LA LETTRE DE L’IRMC Institut de recherche sur le Maghreb contemporain S o mmai

LA LETTRE DE L’IRMC Institut de recherche sur le Maghreb contemporain S o mmai re IFRE-USR 3077 du CNRS E D I T O R I A L Il y a un an, fin janvier 2011, sortait la Lettre n° 5. Elle proposait au lecteur, à travers un cahier de 12 pages, l’une des premières publications collectives, non journalistique, sur la « révolution tunisienne ». Ce dossier y consignait « à chaud » la parole spontanée d’universitaires et de chercheurs. Par la suite, les n° 6 et 7 regroupèrent 25 autres témoignages, écrits avec moins d’émotion, plus de recul, croisant les regards sur la Tunisie mais aussi sur la Libye, tous deux avec l’Algérie au cœur de notre mission régionale au Maghreb. Dès le 4 février 2011, et encore jusqu’à ce jour, la programmation s’est trouvée modifiée pour privilégier tables rondes et rencontres de chercheurs sur les mutations sociales, les transitions politiques, les mouvements sociaux « en ligne ». La révolution s’est aussi manifestée dans les pratiques de la recherche : accès facilité au « terrain » et aux enquêtes, nouvelles perspectives de l’édition, tribunes et débats proposés aux universitaires, rapprochement des journalistes et des chercheurs. Dans un tel contexte, les sciences de l’Homme et de la société (SHS), auparavant contrôlées voire censurées, ont pu s’affirmer comme l’analyseur privilégié des transformations socio-politiques. Elles doivent cette capacité non pas tant à leur objet d’étude (l’homme, la société) qu’à leur statut même de « science » dans sa vocation à classer, douter, vérifier et interpréter. Car les SHS, bien que situées au cœur de l’évènement, donc de l’actualité et de l’utilité sociale, demeurent toutefois tenues de se démarquer du strict « commentaire » des faits ou de la simple analyse d’opinion. C’est en cela qu’il convient aussi, et quelques uns des articles ici présentés s’en réclament, d’accorder leur part à « l’académisme », à l’analyse des concepts et à l’investigation dite « fondamentale », cœurs de métier de nos disciplines, et condition sine qua non de leur vigilance épistémologique. Pierre-Noël DENIEUIL Directeur de l’IRMC N° 8 Bulletin trimestriel janvier - avril 2 0 1 2 p. 1. EDITORIAL p. 2. PROGRAMMES DE RECHERCHE - « Mouvements sociaux en ligne face aux mutations sociopolitiques », par Sihem NAJAR - « Égaux comme les dents d’un peigne », par Stéphanie POUESSEL p. 5. AXES DE RECHERCHES : LES BOURSIERS DE L’IRMC - « La croissance de la petite et moyenne entreprise privée en Algérie », par Zakia SETTI - « L’habitat informel dans la ville de Gabès (Tunisie) », par Maha ABDELHAMID p. 7. AXES DE RECHERCHES : LES ACCUEILS À L’IRMC - « Civilités et incivilités dans les parcs et les jardins publics en Tunisie », par Besma LOUKIL - « Les politiques commémoratives et espace public dans l’Algérie coloniale », par Jan JANSEN - « Contestations identiques et résultats différents : les suicides par le feu de Gydel et de Sidi Bouzid », par Merouan MEKOUAR p. 9. LIEUX DE RECHERCHES p. 10. LA FORMATION À RECHERCHE - « Au CAWTAR : une expérience inédite de formation à la recherche», par Sihem NAJAR - « Ecrire en sciences sociales », par Imed MELLITI p. 12. COMPTES- RENDUS D’ACTIVITÉS Kmar BENDANA, Irène CARPENTIER, Gilles FERREOL, Sihem NAJAR p. 16. CHRONIQUES DE LA RÉVOLUTION TUNISIENNE Souheil ARFAOUI, Arbi DRIDI, Mohamed ELLOUMI, Houda LAROUSSI p. 20. HISTOIRE ET HISTORIENS FACE AUX MOUVEMENTS SOCIAUX Kmar BENDANA, Pierre-Noël DENIEUIL, Pierre ROSANVALLON p. 23. BIBLIOTÈQUE DE L’IRMC p. 24. CALENDRIER DE LA COMMUNAUTÉ SCIENTIFIQUE 2 Bulletin trimestriel n° 8 janvier-avril 2012 P R O G R A M M E S D E R E C H E R C H E Dans l’objectif de contribuer à la réflexion sur les questions prioritaires qui se posent aux différentes sociétés du bassin méditerranéen, l’IRMC s’est engagé, avec le soutien du Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI, Ottawa), à initier un débat pluridisciplinaire sur le thème : « Mouvements sociaux en ligne face aux mutations sociopolitiques et au processus de transition démocratique ». Ce thème sera abordé dans une perspective comparative lors de la troisième réunion du programme de recherche de l’IRMC sur « La communication virtuelle par l’Internet et les transformations des liens sociaux et des identités en Méditerranée ». La démarche qui sera adoptée dans le cadre de cette rencontre qui se tiendra à Tunis du 12 au 14 avril 2012 tend à privilégier une approche transdisciplinaire, en impliquant des chercheurs et des universitaires qui représentent les diverses disciplines des sciences humaines et sociales : sociologues, anthropologues, politologues, juristes, spécialistes dans le domaine des sciences de l’information et de la communication, etc. et comparative, en faisant participer des intervenants provenant de (ou travaillant sur des) pays qui passent par une phase de transition démocratique et de mutations sociopolitiques (la Tunisie, le Maroc, l’Egypte, la Syrie, la Libye, le Chili, la Roumanie, le Yémen, etc.). Les travaux de cette rencontre donneront lieu, d’une part, à la publication des communications qui seront présentées par les différents intervenants et, d’autre part, à la mise en place d’un réseau de chercheurs autour du thème relatif au rôle des mouvements sociaux en ligne dans le processus démocratique et les mutations sociopolitiques. Argumentaire Les transformations qui traversent actuellement, à des degrés divers, les sociétés maghrébines, arabes, méditerranéennes et autres, constituent sans conteste une bifurcation sociopolitique qui ne cesse de susciter le débat à l’échelle locale, régionale et internationale. Objet d’intérêt, d’inter- rogation de polémique et de controverse, de tout ordre, cette bifurcation a été l’œuvre de plusieurs acteurs impliqués de manière directe ou indirecte, consciente ou inconsciente, apparente ou occulte dans le processus de transition politique proclamée « démocratique ». Parmi les protagonistes les plus influents de ce processus sociopolitique, les militants cyber activistes ont occupé le devant de la scène, imposant par leur perspicacité, détermination, engagement et conviction, une légitimité historique on ne peut plus indélébile. Il n’est plus à prouver que les militants cyber activistes ont été à l’origine de l’émergence d’un mouvement social à l’œuvre sur la toile numérique qui a progressivement imposé une myriade d’espaces d’expression, de débats et de revendications, convergeant vers un espace public alternatif en rapport dialectique avec l’espace public matériel. C’est cette action communicationnelle (Jürgen Habermas) qui est à la base du mouvement social en ligne qu’il est impératif d’interroger en vue de décrypter les logiques différentielles imprégnant le déchaînement des potentialités citoyennes et politiques, jusque-là inertes, et la quête démocratique quelque peu indécise et fluctuante. Axe 1- Routinisation des usages sociaux des TIC et socialisation politique et démocratique Il est vrai que la fracture numérique et les inégalités en matière d’accès aux TIC en général et à l’Internet en particulier se manifestent au grand jour, mais il n’en demeure pas moins que l’on assiste à une routinisation des pratiques de l’Internet qui, en vertu des effets de sa propagation, ne manque pas de bouleverser la sphère publique. Même s’il est important de tenir compte des « ratés » de la révolution numérique qui sont privés de l’accès à l’espace public alternatif, il ne va pas sans dire que les cyber activistes et les internautes engagés, ont ceci de particulier qu’ils représentent des « relais d’opinion » (Elihu Katz et Paul Lazarsfeld) très influents en matière de mobilisation sociale et politique. Le rôle de ces « nouveaux intercesseurs » (Fabien Granjon) est nettement plus efficient dans un contexte de transition démocratique. En combinant un engagement direct sur le terrain matériel de l’action et un engagement à distance, mené sur la toile numérique, les militants (dans le domaine politique, syndical, associatif, des droits de l’Homme, de l’égalité entre les sexes…) et les cyber activistes assurent une socialisation démocratique à grande échelle et instaurent une nouvelle donne sociopolitique. Les mutations sociopolitiques dans des pays arabes comme la Tunisie, l’Égypte et la Libye… révèlent que la socialisation politique et démocratique mise en œuvre sur l’espace télématique n’est pas liée à la seule phase de transition. Il s’agit d’une action sociale qui plonge ses racines loin dans le temps en prenant des formes diverses selon les situations et le contexte dans lesquels elle s’inscrit. Cette socialisation est d’abord fondée sur une culture protestataire de revendication, hostile aux régimes totalitaires installés ; ensuite grâce à un travail de vulgarisation (des informations relatives à la démocratie, aux élections, aux partis politiques…) elle acquiert les contours d’une configuration pédagogique, qui finit par diffuser une culture de contrôle et de régulation de la scène politique, indispensable à l’action et à la mobilisation sociale. Axe 2- Espace public « virtuel », exercice de la citoyenneté et enjeux éthiques dans un contexte de transition démocratique Les mouvements sociaux en ligne, qui jouent un rôle crucial dans les bouleversements sociopolitiques actuels, prouvent que la toile numérique représente aujourd’hui un nouvel espace public. Ce cyber-espace contribue à la transmission des valeurs de la citoyenneté en tant que conditions fondamentales de la mise en application de la démocratie, fondée sur l’engagement des différents acteurs sociaux et sur uploads/Politique/ lettre-irmc-8.pdf

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