Andr6 Michel Apaid Port-au-Prince, Haiti. Port-au-Prince, le 5 septembre 20L2 S
Andr6 Michel Apaid Port-au-Prince, Haiti. Port-au-Prince, le 5 septembre 20L2 Son Excellence Monsieur Joseph Michel Martelly P16sident de la R6publique Pa lais National Monsieur le Pr6sident, Tout d'abord je vous prie d'excuser le ton de cette lettre que je crois justifid. A chacune oes rares rencontres que nous avons eues j'ai toujours fait de mon mieux pour vous dire franchement et constructivement les choses. Cette fois-ci, pour des raisons 6videntes, je me trouve dans l'obligation de vous adresser une lettre ouverte. Quatre jours aprds que je vous ai exprim6 en public ma pr6occupation de voir notre pays s'orienter vers une grave crise politique due ) l'6rosion de la confiance dans le processus 6lectoral, j'ai 6td surpris de me retrouver bloqu6 i l'a6roport i l'occasion d'un voyage d'affaires important_ En effet, le 30 ao0t, au Karibe, j'ai pris mon courage pour vous dire que la perception de l'implication de l'Exdcutif dans la crise du CSPJ allait etre i la base d'une d6t6rioration de l'autorit6 morale de votre gouvernement et je vous invitais A rectifier ce qui aujourd'hui est 6vident pour tout le monde. J'ai parl6 durant 6 minutes, vous avez pris prds de 20 minutes pour me rdpondre et pour m'exprimer de manidre forte et passionn6e votre d6saccord- Vu que je n'ai aucun doute que le Commissaire du gouvernement agit en votre nom et pour de multiples raisons politiques, je vais me permettre, tant pour la r6putation de ma famille que par amour pour la patrie et le peuple haitien qui sont en souffrance et en attente de solutions r6elles d leurs probldmes, oe vous inviter d une autre approche, si possible. Mon pdre est connu pour avoir 6t6 un homme tres courtois mais trds courageux. ll a subi la prison au Fort Dimanche et un exil qui a du16 2 ans alors que 2 de ses enfants 6taient retenus en otage en Haiti en 1962. Il a souffert cet exil A cause de son courage i amener au S6nateur Thomas D6sulm6, alors en exil d la Jamaique, ses 2 plus jeunes enfants ainsi que son dpouse parce que ses 2 ain6s venaient d'6tre tu6s par des membres du corps des VSN. Par la suite, M. Duvalier s'est excus6 auprds de mon pdre au Palais, lui disant que son exil 6tait d0 a une erreur des hommes en kaki. Mais le mal 6tait fait. Durant ces 2 ann6es d'exil et durant les ann6es qui ont suivi cette p6riode, alors que le monde entier s'ouvrait autour oe nous, se d6mocratisait et se modernisait, j'ai observ6 ce que la peur avait fait aux plus pauvres, aux ctasses moyennes, aux 6lites 6conomiques et intellectuelles de notre pays. J'ai constat€ avec peine combien d'hommes et de femmes de caractdre, aprds beaucoup d'ann6es de souffrances,6taient amen6s ou forcds i laisser le pays ou ) faire des compromis avec leurs convictions et leurs reves de bien faire pour contribuer i une Haiti qui soit bonne pour tous ses enfants. Je vous 6cris tout cela pour que vous compreniez que sans etre n6cessairement t6m6raire, j'ai toujours demand6 ) Dieu de m'aider d surmonter ma peur car ce constat dont j'ai pa116 plus t6t m'a troubl6 et r6volt6. Je suis convaincu que tant qu'on ne surmontera pas cette peur, et tant que ceux qui nous gouvernent ne comprendront qu'ils ne doivent pas l'utiliser, on n'aura ni la d6mocratie, ni la crdativit6, ni la libert6, ni la confiance devant amener le niveau d'investissement n6cessaire i changer la situation du peuple haitien. J'6tais jeune mais j'ai bien vu et compris comment M. Frangois Duvalier et son gouvelnement, ayant besoin d'argent, avaient fait arreter et attacher avec leurs ceintures de pantalon, les pEres de plusieurs des jeunes commerqants d'aujourd'hui, beaucoup d'entre eux d'origine levantine ou de sang m€16 comme moi. lls avaient 6t6 forc6s de marcher e travers le march6 de Croix des Bossales les pieds nus afin de les humilier, d'instaurer une peur bleue et d'obtenir les fonds qui nourrissaient la corruption du systdme d'alors. Je me suis confirm6 i moi-m6me qu'un pouvoir qui intimide et fait peur e son secteur priv6, ne facilite pas les investissements mais souvent pr6pare la soumission de quelques membres de ce secteur i rentrer par les portes arridres du Palais pour venir faire ensemble de l'argent. Tous les moddles pass6s et r6cents nous ont prouv6s que ce type d'approche n'amCnera, ni i la ddmocratie, ni la cr6ativit6, ni la libertq ni la confiance devant conduire au niveau d'investissement n6cessaire e changer la situation du peuple haitien. Quand, en janvier de cette ann6e, je me trouvais d6jd en d6saccord avec votre gouvernement sur certains changements et qu'aprds la visite d'un de vos amis et conseillers i mon bureau me demandant de laisser tomber ce support A Monsieur Conille, j'ai vu mon nom 6crit sur les murs de Bourdon a Port-au-Prince, me traitant de voleur et me disant ( de laisser travailler le Prdsident Martelly ). ll 6tait clair, des lort que j'6tais sur une liste sp6ciale, d'autant plus que d'autres fausses accusations plus graves venant de votre bureau m'ont 6t6 communiqu6es par plusieurs voies officielles. Malheureusement Monsieur le Prdsident, ce que je vous ai dit timidement d6j), je me sens oblig6 de vous le dire publiquement et clairement: on ne s'en sort pas si ce que vous sentez ou la satisfaction de vos 6motions continuent i €tre pour vous le plus important. Ceux qui vous connaissent aespectent votre bravoure et votre t6m6rit6. Aujourd'hui, c'est i votre sagesse et A votre perspicacit6 que je fais un dernier appel public. Avec vous on peut beaucoup faire. Sans vous on va se perdre avant de se retrouver. ll y a 72 jours, e votre retour du Br6sil, j'ai trouv6 un membre de votre famille au t6l6phone pour demander une rencontre au cours de laquelle je voulais vous exprimer comment un groupe restreint et progresslste du secteur priv6 viendrait vous exposer un plan de cr6ation de 150,000 emplois sur 5 a 8 ans, pouvant amener L.5 Milliard de dollars US d'exportation annuelle d notre Harti. J'ai insist6 et attendu pour vous le prdsenter, afin de vous faire rever et de mettre en place la machine; tout ceci, conditionnd par votre volont6 politique de r6ussir ce d6fi. J'6tais confiant dans le moment et dans l'opportunit6. Je dois vous dire, Monsieur le Pr6sident, que quand je sens la peur s'installer chez mes confrdres, qu'ils ne sont pas mis e l'aise pour jouer leur r6le, que la peur et la flatterie commencent i s'installer de maniere rampante dans les autres secteurs, je suis convaincu que tout va malheureusement mal se passer et que nous allons encore reculer pour le malheur du pays et de nos frdres et s@urs. Sur ce chemin, vous n'amdnerez pas le niveau d'investissement n6cessaire e changer les conditions de vie du peuple haitien surtout si la peur s'<< institutionnalise >. Par contre, notre pays gagnera tout quand vous inspirerez la confiance et 6ventuellement l'admiration. Tant dans la constitution de l'6quipe du gouvernement que dans certains actes et certaines approches, il m'a sembl6, e un moment donn6, pouvoir esp6rer... ll est tout ) fait normal que votre gouvernement prenne des dispositions pour que les contribuables remplissent leurs devoirs et paient leurs taxes afin que se redistribuent 6quitablement les richesses cr66es. Lisez le projet de Contrat Social que nous avons aid6 ) r6diger aprds tant de consultations et vous comprendrez que je suis sincdre quand je le dis. Cependant, l'approche du Directeur de la DGI ainsi que celle du Commissaire du gouvernement sont arbitraires et i l'encontre de toutes vos intentions d'amener les investissements massifs n6cessaires i cr6er la richesse et i changer la condition de vie de nos ftEres et s@urs haitiens. Les paroles du Commissaire du gouvernement sur les ondes, la sortie malicieuse de la liste de commergants et d'industriels, sa transmission orale et pr6cipit6e A l'immigration, me confirment qu'il y a des motifs ult6rieurs. quant aux succds de la DGI ou de la Douane A rentrer plus d'argent, cela doit se produire correctement ou ceci peut 6tre consid6r6 comme une rangon. Le renforcement de l'Etat et l'utilisation appropri6e de son appareil coercitif sont n6cessaires mais ils ne doivent, par des abus cibl6s, amener une peur 96n6ralis6e. ll est tout i fait noble que vous cr6iez une fondation e vocation sociale. Cependant, Monsieur le Pr6sident, avec la peur qui s'installe dans le pays, aussi bien intentionnd que vous puissiez l'6tre, il se d6veloppe aussi une perception que si, le mois prochain, cette fondation ou votre nouveau Parti devaient simplement appeler des individus i contribuer, les caisses de ces institutions se rempliraient en espaces plus vite que celles de la DGI ou de la Douane. Je suis certain que vous n'avez pas intdret a renforcer cette perception. Pour ma part, je prendrai des dispositions sous peu pour 6difier le public sur les faits et les consdquences de cette affaire. Malheureusement pour moi, mon nom sur les murs ou passer la fin de votre mandat en prison ont le m6me effet uploads/Politique/ lettre-ouverte-de-andre-m-apaid-au-president-martelly.pdf
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- Publié le Jui 30, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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