Au nom des enfants maltraités À l’occasion de l’assignation de l’État pour faut
Au nom des enfants maltraités À l’occasion de l’assignation de l’État pour faute lourde dans l’affaire Marina, les associations attirent l’attention sur les milliers d’enfants concernés P. 2-3 RAFAEL BEN ARI/WOSTOK/MAXPPP Onde de chocs Les annonces de François Hol- lande sont loin du « choc de moralisation » espéré P. 4-5 On nous promit un choc de com- pétitivité, puis un choc de sim- plification (administrative). Et il y eut le choc, tout court. La mise en cause de Jérôme Cahuzac et ses aveux ont « blessé et meurtri » le président de la République, a dit celui-ci dans une brève allo- cution prononcée hier au sortir du conseil des ministres. Sans reconnaître les blessures et les meurtrissures que cette affaire provoque parmi ses électeurs, mais aussi parmi l’ensemble des Français, écœurés du cynisme de certains responsables politiques et blessés de l’image que donne ainsi la France, même s’il est in- juste d’englober tous les élus dans un même opprobre. La nouvelle intervention de Fran- çois Hollande promettant d’être « intraitable » n’aura pas provoqué le « choc de moralisation » espéré : rebaptiser l’instance chargée de contrôler le patrimoine des po- litiques, appeler à une meilleure collaboration européenne pour lutter contre les paradis fiscaux, rendre hommage à la justice et aux journalistes ne suffit pas à rassurer. Même l’exercice de dé- voilement entrepris tourne au jeu de massacre : si le patrimoine présenté par un parlementaire est modeste, cela paraît louche ; s’il est élevé, on s’émeut de ce que des politiques, notamment situés à gauche, soient riches… Gouvernement et président se trouvent grandement fragilisés. D’autant que la politique me- née – qu’il s’agisse de questions de société tel le « mariage pour tous » ou des orientations éco- nomiques – renforce les divisions et le scepticisme. Des membres du gouvernement eux-mêmes mettent en doute les choix de leur équipe sur la rigueur. Une fébrilité, un manque de cohésion qui compromettent tout « choc de confiance ». Éditorial par Dominique Quinio jeudi 11 avril 2013 Quotidien n° 39554 1,50 € Venezuela Maduro sur les pas de Chavez pour un « socialisme du XXIe siècle » P. 9 exPo Le monde féerique de Demy P. 22 MIchEL LAvOIX © 2003 SuccESSION DEMy Cahier central Livres&idées Aux sources de la vocation du pape François SerViCeS P Annonces légales P. 21 Bourse P. 10 Carnet-Météo-Mots croisés P. 21 Liturgie P. 27 Télévision P. 24 130e année-ISSN/0242-6056. – Imprimé en France – Belgique : 1,50 € ; Canada : 4,99 dollars ; Espagne : 2 € ; Grèce : 2 € ; Italie : 2,40 € ; Luxembourg : 1,50 € ; Maroc : 20 MAD ; Portugal (Cont) : 2,20 € ; Suisse : 3 CHF ; Zone CFA : 1 500 CFA ; DOM : 2,20 € (Publicité) 2 jeudi 11 avril 2013 Événement Maltraitance des enfants, ce qu’il reste à faire d La maltraitance des enfants est un phénomène dérangeant et mal connu dont le nombre de victimes reste largement sous-estimé. d Depuis la loi de 2007, le nombre de signalements a progressé mais la formation au repérage et l’information des professionnels et du grand public doivent être améliorées. « Deux enfants meurent chaque jour sous les coups de leurs parents. » Cette formule-choc, calquée sur celle des violences faites aux femmes, peu de personnes la connaissent, aucune campagne nationale ne la reprend. « La diffi- culté, avec la maltraitance, c’est qu’on ne veut pas la voir », explique Anne Tursz, épidémiologiste à l’In- serm qui estime à 700 le nombre d’enfants tués ou maltraités à mort chaque année par leurs parents. Ce phénomène, baptisé “l’aversion de voir” , a été décrit par deux spécialistes américains. La maltraitance est trop dérangeante, elle se déroule au sein des familles et peut même toucher les nouveau-nés… Quelque part, on s’en sent tous un peu coupables. » Signe de ce malaise, il n’existe pas de statistiques nationales sur les décès d’enfants liés à la violence de leurs parents. Les dernières données sur la maltraitance, elles, remontent à 2006 : 20 000 enfants étaient alors victimes de mauvais traitements physiques ou psychologiques et 80 000 étaient en situation de risque. En 2012, le procès des parents de Marina a révélé les failles de notre système de protection. Le décès de cette fillette, morte après six ans de sévices, n’est pas un cas isolé, mais c’est un cas d’école. Tous les cligno- tants, en effet, étaient au rouge : la fillette présentait des hématomes nombreux, datant de différentes époques, elle manquait l’école, sem- blait affamée, avait été hospitalisée, déménageait fréquemment… Et pourtant elle n’a jamais été protégée. « Des enseignants, des médecins et même les services sociaux sont in- tervenus, mais à chaque fois, les alertes n’ont pas été recoupées ou pas bien prises en compte. La pro- tection de l’enfance demande de la pugnacité. Il y a eu trop d’occasions perdues », analyse Marie-Agnès Fé- ret, chargée d’étude à l’Observatoire de l’action sociale décentralisée (Odas). Combattre « l’aversion de voir », mieux repérer, mieux signaler, sont les enjeux essentiels de la lutte contre la maltraitance. En 2007, une grande loi a refondé en ce sens le système de protection (lire les Re- pères page suivante). Sur le volet repérage, elle insistait notamment sur la nécessité de mieux former enseignants, médecins et policiers. Mais ces injonctions n’ont pas été suivies d’effets : durant leurs sept ans d’études avant l’internat, les médecins n’ont par exemple qu’une heure de cours sur la question comme sur beaucoup d’autres su- jets. Ces derniers ne seraient d’ailleurs à l’origine que de 5 % des signalements. « Alerter n’est jamais un acte anodin et il est difficile de mobiliser les médecins pour des for- mations, reconnaît la vice-prési- dente du conseil national de l’Ordre des médecins, Irène Kahn-Ben- saude. Mais on ne peut pas dire que rien ne bouge. Nous faisons de la sensibilisation via notre bulletin mensuel et une lettre type pour si- gnaler est disponible sur notre site. » Sur le volet signalement, en re- vanche, la loi de 2007 a marqué une réelle avancée. « En créant dans chaque département des cel- lules de recueil et d’évaluation des informations préoc cu pan tes (Crip) regroupant psy- chologues, méde- cins et assistants sociaux, ce texte a permis de rompre l’isolement des professionnels, de les faire travailler ensemble, de croiser leurs regards », explique Chantal Damgé, responsable de la cellule du Rhône. Chargées de centraliser les alertes, ces struc- tures sont la clé de voûte du sys- tème de protection. « Mais pour être réellement efficaces, il faudrait qu’elles soient connues de tous, grand public ou professionnels, juge Chantal Damgé. Or on en est loin. Il faut absolument communiquer à leur sujet et inciter chacun à nous alerter, même s’il ne s’agit que d’un doute. C’est le faisceau d’informa- tions reçues qui nous permettra de prendre des décisions. » Alertée, la cellule dispose de deux options : soit elle décide de mesures administratives (enquête des services sociaux, aide à la parentalité, gestion du budget…), soit elle saisit directe- ment la justice. Dans la mesure du possible, la loi de 2007 incite plutôt à la première option, les services sociaux ayant pour tâche d’associer les familles aux mesures prises, de les soutenir, de les accompagner et d’évaluer les progrès. L’Observatoire national de l’enfance en danger (Oned) travaille d’ailleurs actuelle- ment à définir des outils méthodo- logiques pour faciliter et homogé- néiser le travail des services sociaux. Si cette orientation administrative est plébiscitée par certains, d’autres en soulignent les dangers. « Tant que les parents collaborent avec les ser- vices sociaux, la justice n’est pas sai- sie. Mais cette adhésion ne se fait parfois qu’en surface et l’enfant, lui, risque d’être encore maltraité ou né- gligé. On est dans l’idéologie du lien familial, que l’on considère naturel- lement bon pour l’enfant. Mais c’est une grave erreur », déplore Maurice Berger, chef de service en psychiatrie de l’enfant au CHU de Saint-Étienne. La justice, elle, est saisie lorsque les parents refusent les ppp d Deux associations de protection des enfants, Innocence en danger et Enfance et Partage, assignent aujourd’hui l’État pour faute lourde dans l’affaire Marina. d La fillette est décédée en 2009 après des années de sévices et de privations infligés par ses parents. d Associations et spécialistes déplorent que la maltraitance reste sous-estimée par les pouvoirs publics et l’opinion. Combattre « l’aversion de voir », mieux repérer, mieux signaler, sont les enjeux essentiels de la lutte contre la maltraitance. Affiche du numéro d’appel « 119 », Allô enfance en danger. Les dernières données sur la maltraitance remontent à 2006 : 20 000 enfants étaient alors victimes de mauvais traitements physiques ou psychologiques et 80 000 étaient en situation de risque. Julio PElAEZ / lE REPuBliCAiN loRRAiN 3 ÉvÉnement jeudi 11 avril 2013 mesures proposées ou quand la situation est jugée trop grave. « J’interviens lorsqu’on suppute des défaillances parentales graves susceptibles de mettre l’enfant en danger, explique Catherine Sultan, juge des uploads/Politique/ lacrx-20130411.pdf
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- Publié le Aoû 10, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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