Frédéric Encel Petites leçons de diplomatie Ruses et stratagèmes des grands de

Frédéric Encel Petites leçons de diplomatie Ruses et stratagèmes des grands de ce monde à l’usage de tous Autrement Maison d’édition : Flammarion © Éditions Autrement, Paris, 2015. Dépôt légal : septembre 2015 ISBN numérique : 978-2-7467-4220-8 Le livre a été imprimé sous les références : ISBN : 978-2-7467-4216-1 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Présentation de l’éditeur : Tordre le bras de son ami, renier ses promesses sans en avoir l’air, jouer de la menace pour impressionner, nouer les bonnes alliances, éviter les quiproquos désastreux… La diplomatie est un art qu’il faut manier avec habileté pour parvenir à ses fins. En 13 leçons, Frédéric Encel décrypte les stratégies, souvent contestables, des grands de ce monde. Celles qui font et défont les puissances. Il nous dévoile les arcanes du pouvoir et nous permet de plonger au cœur des relations internationales, aux côtés de Barack Obama, Vladimir Poutine, François Hollande et Bachar el-Assad. Là où tout, ou presque, est permis. Une source d’inspiration universelle ! Du même auteur Atlas géopolitique d’Israël. Les défis d’une démocratie en guerre, Paris, Autrement, 3 e éd. 2015. Géopolitique du Printemps arabe, Paris, PUF, 2014. De quelques idées reçues sur le monde contemporain. Précis de géopolitique à l’usage de tous, Paris, Autrement, 2013. Perspectives énergétiques, direction d’ouvrage, Paris, Ellipses, 2013. Géopolitique d’Israël, avec François Thual, Paris, Points, 2011. Comprendre la géopolitique, Paris, Points, 2011. Géopolitique du sionisme. Stratégies d’Israël, Paris, Armand Colin, 2009, 2 e éd. 2015. Horizons géopolitiques, Paris, Seuil, 2009. L’Art de la guerre par l’exemple. Stratèges et batailles, Paris, Flammarion, « Champs », 2008, 2 e éd. 2015. Géopolitique de Jérusalem, Paris, Flammarion, « Champs », 2008, 3 e éd. 2015. Comprendre le Proche-Orient. Une nécessité pour la République, co-direction d’ouvrage avec Éric Keslassy, Paris, Bréal, 2005. La Grande Alliance. De la Tchétchénie à l’Irak : un nouvel ordre mondial, avec Olivier Guez, Paris, Flammarion, « Champs », 2004. Géopolitique de l’apocalypse. La démocratie à l’épreuve de l’islamisme, Paris, Flammarion, « Champs », 2003. Le Moyen-Orient entre guerre et paix. Une géopolitique du Golan, Paris, Flammarion, « Champs », 2001. Petites leçons de diplomatie Pour Léa Les chiens aboient, la caravane passe. Proverbe arabe Introduction L’idée très répandue selon laquelle le monde n’a jamais connu autant de conflits est fausse. En réalité, nous vivons en ce début de XXI e siècle une sorte d’état de grâce au regard des temps longs braudéliens, et plus encore à la lumière… sombre de l’affreux XX e siècle, celui des guerres mondiales et des génocides. Plusieurs facteurs explicatifs peuvent être avancés pour analyser ce phénomène de paix (très) relative, mais l’un d’eux retiendra notre attention : jamais la diplomatie n’avait fonctionné assurément si vite, et probablement si bien. Du reste, là où les pires crimes de guerre sont commis en 2015 et où les armes parlent, l’État s’est effondré au profit de sectes fanatiques (Daesh) et de seigneurs de la guerre crapuleux (groupes d’assaillants en Afrique subsaharienne centrale), et la diplomatie ne prévaut justement plus. N’en tirons pas la conclusion hâtive que lorsque l’État et sa diplomatie fonctionnent, la quantité de conflits et/ou de crimes de masses diminue mécaniquement. Après tout, en lieu et place des assassins de « l’État islamique » au Nord irakien et à l’Est syrien, sévissaient il y a peu encore (et depuis trente ans) des dictateurs ultra- répressifs, impérialistes et militaristes, à savoir respectivement Saddam Hussein et Hafez el-Assad. Lesquels régimes despotiques au dernier degré entretenaient de cordiaux voire d’amicaux rapports diplomatiques avec nos démocraties… Cela dit, en règle générale, ne serait-ce que pour faire entendre raison à un adversaire particulièrement agressif et avant d’en venir à l’usage du fer et du feu, la diplomatie s’accommode mieux d’États que de mouvements épars, plus ou moins dissimulés, plus ou moins dépourvus de chefs à la fois crédibles et représentatifs. Grâce soit donc rendue à la diplomatie, qu’elle fût internationale par le truchement du puissant Conseil de sécurité, ou bilatérale via des canaux locaux parfois non moins efficaces. Mais allons plus loin. Dans la vie internationale, il existe des constantes. Parmi elles, la volonté de chaque État d’accroître sa puissance sous couvert de défendre ses intérêts. Qu’on ne s’y méprenne pas, c’est moins la nature du régime politique qui va déterminer la politique de puissance que la volonté des dirigeants à la poursuivre en en payant le prix économique, voire humain en cas de conflit. Autrement dit, des démocraties peuvent tout à fait mener des politiques d’expansion impériale – à l’instar des États ouest-européens au début du XX e siècle par exemple –, tandis que des dictatures préféreront éviter, soit par réalisme et manque flagrant de moyens, soit pour mieux se consacrer à la répression intérieure, les aventures militaires. Cela dit, en règle générale, qu’ils soient d’authentiques humanistes ou juste conscients de devoir rendre compte à leur population, les chefs d’État démocrates sacralisent moins la puissance comme vertu suprême que leurs confrères autoritaristes. De fait, le despote, lui, n’est jamais un humaniste et n’a guère de comptes à rendre, sauf de temps en temps à ses généraux ou à ses fournisseurs d’armes. Au service de cette propension quasi universelle et parfois obsessionnelle à tendre vers la puissance, les États ont toujours déployé des trésors de diplomatie. Phénomène intéressant : même ceux qui, prenant Sparte pour modèle et ne jurant que par la force des armes (ce qu’on appelle de nos jours le hard power), forment des diplomates, leur font apprendre les langues « utiles » des (plus) grandes puissances, leur demandent de faire profil bas de temps à autre. Rarissimes sont par ailleurs les régimes politiques fanatiques qui se dispensent également d’activité diplomatique, ne serait-ce que pour masquer leurs noirs desseins derrière les propos et costumes rassurants de leurs représentants à l’étranger. La diplomatie s’inscrit dans l’art du possible, du réaliste, et non du fantasmatique et de l’outrance. Il n’est pas davantage dans la littérature au sens où il doit présenter des résultats concrets. D’où, parfois, ce sentiment exprimé par des gens de bonne foi quant à l’aspect réservé, voire compassé ou « langue de bois », des diplomates. En réalité, le professionnel de la diplomatie se doit d’être prudent sur le fond car il engage son pays dès qu’il s’exprime ès qualités, adoptant sur la forme une attitude extérieure très posée lors des négociations. Le diplomate sait la complexité des choses, l’impossibilité d’obtenir tout ce qu’il souhaite, et la nécessité conséquente de rechercher constamment des compromis, de poursuivre la moins mauvaise des solutions. L’un des plus grands diplomates que la France ait connus, Charles Maurice de Talleyrand-Périgord (appelé communément Talleyrand), affirmait que « tout ce qui est excessif est négligeable ». Au fond, la diplomatie consiste à inverser le brillant postulat du stratège prussien Carl von Clausewitz, disant que « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». Là, il s’agit le plus possible d’éviter la guerre et, si elle est inéluctable ou une fois qu’elle a eu lieu, de la continuer (en l’empêchant de se produire à nouveau ?) par du politique. Cela ne signifie pas qu’ici et là – comme on le verra dans cet ouvrage avec l’exemple de Bismarck –, la guerre n’est jamais recherchée. Elle peut l’être, mais comme moyen et non comme fin en soi. Négocier, parlementer, mais avec qui ? Pas forcément avec ceux qui vous ressemblent idéologiquement ou culturellement. Le service des intérêts bien compris, selon la formule consacrée, exige du pragmatisme et non du romantisme, et on a vu dans l’histoire des États excessivement différents (sinon antagonistes) faire affaire. Pour autant, une proximité dans la nature du régime (démocratique ou autoritaire ici, monarchiste ou républicain là), des affinités linguistiques, ou encore des liens tribaux ou matrimoniaux sont très souvent utilisés pour légitimer un rapprochement ou une alliance dont l’intérêt, fondamentalement, est ailleurs, dans l’économique ou le stratégique. À l’inverse, quand on souhaite se fâcher, on se saisit de différences et de divergences réelles ou présumées sur lesquelles on surjoue pour légitimer la confrontation. Dans tous les cas, la géographie n’est jamais loin (Napoléon Bonaparte disait que « les États font la politique de leur géographie ») ; pas tant la grande – celle d’Yves Lacoste théorisant qu’elle « sert d’abord à faire la guerre », avec ses reliefs en guise de remparts ou d’obstacles, ses climats aliénants ou tempérés, ses surfaces désertiques ou forestières – que la plus basique, la plus plate, celle des cartes exclusivement politiques et donc lacunaires pour un universitaire. La géographie de la diplomatie, c’est fréquemment celle des emplacements au sol, des quatre horizons, et par conséquent du jeu de go. En d’autres termes, il est une tendance naturelle des puissances à contourner leurs voisines directes, soit car elles leur sont hostiles, soit pour détenir un levier au cas où elles le deviendraient… L’exemple le plus marquant proposé dans cet ouvrage est celui d’Israël, mais en l’espèce la nécessité pour l’État juif de contourner des ennemis s’appuie autant sur des réalités territoriales (encerclement terrestre uploads/Politique/ petites-lecons-de-diplomatie-ruses-et-stratagemes-des-grands-de-ce-monde-a-l-x27-usage-de-tous-pdfdrive.pdf

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