DU MÊME AUTEUR PPDA, l’inconnu du 20 heures, Robert Laffont, 1996. Le Monde sel
DU MÊME AUTEUR PPDA, l’inconnu du 20 heures, Robert Laffont, 1996. Le Monde selon Chirac. Les coulisses de la diplomatie française, Calmann-Lévy, 1998. Requiem pour les années Chirac. Chronique incorrecte d’une France coupable, Jacob-Duvernet, 2006. Amours, ruptures & trahisons, Fayard, 2008. Et les masques sont tombés… Les coulisses d’un quinquennat, Robert Laffont, 2012. © Plon, un département d’Édi8, 2017 12, avenue d’Italie 75013 Paris Tél. : 01 44 16 09 00 Fax : 01 44 16 09 01 www.plon.fr Création graphique : V. Podevin © Laurent Troude/Divergence ISBN : 978-2-259-25280-5 Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. Table Introduction 1. Le dernier rempart 2. Une enfance bien catholique 3. L’apprentissage politique 4. Maire de Lorient et ambassadeur à Taïwan 5. Secrétaire d’État en guerre contre les dockers 6. Laver l’humiliation 7. Déringardiser la Bretagne 8. L’ambition régionale dans la crise 9. Le saumon rose 10. « Quand je pète, c’est lui qui pue » 11. Se retirer du bourbier afghan 12. Puga saute sur le Mali 13. Déby, l’incontournable dictateur 14. Barkhane, un dispositif pour durer 15. Le spectre du Rwanda 16. Les derniers crocodiles africains 17. Luttes d’influence dans le triangle régalien 18. La menace libyenne 19. Le meilleur VRP à l’export 20. Troubles relations dans le Golfe 21. Les dangers d’un alignement sur l’Amérique 22. Poutine bouscule le jeu 23. Le choix d’Alger Conclusion Bibliographie Remerciements Aux équipes du Télégramme et à notre passion commune du journal Introduction Le 31 décembre 2012, Jean-Yves Le Drian est à Kaboul. François Hollande, élu Président un peu plus de dix mois auparavant, lui a prêté son avion, flambant neuf, une réplique d’Air Force One, l’aéronef des Présidents américains, dont Nicolas Sarkozy eut à peine le temps de se servir. Le ministre de la Défense réveillonne avec les troupes françaises au son des binious dans le camp Warehouse de la coalition internationale. C’est son quatrième et dernier séjour en Afghanistan d’où la France sera la première à se retirer après plus d’une décennie de présence. « Nous avons bâti un État, une Constitution, une armée prête à prendre le relais », lance Le Drian avant de rentrer à Paris. Une déclaration présomptueuse pour contrer les oiseaux de mauvais augure qui prédisent un effondrement du régime, bientôt seul face aux talibans après le départ des Occidentaux. Une dizaine de jours plus tard, la France aura basculé dans un autre conflit, en Afrique de l’Ouest cette fois, au sein de l’ancien empire colonial avec lequel Paris s’évertuait depuis une décennie à prendre ses distances. Dès septembre 2012, Le Drian s’inquiétait dans la presse de l’évolution du Mali : « La situation est extrêmement préoccupante. Les groupes d’insurgés, en grande partie sous l’influence des djihadistes, sont en train d’acquérir des positions importantes. Pendant ce temps, on a un Mali qui éclate, avec un risque majeur, à terme, de transformation du Sahel en un sanctuaire terroriste difficilement expugnable 1. » Et le ministre de la Défense d’envisager une intervention militaire contre les milices islamistes au premier semestre 2013. Soit bien plus tôt que prévu par le Quai d’Orsay, qui penchait pour le second semestre alors même que l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu, Romano Prodi, avait déclaré que rien ne pourrait se faire avant septembre. Sortant d’un rendez-vous avec un conseiller de l’Élysée, fin novembre 2012, j’avais rencontré par hasard le chef de l’État, qui remontait à son bureau après avoir raccompagné le Premier ministre norvégien à sa voiture. Le voyant grimper quatre à quatre les marches menant au premier étage du palais, je l’avais attendu en haut de l’escalier. Et entamé une discussion impromptue sur le Mali sous l’œil vigilant des gardes républicains. Après un quart d’heure d’échange à la porte de son bureau, j’avais été frappé par sa connaissance minutieuse des groupes terroristes : Aqmi, Ansar Dine, Mujao… Visiblement, le sujet le passionnait. Les déclarations de Le Drian à la presse n’étaient donc pas le fruit du hasard. Car rarement, sous la V e, un ministre de la Défense aura joui d’une telle confiance du Président, lui laissant une large autonomie, à l’image de Pierre Messmer sous le général de Gaulle. Selon la tradition, le chef des armées tient plutôt serrés les rênes du domaine réservé, ce qui fut le cas de Nicolas Sarkozy avec Hervé Morin. Cette proximité expliquait l’assurance du Breton sur un calendrier dont le Président maîtrisait le tempo. « J’assistais aux conseils restreints depuis mai et je savais que le Sahel était la question numéro un pour Hollande 2 », confirme Manuel Valls. Car, depuis son élection, il ne s’est pas passé une journée sans que François Hollande lise une dépêche des services secrets ou de la cellule diplomatique. La gestion militaire de l’Afrique va être de nouveau déléguée par les Américains aux Français comme sous la guerre froide. Hollande fera donc la guerre tout au long de son mandat avec Le Drian, le glaive du Président, fidèle malgré les agacements que suscitent les bavardages de Hollande avec les journalistes qu’il réprouve. Les deux hommes enchaîneront, forts d’une belle détermination, les interventions extérieures, de l’opération Serval au Mali à Chammal au Moyen-Orient, tout en augmentant le budget des armées et en déployant 7 000 soldats dans l’Hexagone, conséquence de l’opération Sentinelle après les attentats qui ensanglantent le territoire national. Nicolas Sarkozy lui aussi faisait la guerre. Mais dans un style différent, celui d’un macho affectif plus proche de l’image traditionnelle des chefs d’État à la virilité affichée. François Hollande se veut plus mesuré. Il incarne une forme d’autorité féminine, sans éclat de voix, mais aussi plus distante, sans affect. « C’est un type plus conciliant que gentil », note l’un de ses proches. Tout est cloisonné 3. Rares sont ceux qui, sortant de son bureau, savent réellement ce que pense le Président même s’ils ont été écoutés. Élevé par un père ombrageux, Hollande a appris l’esquive, la dissimulation. Et il veut plaire. D’où ce manque d’épaisseur qui fait un chef d’État. Et lui vaudra la réprobation unanime de la classe politique pour avoir prétendument dévoilé des « secrets d’État » à la presse. Le Drian ne dit rien mais n’en pense pas moins. Comme si le Président transformait l’or qu’il lui apporte en plomb. Les conflits dans lesquels le Président engage les armées vont néanmoins lui permettre de bénéficier ponctuellement d’un regain de popularité. Les premiers pas de sa présidence chaotique marquée par les couacs s’effaceront l’espace de quelques mois derrière les initiatives plus rassembleuses du chef de guerre. Son prédécesseur avait connu l’amorce de la spirale terroriste lors de l’affaire Merah. Pour Hollande, la menace ira crescendo, telle une descente aux Enfers. La France porte des coups aux djihadistes et ne cesse d’en recevoir. Au fil du temps, l’émotion des débuts s’estompant, l’impuissance gouvernementale n’arrive plus à faire taire les critiques de l’opposition. D’autres dénoncent une politique étrangère belliqueuse qui rappelle l’action de Guy Mollet du temps de la SFIO lors de la guerre d’Algérie. En refusant d’intervenir en Irak aux côtés de George Bush, Jacques Chirac n’avait-il pas « sanctuarisé » le territoire national ? Parallèle discutable qui n’a pas empêché l’Allemagne, plus prudente que la France, d’être elle aussi victime d’attentats. Mais dans de moindres proportions. Il n’empêche, la question est posée, à l’heure où l’Amérique se désengage du Moyen-Orient. Tournant le dos à Al-Qaïda, la doctrine de l’État islamique (EI) a évolué et cherche à fomenter la guerre civile en Europe. Quoi qu’il en soit, la lutte antiterroriste sera au cœur de la campagne présidentielle et les Français l’affichent en tête de leurs priorités. Aux côtés du chef de l’État, Jean-Yves Le Drian est l’une des figures majeures de ce combat. Sans pitié, sur tous les fronts que les deux hommes examinent lors des conseils de défense restreints. Le Président veut connaître « l’exécution de sa décision et la suit attentivement. Ça se passe toujours de cette façon. Il sait en permanence où on en est s’agissant des avancées, des perturbations et de la carte 4 », confie Le Drian, parfois qualifié de « menhir ». En racontant son itinéraire de sa Bretagne aimée, dont il reste président du conseil régional, à l’hôtel de Brienne, que le ministre de la Défense n’a pas voulu quitter et où il a fait reconstituer le bureau naguère occupé par Clemenceau puis par de Gaulle, en décrivant ses réseaux tant bretons qu’internationaux et les liens étroits entretenus avec plusieurs chefs d’État assez peu démocrates, en expliquant sa méthode pour conclure des contrats d’armement à l’étranger qui ont connu une progression fulgurante, l’ambition de ce livre est aussi de faire à travers l’homme le récit d’un quinquennat ayant basculé dans la tragédie. Né au lendemain de la uploads/Politique/ jean-yves-le-drian-le-glaive-du-president-by-hubert-coudurier.pdf
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- Publié le Oct 09, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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