LEGRAND Floris 26 Octobre 2010 THERESE Vincent Le Constitutionnalisme de Benjam

LEGRAND Floris 26 Octobre 2010 THERESE Vincent Le Constitutionnalisme de Benjamin Constant I. La participation au pouvoir. A. Une source de liberté des sociétés antiques. B. L’impossible retour à « l’idéal antique » pour les Modernes. II. La place de l’individu dans la société A. La négation antique de l’existence individuelle. B. Les libertés individuelles : fondements des sociétés modernes. III.La liberté moderne A. Une habile combinaison… B. … Encadrée par des mécanismes institutionnels Depuis Rousseau, écrivain et philosophe du XVIIIème siècle, la « politique » est hantée par l’image de la Cité grecque idéale, que ce soit avec Robespierre qui exalte le sacrifice du roi spartiate, tout en dénonçant le principe de l’intérêt particulier, ou encore avec Hegel, Marx et Nietzsche qui regardent le citoyen antique comme une critique adressée au citoyen moderne. Par ailleurs depuis la fin du XVIIème siècle se développe en France la « querelle des Anciens et des Modernes ». C’est d’ailleurs dans l’ouvrage «De l’esprit des lois » publié en 1791 que Montesquieu insiste sur les différences qui séparent l’Angleterre moderne de la Sparte Antique. Quelques décennies plus tard, Benjamin Constant s’inspire de l’ouvrage de Montesquieu. !!!!!!!! Benjamin Constant est né à Lausanne en 1767 dans une famille protestante. Etudiant à Erlangen en 1782, puis à l'université de Nuremberg en Bavière, et enfin en Écosse à l'université d'Édimbourg l’année suivante. Il arrive à Paris avec Mme de Staël en mai 1795.En décembre 1799, Sieyès le fait nommer au Tribunat, malgré l’opposition de Bonaparte. Le 5 janvier 1800, il prononce au Tribunat son premier discours, qui le fait apparaître comme leader de l'opposition libérale. Durant l’Empire il rédige ses principales œuvres littéraires à travers l’Europe, avant de revenir à Paris en 1814. Sous la Restauration, il expose ses théories lors de discours, prononcés notamment à l’Athénée. En avril 1815 il est nommé au Conseil d'État et participe à la rédaction de l’Acte additionnel. Entre 1819 et 1827 il est élu successivement député de la Sarthe, du 4ème arrondissement de Paris et de la Seine qu’il refuse au profit du Bas-Rhin. Le 27 août 1830 il est nommé président d’une section au Conseil d’État. Malade, il décède le 8 décembre 1830. Ses obsèques donnent lieu à des funérailles nationales. Il revient sur la distinction entre anciens et modernes dans son discours «de la liberté des anciens comparée à celle des modernes », dont nous avons ici deux extraits. Ce discours a été prononcé à l’Athénée royal de Paris en février 1819, lieu où sont dispensés des cours à destination du grand public. Benjamin Constant y a notamment fait en 1817-1818 un cours intitulé ‘lectures sur l’histoire et le sentiment religieux », et en 1818-1819 un cours sur « les maximes fondamentales de la constitution anglaise ». L’écriture de ce discours est originale : En effet, on en retrouve la trame au chapitre III des « circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution » manuscrit écrit (ou publié) par Mme de Staël en 1798, avec sans doute la collaboration de Benjamin Constant. Constant présente sa thèse sur la liberté des modernes et des anciens pour la première fois dans De l'esprit de conquête publié en 1814. Il l’avait déjà élaborée plusieurs années auparavant puisqu’on la retrouve en 1806 dans ses Principes de politique, mais ils ne furent publiés qu’en 1815. Son discours prononcé en 1819 ne fait donc que reprendre en réalité des théories élaborées vingt ans plus tôt, or le contexte est différent : (Alors qu’en 1798 il s’agit de convaincre le Directoire de s’appuyer sur son électorat et ne pas jouer des dissensions droite-gauche, et ne pas chercher à convaincre les indifférents à la politique). Ainsi, en 1798 distinguer liberté antique et liberté moderne revient à « encourager » l’apolitisme, et demander au gouvernement de rendre honneur à la primauté de la vie privée, en 1819 le contexte est différent, car le Directoire, l’Empire, et le règne des ultras sous la Restauration obligent Benjamin Constant à repenser le libéralisme. En 1819, la distinction entre les deux libertés est devenue un moyen de dévoiler les dangers de l’attachement au droit qu’a le citoyen de privilégier la sphère privée. Le texte est construit sur une comparaison systématique entre deux visions de la liberté, celle des anciens, aux lignes 1 à 9, 17-18 et 39 à 54, et celle des Modernes aux lignes 10 à 16, 18 à 20, 26 à 39 et 54 à 57. Ainsi, Benjamin Constant définit pour les anciens et les Modernes ce que représente la liberté dans la société. Enfin, aux lignes 2 et 3 puis 21 à 25, l’auteur donne sa vision de la liberté moderne. !!!!!!!!!!A la lecture de ce discours, nous pouvons nous questionner sur la définition de la société libérale selon Benjamin Constant. Pour répondre à cette question, nous étudierons dans un premier temps les conceptions de la participation au pouvoir, puis dans une seconde partie la place grandissante de l’individu dans la société, et enfin dans une troisième et dernière partie la vision de la liberté moderne selon Constant. I. La participation au pouvoir. A. Une source de liberté des sociétés antiques. Benjamin Constant commence son exposé en effectuant une comparaison entre les libertés politiques qu’avaient les citoyens des sociétés antiques et ceux des sociétés dites modernes. Il part du constat que la « liberté des anciens, [qui] se composait de la participation active et constante au pouvoir collectif » (l.2-3). !!!!!!! La liberté du citoyen antique correspond donc à sa capacité d’exercer le pouvoir. Sa liberté provient de son statut dans la société et elle ne peut s’exercer qu’à travers les droits et les devoirs liés à ce statut. Ensuite, Benjamin Constant rappelle que la liberté antique se définit comme étant la capacité à « exercer collectivement, mais directement plusieurs parties de la souveraineté toute entière » (l.40-41). Cet exercice direct et collectif de la souveraineté nous permet de nous questionner sur la réalité du pouvoir : la société peut elle donner directement l’ensemble des pouvoirs au corps des citoyens tout en assurant le fait que « la volonté de chacun avait une influence réelle » (l.5). !!!!!!! Cette situation est réelle à la vue des caractéristiques propres des cités antiques. Celles-ci se voient attribuer un territoire limité et par conséquent, les populations de ces cités sont particulièrement restreintes. A cela, il convient de rappeler que le corps de citoyen n’était pas universel, seuls les hommes libres pouvaient jouir du statut de citoyen. En conséquence, seuls quelques centaines voire milliers d’hommes se voyaient attribués la souveraineté. De là, le principe de démocratie directe et collective est totalement justifié. Le corps citoyen pouvait donc facilement « délibérer sur la place publique, (décider) de la guerre et de la paix […], à voter les lois, à prononcer les jugements, à examiner les comptes, les actes, la gestion de magistrats, à les paraitre devant tout un peuple […] » comme nous le rappelle Constant lignes 41 à 43. Il ajoute même que « l’exercice de cette volonté était un plaisir vif et répété. » (l. 5-6). Ce « plaisir » peut s’expliquer par le fait que l’exercice de la politique était la seule chose intéressante que les citoyens des cités antiques avaient à faire. Constant conteste ici la théorie téléologique développée par Aristote, qui faisait de l’engagement total en politique une vertu que l’homme possède naturellement !!!!!!! En effet, à cause de la nature épisodique de la guerre, les citoyens devaient faire face à des « intervalles de paix » et par conséquent d’inactivités. L’engagement dans le processus politique de la cité était donc une nécessité car il s’agissait d’un moyen de pallier à l’inactivité. Benjamin Constant explique ce phénomène et s’oppose dès lors plus ou moins la vision d’un idéal politique caractérisé par la démocratie collective et directe. En effet, cette conception idéale du modèle politique antique est reprise par des penseurs de la période moderne qui imaginent un retour vers un fonctionnement tel qu’il existait dans certaines cités comme Sparte par exemple. Pour ces derniers, l’engagement en politique n’est pas vu comme une nécessité mais comme une vertu des citoyens antiques. Constant ne nie pas cet idéal, mais il veut prouver son inapplicabilité dans les sociétés modernes. Il explique les raisons de ce type de fonctionnement politique à l’époque antique, comme nous l’avons vu, en mettant en avant les évolutions contextuelles des sociétés, faisant que cet engagement total en la politique n’est plus possible à l’époque moderne. B. L’impossible retour à « l’idéal antique » pour les Modernes. Benjamin Constant explique que le citoyen moderne ne peut pas obtenir la même réalité de la souveraineté qu’un citoyen d’une cité antique car celui-ci est : « Perdu dans la multitude » (l. 10) et que par conséquent, il « n’aperçoit presque jamais l’influence qu’il exerce » (l. 11). !!!!!!! L’auteur explique que l’élargissement considérable du corps des citoyens dans les sociétés modernes, et particulièrement dans celles qui se sont vues refondées par un phénomène révolutionnaire au XVIIIe siècle, ne uploads/Politique/ le-liberalisme-constitutionnel-de-b-constant.pdf

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