UNIVERSITE DE PROVENCE AIX-MARSEILLE I DEPARTEMENT D’ETUDES CHINOISES 2004 Chri
UNIVERSITE DE PROVENCE AIX-MARSEILLE I DEPARTEMENT D’ETUDES CHINOISES 2004 Christiane ROLANDO Le fabuleux destin de Lü Wendong (Une approche du système des concours mandarinaux à partir d’un conte du XVIIe siècle) (extraits) “Les concours mandarinaux”, p. 66 - 138 “Annexes” (ext.), p. 149 - 171 & 181 - 185. “Bibliographie” (ext), p. 140 - 147 + “Complément bibliographique” (PK, 30/1/2005) Mémoire de Maîtrise de Langue et Civilisation Chinoises sous la direction de M. Pierre KASER SIND05/1 - SINZ22/2 • Complément, page 1 Christiane ROLANDO • “Le fabuleux destin de Lü Wendong” (Une approche du système des concours mandarinaux à partir d’un conte du XVIIe siècle) (extraits) Les concours mandarinaux 1 白 苧 千 袍 入 嫩 凉 春 蚕 食 叶 响 长 廊 禹 门 已 准 桃 花 浪 月 殿 先 收 桂 子 香 鹏 北 海 凤 朝 阳 又 携 书 剑 路 茫 茫 明 年 此 日 青 云 去 却 笑 人 间 学 子 忙 Qin Qiji (1140-1207) Toile blanche : mille tuniques en tendre fraîcheur entrant, Bruissement des vers à soie au printemps, Rongeant les feuilles par les longues galeries ; Aux portes de Yu on se prépare déjà Pour les vagues chargées de fleurs de pêcher ; Au Palais de la Lune, par avance, On recueille le parfum du cannelier, L’oiseau Peng va vers le nord, 2 Le Phenix va vers le soleil, 3 Et une fois de plus les candidats, Avec livres et sabre, partent sur les routes. 1 Dans les traductions le terme d'examens mandarinaux est souvent rencontré ; étant données la sélectivité de ce type d'épreuve et l'existence de quotas, le terme de “concours” paraît beaucoup plus approprié. Les anglo-saxons parlent de “civil examination”. 2 Un homme de talent ayant une magnifique carrière devant lui est assimilé à l’oiseau Peng déployant ses ailes. 3 Oiseau Peng et Phenix désignent “la vertigineuse ascension des lauréats aux yeux du commun des mortels” (A. Lévy). SIND05/1 - SINZ22/2 • Complément, page 2 Christiane ROLANDO • “Le fabuleux destin de Lü Wendong” (Une approche du système des concours mandarinaux à partir d’un conte du XVIIe siècle) (extraits) L’an prochain en ce jour, ceux qui, nuages altiers, Auront choisi la solitude, Ceux-là riront de bon coeur, eux, De l’affairement des candidats ici-bas ! Ce poème de Qin Qiji (1140-1207) traduit par Jacques Dars dans les Contes de la Montagne sereine (op.cit.), résume en quelques vers le système des concours : l’ambiance fébrile, le bruissement des pinceaux sur les copies, l’espoir du succès, la solitude de la retraite de ceux qui renoncent... Historique Le système des concours mandarinaux (keju zhidu 科举制度) est fondé sur la double préoccupation moraliste confucéenne d’une part de permettre aux sages dispersés dans l'Empire d'apporter au Prince une contribution au bien général en lui soumettant des propositions de bon gouvernement et d’autre part, pour le Prince, de s'entourer des meilleurs éléments “sous le ciel”, fonctionnaires qui ne sauraient être issus nécessairement des classes supérieures. On ne peut d'ailleurs évoquer le système des concours mandarinaux sans faire mention de la puissance et du rôle du corps des fonctionnaires, les “mandarins” (guan 官). Le système politique chinois s'appuie sur une hiérarchie de fonctionnaires choisis, rétribués et révocables, soumis au contrôle du pouvoir central. Dès l'Empire, l'Administration constituait un corps relativement autonome composé de l'élite intellectuelle de la société destiné à faire contrepoids aux factions qui se formaient à la cour (eunuques, familles des impératrices, généraux... ) ainsi qu'au pouvoir arbitraire des empereurs. La question était de distinguer et de choisir les individus intellectuellement et moralement supérieurs. Confucius préconisait déjà de sélectionner les membres de la classe dirigeante sur la base de leur mérite individuel mais en offrant à tous la même opportunité d'éducation. Ce mérite individuel, comment l'évaluer ? Sous les Han (206 BC-220 AD), le recrutement des fonctionnaires se faisait sur la base du système des recommandations d'hommes connus pour des qualités de quatre catégories : - xiaoti litian (孝悌力田) : piété filiale, amour fraternel, zèle et compétences, - xiaolian (孝廉) : piété filiale et incorruptibilité, - xiucai (秀才) ou maocai (茂才) : talent inhabituel ou excellence, - xianliang fangzheng (贤良方正) et wenxue (文学) : caractère honnête capable de remontrance candide ou homme de grand savoir. Il apparaît donc sous les Han un nouveau type de fonctionnaire, le zhong zheng (中正), appointé pour chaque préfecture et dont la fonction est de contrôler les recommandations, d'examiner SIND05/1 - SINZ22/2 • Complément, page 3 Christiane ROLANDO • “Le fabuleux destin de Lü Wendong” (Une approche du système des concours mandarinaux à partir d’un conte du XVIIe siècle) (extraits) et de placer les hommes de valeur dans les neuf degrés du mandarinat (jiu pinguan 九品官). En fait, le système des recommandations permettait aux familles de lettrés déjà en poste et aux hauts fonctionnaires de contrôler la sélection. En outre, la noblesse maintenait son pouvoir en s'assurant que les candidats éligibles provenaient de l'aristocratie du cru. Ce système de recommandation aux mains des pouvoirs locaux constituait donc une menace pour le pouvoir central. Toutefois, sous les Han existait déjà un examen : pour être boshi (搏士) à l'Académie impériale (taixue 太学), il fallait se soumettre à un examen sur un Classique. L'Académie impériale, fondée pour assurer la transcription des textes orthodoxes, comportait un certain nombre d'érudits chacun étant spécialiste d'un Classique. Ces examens sur les Classiques ont débuté sous les Han occidentaux (xihan 西汉) en 134 BC sous l'Empereur Yuanguang (元光) et se sont déroulés de façon irrégulière jusqu'en 36 AD. Auparavant, les empereurs interrogeaient fréquemment les candidats à l’Académie sur des questions politiques. Avec l'apparition d'un examen écrit, les questions sont notées sur des fiches de bambou (cewen 策问), les candidats répondant également sur des fiches de bambou (duice 对策). Sous les Han, seulement trente-six lettrés réussirent cette épreuve. Ces questions de politique destinées à sélectionner les candidats à un poste de fonctionnaire furent reprises ultérieurement (dynasties Tang, Song, Yuan, Ming et Qing) lors du concours du Palais (tingshi 廷试 ou dianshi 殿试), dernière épreuve pour les candidats au doctorat (jinshi 进试). Après 132 AD, c'est le système de recommandation officielle qui prévaut pour l'accès aux postes de fonctionnaire. Le gouvernement central a donc peu de contrôle sur les candidats qualifiés, tendance qui s'accentue après la chute des Han en 220 du fait de la décentralisation du pouvoir. C'est en 606, sous les Sui (589-618), ère daye (大业) de l'Empereur Yangdi (炀帝), qu’est institué le système des concours. Sous les Tang (618-907) et particulièrement sous les Empereurs Gaozu (高祖, règne 618-626) et Taizong (太宗, règne 627-650), le système est amélioré. A cette époque, les deux grades importants sont le mingjing (明经) et le jinshi (进士). Le concours donnant accès au mingjing exige une mémorisation extrêmement poussée 4 des Classiques et comporte une interprétation orale et des essais. On peut citer des exemples de sujets au concours de mingjing sous les Tang : tiejing (帖经) à partir d’une phrase extraite d'un Classique, on demande aux candidats soit de reconstituer le texte entier de mémoire, soit d'écrire les caractères manquants dans des blancs laissés dans le texte. On pouvait également demander de donner la phrase suivante à celle lue à haute voix, technique de test connue sous le nom de moyi (墨义). Outre les Classiques, le Daodejing était au programme des concours, mais les questions politiques sur le Taoïsme, apparues en 675, furent abrogées en 763. Le jinshi (进士) demande aux candidats un minimum de réflexion personnelle pour la rédaction des essais supplémentaires sur la politique ou l’administration, supprime l’oral, source de favoritisme, et introduit la poésie. Seul le jinshi va subsister, mais il est particulièrement sélectif (trente 4 A tel point que les lauréats du mingjing passaient pour des perroquets aux yeux de leurs contemporains. SIND05/1 - SINZ22/2 • Complément, page 4 Christiane ROLANDO • “Le fabuleux destin de Lü Wendong” (Une approche du système des concours mandarinaux à partir d’un conte du XVIIe siècle) (extraits) lauréats par an). Les candidats passent d'abord un examen de qualification (ju 举) qui exige des talents littéraires. Il leur faut subir ensuite, pour intégrer la carrière officielle, une sélection (xuan 选) qui teste leur personnalité et détermine le niveau de leur recrutement. Le maintien, l'éloquence, la calligraphie et le savoir juridique sont des critères de sélection. Le terme de xuanju (选举) désigne le processus de qualification et de nomination. L'Impératrice Wu Zetian (武则天, règne 684-704) a parfaitement perçu l’intérêt d'une bureaucratie recrutée grâce à des concours ouverts pour contrebalancer le pouvoir de l'aristocratie. Comme l'écrit Jacques Gernet (1980, op. cit.) : “Cette institution qui devait avoir dans le monde chinois une influence si considérable fut d'abord une arme politique aux mains de l'Impératrice Wu Zetian” (p. 225). Ainsi les concours, qui n'avaient jusqu'alors joué qu'un rôle secondaire dans le recrutement et la promotion des fonctionnaires, furent organisés de façon systématique à partir de 669. Il existait déjà à cette époque, nous l’avons vu plus haut, différents types de concours (érudition classique, droit, histoire de l'écriture, uploads/Politique/ le-fabuleux-destin-de-lue-wendong.pdf
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- Publié le Aoû 12, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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