MICHEL FOUCAULT Sécurité, territoire et population Présentation de l’auteur et

MICHEL FOUCAULT Sécurité, territoire et population Présentation de l’auteur et de son œuvre Paul-Michel Foucault est un philosophe « marxo freudien » français. Suite à une grave dépression et à deux tentatives de suicide, il est amené à consulter un psychiatre et développe à cette occasion une fascination pour la psychologie. Associé au mouvement post-modernisme et au structuralisme, il côtoie de grands philosophes tel que Claude Lévi-Strauss. En 1970 il est élu au collège de France, l’institution la plus prestigieuse du corps académique, comme professeur d’histoire des systèmes de pensée. Le collège de France est un établissement prestigieux de recherche et d’enseignement dont les cours sont ouverts à tous. Son engagement politique s’accroît et il décide de fonder le Groupement d’Information sur les prisons. Il décède en 1984 d’une maladie opportune liée au virus du VIH ; des mensonges et des malentendus autour de sa mort ont poussé Daniel Defert, à créer la première association française de lutte contre le SIDA. Le livre Sécurité, territoire et population est le 19ème livres de l’œuvre foucaldienne comportant 24 ouvrages. Il faut remarquer que plus d’une cinquantaine de livres ont été écrits par d’autres auteurs directement sur Michel Foucault et sa pensée. Résumé Le livre de Michel Foucault est une retranscription des cours qu’il a donnés au Collège de France ; il y eut treize leçons entre le 11 janvier 1978 et le 5 avril 1978. Plusieurs thèmes me paraissent essentiels, thèmes que je choisis de présenter dans le même ordre qu’ils apparaissent au fil des leçons. M. Foucault entreprend l’étude de ce qu’il nomme le « bio-pouvoir ». Le bio-pouvoir est un type de pouvoir qui s’exerce sur la vie : la vie des corps et celle de la population. Il s’agit de la prise en compte progressive, par le pouvoir, de la vie des hommes, avec d’un côté le corps (pour le discipliner) et d’un côté la population (pour la contrôler). Dans sa version politique, le bio-pouvoir s’appuie sur les notions de sécurité et de discipline. Selon l’auteur, la discipline évolue dans un espace artificiel que l’on va construire entièrement alors que la sécurité a pour fonction de répondre à une réalité en confrontant l’aléa et des données matérielles existantes. La discipline réglemente tout et même les choses les plus petites doivent être relevées alors que la sécurité « laisse-faire » car il y a un niveau auquel le laisser-faire est indispensable. La discipline complète la sécurité mais elle a aussi pour fonction de normaliser. La normalisation disciplinaire (ou encore « normation ») consiste à poser un modèle optimal et à essayer de rendre les gens, les actes conformes à ce modèle ; on part de la norme pour distinguer ce qui est normal et anormal. Avec la sécurité, au contraire, on part de ce qui est considéré comme normal pour en déduire la norme. Il s’agit là d’une véritable normalisation au sens strict. La prise en compte de la population est essentielle dans le bio-pouvoir. Jusque là, la question de la population était envisagée d’un aspect négatif en quantifiant la dépopulation notamment avec les tables de mortalité. La notion évolue au XVIIè siècle avec le mercantilisme et le caméralisme qui ne sont pas tant de nouvelles doctrines économiques que de nouvelles manières de poser les problèmes du gouvernement. A cette époque, la population est considérée non seulement comme un élément de la souveraineté mais aussi comme un élément de puissance et de richesse d’un Etat car elle constitue sa main d’œuvre. Nous arrivons ainsi à la première étape du raisonnement de Foucault qui est celle de la « gouvernementalité ». Par gouvernementalité , il entend « l’ensemble constitué par les institutions, procédures, analyses et réflexions, les calculs et les tactiques qui permettent d’exercer cette forme bien spécifique de pouvoir qui a pour cible la population, pour forme majeure de savoir l’économie politique, pour instrument technique essentiel les dispositifs de sécurité ». A cette occasion, Foucault développe (longuement) le pastorat chrétien car il constitue une forme de pouvoir nouvelle qui marque l’apparition de modes spécifiques d’individualisation ; il constitue le prélude de la gouvernementalité telle qu’elle va se déployer au XVIè s. Il va ainsi s’opérer un passage de la pastorale des âmes au gouvernement politique des hommes sans pour autant assister à la disparition du pastorat : le bio-pouvoir est à la fois globalisant (le troupeau, la population) et individualisant (la brebis, le corps). La raison gouvernementale apparaît donc au moment où le souverain va être chargée d’une tâche nouvelle qui est celle de gouverner les hommes et pour laquelle il n’a pas trouvé de modèle, ni du côté de Dieu, , ni du côté de la nature. Une problématique nouvelle apparaît à travers la res publica ; on demande au souverain de faire plus qu’exercer sa souveraineté et le gouvernement c’est ça. Une question se pose alors au souverain : qu’est-ce que l’art de gouverner ? La réponse se trouve dans la raison d’Etat. Objectivement, la raison d’Etat c’est ce qui est nécessaire pour que la République, aux quatre sens du mot « état » (couramment le mot « état » peut signifier un domaine, une juridiction, un statut individuel ou encore la qualité d’une chose) conserve exactement son intégrité. Subjectivement, il s’agit d’une règle ou d’un art qui nous fait connaître les moyens pour obtenir l’intégrité, la tranquillité ou la paix de la république. La population ne figure pas dans cette analyse de la raison d’Etat en raison de la politique mercantiliste de l’époque. Cette dernière va émerger en tant qu’élément central au XVIIè siècle grâce à l’apparition d’un appareil qui a été mis en place pour faire fonctionner la raison d’Etat qui est la police. A partir du XVIIè, on commence à appeler « police » l’ensemble des moyens par lesquels on peut faire croître les forces de l’Etat en maintenant le bon ordre de cet Etat. En pratique, la police intervient, début XVIIIè, dans des domaines nouveaux relevant du bien être et de la « qualité de vie » comme par exemple la santé, la religion, les mœurs. Les objets de son intervention son essentiellement urbains car ils concernent les marchés, le commerce, les rues… En revanche, les méthodes employées par la police sont traditionnelles ; bien que police et justice dérivent toutes les deux du pouvoir royal, elles vont être parfaitement séparées. La police s’occupe des choses ordinaires au travers des règlements alors que les lois s’occupent des choses importantes de manière définitive et permanente. Nous arrivons à la seconde étape du raisonnement de M. Foucault ; une nouvelle gouvernementalité naît avec les économistes plus d’un siècle après la première. La gouvernementalité des politiques aura donné la police, celle des économistes va introduire quelques lignes fondamentales de la gouvernementalité moderne et contemporaine. La raison économique donne un nouveau contenu à la raison d’Etat et par conséquent de nouvelles formes à la rationalité de l’Etat. La notion de naturalité réapparaît en opposition avec l’artificialité de la politique et la population est envisagée comme une réalité à la fois spécifique et relative ; elle est soumise à toute une série de variables naturelles qui la font échapper en partie à l’action volontariste et directe du souverain dans la forme de la loi. La nouvelle gouvernementalité, qui au XVIIè s se référait à la police, devra désormais se référer à un domaine de naturalité qui est l’économie, gérer les populations, organiser un système juridique de respect des libertés, et se donner un instrument d’intervention direct mais négatif qui va être la police. Il est donc tout à fait possible de réaliser des correspondances avec la gouvernementalité sous sa forme moderne. Critiques J’ai trouvé la lecture et la compréhension de ce livre particulièrement difficiles. Les leçons sont la retranscription de cours oraux donnés par M. Foucault donc le contenu est dense, même s’il manque des mots ou des pans de phrases à certains endroits, et le vocabulaire est riche. Il développe parfois pendant plusieurs dizaines de pages certains exemples (la disette, la vérole, le commerce du grain, le pastorat…) ; il ne faut pas perdre le fil ! Avec tout ce sérieux, lorsque M. Foucault s’excuse de la quantité moindre de ses propos du jour parce qu’il a la grippe, cela prête à sourire. Pour rejoindre la question des exemples, je pense que c’est un ouvrage davantage philosophique et historique que juridique. D’abord, l’auteur est un philosophe, les exemples qu’il développe figurent par ailleurs dans bon nombre de ses ouvrages et les sujets qu’il aborde ont par la suite été repris par des d’autres philosophes. Ensuite, il ne fait presque aucune remarque contemporaine alors que le thème de la sécurité est omniprésent depuis des siècles (ce n’est pas tout à fait exact puisque M. Foucault se réfère parfois à l’époque contemporaine… du XVIIIè s !) et, à l’inverse, il s’arrête sur des détails de l’histoire qui font que globalement, je n’ai pas eu l’impression de lire un ouvrage dont les cours ont été donnés à la fin des années uploads/Politique/ securite-territoire-population.pdf

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