1 REGUIG Assia « MAʿĀLIM FĪ AL-ṬARĪQ » DE SAYYID QUṬB : RADICALISATION DU DISCO
1 REGUIG Assia « MAʿĀLIM FĪ AL-ṬARĪQ » DE SAYYID QUṬB : RADICALISATION DU DISCOURS DES FRERES MUSULMANS Mémoire de Master 2 Mention LCE Spécialité Etudes Arabes Sous la direction de M. SANAGUSTIN Floréal Université Lumière Lyon II 2011-2012 2 Introduction ............................................................................................................................................. 4 Problématique ....................................................................................................................................... 11 Sayyid Quṭb ........................................................................................................................................... 15 1. Héritier de la Nahḍa .................................................................................................................. 15 2. Frère musulman ........................................................................................................................ 18 L’ouvrage : Maʿālim fī al-ṭarīq (Jalons sur la route) .............................................................................. 25 Chapitre I. Diagnostic de crise mondiale ............................................................................................... 25 1. Un nouveau partage : remise en cause de l’universalité de l’Autre (l’Occident) pour l’affirmation de l’universalité de Soi (l’islam tel que Quṭb va le redéfinir) ....................................... 26 2. Un monde redevenu ǧāhiliyya : la ḥākimiyya de Dieu bafouée ............................................... 28 L’héritage d’ʾAbū al-ʾAʿlā al-Mawdūdī ........................................................................................... 29 3. Les sociétés non-islamiques ...................................................................................................... 32 4. Les emprunts possibles à l’Autre ............................................................................................... 36 a. « La civilisation matérielle de l’Occident » ............................................................................ 36 b. Une épistémologie islamique ................................................................................................ 40 5. La dogmatique de Sayyid Quṭb ................................................................................................. 45 6. Une lecture politique de l’islam ................................................................................................ 48 Chapitre II. La renaissance islamique ou le projet de « réfection endogène du Soi » ........................... 50 I. L’avant-garde de la renaissance islamique ................................................................................ 50 1. Reconstitution de cette avant-garde ......................................................................................... 51 a. A partir d’un islam englobant et actif ................................................................................... 55 b. Nécessité de rupture et de retrait (méditation du Coran) .................................................... 57 c. S’affranchir des catégories mentales jāhilites par le système de pensée divin (manhaǧ tafkīr rabbānī) ......................................................................................................................................... 60 d. Quelle stratégie pour faire face à la ǧāhiliyya ? .................................................................... 61 2. Le Coran mecquois : le dogme de la croyance .......................................................................... 65 a. Les faux chemins dans lesquels la prédication ne s’est pas fourvoyée ................................. 68 b. Le véritable commencement : Dieu l’Unique ........................................................................ 71 c. Le message coranique s’adressait à la fiṭra de l’homme ...................................................... 73 d. La croyance était une méthode de vie active........................................................................ 73 II. Le discours de l’avant-garde islamique au reste du monde ...................................................... 76 1. Quitter le registre de l’apologétique ..................................................................................... 76 2. La société islamique : société civilisée .................................................................................. 79 3. L’humanisme de la société islamique .................................................................................... 82 III. Une société à renaître ........................................................................................................... 84 3 1. L’éclosion de la société islamique ......................................................................................... 84 2. La question de la prédétermination divine dans la naissance de la société islamique ......... 86 3. La société islamique donne naissance à l’Etat islamique ...................................................... 87 IV. La structure de la société islamique ...................................................................................... 90 1. La cellule familiale comme unité de base du groupement social ......................................... 90 2. Le credo fondateur du lien social .......................................................................................... 91 3. Exclusivité de la norme islamique dans la construction identitaire de l’individu musulman 93 Chapitre III. Le combat pour Dieu ......................................................................................................... 94 1. Le réalisme du système islamique : un système dynamique .................................................... 95 2. La mission universelle de l’islam de libération de l’être humain .............................................. 96 3. Le grand ǧihād : ǧihād al-nafs ................................................................................................. 101 4. La protection du Dār al-ʾislām ................................................................................................. 101 5. Interactions avec la ǧāhiliyya .................................................................................................. 104 a. Le croyant dans une position d’élévation ........................................................................... 104 b. Le martyre pour Dieu .......................................................................................................... 106 Conclusion ........................................................................................................................................... 110 Bibliographie........................................................................................................................................ 114 4 Introduction Les évènements qui secouent aujourd’hui le monde arabe ont remis en question un certain nombre d’analyses sur la région, notamment celle qui considérait que cette partie du monde échappait au paradigme de la transition démocratique. L’idée d’un « syndrome autoritaire » qui s’appuierait sur la faiblesse de la « résurrection de la société civile »1, et qui permettrait aux régimes autoritaires, aussi usés soient-ils, les moyens d’anéantir toute dynamique de changement politique, expliquait, selon cette lecture, la longévité des autoritarismes. Dans ce nouveau paysage politique qui se dessine, après l’éviction des dirigeants égyptien, tunisien ou libyen, les « mouvements de l’islam politique», contraints jusqu’alors à l’exil pour certains, ou à la clandestinité pour d’autres, se sont retrouvés propulsés sur le devant de la scène. Et force est de constater que dans ces pays musulmans, les mouvements politiques qui donnent au référent islamique une place centrale dans leurs discours ne semblent pas voir leur influence se restreindre. D’aucuns diront que les sociétés dans lesquelles ces discours trouvent une résonance restent des sociétés « qui souffrent de retards culturels », des sociétés « pas préparées à la modernité », et appartenant encore à une « culture traditionnelle »2. Ici on parlera d’« intégrisme musulman », là de « muslim fundamentalism »3 en oubliant au passage que ces deux catégories sont nées dans l’univers catholique et protestant respectivement4. Rares, on l’aura compris, sont les analyses de ces phénomènes qui tentent de les appréhender en leur reconnaissant une dimension d’historicité et, une configuration qui leur soit propre, et non pas à travers le prisme de catégories importées, que l’on voudrait grille de lecture universelle, capable de rendre intelligibles tous les phénomènes de la réalité humaine. Il existe donc toute une littérature pléthorique à ce sujet, qui nous propose des explications pour le 1 MOHSEN-FINAN, Khadija. « Michel Camau et Vincent Geisser. Le syndrome autoritaire. Politique en Tunisie de Bourguiba à Ben Ali », Politique étrangère, 2004, vol. 69, n° 2, pp. 470-472 2 KEPEL, Gilles (dir.). Les politiques de Dieu « Conclusion : entretien avec Jean Bobérot et Alain Touraine », Paris, Le Seuil, 1993. 3 Le terme intégriste se réfère historiquement à des courants traditionalistes qui affirmaient représenter l’orthodoxie catholique et la Tradition authentique, dans une attitude de résistance à la société moderne puis à la transformation interne de l’église catholique. Le fondamentalisme apparaît vers la fin du XIXe siècle, aux États-Unis et dans les milieux protestants traditionalistes. Il représente essentiellement une réaction contre le libéralisme théologique. 4 KEPEL, Gilles. La revanche de Dieu : Chrétiens, juifs et musulmans à la reconquête du monde. Paris, Le Seuil, 1991. P.16 5 moins essentialistes de ces formes de mobilisation du référent islamique, notamment un islam qui serait porteur d’une « essence politique et d’une violence fondatrice qui l’accompagnerait »5. Un extrait de « L’islam radical » d’Etienne Bruno offre un aperçu de ces lectures pour le moins réductrices : « « Séparer strictement religion et politique (...) est une idée totalement étrangère à l’Islam qui ne saurait admettre la domestication (entendue ici comme réduction à la sphère privée) », [...] l’islam « comporte un principe de totalité » inconciliable avec le principe de laïcité car « la république laïque est aux antipodes de l’Umma cité »6. Or, comme l’a souligné Nadine Picaudou : « les éléments qui constituent un système religieux, ses textes de référence, ses normes et ses pratiques, l’univers de discours et de valeurs qui est le sien, s’inscrivent dans des contextes historiques singuliers, et ces éléments mêmes, dans les relations internes qui les unissent comme dans leur mode d’articulation aux différents registres de l’humain, sont le produit spécifique d’un temps. En tant que fait social et culturel, la religion est tout entière réductible à sa dimension d’historicité »7. Bien que ces lectures « orientalistes » qui analysent « l’islam » comme confusion essentielle du religieux et du politique, trouvent dans les discours de ce que Mohamed Arkoun a appelé la devise de la « raison islamique » : « Dīn =Dunyā =Dawla, DDD »8 de quoi alimenter leurs écrits. Mais comme l’a souligné Dyala Hamzah9, ceci ne fait que souligner les failles méthodologiques immenses qui caractérisent certaines des analyses des discours des mouvements de l’islam politique. En effet, c’est souvent que ces derniers sont pris au mot, ou dit autrement, qu’on les croit sur parole. François Burgat ne dit-il pas à ce sujet : « Ils le disent, c’est donc qu’ils le sont »10, pour souligner le réductionnisme des analystes, qui ne prennent pas assez de distance avec la « littéralité » des discours. Nous avons voulu nous intéresser à ces processus contemporains d’idéologisation du référent islamique, qui ont été le préalable à sa politisation, et il nous a paru important dans la mesure où nous voulions interroger ce phénomène, de nous pencher sur l’une de ses premières 5 PICAUDOU, Nadine. L’islam entre religion et idéologie. Essai sur la modernité musulmane. Paris, Gallimard, coll. « NRF essais », 2010. P.12 6 BRUNO, Etienne. L’islam radical. Cité in FERJANI, Mohamed-Chérif. Op.cit. P.22 7 PICAUDOU, Nadine. Op.cit. P.14 8 CARRE, Olivier. Mystique et politique. Le Coran des islamistes. Lecture du Coran par Sayyid Quṭb, Frère musulman radical (1906-1966). Paris : Les Editions du Cerf, 2004. P. 273 9 HAMZAH, Dyala. « La pensée de ʿAbduh à l’âge utilitaire : l’intérêt général entre maṣlaḥa et manfaʿa » in Modernités islamiques. Actes du colloque organisé à Alep à l’occasion du centenaire de la disparition de l’imam Muḥammad ʿAbduh. 9-10 novembre 2005. Institut Français du Proche-Orient. P.29-51. 10 BURGAT, François. L’islamisme en face. Paris, La Découverte, 1996. P. 11-15. 6 manifestations, ayant bénéficié d’un impact considérable, et restant ancrée dans le paysage politique de tous les pays arabes (mais pas seulement), le mouvement des Frères musulmans. Ce mouvement voit le jour en Egypte, à la fin des années 1920, dans un contexte de modernisation, qui provoque des crispations uploads/Politique/ memoire-master-2-reguig-assia.pdf
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- Publié le Jul 22, 2022
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