Table of Contents Du même auteur Titre Copyright Éditeur Exergue Introduction I

Table of Contents Du même auteur Titre Copyright Éditeur Exergue Introduction I - Palette colorée des différents méchants terrassés par Hollywood 1 - Le Noir : un primitif responsable de la guerre civile 2 - Le Peau-Rouge : une épopée génocidaire contre l'ennemi intérieur 3 - Toutes les nuances de Jaune : l'invention de la menace planétaire 4 - Le basané : l'ennemi aux frontières 5 - Le Blanc, nazi ou communiste : les espions infiltrés II - Hollywood, une stratégie imbattable 1 - Éloge des mauvais films hollywoodiens 2 - Quelques règles du cinéma de propagande à la sauce hollywoodienne 3 - Quelques spécificités hollywoodiennes 4 - La censure ? Quelle censure ? 5 - Quelques sujets gênants, jamais traités par Hollywood : les mass shootings, le syndrome post-traumatique et la guerre chimique 6 - Le film hollywoodien, instrument de soft power 7 - L'influence stratégique de Hollywood III - La démonologie busho-trumpienne 1 - Chic ! Un minestrone de nouveaux ennemis 2 - Le pot-pourri « busho-trumpien » 3 - L'Arabo-Irano-musulman : le méchant absolu de la nouvelle génération Conclusion Bibliographie DU MÊME AUTEUR Chez le même éditeur La Fabrication de l'ennemi, ou Comment tuer avec sa conscience pour soi, 2011 Surtout ne rien décider. Manuel de survie en milieu politique avec exercices pratiques corrigés, 2014 Dr. Saoud et Mr. Djihad. La diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite, Prix du meilleur livre de géopolitique, 2016 Aux éditions de l'Aube Guide Du Paradis. Publicité Comparée Des Au-Delà, Poche, 2016 (4e édition) Zone de choc : ZUP, ZAC, ZEP, 2011 Les Mécaniques du chaos : bushisme, prolifération et terrorisme, 2007 Aux éditions Fayard Guide du petit djihadiste, 2016 Aux éditions Flammarion Dommages collatéraux, 2002 Robert Laffont © Éditions Robert Laffont, S.A.S., Paris, 2018 Conception graphique : Joël Renaudat / Éditions Robert Laffont En couverture : © Photo 12 /Alamy ISBN numérique : 978-2-221-21973-7 Suivez toute l’actualité des Editions Robert Laffont sur www.laffont.fr Les États-Unis jouissent d'« une virginité perpétuellement renouvelée * ». *. Stanley Hoffman, cité dans Gérard Chaliand, Pourquoi perd-on la guerre ?, Odile Jacob, 2016. Introduction Le cinéma hollywoodien peut être critique, radical, incisif, dénonciateur, défenseur du citoyen américain face aux pouvoirs politique ou économiques. Mais il peut aussi être menteur, grossier, raciste et véhiculer des stéréotypes quand il traite de l'Autre, le non- Américain, le Noir, le (Peau-) Rouge, le Jaune, le Basané, le Blanc nazi ou le communiste. Avec l'arrivée au pouvoir de George W. Bush, puis de Donald Trump, de nouveaux ennemis sont apparus, dont le petit Français et l'Arabo-Irano-musulmano-terroriste. Le cinéma, en général, a une puissance propagandiste sans égale. Avec le western, par exemple, plusieurs générations de spectateurs ont considéré les cow-boys comme les bons et les Indiens comme les méchants. Un véritable génocide, s'appuyant sur un discours raciste et l'existence de camps de déportation poliment appelés « réserves indiennes », a ainsi longtemps disparu de l'histoire. De même, les militants communistes ont pu croire, grâce au génie du cinéaste Sergueï Eisenstein et de son film Octobre (1927), que la prise du palais d'Hiver, à l'automne 1917, avait été orchestrée par une foule soulevée par l'idéal révolutionnaire – alors qu'il s'agissait d'un simple coup d'État – et que le paradis socialiste se composait d'ouvriers et de paysans heureux, souriant et sifflotant comme les sept nains. Et que dire des films « coloniaux », qu'ils soient français (comme Pépé le Moko sorti en 1937, Le Capitaine jaune, 1930 ou Le Blanc et le Noir, 1930) ou anglais ? La plus grande force du cinéma est qu'il donne l'illusion du réel. Les régimes fasciste et nazi l'ont bien compris. Tout comme Hollywood, le plus puissant système de production cinématographique. Ce dernier a progressivement submergé la planète de films typiquement américains et diffusé le rêve d'une nation. Présenté comme une industrie du « divertissement », grâce à l'image et à l'habileté des scénaristes, le cinéma hollywoodien laisse difficilement transparaître sa dimension idéologique, notamment dans la désignation de la menace. Et pourtant… Le stéréotype est, selon Roland Barthes, « un fait politique, la figure majeure de l'idéologie1 ». Hollywood est une usine à rêves, certes, mais aussi une formidable machine à générer de l'ennemi, intérieur ou extérieur, humain ou extraterrestre. Avec ce livre, j'ai voulu comprendre pourquoi Hollywood a tant produit de stéréotypes souvent haineux contre l'Autre, tant inventé de menaces qui pèseraient sur l'identité blanche, le mode de vie américain, la « civilisation » ou tout simplement la planète, et comment les scénaristes ont élaboré des héros américains destinés à contrer les forces maléfiques. Dans ce pays qui se pense jeune donc sans histoire, il n'y a pas de ministère de l'Éducation nationale, pas de manuels enseignant un récit collectif comme en Europe : chaque État est maître de son système éducatif avec des résultats très aléatoires. « Nous sommes en train d'élever une génération de jeunes Américains qui sont, dans l'ensemble, historiquement ignorants », écrit l'historien David McCullough dans son dernier livre The American Spirit2. Il est toujours assez surprenant d'entendre les responsables politiques américains déclarer que les États-Unis n'ont jamais été une nation colonisatrice et appeler à la décolonisation par le biais de la Charte de l'Atlantique du 14 août 1941, alors que le pays s'est construit sur une longue série de massacres et d'exterminations des populations indiennes indigènes. En septembre 2016, deux historiens américains – Graham Allison et Niall Ferguson – ont publié une tribune pour soutenir la création d'une commission d'universitaires autour du prochain président : « Les États-Unis interviennent dans des régions dont nos décideurs ignorent tout3. » C'est donc le cinéma qui a largement forgé, et continue de forger, l'identité américaine, le Volksgeist, l'« esprit du peuple » selon les grands philosophes allemands du XIXe siècle. Dès le début du XXe siècle, le cinéma a été conçu comme une école pour transmettre des leçons morales et patriotiques, chargée d'une mission d'américanisation autour de valeurs et d'idéaux communs à une population hétérogène. Hollywood détient un pouvoir idéologique unique et incontestable : c'est un média politique. On le verra avec l'action de la Ligue pour la vertu4, la rigueur du code Hays5 et la virulence de l'attaque menée par la Commission des activités antiaméricaines (House Committee on Un-American Activities, HCUA) dans les milieux du cinéma. Aucun autre système de production cinématographique ne pourrait faire naître des films aussi irréalistes, sectaires, chauvins, racistes sans être qualifié de cinéma de propagande. Qu'est-ce qui interdit donc l'usage de ce terme ? Comme me le disait en plaisantant une amie, grande connaisseuse du cinéma, en relisant mon manuscrit : « Je suis folle du cinéma américain ! On ne critique pas le cinéma hollywoodien devant moi ! » Une critique du cinéma américain peut faire le même effet sur un cinéphile qu'une dénonciation de la charia sur un salafiste. L'intelligence suprême de ce cinéma de persuasion réside dans la qualité du scénario et l'excellence technique qui créent une empathie totale avec le héros. Ce ne sont pas les bons films qui font l'opinion intérieure américaine mais la masse des mauvais films sans second degré. C'est pourquoi ce livre repose sur l'analyse d'une partie des 2 700 westerns, des 100 films consacrés aux « Jaunes », des 400 sur la guerre contre les Japonais, de la soixantaine sur le Vietnam et des 500 où apparaissent des Mexicains ou des Sud-Américains. Malgré les critiques politiques ou sociales agitant la société américaine, Hollywood a parfois continué à produire des films racistes et sectaires si la logique commerciale le voulait. L'articulation entre la production et les grands débats du pays n'est pas mécanique. Le respect de la part des producteurs de Hollywood ne s'acquiert qu'à partir du moment où l'on s'affirme non pas comme citoyen, mais comme consommateur susceptible de boycotter des films. Quant aux ennemis extérieurs, les non-citoyens américains, ils n'ont pas leur mot à dire. Le cinéma a très vite constitué un rouage industriel du soft power international. Le talent des producteurs a permis d'en poser les bases bien avant les systèmes propagandistes nazi et soviétique. Dès le début du XXe siècle, le cinéma a assumé la fonction d'élaboration et de diffusion du récit national. Pendant que les Européens théorisaient le concept de manipulation des foules, les Américains, inventeurs géniaux de la publicité, produisaient en toute bonne conscience. Nombre de films cités ici n'ont pas été diffusés en France (heureusement) et leur idéologie n'est compréhensible que dans un contexte américain. Le choix de distribuer et de traduire seulement des films de qualité en Europe a biaisé et survalorisé l'image de Hollywood. En sens inverse, de l'Europe vers les États-Unis, comme tout cinéma de propagande, Hollywood joue le rôle de barrage culturel contre l'influence extérieure. Les Sept Mercenaires sont plus connus que Les Sept Samouraïs, Nikita a été américanisée en Nom de code Nina, montée avec le même scénario, les mêmes découpages de scènes, le même montage que le film de Luc Besson qui reste inconnu aux États-Unis. De même, Le Retour de Martin Guerre s'est transformé en Sommersby, Mon père uploads/Politique/ hollywar-hollywood-arme-de-p-pierre-conesa.pdf

  • 79
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager