L'Espace Politique Numéro 11 (2010/2) Fragmentation/Balkanisation .............
L'Espace Politique Numéro 11 (2010/2) Fragmentation/Balkanisation ............................................................................................................................................................................................................................................................................................... Fabrice Balanche L ’Etat au Proche-Orient arabe entre communautarisme, clientélisme, mondialisation et projet de Grand Moyen Orient ............................................................................................................................................................................................................................................................................................... Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Fabrice Balanche, « L’Etat au Proche-Orient arabe entre communautarisme, clientélisme, mondialisation et projet de Grand Moyen Orient », L'Espace Politique [En ligne], 11 | 2010/2, mis en ligne le 18 novembre 2010. URL : http://espacepolitique.revues.org/index1619.html DOI : en cours d'attribution Éditeur : Département de géographie de l'université de Reims Champagne-Ardenne http://espacepolitique.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://espacepolitique.revues.org/index1619.html Document généré automatiquement le 18 novembre 2010. T ous droits réservés L’Etat au Proche-Orient arabe entre communautarisme, clientélisme, mondialisation et proj (...) 2 L'Espace Politique, 11 | 2010/2 Fabrice Balanche L’Etat au Proche-Orient arabe entre communautarisme, clientélisme, mondialisation et projet de Grand Moyen Orient 1 Le processus historique décrit par Georges Corm au Proche-Orient : « de la balkanisation à la libanisation » est-il toujours d’actualité (Corm, 2007)? Dans le Proche-Orient éclaté, l’historien libanais explique la guerre civile dans son pays et plus généralement les difficultés des Etats du Proche-Orient à devenir de véritables constructions nationales en raison notamment de la fragmentation des sociétés locales, pour lesquelles l’idée de nation n’a pas le sens occidental que nous lui connaissons (De Planhol, 1993). La libanisation, stade suprême de la balkanisation, est un néologisme qui décrit la désintégration d’un Etat lors d’une guerre civile (Rosière 2007), puis sa reconstitution en tant qu’Etat sous l’influence d’acteurs extérieurs, en l’occurrence la Syrie et l’Arabie Saoudite. Il est à noter que le Liban n’a pas éclaté en plusieurs Etats comme cela aurait pu être le cas. Mais 20 ans après la fin de la guerre civile on ne peut affirmer qu’il s’agisse d’un Etat-nation, ni même d’un Etat territoire puisque plusieurs parties du Liban échappent à l’autorité de l’Etat même après les retraits syrien (2005) et israélien (2000) 1. 2 La balkanisation du Proche-Orient date de la disparition de l’Empire ottoman après la Première guerre mondiale, période durant laquelle la France et la Grande Bretagne se partagèrent cette région et le découpèrent en différents Etats. L’indépendance séparée de la Syrie et du Liban en 1945, le partage de la Palestine en deux entités juive et arabe, cette dernière aussitôt annexée par le Royaume de Transjordanie, n’étaient qu’une conséquence de l’instauration des Mandats français et britannique. Les tentatives séparatistes furent réprimées et les différents Etats du Proche-Orient ont conservé leur intégrité territoriale. La fin de la guerre froide et la chute de l’URSS n’ont pas entraîné dans la région une nouvelle vague de balkanisation, comme dans l’ex-Yougoslavie et dans le Caucase, deux régions qui, elles aussi, furent marquées par l’Empire ottoman. Il semble à première vue que cela ait apaisé le Proche-Orient, puisque la guerre civile libanaise s’est achevée et un processus de paix a été engagé entre Palestiniens et Israéliens. Cependant, il s’agit aussi de la première intervention américaine en Irak de 1990-1991, prélude à son invasion complète en 2003 et à la mise en place du projet de « Grand Moyen Orient » de Georges Bush. 3 Dans cet article nous nous focaliserons sur le Bilad es Sham ou « Pays de Damas ». Pour trouver un équivalent occidental, il faudrait utiliser le terme de « petit Proche Orient » puisque nous excluons l’Egypte, et ajouter l’adjectif « arabe » car Israël ne peut évidemment pas être incluse dans cet ensemble, ainsi que les territoires palestiniens séparés eux aussi des pays arabes voisins. Tout au long de cet article, pour être puriste, il nous faudrait donc utiliser les termes de « Bilad Es Sham » ou de « Petit Proche Orient arabe », mais cela n’est guère esthétique. Pour cela nous utiliserons donc abusivement le terme de « Proche Orient » (Capdepuy, 2008) pour désigner les trois pays (Syrie, Liban et Jordanie) sur lesquels porte cette étude et nous nous référerons au Moyen Orient dès que nous déborderons de ce cadre 2. 4 Cet espace ouvert à l’époque ottomane, interface entre l’Europe et l’Asie, s’est progressivement fermé au cours du XX ème siècle. Malgré la libéralisation des échanges mondiaux, la permanence du conflit israélo-arabe contribue à détourner les courants commerciaux et les investissements de cette région, mais surtout il a une influence notable L’Etat au Proche-Orient arabe entre communautarisme, clientélisme, mondialisation et proj (...) 3 L'Espace Politique, 11 | 2010/2 sur la formation de ces Etats. Syrie, Liban et Jordanie sont nés en même temps que l’Etat d’Israël, leur histoire est marquée par le conflit et par conséquent leur construction politique et économique. Certes, ces pays ont choisi des voies divergentes en matière économique. Le dirigisme économique de la Syrie baathiste contraste avec le libéralisme libanais et jordanien. Dans le domaine politique le Liban peut être considéré comme une démocratie, tandis que la Jordanie et la Syrie conservent des régimes autoritaires. Néanmoins les différences entre les trois pays ne sont pas si fortes qu’il n’y parait. Nous sommes dans la même aire culturelle, les pratiques sociales, économiques et politiques tendent de plus en plus à se rapprocher. Ils partagent un destin commun lié au règlement des conflits israélo-arabe et israélo-palestinien. Ils sont pris dans le bras de fer entre les États-Unis et l’Iran. 5 Les causes de la fragmentation étatique sont nombreuses. La géopolitique possède sa part de responsabilité, mais elle ne peut aboutir que lorsqu’elle rencontre un terreau local favorable. Dans les années 70-80, le Liban a sombré dans la guerre civile tandis que la Syrie, qui possède les mêmes clivages communautaires, a résisté. Quant à la Jordanie, il semble que sa relative homogénéité communautaire la préserve. Un retour sur la construction de ces trois Etats après la chute de l’empire ottoman s’impose donc avant de mettre en évidence leurs spécificités : l’Etat, la société et les rapports qu’ils entretiennent au travers du clientélisme politique. Ainsi la perte de légitimité des Etats à travers l’échec du mode de développement et de leur capacité de redistribution est un puissant facteur de fragmentation puisqu’en situation de crise économique les solidarités communautaires se renforcent au détriment d’une unité nationale en construction. En dernier lieu, à l’heure de la mondialisation économique, il apparaît que l’ouverture des marchés sape les bases productrices des Etats du Proche-Orient, ce qui encourage là aussi les tendances naturelles au repli communautaire. Un prélude au séparatisme politique tel qu’il peut être envisagé dans le cadre de « L’initiative pour le Grand Moyen Orient », lancée par Georges Bush après le 11 septembre 2001. Le nationalisme arabe pour oublier les divisions segmentaires 6 Le Proche Orient actuel est le résultat de stratégies internationales (figure 1) : la protection du canal de Suez pour les Britanniques, les intérêts économiques, politiques et religieux français, la revendication des chrétiens libanais et surtout du mouvement sioniste. La Turquie kemaliste et les saoudiens jouèrent également un rôle dans le tracé des frontières de la Syrie et de la Jordanie. Les succès militaires de Mustapha Kemal en Cilicie (1920-1923) amputèrent cette vaste région des territoires sous mandat français en Syrie. L’offensive saoudienne vers la Méditerranée au début des années 1920 explique le tracé angulaire de la Jordanie actuelle. Les britanniques ont concédé une partie du désert à la famille Saoud mais ont refusé catégoriquement que son royaume n’atteigne la Syrie et coupe ainsi l’axe Haïfa-Bagdad. En Palestine les intérêts sionistes et britanniques sont convergents puisque l’installation d’un foyer national juif fait partie du plan de défense du canal de Suez. Il s’agit de repousser la France le plus au nord possible de cet axe stratégique alors qu’elle était à l’origine mieux implantée que les britanniques en Palestine. La Grande Bretagne appuie fermement les revendications territoriales des sionistes qui souhaitent contrôler l’ensemble du bassin versant du Jourdain pour assurer une sécurité hydraulique au futur Etat juif. Le Sud Liban et le Golan auraient donc dû appartenir à la Palestine britannique si Clémenceau, Président du Conseil à l’époque, ne s’y était formellement opposé (Cloarec, 2003). L’Etat au Proche-Orient arabe entre communautarisme, clientélisme, mondialisation et proj (...) 4 L'Espace Politique, 11 | 2010/2 Figure 1 : La formation des Etats du Proche-Orient après la chute de l'Empire Ottoman 7 Une fois l’indépendance acquise, les Etats du Proche-Orient s’efforcent de maintenir la cohésion territoriale issue des découpages coloniaux et de réaliser l’unité nationale. La France uploads/Politique/ l-etat-au-proche-orient-arabe-entre-communautarisme-clientelisme-mondialisation-et-projet-de-grand-moyen-orient.pdf
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- Publié le Nov 24, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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