Le Socialisme (Par Grégory Kudish) I) Libéralisme, idéologie aux conséquences m

Le Socialisme (Par Grégory Kudish) I) Libéralisme, idéologie aux conséquences multiples Le libéralisme voit le jour en Grande-Bretagne vers 1689 dans un contexte socioéconomique charnière de l'histoire. C'est la fin de la monarchie absolue anglaise et le début d'un nouveau mode de production; le capitalisme1. Axé sur l'industrialisation, le libéralisme économique (ou capitalisme) se donne le marché pour seul fondement. Les propriétaires d'entreprises, par l'entremise de l'initiative privée et de la libre concurrence, se donnent pour mission de produire le plus de biens et services, l'intérêt privé étant le moteur de l'économie2. Cette théorie économique du libéralisme s'inscrit avant tout dans un cadre de pensée politique libérale. Tel que le décrit John Locke dans Le Deuxième traité du gouvernement civil, la politique libérale garantit à l'individu trois droits fondamentaux : la vie, la liberté et la propriété3. Ainsi, l'État est amené à jouer un rôle plus gestionnaire que coercitif. L'État a pour principales fonctions d'assurer le respect des libertés individuelles des citoyens et de faire appliquer les lois, tout en évitant de se mêler dans la vie économique; il ne doit pas faire ce que d'autres institutions pourraient faire à sa place. L'individu, libéré ainsi de toute autorité opprimante, est en quête de bonheur individuel et 1 BALL, Terence, Richard DAGGER et Jean DES LAURIERS. Idéologies, idéal démocratique et régimes politiques. Saint-Laurent : les Éditions du Renouveau pédagogique. 2005 (Collection «sciences humaines »), p. 231 2 GÉRIN-LAJOIE, Michelle. Idéologies et régimes politiques. Ottawa : les Éditions MGL inc. 1999, p. 97 3 BALL, Terence, Richard DAGGER et Jean DES LAURIERS. Idéologies, idéal démocratique et régimes politiques. Saint-Laurent : les Éditions du Renouveau pédagogique. 2005 (Collection «sciences humaines »), p. 233 1 de réussite matérielle; il agit selon son libre arbitre4. Le système libéral a néanmoins plusieurs répercussions sur la société des XVIIIe et XIXe siècles, dont l'apparition de nouvelles classes sociales. Les détenteurs de moyens de production (les propriétaires d'entreprises) forment une classe appelée bourgeoisie. À leur service, la classe du prolétariat, composée essentiellement d'ouvriers, est condamnée à de nombreuses heures de travail à faible salaire et jouit de très peu de droits. Une minorité de riches exploite donc librement une majorité de salariés5. II) Trois penseurs influents du socialisme 1. Karl Marx (1818-1883) Karl Marx, également connu sous le nom de Karl Heinrich Marx, vit le jour le 5 mai 1818 à Trèves en Prusse Rhénane. Issu d'une famille juive aisée et cultivée dont le père, Heinrich Marx, est avocat et la mère, Henriette Presburg Marx est hollandaise, Marx, très instruit, maîtrise le latin et le français à l'école et apprend à lire l'espagnol, l'italien, le néerlandais, le russe et l'anglais. En mars 1841, Marx complète son doctorat en philosophie à l'Université d'Iéna à Berlin6. En septembre 1844, K. Marx rencontre Freidrich Engels avec qui il se joint en 1847 à la Ligue des communistes et rédige en 1848 le Manifeste du Parti communiste. Philosophe et économiste, Marx gagne difficilement sa vie en travaillant pour certains journaux. Karl Marx meurt le le 14 mars 1883 enterré au cimetière de Highgate à Londres7. 4 BALLE, Francis. «Libéralisme ». In Encyclopaedia Universalis, éd. 2008. 5 GÉRIN-LAJOIE, Michelle, p. 620. 6 Gale Group. «Karl Marx » In World of Sociology. 2001. [En ligne]. <http://galenet.galegroup.com.res.banq.qc.ca/servlet/BioRC>. (Consulté le 15 septembre 2009) 7 GÉRIN-LAJOIE, Michelle, p. 621 2 2. Lénine (1870-1924) Son vrai nom est Vladimir IIitch Oulianov. Né le 22 avril 1870 à Simbirsk en Russie, Lénine est le fils d'Ilya Nikolayevich, un monarchiste modéré, et de Maria Ulyanov, mère de foyer. Lénine connaît une jeunesse traumatisante. En 1886, son père meurt d'une hémorragie cérébrale et l'année suivante, en mai 1887, son frère aîné Alexandre Oulianov est condamné à mort par pendaison. Lénine poursuit des études en droit à l'Université de Saint-Petersburg et obtient sa licence en 1891. De 1892 à 1893, Lénine travaille comme avocat à Samara avant de s'engager dans la diffusion d'idées révolutionnaires et marxistes. Lénine est un personnage influent de l'histoire. En effet, il est à l'origine de la tranformation de la Russie tsariste en L'union des républiques socialistes soviétiques en 1922 et du mouvement communiste révolutionnaire des bolcheviks. Lénine meurt le 21 janvier 1924 à Gorky de la syphilis8. 3. Antonio Gramsci (1891-1937) Né le 22 janvier 1891 à Alès en Sardaigne fils de Francesco Marcias, colonel à la gendarmerie bourbonienne, et de Giuseppina Marcias, Antonio Gramsci vit une jeunesse difficile. Aux prises avec des problèmes financiers, Gramsci est obligé d'abandonner ses études pour aider sa famille. Pendant ses études lycéennes, il s'intéresse au mouvement socialiste et aux problèmes économiques et sociaux de la Sardaigne. En novembre 1911, Gramsci est admis à la faculté des lettres de l'Université et en 1919, il devient secrétaire de 8 Contemporary Authors Online, Gale, 2009. «Vladimir Ilyich Lenin». [En ligne]. <http://galenet.galegroup.com.res.banq.qc.ca/servlet/BioRC>. (Consulté le 15 septembre 2009) 3 rédaction à la revue L'Ordine Nuovo, une revue hebdomadaire de culture socialiste pour laquelle il travaillera jusqu'en 1926, avant d'être incarcéré pour le restant de ses jours à la prison de Regina Coeli par le régime fasciste de Mussolini. Il y écrira ses fameuses Lettres de prison9. III) Le socialisme : un nouveau système de valeurs 1. Le socialisme, une contestation de l'idéologie libérale Face aux idées du libéralisme prônant l'individualisme et la réussite matérielle personnelle, le socialisme a pour mission de transformer la société libérale dans le but de la rendre plus égalitaire. S'opposant essentiellement au droit à la propriété privée du libéralisme ayant entraîné des inégalités sociales flagrantes et une pauvreté considérable parmi la classe du prolétariat, le socialisme cherche à valoriser la société10. À cet effet, le socialisme veut faire des instruments de production une propriété sociale, tout en faisant de la production une réponse aux besoins de l'ensemble de la collectivité. Ainsi, la direction de la production et la répartition des biens doivent être assurées par la collectivité elle-même, et non pas par une minorité de riches11. La définition suivante que donne Bertrand Russell du socialisme englobe assez bien les caractéristiques de cette idéologie : 9 GRANEL, Gérard. 1973. « Chronologie de la vie d'Antonio Gramsci». [En ligne]. 14p. < http://www.europhilosophie.eu/recherche/IMG/pdf/Bio-bibliographieGramsci.pdf>. (Consulté le 15 septembre 2009) 10 BALL, Terence, Richard DAGGER et Jean DES LAURIERS. Idéologies, idéal démocratique et régimes politiques. Saint-Laurent : les Éditions du Renouveau pédagogique. 2005 (Collection «sciences humaines »), p.254-255 11 BOURGIN, Georges et Pierre RIMBERT. Le Socialisme. Paris : Presses universitaires de France. 1966 (collection « Que sais-je?» ). p.83 4 «Le socialisme signifie la propriété commune de la terre et du capital sous une forme démocratique de gouvernement. Il implique la production dirigée en vue de l'usage et non du profit, et la distribution des produits, sinon également à tous, tout au moins avec les seules inégalités justifiées par l'intérêt public. »12 2. Marx ou le matérialisme dialectique Pour Marx, les classes sociales sont les déterminants de l'histoire. Selon lui, l'étude de l'histoire passe par l'étude des rapports de production inhérents à une société donnée. Dans les sociétés occidentales du XIXe siècle, Marx lit une contradiction entre les détenteurs de moyens de production (la bourgeoisie) et les non-possédants de ces moyens (les ouvriers)13; il s'agit du matérialisme dialectique. Cette opposition rivale est issue en fait d'un mode de production qui confère à une classe sociale la possession des moyens de production, aux dépens d' une autre. Un mode de production est le fruit d'une division du travail, soit la fonction occupée par chaque individu dans la production de biens et services à une période de l'histoire. D'après Marx, l'évolution de l'histoire, ou le passage d'un mode de production à un autre, est l'aboutissement d'une lutte de classes entre les détenteurs des moyens de production et les non-possédants de ces moyens14. Ainsi, d'après la doctrine de Marx, l'homme est dissous dans la société et il est déterminé par celle-ci15. Le passage de la société libérale, inégalitaire, à une société plus égalitaire (socialiste) doit donc passer par la lutte des classes. 12 RUSSELL, Bertrand. Socialism, Anarchism and Syndicalism. 1918. 13 MONIÈRE, Denis et Jean H. GUAY. Introduction aux théories politiques. Montréal : les Éditions Québec/Amérique. 1987. p.58-66 14 CUERRIER, Jacques. L'être humain : quelques grandes conceptions modernes et contemporaines. Montréal. Éditions de la Chenelière inc. 2009. p.114-118 15 ELLUL, Jacques. La pensée marxiste : Cours professé à l'Institut d'études politiques de Bordeaux de 1947 à 1979. Paris : La Table Ronde. 2003. p.65 5 3. Lénine ou la question de l'État répressif La contribution au socialisme de Lénine complète celle de Marx en y apportant des idées plus radicales et révolutionnaires. Pour Lénine, l'État est un appareil répressif servant à opprimer la bourgeoisie et à guider les ouvriers dans leur accession au pouvoir. La dictature du prolétariat doit mener à la dissolution des autres classes sociales, comme de tout autre opposition, en une seule et même classe de manière à éradiquer les conditions objectives de l'État (classes sociales, contradiction entre capital et travail...). Toutefois, les conditions du socialisme en Russie ne sont pas les mêmes que dans les uploads/Politique/ socialisme 1 .pdf

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