13/03/14 Georges BALANDIER, Réflexions sur le fait politique : le cas des socié
13/03/14 Georges BALANDIER, Réflexions sur le fait politique : le cas des sociétés africaines classiques.uqac.ca/contemporains/balandier_georges/reflexions_fait_politique/reflexions_fait_politique_texte.html 1/17 Accueil À propos Bénévoles Derniers ajouts Nous joindre Plan du site Droits d'utilisation Liens externes RECHERCHE SUR LE SITE Références bibliographiques avec le catalogue En plein texte avec Google Recherche avancée Tous les ouvrages numérisés de cette bibliothèque sont disponibles en trois formats de fichiers : Word (.doc), PDF et RTF Pour une liste complète des auteurs de la bibliothèque, en fichier Excel, cliquer ici. Collection « Les sciences sociales contemporaines » Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Georges BALANDIER, “Réflexions sur le fait politique : le cas des sociétés africaines”. Un article publié dans les Cahiers internationaux de sociologie, vol. 37, juillet-décembre 1964, pp. 23-50. Paris : Les Presses universitaires de France. [Autorisation formelle de diffuser ce texte dans Les Classiques des sciences sociales accordée par M. Balandier le 28 janvier 2008.] Georges BALANDIER “Réflexions sur le fait politique : le cas des sociétés africaines”. Un article publié dans les Cahiers internationaux de sociologie, vol. 37, juillet-décembre 1964, pp. 23-50. Paris : Les Presses universitaires de France. Le choix du fait politique L'élucidation du fait politique traditionnel. Les critères et les définitions. Les aspects du fait politique. Les aspects et les attributs du pouvoir. La terminologie politique. Le vocabulaire politique indigène. La théorie indigène et la pratique politique. Le choix du fait politique [1]. Les sociétés établies en Afrique, au sud du Sahara, proposent dans leur état actuel, et à travers leur histoire, une extrême variété de formes politiques. Elles ont conduit des expériences fort diversifiées en matière de gouvernement des hommes ; elles continuent à le faire en donnant à l'oeuvre de construction nationale des orientations variées. Elles constituent le plus extraordinaire laboratoire dont puissent rêver les chercheurs attachés à l'élucidation du phénomène politique. En un même temps - sinon en un même lieu - il est possible de considérer une série de cas, qui s'ouvre avec les sociétés présentant une sorte de minimum sociologique : les campements pygmées et négrilles, qui se ferme avec les États traditionnels et les États modernes résultant de la décolonisation. Cette richesse autrefois soupçonnée est maintenant reconnue, bien que l'inventaire des systèmes politiques traditionnels soit loin d'être terminé. En fait, grâce aux recherches entreprises au cours des vingt dernières années, plus d'une centaine de « cas »sont décrits et peuvent être soumis à un traitement scientifique. Une région a cependant bénéficié d'une sorte de privilège : celle qui correspond au haut Nil et aux grands lacs de l'Afrique orientale. Si les sociétés à autorité centralisée y dominent, la variété des systèmes politiques y reste cependant apparente. On y trouve toute une gamme de sociétés à gouvernement diffus - dont les Nuer, étudiés par E. Evans-Pritchard, créateurs d'une « anarchie ordonnée » ; on y trouve aussi des sociétés à chefferies et, surtout, des États traditionnels ayant élaboré des solutions différentes en fait de centralisation du pouvoir. Dans un petit ouvrage récemment publié, Primitive Government, Lucy Mair expose ces divers systèmes en même temps qu'elle apporte les éléments d'une anthropologie politique [2]. Les sociétés d'Afrique occidentale - mises à part quelques exceptions, dont les Ashanti et les Haoussa - n'ont pas été l'objet d'études aussi méthodiques, en ce qui concerne leurs anciennes organisations politiques. Par contre, leurs expériences politiques modernes, en raison de J'avance acquise en matière d'indépendance et de construction de la nation, sont de plus en plus envisagées sous l'aspect de la connaissance scientifique. Qu'il s'agisse de caractériser les régimes et les institutions, les partis politiques et les idéologies, ou qu'il s'agisse de reconnaître les adaptations et « traductions » que le contexte africain leur a imposées. 13/03/14 Georges BALANDIER, Réflexions sur le fait politique : le cas des sociétés africaines classiques.uqac.ca/contemporains/balandier_georges/reflexions_fait_politique/reflexions_fait_politique_texte.html 2/17 Ces remarques initiales suggèrent une première difficulté contrariant l'étude des phénomènes politiques africains. Non seulement la documentation utilisable est inégalement riche, et différemment orientée selon les régions, mais l'histoire africaine au cours des siècles et des années passées a imposé aux agencements politiques une structure, ainsi qu'une organisation très hétérogènes. Ces agencements sont constitués d'éléments se référant à des périodes différentes : les périodes précoloniale, coloniale et postcoloniale. Les expressions politiques modernes coexistent avec des manifestations et des structures anciennes, elles-mêmes transformées par suite des bouleversements résultant de la colonisation. Cette triple complexité ne peut être méconnue sans risques scientifiques, bien qu'il ne soit pas facile de la maîtriser. Une telle constatation conduit à poser le problème des rapports entre régimes politiques traditionnels et organisations politiques modernes, à penser que la séparation n'est pas nette entre les uns et les autres. La discontinuité est moins accentuée qu'on pourrait l'estimer en s'en tenant aux seules apparences. Mais on ne saurait se satisfaire d'une simple affirmation. Dans son ouvrage consacré au royaume Ganda [3], David Apter met en garde contre les significations implicites du terme : traditionnel. Il note que ce qualificatif en est venu à évoquer « un système culturel fixé, emprisonné dans le passé ». Il s'efforce, à l'encontre de cette interprétation vicieuse, de mettre en évidence « les aspects dynamiques du traditionalisme », de repérer, au cours de l'histoire, les changements ayant affecté l'ordre dit traditionnel. Dans le cas particulier des Ba-Ganda, D. Apter montre que le dynamisme de leur système politique ancien résulte de la tension existant entre deux modalités de l'autorité et deux séries de valeurs. D'un côté, les clans et leur conception du pouvoir ; de l'autre côté, la hiérarchie politique organisée à partir du souverain - le kabaka ; le débat se poursuit encore, sous-jacent aux aménagements modernistes effectués durant les dernières années. Le système politique traditionnel apparaît ainsi comme affecté par les tensions et les conflits, comme toujours agissant malgré les vicissitudes subies. Il oriente, pour une part et partout, la vie politique moderne. Ses incidences peuvent aussi être saisies à un autre niveau. Les responsables des nouvelles nations africaines n'ont pu imposer, par contrainte et d'un coup, une philosophie et des organisations politiques totalement étrangères ; en quelque sorte importées. Ils ont dû effectuer un travail d'adaptation et de « traduction » en recourant à l'équipement politique traditionnel. Le parti politique obéit à cette exigence, au point de n'exprimer parfois que des rapports de force entre groupes ethniques - ainsi que le manifeste d'une façon presque caricaturale le Congo-Léopoldville. Le personnage du leader se modèle souvent sur les types d'autorité que recelait l'ordre ancien : celui du souverain qui ordonne en accord avec les dieux et les ancêtres, celui du prophète ou du messie qui annonce et provoque les temps nouveaux. Enfin, lorsqu'il s'agit de vulgariser l'idéologie, de diffuser les symboles à signification politique, d'organiser le rituel de la « religion politique », la référence à certains modèles traditionnels opère également. Et cela, même dans les pays où les gouvernements ont provoqué l'élimination ou l'abaissement des chefs de vieux style. Ces indications sommaires visent à suggérer le jeu des relations entre traditionalisme et modernisme. On ne peut tracer une frontière, séparer l'anthropologie politique (qui semble plus tournée vers le passé) de la sociologie politique (qui paraît plus orientée vers les expressions actuelles de la vie politique). Toutes deux abordent, par des accès différents, les mêmes phénomènes, si complexes que l'intervention conjuguée des deux disciplines reste nécessaire. En considérant le fait politique en Afrique noire, il ne s'agit point de céder à une mode - bien que l'actualité y incite. Il convient de se soumettre à une nécessité scientifique. L'effacement de la domination coloniale a « dégelé » la vie politique africaine. À l'échelle du continent, ou presque, de multiples expériences sont en cours : la tâche des sciences sociales n'est pas de les abandonner aux historiens de l'avenir, mais de les étudier dès maintenant. D'autre part, le niveau des phénomènes politiques apparaît comme l'un des plus propices à l'étude. Il permet d'accéder à de larges ensembles de faits et de relations ; il synthétise dans la mesure où tout système politique exprime la société et la civilisation qu'il ordonne et défend contre les assauts de divers ordres ; il met en présence d'ensembles réels plus que d'ensembles logiquement constitués. Par ailleurs, le secteur politique est un de ceux qui portent le plus les marques de l'histoire, un de ceux où se saisissent le mieux les incompatibilités, les contradictions et tensions inhérentes à toute société. En ce sens, un tel niveau de la réalité sociale a une importance stratégique pour une sociologie et une anthropologie qui se voudraient ouvertes à l'histoire, respectueuses du dynamisme des structures et tendues vers la saisie des phénomènes sociaux totaux. 13/03/14 Georges BALANDIER, Réflexions sur le fait politique : le cas des sociétés africaines classiques.uqac.ca/contemporains/balandier_georges/reflexions_fait_politique/reflexions_fait_politique_texte.html 3/17 L'élucidation du fait politique traditionnel. Dans le cas des sociétés dites traditionnelles, la mise en évidence du fait politique n'est pas toujours facile, cependant que le choix des critères le caractérisant et des concepts le définissant pose des problèmes de méthode. Avant d'envisager ces questions, il importe de recenser les difficultés qui uploads/Politique/ georges-balandier-reflexions-sur-le-fait-politique-le-cas-des-societes-africaines.pdf
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- Publié le Apv 24, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
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