nSOCIOLOGIE DE LA POLITIQUE: Elèments de Science Politique Maurice Duverger, Pr

nSOCIOLOGIE DE LA POLITIQUE: Elèments de Science Politique Maurice Duverger, Presses Universitaires de France, Paris, 1973 La sociologie est une science que décrit les phénomenes tels qu’ils existent et formule ainsi des “jugements de réalité” et non des “jugements de valeur”. Cette attitide a constitué une véritable révolution mentale. Définir la sociologie comme la science de la socièté suppose qu’on définisse aussi le terme. Pour le sens comum, les sociétés (ou les groupes, les gouvernements, les collectivités, les communautés) sont constituées par des ensembles d’individus liés les uns aux autres par une sorte de vouloir-vivre collectif, resultant soit du contrat, soit de la proximité, soit de la parenté ou d’alliance. Cette conception fausse d’orientation de la recherce sociologique, est rejetté plus ou moins, pour les sociologues. Pour eux, les individus agissent toujours par rapport aux autres et en relaction avec d’autres: toute action est une interaction, c’est-a-dire le resultat des relactions entre deux personnes au moins, le prolongement dans l’action de cette relaction. La société n’est pas une addition d’individus: elle est un systéme d’interactions. Dans cette conception, ou met l’accent sur le premier terme et non sur le second, sur le systéme et non sur les interactions. On ne pense pas que les systèmes se constituent à partir d’interactions concrétes, mais que celles-ci prennent place à l’intérieur d’un cadre préétabli qui constitue dejá un système. L’approche est donc macrossociologique: on analyse essentiellement les systèmes qui conditionnent les interactions particulières, ce conditionnement étant beaucoup plus important que la modification constante des systèmes par chaque interaction nouvelle. Les interactions se développent ainsi dans le cadre de “roles”, chacun entraînant des comportements de son titulaire et des attentes de comportments de la part des titulaires des autres rôles. Le comportement comme professeur n’etant pas toujours en harmonie avec le comportement comme mari, le comportement comme syndicaliste, etc.. On dit que le rôle comporte une part d’intervention de son titulaire. Les systèmes d’interactions ou les systémes sociaux, contituent donc essentiellement des ensembles coordonnés de status et de rôles, à l’interieur desquels se développent les rapports individuels concrets. En sociologie ces “choses” qui sont les sociétés et les groupes humains sont ainsi définies par les relactions qui s’y nouent. Il ne faut pas pousser l’analogie trop loin, cependent, puisque l’object essentiel de la recherche est contitué par les systémes de relactions plus que par celles-ci. Il rest à savoir si les systémes en question sont des systémes réels ou des constructions théoriques permettant de comprendre les relations concrétes sans avoir eux- mêmes une existence de fait. SOCIOLOGIE ET IDEOLOGIE On entend ici par idéologie un systéme d’explication d’une société qui tend à la justifier ou à la critiquer et sert de base à une action pour la maintenir, la transformer ou la détruire. Le libéralisme, le marxisme, toutes les grandes doctrines politiques et sociales constituent des ideologies. L’idéologie et la theorie scientifique se ressemblent en ce sens que l’une et l’autre sont des systémes d’explication de la société, des constructions de l’esprit tendant à faire comprendre son fonctionnement. Elles se distinguent sur deux points: d’une part, la theorie scientifique ne comporte pas de jugement de valeurs alors que l’idéologie contient un systéme de valeurs; d’autre part, la theorie scientifique repose essentiellement sur des faits déjà abservés et verifiés par la science, alors que l’idéologie, tout intégrant ceux-ci en principe, les dépasse trés largement et repose en grande partie sur des impressions subjectives, des observations superficielles, des interpretations partiales. SOCIOLOGIE ET POLITIQUE L’initiation à la sociologie de la politique n’est pas séparable d’une initiation sociologique générale, parce que la politique ne constitue pas un domaine séparé dans la société. La sociologie politique est un aspect de ce tronc et de beaucoup de ses branches. Tont-on presque tout-est particullerement politique et rien – ou presque rien – n’est totalement politique. Telle est du moins notre conception. Deux grandes conceptions de la sociologie politique s’affrontent: pour les uns, elle est la science de L’Etat; pour les autres, la science du pouvoir. On verra en les exposant pourquoi nous avons écarté la primiére et choisi la seconde. SOCIOLOGIE POLITIQUE SCIENCE DE L’ETAT? Cette conception est à la fois la plus ancienne et la plus proche du sens commun. Elle peut se référer à Aristotele, pour qui la politique est l’étude du governement de la Cité (polis) qui constituait alors l’unité étatique. Le development de État-nation l’a renforcée. Politique c’est la science du gouvernement des Etats, l’adjectif à la connaissance de tout ce qui a rapport à l’art de gouverner un Etat et de diriger ses relactions avec les autres Etats. Le mot “Etat” est lui-même pris ici comme désignant une catégorie particuliére de groupements humains, de sociétés. Definir la sociologie politique comme la science de l’Etat, c’est la situer dans une classification des sciences sociales basée sur la nature des sociétés átudiées: sociologie politique s’oppose à sociologie familiale, à sociologie des groups élèmentaires, à sociologie urbaine, etc. . Définir la sociologie politique comme science de l’Etat conduit à isoler l’analyse de la société nationale de celle des autres types de sociétés. Cela signifie qu’on considére que la société nationale et l’Etat sont d’une autre espèce que les autres groups ou collectivités humaines. SOCIOLOGIE POLITIQUE SCIENCE DU POUVOIR? La conception de la sociologie politique la plus répandue en Occident la définit comme la science du pouvoir, du governement, de l’autorité, du commandement, dans toutes les sociétés et dans les groupes humaines et pas seulement dans la société nationale. Cette thèorie est considérée comme idéologie et non comme une réalité. En conséquence, le pouvoir dans l’Etat n’est pas tenun pour différent a priori de ce qu’il est dans les autres groupes humaines s’il présent en fait des différences, l’étude comparative du pouvoir dans tous les groupes humains permettra de les mettre en lumière. A cet ègard, la conception “sociologie politique = science du pouvoir” est plus operationnelle que la conception sociologie politique = science de l’Etat: car la primière laisse ouvert la possibilité d’examiner scientifiquement la nature du pouvoir dans l’Etat, par comparaisson avec le pouvoir dans les autres commaunautés, alors que la seconde ferme cette possibilité. Si l’on étudie de façon comparative le pouvoir dans tous les groupes humains, on pourra découvrir les différences de nature entre le pouvoir dans l’Etat et le pouvoir dans les autres groupes, si elles existent. Au contraire, si l’on se borne à étudier le pouvoir dans les autres groupes humains, et de constater par lá même que la différence de nature, qu’on a posée a priori, n’existe peut-être pas dans les faits. Cependent, la définition de la sociologie politique comme science du pouvoir soulève quelques difficultés, tenant à la notion mème de pouvoir. L’Etat n’est pas facile à définir: mais n’est beaucoup que le “pouvoir”. Dans tout groupe humain, du plus petit au plus grand, du plus éphémère au plus stable, il y a ceux qui commandent et ceux qui obéissent, ceux qui donnent les ordres et ceus qui s’y pleint, ceux qui prennent les décisions et ceux qui les subissent. Dans cette perspective, le pouvoir serait constitué par l’activité des governants. Mais la distinction n’est pas si claire qu’elle le paraît d’abord. Sauf dans les tout petits groups, seul le citoyen du bas de l’échelle est governée sans être gouvernant, et le chef de l’Etat gouvernant sans être gouvernée. Faudra-t-il donc parler de “pouvoir” chaque fois qu’une relation humaine est inégalitaire, qu’un individu peut plier un autre individu à se soumettre? Mais si toute relation humaine ayant ce caractère reléve dans la sociologie politique, celle-ci envahit i’ensamble de la sociologie. En réalité, une distinction s’impose entre le pouvoir et l’influence (ou puissance). On appelle “influence” le fait qu’un individu peut en pousser un autre à faire ce qu’il n’aurait pas fait sans cela. Toute relation humaine inégalitaire comporte une influence, le terme de pouvoir doit être réservé à une categorie particulière d’influence ou puissance: celle qui est conforme au système de normes et de valeurs du groupe, et qui est donc tenue pour légitime. La distinction repose sur le fait que dans tous les groupes sociaux on trouve des gens auxquels le système de normes et de valeurs du groupe reconnaît le droit d’exercer ainsi une influence ou puissance sur les autres: ce sont les chefs, les gouvernants, les dirigeants du groupe. Mais il est dificille d’isoler le pouvoir, défini comme l’influence (ou puissance) reconnue pour légitime par les membres d’un groupe, de l’influence de fait qui n’est pas reconnue comme pouvoir. Il existe de nombreuses situations intermédiaires. Sourtout, les rapports sont étroits entre l’influence (ou puissance) de fait et le pouvoir proprement dit, et l’on a une vision partielle et formulle du pouvoir, ainsi défini de façon stricte. Cette conception constitue un premier élargissement par rapport à la dèfinition comme science de l’Etat, qui la restreignait à l’étude du pouvoir dans une seule catégorie de société globale, celle de l’Etat-nation. Elle ètend la science politique à l’étude du pouvoir dans toutes les sociétés et dans tous les groupes. Mais il faut uploads/Politique/ sociologie-de-la-politique.pdf

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