Jean LECA politologue français [1935-] (1998) “Paradoxes de la démocratisation.

Jean LECA politologue français [1935-] (1998) “Paradoxes de la démocratisation. L’Algérie au chevet de la science politique.” LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES CHICOUTIMI, QUÉBEC http://classiques.uqac.ca/ “Paradoxes de la démocratisation. L’Algérie au chevet de la science politique.” (1998) 2 http://classiques.uqac.ca/ Les Classiques des sciences sociales est une bibliothèque numérique en libre accès développée en partenariat avec l’Université du Québec à Chicoutimi (UQÀC) depuis 2000. http://bibliotheque.uqac.ca/ En 2018, Les Classiques des sciences sociales fêteront leur 25e anni- versaire de fondation. Une belle initiative citoyenne. “Paradoxes de la démocratisation. L’Algérie au chevet de la science politique.” (1998) 3 Politique d'utilisation de la bibliothèque des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite, même avec la mention de leur provenance, sans l’autorisation for- melle, écrite, du fondateur des Classiques des sciences sociales, Jean- Marie Tremblay, sociologue. Les fichiers des Classiques des sciences sociales ne peuvent sans autorisation formelle: - être hébergés (en fichier ou page web, en totalité ou en partie) sur un serveur autre que celui des Classiques. - servir de base de travail à un autre fichier modifié ensuite par tout autre moyen (couleur, police, mise en page, extraits, support, etc...), Les fichiers (.html, .doc, .pdf, .rtf, .jpg, .gif) disponibles sur le site Les Classiques des sciences sociales sont la propriété des Classiques des sciences sociales, un organisme à but non lucratif composé exclu- sivement de bénévoles. 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L’auteur nous a accordé le 4 avril 2018 son autorisation de diffuser en accès libre à tous ce texte dans Les Classiques des sciences sociales. Courriel : Jean LECA : jean.leca@gmail.com Police de caractères utilisées : Pour le texte: Times New Roman, 14 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2008 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE US, 8.5’’ x 11’’. Édition numérique réalisée le 23 avril 2018 à Chicoutimi, Québec. “Paradoxes de la démocratisation. L’Algérie au chevet de la science politique.” (1998) 5 Jean LECA politologue français [1935-] “Paradoxes de la démocratisation. L’Algérie au chevet de la science politique.” in revue Pouvoirs, revue française d’études constitutionnelles et politiques, no 86. “L’Algérie”, 1998, pp. 7-28. “Paradoxes de la démocratisation. L’Algérie au chevet de la science politique.” (1998) 6 Note pour la version numérique : La numérotation entre crochets [] correspond à la pagination, en début de page, de l'édition d'origine nu- mérisée. JMT. Par exemple, [1] correspond au début de la page 1 de l’édition papier numérisée. “Paradoxes de la démocratisation. L’Algérie au chevet de la science politique.” (1998) 7 Table des matières La Vulgate des politologues [7] Retour à l'Histoire. Homologies et ressemblances [9] L'Algérie n'est pas un problème de démocratisation [15] La recherche d'un langage politique [20] Démocratisation ou consensus pluraliste ? [26] Résumé [28] “Paradoxes de la démocratisation. L’Algérie au chevet de la science politique.” (1998) 8 [7] Jean LECA politologue français [1935-] “Paradoxes de la démocratisation. L’Algérie au chevet de la science politique.” * in revue Pouvoirs, revue française d’études constitutionnelles et politiques, no 86. “L’Algérie”, 1998, pp. 7-28. La Vulgate des Politologues Retour à la table des matières Une vulgate est une combinaison de problématique, de schéma d'analyse, de récit et de conjecture plus ou moins engagée dans l'ac- tion. Celle-ci existe en science politique appliquée à l'Algérie où le problème, incontestablement, est celui de l'ordre politique « ordi- naire », mesuré par son contraire, un niveau de violence et de contrainte sur les droits, pratiques et projets individuels, niveau peu * J'ai préféré ce sous-titre à l'attendu « La science politique au chevet de l'Algérie » pour conjurer l'image thérapeutique selon laquelle la connais- sance scientifique des causes passées conduit à une bonne conjecture des conséquences futures et, par suite, à des actions présentes correctes. Je ne suis pas du tout certain de la valeur théorique de ce schéma du « jugement politique » et préfère considérer l'Algérie, non comme un malade encom- brant (car ce n'est pas une terre pestiférée, il y existe aussi des dynamiques positives), mais simplement comme un défi à la connaissance et une incita- tion à l'action prudente. Comme disait Marcel Mauss, « l'art n'a pas à at- tendre la science, celle-ci n'a pas pareil primat ». “Paradoxes de la démocratisation. L’Algérie au chevet de la science politique.” (1998) 9 connu et difficile à mesurer 1 mais d'une évidence si forte que, précisé- ment, elle aveugle et brouille les perceptions. [8] Le résumé relativement fidèle de cette vulgate 2 pourrait être le sui- vant. La crise actuelle ne vient pas d'abord de l'insatisfaction écono- mique mais de l'absence d'ouverture sociale disponible aux classes moyennes en termes de participation politique et d'ascension profes- sionnelle, et aux jeunes des classes populaires urbanisées en termes de chances de vie et de liberté de choix. Les élites au pouvoir, militaires et bureaucratiques, attribuent, à raison (au moins partiellement), le mécontentement à l'insuffisance de ressources disponibles dans une économie administrée inefficace et à une absence de contrôle culturel que l'État avec son école et sa religion laisse échapper. L'islamisme al- gérien des années 1980 est vu unanimement à la fois comme une idéo- logie radicale, un nationalisme plus politique que religieux dirigé par des « modérés » flanqués de quelques « fanatiques » et comme une 1 Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a donné en février 1998 le chiffre de 26 563 (pas un de plus) depuis 1992. A l'autre extrémité, le chiffre de 120 000 est avancé par des sources plus ou moins fiables (Martin Stone, The Agony of Algeria, New York, Columbia University Press, 1997). Le chiffre le plus courant va de 65 000 à 80 000 (voir par exemple Luis Martinez, « Les enjeux des négociations entre l'AIS [Armée islamique du salut] et l'ar- mée », Politique étrangère, 4, 1997, p. 500). De plus, la vitalité algérienne est telle que les autoanalyses de cas de déréliction et de désespoir finissent par prendre l'allure de manifestations de dynamisme se projetant résolument dans l'avenir. Il reste que la faiblesse de la société civile (les groupes asso- ciatifs permettant la relation avec l'État et assurant l'intégration dans la cité) a été une cause de la crise violente qui, à son tour, a accéléré la dégradation des universités, des hôpitaux, des institutions médico-sociales, de la presse. (Seules les sociétés commerciales semblent prospérer, ainsi que, dit-on, les écoles privées.) Cela dit, les deux phénomènes coexistent sans que le second autorise à nier le premier. 2 Pour éviter des sources trop proches mais pas fondamentalement diffé- rentes, on signalera ici Abdellah Hammoudi et Smart Schaar, éd., Algeria's Impasse, Princeton (N.J.), Center of International Studies, « Monograph Sé- ries » n° 8, 1995 ; Andrew Pierre et William Quandt, The Algerian Crisis : Policy Options for the West, Carnegie Endowment for International Peace, 1996 ; Michael Willis, The Islamist Challenge in Algeria : A Political Histo- ry, New York, New York University Press, 1997. Bien que plus bref et plus ancien, le premier ouvrage est celui qui a le langage le moins convenu et le plus informatif. “Paradoxes de la démocratisation. L’Algérie au chevet de la science politique.” (1998) 10 culture polymorphe fournissant amitiés, soutien et encadrement moral à des jeunes insatisfaits par les familles et les institutions de la société civile moderne, écoles, associations sportives, syndicats et partis. Les autorités répondent à partir des années 1980 en infléchissant le discours développementaliste et la politique clientéliste vers la levée des restrictions des biens de consommation sur le marché intérieur (Chadli I), la libéralisation très relative de l'économie ou, du moins, l'effort de mise en ordre des entreprises publiques (Chadli II, gouver- nement Brahimi), la restauration appuyée des valeurs islamiques (Chadli de toutes saisons), avant d'abandonner brutalement, après les émeutes de 1988, le parti unique au bénéfice du multipartisme, d'un équilibre des pouvoirs donnant une place importante à l'Assemblée (Constitution de 1989). Un effort de constitutionnalisme économique et de pluralisme politique (Chadli III, gouvernement Hamrouche : re- connaissance du Front islamique du salut triomphant aux élections lo- cales, découplage croissant du gouvernement et de l'ancien parti unique) est bloqué par l'armée à l'occasion de la grève générale du FIS en 1991, visant sans succès à obtenir uploads/Politique/ paradoxes-democratisation-algerie.pdf

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