Les Elections Ivoiriennes de l'An 2000 Par Maître Françoise KAUDJHIS - OFFOUMOU

Les Elections Ivoiriennes de l'An 2000 Par Maître Françoise KAUDJHIS - OFFOUMOU Présidente Fondatrice de l'Association Internationale pour la Démocratie (AID - Afrique) Avocate à la Cour au Barreau de Côte d'Ivoire Expert Consultante Internationale en Démocratie - Droits Humains - Bonne Gouvernance - Genre et Développement Auteur Littéraire de trois Livres: - Mariage en Côte d'Ivoire , de la Polygamie à la Monogamie : Réflexion sur l'excision, Editions KOF 1994 Abidjan - Les Droits de la Femme en Côte d'Ivoire, Editions KOF et NETER Abidjan 1995, Editions CODESRIA – Dakar 1996 - Procès de la Démocratie en Côte d'Ivoire, Editions l'Harmattan 1997. 08 B.P. 803 Abidjan 08, Côte d'Ivoire – Afrique de l'Ouest E-mail : aid@africaonline co.ci – Tél. / Fax : (225) 20.22.48.57 Introduction La Côte d’Ivoire est un Pays de l’Afrique de l’Ouest. Sa superficie est de 322 463 Km². Sa population est estimée à 15 800 000 habitants en 2000, avec 50.9% d’hommes et 49.10%de femmes. Elle est limitée au Nord par le Burkina FASO et le Mali, au Sud par le golf de Guinée, à l’Est par le Ghana et à l’Ouest par la Guinée et le Libéria. Depuis la Proclamation de son indépendance le 7 Août 1960, elle est demeurée une République de Démocratie Constitutionnelle jusqu’au 24 Décembre 1999. La Constitution du 3 Novembre 1960 qui a été modifiée à plusieurs reprises, prévoit le multipartisme. Mais la Démocratie multipartite ne sera réellement mise en pratique qu’à partir du 30 Avril 1990. Avant cette date et pendant trois décennies, seul un candidat du parti unique le PDCI-Rassemblement des Républicains (RDA), se présentait aux élections présidentielles. En Octobre 1990, pour la première fois, un Candidat de l’Opposition, Laurent GBAGBO du FPI, s’est présenté comme adversaire du charismatique Président Félix Houphouët-Boigny (Candidat du PDCI-RDA) aux élections présidentielles. Le 7 Décembre 1993, Félix Houphouët-Boigny décédait. Henri KONAN BEDIE qui exerçait les fonctions de Président de l’Assemblée Nationale achevait le mandat de Félix Houphouët-Boigny, conformément à l’article 11 de la Constitution. En 1995, Henri KONAN BEDIE a été élu démocratiquement Président de la République, en face de Francis VANGAH WODIE, Candidat du PIT, (Parti Ivoirien des Travailleurs) parti d’opposition. Le quinquenat du Président Henri KONAN BEDIE etait interrompu par le coup d’ état du 24 Décembre 1999. A la suite de ce putsch, un Comité National de Salut Public (CNSP) ayant pour Président, le Général de Brigade Robert GUEI, étais mis en place. Le changement de pouvoir étais suivi de la dissolution des Institutions ont été dissoutes et de la suspension de la Constitution. Journal of African Elections May 2001 Volume 1 No 1 En Février 2000, le nouveau Chef d’ Etat, le Général de Brigade Robert GUEI, va nommé un Gouvernement de Transition composé de membres du RDR et de Membres du Front Populaire Ivoirien (FPI). En Mai 2000, à la suite d’un remaniement ministériel, tous les membres du RDR ont quitté le Gouvernement de Transition. Dans le souci du retour à un système constitutionnel démocratique, le Gouvernement de Transition a mis en place une Commission Consultative Constitutionnelle et Electorale (CCCE) pour la coordination de la rédaction par 7 sous-Commissions des textes de la 2ème République. Ainsi une Constitution, un Code électoral et une charte des libertés et des droits humains ont été rédigés. Une Commission de Supervision de l’Organisation du Référendum (COSUR) a été créée. Le 1er Août 2000, la Constitution de la 2ème République et le Code Electoral adoptés par voie référendaire ont été promulgués. C’est sur la base de ces textes que se sont déroulées les élections de l’an 2000 en Côte d’Ivoire. L’écho des élections ivoiriennes de l’an 2000 a résonné en Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde. Aussi présentent-elles l’intérêt d’être analysées pour permettre de mieux comprendre la dynamique interne et externe de la situa- tion socio-politique de la Côte d’Ivoire. Le présent article est axé sur trois (3) points :  La période pré électorale  La période électorale  La période post électorale Analyse de la période pré électorale Le vote référendaire a été acquis à la grande majorité du OUI à 86,53 % contre le NON à 13,47 %, pour l’adoption de la Constitution de la 2ème République et du Code Electoral. Ce OUI massif signifiait la haute portée historique de poser cet acte juridique fondamental afin de sortir le pays de la période de transition et permettre les élections présidentielles et législatives pour avoir une vie institutionnelle normale. L’idéal d’un pays démocratique avec la consolidation de l’Unité Nationale était le désir partagé par tous les Ivoiriens. La marque de confiance des Ivoiriens au système référendaire en raison de la transparence dans son organisation laissait présager une certaine transparence des élections générales. Le taux de participation au référendum 56% exprimait la forte motivation des personnes disposant de leurs cartes d’électeurs à portée de main et la fastidieuse procédure de retrait des cartes pour les 40% d’abstention. L’usage du Bulletin Unique a permis d’éviter les éventuels cas d’achat de conscience. Ce qui a renforcé la crédibilité du Scrutin référendaire pour lequel tous les responsables de partis politiques ont officiellement appelé à voter « OUI », même si des rumeurs faisaient état de ce que le Rassemblement des Républicains (RDR) aurait officieusement appelé ses partisans à voter « NON ». C’est dans cet état d’esprit que le Peuple Ivoirien attendait les élections générales. La période avant les élections générales a été marquée par la sélection des candidatures aux présidentielles. Les élections présidentielles étaient prévues pour le 17 Septembre 2000. La Constitution prévoyait que les candidatures soient déposées 30 jours avant la date du Scrutin. la Journal of African Elections Page 72 May 2001 Vol 1 No 1 Commission Nationale Electorale (CNE) instituée par l’ordonnance N° 2000 –551 du 9 Août 2000, a enregistré 19 Dossiers de candidatures aux élections présidentielles 2000. Parmi ces dossiers, on notait essentiellement celui de: – Général de Brigade GUEI Robert, Chef de l’Etat, Président du Comité National du Salut Public (Gouvernement de Transition). Cette candidature a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Certains Ivoiriens et la Communauté internationale dont les Chefs d’Etat de la CEDEAO estimaient que le Général GUEI Robert devait être l’arbitre, la force tampon pour régler les conflits électoraux éventuels et donc ne devait pas être candidat. D’autres Ivoiriens pensaient que « Robert GUEI est notre De Gaule. De Gaule a géré la transition, organisé les élections et les a gagnées. Le Général GUEI qui suit ses pas est l’homme de la situation. Nous rendrons le balai dès que la mission sera terminée ».1 C’est ainsi que le Général GUEI, écoutant son cœur, a été candidat. Monsieur Alassane Dramane OUATTARA élu Président du Rassemblement des Républicains (RDR) au Congrès du 1er Août 1999 de ce parti, après avoir choisi d’abandonner « Le Monde calme de la finance (Directeur Adjoint du FMI) pour celui plus trouble de la politique »2 a déposé son dossier de candidature, malgré la controverse relative à sa nationalité. Monsieur Laurent GBAGBO, Président du FPI a été désigné Candidat aux Présidentielles par son parti, le FPI (Front Populaire Ivoirien). Selon les observateurs c’etait la dernière chance de Laurent GBAGBO pour acceder a la Présidence de la République. Monsieur Henri KONAN BEDIE, le Président de la République déchu par le pustch du 24 Décembre 1999 avait depuis la France où il était en exil, déposé un dossier de candidature aux Présidentielles 2000. Monsieur le Contre-Amiral FADIKA Mohamed Lamine, Officier Général en disponibilité, Spécialiste des Affaires Maritimes, Ministre pendant une vingtaine d’années, membre de la Direction du PDCI a également présenté un dossier de candidature aux Présidentielles 2000. Monsieur le Colonel Emile Constant BOMBET Colonel à la retraite, Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation pendant 9 ans a présenté un dossier de candidature. Cependant, à la convention du PDCI-RDA du 17 Août 2000, pour la première fois dans son histoire, et sous l’impulsion du Contre-Amiral FADIKA Mohamed Lamine, qui sera alors appelé « le père de la démocratie au PDCI », le PDCI-RDA va procéder à un vote suivant les principes démocratiques pour désigner comme Candidat aux Présidentielles, Monsieur Emile Constant BOMBET. Henri KONAN BEDIE arrivera en 2ème position et le Contre-Amiral FADIKA occupera le 3ème rang, parmi le nombre impressionnant de candidats à l’investiture du PDCI-RDA. Monsieur le Professeur Francis V WODIE déposera également un dossier de candidature sous l’étiquette du PIT (Parti Ivoirien des Travailleurs). Monsieur MEL Théodore, Maire de la Commune de COCODY au titre du PDCI, a présenté son dossier sous l’étiquette de l’UDCY, un parti qu’il venait de créer. Monsieur DIOULO Nicolas, présentera un dossier de candidature pour les présidentielles 2000 etc … Journal of African Elections Vol 1 No 1 May 2001 Page 73 1 Cf Afrique Education N° 73 de Septembre 2000 p24–26 2 Cf J.A N° 2009 du 13 Juillet 1999 p9 Sur les 19 dossiers de candidatures dont 9 émanaient du PDCI et 1 du RDR, réceptionnés par la Commission Nationale Electorale (CNE), 14 ont été rejetés par la Chambre uploads/Politique/ jae1-1offoumou-pdf.pdf

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