le recrutement de professeurs expérimentés dans les zones d’éducation prioritaire, en y affectant des personnels ayant au moins trois ans d’ancienneté ; 2 . Les engagements pris 600 600 593 556 548 542 539 538 535 532526 525 525 521 520 515 441 485 500 502 509 510 512 515 550 500 450 400 Classement TIMSS (mathématiques) 2019 5 4. les moyens donnés aux enseignants de mesurer les progrès de leurs élèves afin de pouvoir s’adapter aux besoins de chacun grâce à la mise en place des bilans personnalisés, de la classe de grande section à la troisième, afin qu’ils disposent d’une base fiable et utile  pour mesurer les progrès de chaque élève, et qu’ils puissent choisir les meilleurs outils pour un enseignement adapté aux besoins de chacun ; 5. des stages de remise à niveau pendant les vacances ; 6. l’instauration de l’instruction obligatoire pour chaque enfant dès l’âge de trois ans ; 7. le plafonnement des effectifs des classes à 24 élèves pour toutes les grandes sections de maternelle, les CP et les CE1 hors éducation prioritaire. • Moderniser le baccalauréat en supprimant les anciennes filières et en permettant aux élèves de choisir des parcours plus individualisés. Objectif majeur du quinquennat, cette réforme devait permettre : 1. l’instauration d’un choix de trois spécialités en classe de première (puis de deux spécialités en classe de terminale) pour rompre avec la rigidité des anciennes filières, et offrir aux élèves la possibilité de construire un parcours plus adapté à leurs besoins et à leurs aspirations pour servir de tremplin vers le supérieur ; 2. un tronc commun garantissant l’acquisition des savoirs fondamentaux et des valeurs républicaines via l’enseignement des humanités pour tous (philosophie, histoire, etc.) ; 3. une hausse du niveau global du baccalauréat, pour revaloriser un examen en crise ; 4. une meilleure orientation des élèves, avec un temps dédié à l’orientation en classe de seconde, de première et de terminale (officiellement 54 heures annuelles) et deux professeurs principaux en classe de terminale ; 5. le passage de la majorité des disciplines en contrôle continu (sauf le tronc commun et le grand oral), afin de réduire les coûts du baccalauréat et de favoriser le travail tout au long de l’année plutôt qu’un bachotage final ; 6. la modernisation du lycée professionnel pour en faire “une voie d’insertion tournée vers les enjeux économiques de l’avenir, en particulier le numérique, l’entrepreunariat et l’artisanat” (Jean-Michel Blanquer). 6 • Mettre en place un Service National Universel (SNU) pour succéder indirectement au service militaire. Pensé comme “complémentaire de l’instruction obligatoire”, il s’adresserait aux lycéens et viserait les mêmes objectifs de “transmission d’un socle républicain, de renforcement de la cohésion nationale et de développement d’une culture de l’engagement”. Une série de mesures a consisté à revenir sur des politiques éducatives qui avaient été précédemment mises en œuvre : • Assouplir la réforme des rythmes scolaires, mesure plébiscitée par les communes et la communauté enseignante. Dès le début du quinquennat, le décret du 27 juin 2017 a donné la possibilité aux communes qui le souhaitent de revenir à la semaine de quatre jours. Cette évolution, qui s’inscrit dans la continuité de la réforme conduite par Xavier Darcos en 2008, diverge des décisions du précédent quinquennat qui n’avaient pas suffisamment intégré les collectivités et les enseignants. Si aucune corrélation évidente n’est établie entre réforme des rythmes scolaires et uploads/Politique/ education-quinquennat-macron-le-grand-decryptage.pdf

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