A PROPOS DES MOTS "ETHNIE" et "TRIBU" Pour décrire les groupes humains vivant e

A PROPOS DES MOTS "ETHNIE" et "TRIBU" Pour décrire les groupes humains vivant en dehors de la modernité occidentale, les ethnologues se servent souvent des mots de "tribu" et "ethnie". Au delà de la littérature ethnologique, ces mots font désormais partie de notre vocabulaire. Mais quel en est leur contenu objectif ? Quels pièges sémantiques recèlent ces mots ? I Ethnie : Le mot le moins théorisé de la discipline alors qu'il a donné le nom même ethnologie. Qu'est-ce qu'une ethnie ? Le mot ethnie apparaît tardivement dans le vocabulaire scientifique (1896). Plusieurs auteurs néanmoins ont systématisé ce concept. C’est le cas de Vacher, de Lapouge, auteur du livre Sélections sociales. Pour LAPOUGE, la race, la nation et l'ethnie sont des mots qui signifient la même chose : Un groupe humain partageant des caractéristiques communes (langue, religion) et se reconnaissant dans une histoire commune plus ou moins mythique. [C’est à lui que revient le projet de l’extension de la race à une dimension autre que biologique]. A la suite de LAPOUGE, Georges Montandon, médecin et membre de la Société d’Anthropologie Française, auteur en 1935, d’un célèbre ouvrage intitulé : L’Ethnie française, reprend à son compte les idées de son prédécesseur et définit l’ethnie comme « regroupement naturel comprenant la totalité des caractéristiques humaines ». Pour lui « l’ethnie englobe donc la race ». l’ethnie ne relève donc pas d’une essence immuable, mais c’est un concept en perpétuelle construction, tant il est vrai que très peu de travaux ont abordé cette question. ETYMOLOGIE : Néanmoins, Il faut relever que dans la Langue Française, « Ethnique » est le premier mot qui fait son apparition pour traiter des questions relatives à l’altérité. « Ethnique » est un mot de la langue ecclésiastique qui vient du latin « éthnicus » qui signifie « païen, idolâtre, ce qui n’est ni chrétien, ni juif ». Ce n’est qu’au XVIIIème siècle que le terme se laïcise et se démocratise en prenant un sens beaucoup plus large et qui sera conforme à la notion grecque. En grec, en effet, « ethnikos » signifie peuple ou peuplade. « Ethnikos » s’oppose à « Polis » qui est la cité moderne et évoluée. Dès son origine, le terme contient une connotation péjorative. Il souligne l'appartenance à une forme de communauté archaïque et tribale dont les membres sont unis par une même origine. Le concept d’Ethnie présuppose un classement par rapport à une forme supérieure de civilisation. « Ethnique » renvoie nécessairement à ce qui est autre. Au cours de la seconde moitié du XIXème siècle, le mot ethnique change de sens et devient 1 synonyme de race. Il renvoie à l’idée d’une hérédité indélébile. Idée reprise par Gobineau dans son essai sur l’inégalité des races et par l'historien Ernest Renan. On assiste à un glissement sémantique : Nation/Peuple puis Race/tribu. Chaque tradition culturelle utilise les mots en fonction de leur idéologie sous-jacente. EN FRANCE :Ethnie se confond avec la notion de nation, de tribu et de peuple. Avant la Révolution française, le mot nation faisait référence à une cité culturelle « la nation des peintres ». Puis le mot est devenu politique et englobant avec la Révolution française. EN ALLEMAGNE : C'est la notion de Peuple allemand qui domine au XIXè siècle.(Comité de toutes les personnes de langue allemande où qu’elles se trouvent). INSISTANCE SUR LE SENTIMENT D'APPARTENANCE (l'écrivain HERDER qui s'oppose au français RENAN, et avant lui, Martin LUTHER au XVIè siècle) car l'Allemagne est en pleine construction et doit se démarquer de la pensée française. EN ANGLETERRE, la tribu désigne une forme d’organisation plus segmentaire comme Evans-Pritchard l’a montré chez les Nuer du Soudan. APPROCHE NATURALISTE. Quoi qu'il en soit, l'ethnie suppose une VISION d'unité : une ethnie aurait une définition factuelle (langue, culture, psychologie spécifique et unique). En fait, Ce qui constitue l’ethnie, c’est la revendication des individus comme appartenant à un tel groupe. Le mot Ethnie s'impose par la négative : c'est le contraire de NATION (dimension politique occidentale) ==> C'est l'héritage lié au colonialisme (besoin de décrire le radicalement autre même en termes politiques). D’ailleurs pour l’ethnologue, ethnie et tribu sont synonymes. A la suite de l'anthropologue norvégien Frederik BARTH, Georges BALANDIER, montre lui, que l’ethnie est une conception souple, mouvante et réelle.. Elle s'appuie sur deux réalités 1 des signes ou signaux manifestes (costumes, habitat, langue...) 2 Des orientations ou valeurs fondamentales comme les critères de moralité qui feront référence pour soi. L'ethnie est une coquille institutionnelle qui contient des formes variées d'organisation sociale. C'est une notion dynamique qui doit constamment renouveler son contenu dans la mesure où elle se définit en fonction des autres groupes qui l'entourent et de leurs différences qui sont mouvantes selon les moments et l'histoire. Processus d'auto-définition. Ethnification = processus premier dans l'histoire de l'ethnie. Certains auteurs comme l'anthropologue Jean-Loup AMSELLE ou l'historien M'BOKOLO se sont demandés si l’ethnie n’est pas un produit du colonialisme. C'est la pensée postcolonialiste (Subalternes Studies en anglais) qui dénonce la perdurance des catégories occidentales pour signifier les phénomènes non occidentaux. On entend donc des Discours ethnicistes, œuvres d'occidentaux ou des chefs d'état africain qui ont pour objectif de tenter de manipuler ou au contraire de disqualifier des mouvements de révoltes dans les pays africains qui n'ont rien à voir avec la question de l'ethnie. Par défaut, l'ethnie est devenue une valeur positive face aux échecs de la décolonisation (déracinement – urbanisation – échec des révolutions, mondialisation... C'est un discours de repli plus qu'un discours construit autour de la notion de progrès 2 général. Aujourd'hui l'ethnologue est devant un paradoxe : alors que la science a « désubstantivé » la notion d'ethnie (pour combattre son sous-entendu racialiste), les mouvements de libération substantivise la notion à contre-courant des avancées des sciences sociales. (problème de la guerre TUTSI / HUTUS en 1994) – Les idéologies ethnicistes servent à verrouiller les minorités dans l'archaïsme. Elles sont tournées vers un passé supposé idéal à retrouver. C'est le côté PESSIMISTE – Les idéologies ethnicistes sont des réservoirs d'alternatives idéologiques car se sont les concernés maintenant qui se définissent eux-mêmes et non les occidentaux. C'est le côté OPTIMISTE car il est fondé sur la créativité et le dynamisme des acteurs qui se prennent eux-mêmes en charge. La conscience ethnique s'apparente à la conscience de classe car elle s'appuie sur la solidarité C'est donc une Catégorie doublement ethnocentrique – dans le sens politique (car elle s'oppose à la nation dans la conscience occidentale) – dans le sens anthropologique dans la mesure ou l'ethnie partage l'humanité entre eux et nous. (on ne parle pas d'ethie bretonne ou galloise... mais de nation corse, galloise... éventuellement) On parle plus aujourd'hui d'ethnicité = processus d'appartenance et de revendication de différences. L'ethnicité se définit comme groupe humain ou ensemble social revendiquant non seulement des caractéristiques propres mais également une forme de "génie" exclusif attenant à l'ethnie considérée. L'ethnie, grâce à la notion d'ethnicité, Réapparaît indrectement comme une entité stable avec des caractéristiques propres. MAIS la catégorie ethnie n'a pas de contenu objectif. Elle se construit en fonction des relations que des groupes entretiennent entr'eux. Le sentiment d'ethnie est une production sociale dépendante des contextes culturel, historique et politique. Critique : Il faut éviter d'adhérer à 4 pensées naïves 1 Croire qu'on peut définir une unité ethnique objectivement 2 L'isolement géographique et social est au fondement de la diversité ethnique (déterminisme géographique) 3 L'ethnie n'est qu'une construction de la pensée coloniale (penseurs extrêmes du postcolonialisme) 4 Le label ethnique décrit un mode de vie particulier et unique qui s'adresse à un groupe réel de personnes 3 IL N'Y A PAS DE CATALOGUE de critères objectifs possibles pour définir l'ethnie. Enfin, l'ETHNIE est différente de la notion de CULTURE car un groupe humain peut affirmer son unité ethnique avec des différences culturelles entre ses membres. Des groupes partageant la même culture peuvent se dire d'ethnie différente. Jean-Loup AMSELLE à montré que la notion "d'espaces sociaux" ne coïncident pas toujours avec l'espace ethnique. Nous sommes les héritiers de la Réification de l'administration coloniale concernant leur compréhension du phénomène ethnique ; Les antagonismes ethniques ont constitué des constructions politiques largement manipulées par les Occidentaux. L'anthropologue doit déconstruire ses construction fondées sur l'essentialisme réducteur et simplificateurs. Une analyse de la valeur sémantique des appelations et leur décontextualisation sera necéssaire pour déconstruire la notion d'ethnie encore très largement empreinte de contexte colonial. II La TRIBU ETYMOLOGIE : tribus en latin ; phulè en grec = la feuille phuo = faire naître. Latin gens, grec genos naissance développement. Donc : 1 La tribu se représente comme un ensemble de groupe de parents se présentent comme descendants d'un ancêtre commun réel ou mythique selon une règle de filiation unilinéaire. SOIT DES HOMMES, SOIT DES FEMMES. MATRI-PATRI (linéaire) 2 Les relations entre ces groupes de parents sont fondés sur une extansion des liens généalogiques pouvant être généralisés à l'humanité 3 La tribu s'organise sur un mode segmentaire = segments equivalents légitimés par la généalogie. Notion de CLAN. FONDEMENT : La parenté donc constatation : uploads/Politique/ tribu-et-ethnie.pdf

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