1 Les causes de la défaite de la France en 1940 Mise à jour 21 février 2018 PLA

1 Les causes de la défaite de la France en 1940 Mise à jour 21 février 2018 PLAN I- UNE SOCIÉTÉ FRANÇAISE VIEILLISSANTE ET DIVISÉE 11- Des Français sans élan et intellectuellement sclérosés 111- Une mentalité de repli sur soi défensif matérialisée par la ligne Maginot 112- Les signes intellectuels du vieillissement : Dogmatisme, attachement au passé et refus du progrès technique 12- Des Français très divisés politiquement 121- La montée des idéologies (extrême-droite, communisme) concurrence le patriotisme 122- La division pilotée de l’étranger : Moscou, Berlin, Rome 123- Un pouvoir politique instable et indécis face à Hitler 13- Le combattant français de 1940 s’est-il battu ? 131- L’image qui est restée dans les esprits : la panique de Sedan et la débâcle finale 132- L’autre réalité : des pertes très élevées avec 55 000 tués et 200 000 blessés en 45 jours 133- Quel rôle pour quelles trahisons ? II- UNE PRÉPARATION DE LA GUERRE TARDIVE ET INADAPTÉE 21- L’échec de la politique étrangère française des années trente 211- Les occasions ratées faciles : Rhénanie 1936, Munich 1938. 2 212- La France privée d’allié continental solide (au contraire de 1914) 22- Un réarmement trop tardif 221- Les données chiffrées comparées françaises et allemandes 222- Les vraies insuffisances françaises : l’aviation, la DCA (défense contre avions), les armes antichars, la radio 23- Un haut commandement militaire en retard d’une guerre 231- Refus des idées nouvelles en France: l’armée cuirassée de de Gaulle est rejetée 232- Hitler impose les idées nouvelles de Guderian aux généraux conservateurs allemands 232- Un généralissime manquant de caractère (Gamelin) et un adjoint (Georges) affaibli physiquement III- UNE CONDUITE DE LA GUERRE DÉFAILLANTE 31- Un plan d’opérations français prudent au départ, qui devient aventureux et facilite une manœuvre allemande très risquée 311- Comparaison des plans français et allemand (carte) 312- La faiblesse en effectifs du centre français, sur la Meuse 313- La surcharge pondérale de la ligne Maginot (en divisions) 314- Une hérésie très grave : on n’a presque pas de réserves stratégiques ! 32- Les deux grandes occasions ratées : l’offensive en Sarre et la contre-attaque sur le flanc des panzers 321- Occasion ratée en Sarre et pourrissement moral durant « la drôle de guerre » 322- Pourquoi la contre-attaque française sur le flanc des Panzers n’a jamais eu lieu 33- Ultime occasion ratée : « L’étrange » décision de ne pas se replier en Afrique du nord transforme la défaite en désastre 331- Une retraite vers la Loire sans but et sans plan 332- Une décision due aux divisions politiques de l’avant-guerre ? Bibliographie sommaire: Marc Bloch : L’étrange défaite, Paris, Gallimard, 1990. Jean-Baptiste Duroselle : Politique extérieure de la France : la décadence (1932-1939), Paris, Imprimerie Nationale, 1982. Charles de Gaulle : Le fil de l’épée et autres écrits, Paris, Plon 1994. La France et son Armée, Paris, Plon 1938. Vers l’armée de métier, Paris, Berger-Levrault,1934 . Karl-Heinz Frieser : Le mythe de la guerre-éclair. La campagne de l'Ouest de 1940, Paris, Belin 2003. Colonel Alphonse Goutard, 1940 la guerre des occasions perdues, Paris, Hachette, 1956. Major Eddy Bauer : La guerre des blindés, Paris, Payot 1962. Henry Dutailly : Les problèmes de l’Armée de terre française 1935- 1939, Service historique de la Défense, 1980. Général Georges Buis : Les fanfares perdues, Paris Le Seuil, 1975. Stéphane Ferrard : Les matériels de l’armée de terre française, Charles-Lavauzelle, 1982. Contrôleur général Robert Jacomet : L’armement de la France 1936-1939, Paris, Les éditions Lajeunesse, 1945. Général Bruno Chaix : En mai 1940, fallait-il entrer en Belgique ? Economica 2005. 3 Introduction « La France est morte au champ d’honneur en 1918 ». Cette terrible phrase du grand historien britannique Arnold Toynbee, traduit bien l’impression profonde produite dans les esprits à l’étranger par le spectacle d’une France des années trente inerte face à la montée en puissance de l’Allemagne nazie, puis s’effondrant brutalement dans une campagne militaire de 45 jours, du 10 mai au 25 juin 1940. Un évènement qui fut considéré comme incompréhensible par beaucoup, après la tenace et victorieuse lutte de nos poilus en 14-18 sous les ordres d’hommes exceptionnels tels Clemenceau Joffre et Foch. En France, le traumatisme a été extrêmement profond et a laissé des traces dans notre conscience collective jusqu’à aujourd’hui. Il a d’ailleurs été aggravé par le discours politique culpabilisateur du régime de Vichy. Sans insister sur la mentalité de « perdant » et la propension à « l’auto-flagellation » que beaucoup d’observateurs ont relevé dans l’esprit français de la seconde moitié du XX° siècle, il n’est que de voir les accusations récurrentes que se lancent les hommes politiques de gauche et de droite sur le sujet de la défaite. Pour les uns c’est la bourgeoisie française – politiques et militaires confondus- qui a trahi le pays par haine de classe, et l’on agite le spectre de la « cinquième colonne ». Pour les autres, l’affaire est claire : le pacifisme de la Gauche, les 40 heures du Front populaire et les sabotages communistes dans les arsenaux sont les causes de la défaite, par affaiblissement de l’esprit de défense et retard du réarmement français face à Hitler. Constatons au passage que ce vieux cri de « trahison ! » avait déjà retenti au soir de la bataille de Waterloo… Les explications passionnelles sont rarement pertinentes en histoire, surtout s’agissant d’un sujet complexe qui implique l’action de millions d’hommes. C’est pourquoi il faut aller plus loin que les raccourcis polémiques et examiner de près tous les facteurs qui ont pu influer sur le résultat final, en n’oubliant rien et en soupesant soigneusement leur importance respective. Traditionnellement, l’on distingue trois facteurs qui influent sur le déroulement d’une guerre : le facteur humain (cohésion nationale, moral) ; la préparation (alliances, armement etc.); les décisions du commandement sur le terrain. Il va être fait appel ici à ce schéma d’analyse classique et éprouvé pour répondre à la question posée. La guerre est une épreuve de vérité cruelle pour une société, un grand révélateur de ses forces et de ses faiblesses. Celle de 14-18 avait montré à tous l’incroyable force d’âme du « citoyen-fantassin » français de l’époque : un être rustique, infatigable dans les marches et solide au feu, que les batailles de la Marne et de Verdun ont immortalisé. La société française des années trente était-elle capable de produire des combattants -de tous grades- aptes à affronter ceux de Hitler ? C’est pour répondre à cette question que cette étude sur les causes de la défaite de 1940 s’ouvrira par une première partie intitulée « Une société française vieillissante et divisée », où il sera examiné la pertinence de l’explication sociologique, et aussi l’hypothèse de la trahison. Mais une guerre cela se prépare, en se ménageant des alliés, en développant un programme d’armement, en mettant sur pied une doctrine d’emploi conforme aux réalités du moment. C’est pourquoi nous verrons dans une deuxième partie que nous nommerons « Une préparation de la guerre trop tardive et inadaptée » en quoi les décisions politiques et stratégiques des dirigeants français des années trente ont pu être négatives. En somme, la réponse à la question suivante sera apportée : le pouvoir politique a-t-il donné à l’armée française les moyens d’affronter l’armée allemande à armes égales? Enfin, dans la troisième partie, « Une conduite de la guerre défaillante », les causes opérationnelles et tactiques de l’échec seront examinées. L’affaire était-elle entendue dès le déclenchement de la guerre, et l’échec français inéluctable ? Ou restait-il des possibilités de victoire qui auraient été gâchées par de mauvaises décisions des acteurs militaires sur le terrain ? C’est là que la réponse à cette question sera apportée. I. UNE SOCIÉTÉ FRANÇAISE VIEILLISSANTE ET DIVISÉE 11- Des Français sans élan et intellectuellement sclérosés 4 Base : livres de Marc Bloch L’étrange défaite et de Jean-Baptiste Duroselle Politique étrangère de la France. 111- Une mentalité de repli sur soi défensif matérialisée par la ligne Maginot Ce point fut bien analysé par Marc Bloch dans son ouvrage « L’étrange défaite » : Il décrit une bourgeoisie « aigrie » incapable de comprendre « l’élan des masses vers l’espoir d’un monde plus juste », qui considère que le régime politique est « corrompu jusqu’aux moelles », et le peuple « dégénéré ». Il critique aussi les syndicats ouvriers et de fonctionnaires, braqués sur leurs « petits sous », sur « les profits du présent » auxquels se bornaient leurs regards, et sur un pacifisme incapable de distinguer « entre le meurtre et la légitime défense ». Il fustige l’université et les grandes écoles où règne les « fils de notables », la cooptation et aussi « routine, bureaucratie, morgue collective ». Il pointe du doigt un enseignement voué au bachotage et méfiant envers l’initiative et l’observation. Et pour finir il se montre très critique envers un État-major de l’Armée enfermé derrière « un mur d’ignorance et d’erreur » en désaccord avec la vie politique du pays et dont les chefs « ont estimé très tôt naturel d’être uploads/Politique/ les-causes-de-la-defaite-de-1940.pdf

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