PUBLICITÉ LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Lundi 10 janvier 2011 El Watan PHOTO : H.
PUBLICITÉ LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Lundi 10 janvier 2011 El Watan PHOTO : H. LYES ■ LIRE NOS ARTICLES DE LA PAGE 2 À LA PAGE 13 N° 6145 - Vingt et unième année - Prix : Algérie : 10 DA. France : 1€. USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com 1100 1100 manifestants manifestants arrêtés arrêtés Les mineurs seront libérés, selon Ould Kablia Affrontements à Béjaïa, grève générale à Akbou P 10 PHOTO : AFP ● Le pouvoir fait appel à l’armée et aux milices parallèles pour mater le peuple ● Maya Jribi, SG du Parti démocrate progressiste (PDP) : «Le régime a commis un massacre contre les civils.» L a Tunisie s’enlise. La violence qui s’est em- parée du pays, depuis le 17 décembre 2010, a franchi un cap très dangereux. Pour la première fois, l’armée est intervenue pour mater la révolte sociale et politi- que. La police a tiré sur les populations civiles à balles réelles. (Suite page 15) H. Ouali VIOLENCES EN TUNISIE LE BILAN S’ALOURDIT À 23 MORTS DEUX OTAGES FRANÇAIS TUÉS NORD DU NIGER (SAHEL) FRANÇAIS ■ Les deux otages français enlevés vendredi dernier à Niamey ont été tués moins de 24 heures plus tard à l’issue d’une opération de libération menée par un commando franco-nigérien, à la frontière avec le Mali. Lire en page 15 L ’ É V É N E M E N T El Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 2 TIDJELLABINE Taïeb Ghaimi, gardien du WRT Quand Belkhadem parle de «dialogue civilisé» A bdelaziz Belkhadem, représentant personnel du président de la République, a fait une déclaration amusante sur la situation dramatique que connaît le pays. «Nous sommes pour l’expression, mais pas n’importe comment, nous sommes pour le dialogue civilisé. La protestation doit s’exprimer de manière pacifique», a déclaré le secrétaire général du FLN. Cela ressemble à une plaisanterie. Le FLN, qui a cautionné et justifié le maintien de l’état d’urgence au mépris de la Constitution et des pactes internationaux sur les droits de l’homme, n’a jamais dénoncé l’interdiction de marcher à Alger ou dans les autres villes du pays. Depuis 2001, il a suffi d’un décret pour que les libertés publi- ques soient suspendues de manière indéterminée. Le système instauré par Abdelaziz Bouteflika depuis 1999 est clairement opposé à toute expression pacifique dans la rue ou dans les es- paces publics. Le non-agrément de nouveaux partis ou syndicats et la fermeture de la télévision d’Etat, qui ressemble à un bunker médiatique, renforcent ce constat. Le FLN, qui s’est mis à genoux devant le nouvel ordre, est tra- versé par une crise interne que A. Belkhadem n’a pas pu juguler pacifiquement. Depuis sept ans, le parti, qui n’arrive pas à sortir de la culture de l’unicité de pensée, est livré à des secousses spo- radiques qui l’empêchent d’avoir une vision politique à long terme. Bloqué dans «les douceurs» du passé, ce parti s’est adapté aux activités à huis clos, loin de la rue, de l’opinion publique et de la contestation réelle. Belkhadem, qui a accès à la télé- vision et à la radio quand il veut et où il veut, n’a jamais émis ne serait-ce qu’une ébauche de cri- tique sur les interdits politiques et sécuritaires qui figent le pays. Il n’a jamais protesté contre le verrouillage général de la nation ni sur la neutralisation des instru- ments de la médiation sociale et politique. Sous les lumières aveuglantes du palais d’El Moura- dia et derrière l’ombre furtive de Abdelaziz Bouteflika, Belkha- dem n’a pas vu la tempête venir. Il est était incapable d’anticiper la révolte. Lui, comme Ahmed Ouyahia qui semble avoir perdu l’usage de la parole, n’avait trouvé aucune gêne à s’adapter au «débat» au sens unique et à tourner dans le même cercle. Au Parlement, le Premier ministre a même prévenu contre le recours à l’émeute. «Celui qui a mal la tête coupe la route et brûle les pneus», a-t-il dit, presque sûr de lui. La réponse a été fulgurante. Ouyahia, Belkhadem et tout le pouvoir dénoncent la violence – comme le fait avec maladresse Daho Ould Kablia, ministre de l’Intérieur – alors qu’ils ont tout fait pour empêcher les Algériens de s’exprimer pacifiquement, même à l’intérieur des salles. Un débat sur la violence contre les femmes a été interdit. Tout ce qui est lié aux questions relatives aux droits humains est frappé de suspicion. Samedi à Oran, des artistes et des universitaires ont été malme- nés par la police au moment où ils tentaient d’organiser une mar- che pacifique. Une action que le FLN, le RND ou même le MSP auraient pu organiser. Non, l’Alliance présidentielle, constituée par ces trois formations, préfère l’air comprimé des salons, sans doute «moins pollué». Pas de débat libre, pas de rencontres po- litiques, pas de marche, pas de sit-in, pas de rassemblement, pas de… Ceux qui ont semé le vent doivent affronter l’ouragan. A mains nues ou avec des mots creux. L ’affronter car ils n’ont pas laissé grand-chose aux jeunes sauf… la violence de l’expression. Aussi, la réaction de Abdelaziz Belkhadem, citée uniquement en exemple, est-elle ridicule. Elle est elle-même violente car elle démarre d’un mensonge. A-t-on laissé une petite place au «dialogue civilisé» ? La crise de ce mois de janvier 2011 permet au moins de constater de façon éclatante que la classe dirigeante est sérieusement décalée par rapport au pays, ces Algériens… d’en bas. Fayçal Métaoui L e jeune Labza Azzeddine, 20 ans, est la première victime des émeutes du 5 jan- vier. Il a succombé sous les balles de la police à Aïn Hadjel (M’sila), commune distante de 180 km au sud-est d’Alger. Ce jeune, le dernier d’une famille de cinq enfants, était bien considéré, non seu- lement auprès de sa famille, mais de tout le quartier la Soummam. Lors de notre pas- sage chez cette famille à Aïn Hadjel, le père, âgé de 80 ans, était dans un état pitoyable. Selon les voisins de la victime de ce quartier marginal de Aïn Hadjel, Azzeddine était un garçon apprécié pour sa gentillesse et sa générosité, il vouait un amour sans borne à ses concitoyens. Ses amis, rencontrés dans la demeure familiale, ne cessent de répé- ter que Azzeddine aspirait à un avenir meilleur dans cette Algérie immensément riche. Chômeur, juste avec un niveau de 6e année primaire, il vivait aux dépens de ses parents, aux conditions sociales très mo- destes d’ailleurs. Azzeddine a été abattu par l’un des poli- ciers retranchés sur la terrasse du commissariat, l’atteignant à la tête. Cette façon d’user d’une arme à feu avec une facilité déconcertante a jeté stupeur et consternation au sein de la population de Aïn Hadjel. Cette dernière était in- dignée quand le ministre de l’Intérieur, lors de sa décla- ration à la télévision samedi, a évoqué la légitime défense pour une compagnie de po- liciers qui s’est postée sur la terrasse et qui tirait à balles réelles sur les manifestants. Ce geste à lui seul constitue l’indice révélateur de l’am- pleur de l’abus, des intimida- tions et l’arbitraire, dont est victime cette population. Ce sont les dépassements de certains policiers, a-t-on indi- qué à Aïn Hadjel, qui, par des propos malveillants, ont pro- voqué la colère des jeunes qui ont pris d’assaut le commis- sariat.Labza Azzeddine a été enterré hier après-midi dans le cimetière de la ville, après l’échec des autorités locales qui avaient suggéré de l’en- terrer dans la commune d’El Hamel. S. Ghella L e jeune Taïeb Ghaimi, décédé suite aux émeutes, était le gardien du but de l’équipe du Widad Eriaddi de Tidjellabine (WRT) catégorie juniors et le fils aîné d’une famille de sept membres. Abor- dés, certains de ses proches, rencontrés devant le domicile mortuaire, nous ont confié n’avoir pas de détails quant aux circonstan- ces de sa mort. Le défunt, qui avait 19 ans, a été retrouvé carbonisé à l’intérieur du motel jouxtant la station-service de Tidjellabine, au bord de la RN5. Sa mort est sur- venue suite au saccage de cet éta- blissement par un groupe de jeunes habitant le quartier Safsaf, dans la soirée de vendredi dernier. «Taïeb était parti, comme d’habitude, en ville pour sa séance d’entraîne- ment. Sur le chemin du retour, à la cité Mahsas, il était accompagné de son ami B. Bouzid, blessé griè- vement lors de l’incendie», précise son père. Pour lui, son fils est mort d’asphyxie en l’absence de se- cours. Et d’ajouter : «Mon fils se serait réfugié à l’intérieur de l’hô- tel pour éviter les affrontements qui redoublaient d’intensité entre les forces de l’ordre et les jeunes de Haï Safsaf. Mais ces derniers étaient violents et s’en sont pris à l’établissement, qu’ils ont saccagé sans daigner alerter ceux qui se trouvaient à l’intérieur. Je crois qu’il est décédé suite à l’inhalation de gaz carbonique et à l’absence de secours.» Notre interlocuteur précise que ce n’est que le lendemain, samedi vers midi, qu’il a reçu la nou- velle de la mort de son fils de la brigade de gendar- merie de uploads/Politique/ el-watan-10-01.pdf
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- Publié le Fev 05, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
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