N°6891 - Vingt-troisième année - Prix : Algérie : 15 DA. France : 1€. USA : 2,1

N°6891 - Vingt-troisième année - Prix : Algérie : 15 DA. France : 1€. USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com PUBLICITÉ ÉDITION DU CENTRE El Watan LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Mardi 11 juin 2013 LIRE EN PAGES 30 ET 31 Cap sur le Rwanda ■ ÉQUIPE NATIONALE ● Le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, vient de rendre public un rapport inquiétant de l’institution monétaire sur les perspectives économiques du pays à la lumière de l’évolution à la baisse des prix du brut sur le marché international ● Les chiffres du premier trimestre 2013 sur les revenus d’exportation des hydrocarbures font état d’un net recul par rapport à l’année 2012. ● Le retour chez lui du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, n’a fi nalement pas amorcé le retour au calme comme il l’a promis ● Il a au contraire fait fl amber un peu plus la rue, qui réclame désormais sa tête. DISCOURS MUSCLÉ VIS-À-VIS DES MANIFESTANTS LIRE L’ARTICLE DE HASSAN MOALI EN PAGE 13 SUITE DE L’ARTICLE DE AKLI REZOUALI EN PAGE 3 RECUL DES RECETTES PÉTROLIÈRES Le rapport alarmant de la Banque d’Algérie LE FABRICANT ARRÊTE SA PRODUCTION EN ALGÉRIE CEVITAL RACHÈTE MICHELIN ALGÉRIE LIRE L’ARTICLE DE LYÈS MECHTI EN PAGE 3 ■ Le groupe algérien privé Cevital a annoncé, hier, son entrée dans le capital de la filiale algérienne du fabricant français de pneumatiques Michelin ■ Son acquisition intégrale devra coïncider avec l’arrêt de la fabrication du groupe français, prévu fin 2013. ENTRETIEN AVEC KADDOUR CHOUICHA «La cooptation d’un président ne servira pas l’Algérie» LIRE EN PAGE 2 PAR CHERIF LAHDIRI Membre du comité directeur de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) D u fait de la contraction de ses recettes pétrolières et du gonflement de sa facture d’importation, l’Algérie présente à nouveau de sérieux symptômes de choc extérieur, font ressortir en substance les dernières statistiques de la Banque centrale. Les exportations d’hy- drocarbures se sont, en effet, contractées de 13,9% en valeur au cours du premier trimestre de 2013 comparativement à la même période de 2012, a indiqué hier le gouverneur de la BA, Mohamed Laksaci, lors d’une conférence de presse à Alger. PHOTO : H. LYÈS PHOTO : D. R. PHOTO : D. R. ERDOGAN DANS L’IMPASSE El Watan - Mardi 11 juin 2013 - 2 L ’ A C T U A L I T É KADDOUR CHOUICHA. Membre du comité directeur de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) «La cooptation d’un président ne servira pas l’Algérie» Propos recueillis par Cherif Lahdiri L ’Algérie vit une crise politique chronique. A un an de l’élection présidentielle, le président Bou- teflika est en France depuis plus de 42 jours pour raisons de santé. Des observateurs s’inquiètent sur la situation actuelle qualifiée de très tendue. Qu’en pensez-vous ? Nous vivons depuis des décen- nies une crise sociale et politique profonde. Le constat est triste, mais on ne peut pas échapper à la réalité : des Algériens s’immolent par le feu, d’autres fuient le pays dans des em- barcations de fortune. La question des disparus n’a trouvé aucune avancée. Il y a des cas de torture en Algérie. Les disparités sont de plus en plus criantes dans la redistribution de la rente, pendant que la corruption a atteint des niveaux alarmants. Ce n’est pas le fait que le président Bouteflika soit en France depuis plus de 42 jours pour des raisons de santé qui pose problème. Nous avons déjà connu un Président qui a été poussé à démissionner, un autre qui a été assassiné… On ne doit pas être fixé que sur l’état de santé du Président. C’est certes important, mais croire que c’est un événement majeur dans ce pays, je ne le pense pas du tout. Il y a une ten- tative de salir un clan (même si ce der- nier a une part de responsabilité) pour blanchir un autre clan. On est en train de faire de ce clan le seul coupable. Pour que demain, l’on puisse dire : ceux qui sont coupables de scandales sont écartés maintenant. Et ceux qui restent sont automatiquement blan- chis. Ceux qui ont coopté depuis plu- sieurs années les présidents successifs sont comptables de la situation. C’est le même système qui continue. Le plus grave, c’est que l’Algérie risque de payer cher cette lutte de clans. Que signifie pour vous l’idée actuellement réitérée selon laquelle «l’armée doit être garante de la transition douce ou pacifique» ? L ’histoire de l’Algérie le prouve : lorsque l’armée décide de mettre un pied dans la politique, c’est là qu’il y a le plus de problèmes. La question qui se pose est la suivante : aller à une transition douce pour qui ? On a beau dire que c’est pour l’Algérie, mais certains espèrent que l’Algérie reste dans le chaos actuel parce qu’ils ont des privilèges à préserver. Dans ce cas-là, nous n’avons pas besoin de «transition douce». Certains es- pèrent l’intervention de l’armée. Mais qu’est-ce qu’ils veulent de plus que la situation actuelle ? Nous avons des institutions de façade servant de de- vanture démocratique, mais derrière, il y a un bloc qui décide. Ce ne sont pas des civils élus qui décident, mais un bloc sécuritaire. Parlons de l’après-Bouteflika. Des noms de potentiels successeurs sont évoqués : Zeroual, Belkha- dem, Sellal, Hamrouche, Benbi- tour... Ce sont des signes avant-cou- reurs d’une autre cooptation d’un homme de consensus. L ’on est alors encore bien loin d’une perspective de scrutin crédible et équitable. Surtout que tout le monde sait que la moyenne de participation aux différents scrutins n’a jamais dépassé les 20%... Oui effectivement, comme le dit si bien un adage populaire, «nous ne sommes pas sortis de l’auberge». Nous avons un Président actuel qui a été coopté. D’autres attendent leur tour en espérant être choisis par le bloc sécuritaire qui décide. Tant qu’on est dans ce mode de cooptation, le pays n’a aucune chance de sortir de la crise. La cooptation de personnes, quelles que soient leurs compétences ou leur mérite, n’aboutira jamais à une issue heureuse pour le pays. Des hommes politiques de l’op- position ont lancé une campagne pour une deuxième République avec à la clé «une période de transi- tion de deux à trois ans, avec un mo- ratoire sur les élections et l’ouverture politique et médiatique pour jeter les bases d’un changement politique via un suffrage universel». Que pensez- vous de cette initiative ? Cet objectif est beau. Toutefois, il faut être naïf pour croire que les choses vont se passer aussi facile- ment. Les décideurs sont-ils à court d’idées de sortie de crise ? Ont-ils besoin de telles idées ? De deux choses l’une : soit les initiateurs de cette belle idée ne saisissent pas ce qui est en train de se passer, ou ont-ils un autre objectif en tête. Qui va être d’accord avec cette transition ? Qui fera cette transition ? Parmi ceux qui décident, qui est d’accord pour qu’il y ait des élections libres et honnêtes ? Si les décideurs ne sont pas d’accord, comment les initiateurs de cette idée comptent-ils les convaincre d’accep- ter qu’il y ait des élections libres et honnêtes ? Soit ils sont naïfs, ou ils veulent eux aussi être cooptés par les décideurs. Ceux qui détiennent le pouvoir en Algérie ne le lâcheront pas facilement. Il n’est pas question d’attendre de leur part une ouverture, aussi maîtrisée soit-elle. Ce pouvoir est passé par une période de norma- lisation des champs politique, asso- ciatif et syndical en promulguant des lois restrictives des libertés. Avec ces restrictions et ce verrouillage, peut-on s’attendre à une quelconque ouverture vers plus de liberté et de démocratie ? C’est pourquoi je crois que ces initia- tives, aussi belles soit-elles, n’auront pas de lendemain. Quelles sont vos propositions pour aller vers une transition dé- mocratique et un Etat de droit ? Il faut lutter pacifiquement pour changer de système. Cela exige un travail de longue haleine et non pas simplement des initiatives conjonc- turelles. Il ne faut pas croire qu’on peut réussir facilement à lancer un mouvement politique qui puisse peser dans une situation où les rapports de force sont très défavorables au chan- gement. Ce ne sera pas facile. Il faut d’abord libérer le champ politique. Toutes les forces patriotiques et répu- blicaines doivent se rassembler autour d’un minimum qui consiste à lever cette chape de plomb sur l’exercice de l’activité politique. Il faut aussi démanteler les entraves aux libertés syndicales et ouvrir l’audiovisuel. Tant qu’il y a tous ces verrous liber- ticides, aucun espoir de changement n’est permis. Toute sortie de crise exige une rupture. Une rupture qui passe par… Une rupture qui passe par un libre exercice de la politique et de l’activité syndicale et associative. Les élections sont en fin du processus. Tant qu’il y a un verrouillage de l’activité politique et syndicale, il n’y a aucun espoir d’avoir des élections libres et cré- dibles. Les élections ne sont qu’une uploads/Politique/ el-watan-du-11-06-2013.pdf

  • 25
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager