Coupde chaleuren banlieue Uncontrôlepoliciersurunefemmevoilée quitournemal:lavi
Coupde chaleuren banlieue Uncontrôlepoliciersurunefemmevoilée quitournemal:lavilledeTrappesaconnuce week-enddetrèsvivestensions,symptôme d’unmalaisedesbanlieuesquinefaiblitpas. PAGES25 Montgolfier, les adieux de l’incorruptible Il aura fini sa carrière à Bourges mais c’est à Nice et à V alenciennes, où il se fit connaître dans l’affaire V A-OM, que ce procureur est devenue une figure marquante de la justice. PAGES 1011 L ’Amérique se redécouvre raciste La mobilisation s’amplifie dans la communauté noire après l’acquittement la semaine dernière de George Zimmerman, accusé d’avoir tué le jeune Trayvon Martin. PAGE 8 1984 ET SI DURAS N’AVAIT PAS EU LE PRIX GONCOURT? TOUT L’ÉTÉ, «LIBÉ» RÉINVENTE 40 ANS D’ACTUALITÉ PAGES 2936 AFP Dans la cité des Merisiers, à Trappes, dans la nuit de samedi à dimanche. PHOTO NICOLAS MESSYASZ . ABACAPRESS 7 •1,60 EURO. PREMIÈRE ÉDITION NO10011 LUNDI 22 JUILLET 2013 WWW.LIBERATION.FR IMPRIMÉ EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,30 €, Andorre 1,60 €, Autriche 2,80 €, Belgique 1,70 €, Canada 4,50 $, Danemark 27 Kr, DOM 2,40 €, Espagne 2,30 €, EtatsUnis 5 $, Finlande 2,70 €, GrandeBretagne 1,80 £, Grèce 2,70 €, Irlande 2,40 €, Israël 20 ILS, Italie 2,30 €, Luxembourg 1,70 €, Maroc 17 Dh, Norvège 27 Kr, PaysBas 2,30 €, Portugal (cont.) 2,40 €, Slovénie 2,70 €, Suède 24 Kr, Suisse 3,20 FS, TOM 420 CFP, Tunisie 2,40 DT, Zone CFA 2 000CFA. La ville sort d’un week-end d’émeutes provoquées par un contrôle d’identité. La tension montait depuis des mois. Trappes: l’embrasement, forcément ParRACHIDLAÏRECHE etBERNADETTESAUV AGET PhotosSTÉPHANELAGOUTTE.MYOP L'ESSENTIEL LE CONTEXTE Le contrôle d’une femme portant le voile intégral a donné lieu à des affrontements ce weekend à Trappes et ailleurs dans les Yvelines. L'ENJEU Certains quartiers frappés par le chômage et les discriminations risquentils de s’embraser? ParÉRICDECOUTY Accablant Le décor a changé, les acteurs aussi, mais c’est le même mauvais film que celui des Minguettes –il y a plus de trente ans– qui est repassé ce week-end à Trappes. Avec la même glose politique et la même vacuité du propos. Hier et avant-hier, Brice Hortefeux, Geoffroy Didier et quelques autres ténors de la droite dite décomplexée ont ainsi entonné la rengaine de la gauche laxiste, du fléau de l’immigration et de la montée du communautarisme. Vaines et pathétiques déclarations qui témoignent, au fond, de la faillite politique face au problème de la banlieue. Car au-delà des causes immédiates des affrontements dans les Yvelines et après l’indispensable rappel à l’application stricte de la loi de la République, c’est bien de l’échec des plans successifs dont il est question, à Trappes comme dans la plupart des quartiers. Le dernier rapport de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles a ainsi révélé que le taux de chômage était deux fois plus élevé dans ces quartiers qu’ailleurs (22,8%, contre 9,4% selon des chiffres de 2011). Qu’ils avaient connu un départ massif des classes moyennes, une augmentation croissante du niveau d’échec scolaire et une paupérisation désespérante des populations. Un constat sinistre alimenté par la discrimination des jeunes, «l’effet origine» s’ajoutant à «l’effet quartiers». La responsabilité accablante de cette situation incombe à la gauche comme à la droite. Et il n’était qu’à constater la place minime occupée par la banlieue dans la campagne présidentielle de 2012 pour mesurer le malaise politique. Malgré la crise et la rigueur budgétaire, les affrontements de Trappes rappellent pourtant le gouvernement à l’urgence. ÉDITORIAL L e contrôle d’identité d’une femme portant le voile intégral, a priori ba- nal, a dégénéré dans la nuit de ven- dredi à samedi en échauffourées ur- baines à Trappes. Et donné lieu à une polémique politique (lire page 5). Troubles ponctuels ou prémices d’un été chaud dans les quartiers? Si les traditionnelles passes d’armes ont eu lieu, les autorités politiques et, sur place, les responsables musulmans ont prôné un retour au calme, en plein ramadan. Hier, quatre jeunes majeurs ont été écroués. Ils seront ju- gés aujourd’hui en comparution immédiate. QUE S’ESTIL PASSÉ À TRAPPES? Lors de l’opération, selon la police, le mari de la musulmane en niqab se serait violemment interposé, s’en prenant physiquement à un policier. Cette version est contestée par Marwan Muhammad, le porte-parole du Co- mité contre l’islamophobie en France (CCIF). Se fondant sur les témoignages du couple et d’autres habitants, il affirme que ces deux Français convertis à l’islam auraient été victi- mes de violences policières. La mère de la jeune femme contrôlée, accompagnée d’une trentaine d’habitants du quartier, a voulu en- suite, toujours selon le CCIF , déposer plainte au commissariat, mais elle aurait été écon- duite. Environ 250 personnes se sont ensuite rassemblées à proximité du commissariat, provoquant la riposte de la police et des inci- dents très violents. Un jeune a perdu un œil, et plusieurs personnes ont été interpellées. Placé en garde de vue, le mari de la femme voilée a été relâché samedi, ce qui a fait re- tomber la tension. Mais d’autres incidents ont eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, à Trappes mais aussi dans des municipalités environnantes, à Guyancourt et Elancourt. LA LOI INTERDISANT LE PORT DU VOILE INTÉGRAL ACCROÎTELLE LES TENSIONS? Si la plupart des habitants ne partagent pas les choix des musulmans les plus fondamen- talistes, comme celui du port du voile inté- gral, il existe, dans les banlieues, un fort sen- timent de solidarité. S’en prendre à une femme voilée, c’est s’en prendre d’abord et avant tout à quelqu’un du quar- tier. Issus le plus souvent de mi- lieux défavorisés, en panne d’in- tégration économique et sociale, beaucoup de salafistes zélateurs du niqab vivent dans ces cités réputées difficiles où les rapports avec la police sont particuliè- Devant le commissariat de Trappes (Yvelines), samedi. Hier, quatre hommes, âgés de 18 à 24 ans, ont été interpellés. Ils seront jugés aujourd’hui en comparution Suite page 4 DÉCRYPTAGE LIBÉRATION LUNDI22 JUILLET2013 2 •EVENEMENT Dans le quartier des Merisiers, calme en journée, beaucoup se disent harcelés par la police. «On est toujours aussi maltraités» H ier, Trappes (Yvelines) a replongé dans la torpeur de l’été. Le quartier des Merisiers, théâtre depuis deux nuits d’échauffourées entre groupes de jeunes et forces de l’ordre, affi- che une étonnante quiétude. Seuls quelques vitres d’Abribus brisées et les décombres encore fu- mants des poubelles incendiées rap- pellent les heurts nocturnes. Lors de la prière du ramadan, les religieux ont lancé un appel au calme. «Les gens ont réagi vio- lemment face à un fait qui leur est apparu injuste, commente un responsable de la mosquée. Je pense que cela va se calmer très vite.» A l’entrée du commissariat pris pour cible, une dizaine de véhicules de CRS restent stationnés. La place située devant le poste de police est le ter- rain de jeu des enfants qui se rafraîchissent dans la fontaine. Etrange métamorphose entre la nuit et le jour. Pas d’attroupement ou de climat tendu entre les policiers et les quelques adolescents ve- nus faire du vélo sur l’esplanade. Les seules ba- tailles visibles ici sont des batailles d’eau. Embellie. La veille, incompréhension et colère dominaient. A 13 heures, sur la place du marché hebdomadaire, un vieil homme se désolait: «Je pensais que nous en avions fini avec ce climat de suspicion et de violence. Rien n’a vraiment changé ici depuis l’arrivée de Hollande. On est toujours aussi maltraités.» Ce qui choque, c’est surtout l’important dispositif de police qui a été déployé et le survol du quartier par des hélicoptères. Les habitants le reconnaissent, depuis les émeu- tes de 2005, le quartier des Merisiers a fait l’objet d’une profonde rénovation urbaine, les immeu- bles ont été réaménagés et la voirie embellie. Un programme de rénovation toujours en cours, qui tend à favoriser la mixité sociale. Aucun trouble n’a eu lieu depuis plusieurs années, mais le quar- tier a tout de même été inscrit sur la liste des zo- nes de sécurité prioritaires par Manuel Valls en 2012. «Il fait bon vivre ici, affirme une mère de famille. Ils ont créé des squares, des aires de jeux pour les enfants.» On est loin de l’image du quar- tier «ghetto» aux tours délabrées. Mais le ravale- ment des façades ne suffit plus à dissimuler le malaise grandissant d’une population qui se sent mise au ban de la société. Les violences des dernières nuits ex- priment aussi un ras-le-bol général. Au niveau économique, rien n’a vraiment changé depuis l’annonce d’un énième plan pour les banlieues en 2008, sous le gouvernement Fillon. La crise est passée par là, et le chômage avoisine les 15% de la population active. 15 heures. Au pied des tours Thorez, un groupe de jeunes donne sa lecture des violences de ven- dredi: elles n’ont rien à voir avec la loi interdisant le port du niqab. «Ce ne sont pas des émeutes com- munautaires, comme disent certains politiques qui essayent de récupérer les événements pour taper sur les musulmans», explique Medhi, qui affirme avoir pris part aux échauffourées. A preuve, dans le quartier, elles ne seraient «plus que deux ou trois» femmes à porter cette tenue qui recouvre tout le visage, indique une femme voilée. «Ce n’est pas une histoire de respect des uploads/Politique/ liberation-n010011-du-lundi-22-juillet-2013-pdf.pdf
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- Publié le Dec 22, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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