Dr RABEHEVITRA Zaralahy Benjamin Cours de Philosophie politique et morale Facul
Dr RABEHEVITRA Zaralahy Benjamin Cours de Philosophie politique et morale Faculté des Sciences Sociales - UCM 1 TITRE : PHILOSOPHIE POLITIQUE ET MORALE INTRODUCTION GÉNÉRALE : Dans la société contemporaine, des visions du monde différentes, à implications éthiques fortes, coexistent et posent par là même le problème de la vérité, précisément de la rupture entre la liberté et la vérité. Une grande partie de nos contemporains a perdu la conscience de ce rapport essentiel entre liberté et vérité. Du coup, la question de la vérité ne se pose plus, chacun n’affirme que ce qui lui paraît répondre à des exigences subjectives et cela suffit. On assiste à une dérive « relativiste »1 qui blesse dramatiquement la société politique, mais aussi la famille. Cette promotion d’un relativisme culturel généralisé prétend exprimer le pouvoir de l’homme et le triomphe de sa liberté. La tolérance est conçue simplement comme le droit de chacun de penser ce qu’il veut dans la conviction d’une indifférence de tout lien de nature entre l’intelligence et une vérité objective et universelle. C’est ainsi que nous assistons à toutes sortes de revendications qui ne connaissent plus de limites : par exemple la demande de la reconnaissance sociale d’un mariage homosexuel, de l’euthanasie, de l’avortement etc. On le voit, c’est vers un total « subjectivisme »2 de la valeur morale que s’oriente, de fait, une telle perspective. Il s’ensuit une absence, dans la société politique, de points de repères transcendants échappant aux débats ou aux votes, absence qui rend la notion de société politique de plus en plus problématique et la conception de la nation comme communauté de destin de plus en plus difficilement pensable. D’où les questions suivantes : Quelles valeurs communes pour une société pluraliste ? Comment éviter les possibles dérives totalitaires de la démocratie ? Nous proposons dans ce contexte un large usage de la notion philosophique de « loi naturelle ». Notre parcours comprendra trois chapitres qui s’intituleront successivement : ch 1. Le fondement de l’éthique politique ; ch 2. L’appartenance éthique de la politique ; ch 3. La charte démocratique. 1 Le « relativisme » est une doctrine selon laquelle la vérité d’une proposition, d’un discours, d’une idée dépend du point de vue de celui qui l’énonce qu’il s’agisse d’un individu, ou d’un groupe. Une même proposition peut être vraie pour celui qui l’énonce, fausse pour l’autre. 2 Le « subjectivisme » est une doctrine selon laquelle chacun a tendance à se prendre comme seule référence et à considérer que ce qu’il pense a le caractère de la vérité. Dr RABEHEVITRA Zaralahy Benjamin Cours de Philosophie politique et morale Faculté des Sciences Sociales - UCM 2 PLAN DÉTAILLÉ Chapitre 1 : Les fondements de l’éthique politique 1.1. La personne dans la société 1.1.1. La personne humaine comme origine et fin de la vie politique 1.1.2. La personne humaine comme animal politique par nature 1.1.3. Egalité en dignité et en droit de tous les êtres humains 1.2. La destination universelle de biens de la terre 1.3. L’ordre inhérent aux relations humaines 1.3.1. Loi naturelle 1.3.2. Le droit naturel 1.3.3. Le droit positif 1.3.4. Les droits de l’homme Chapitre 2 : L’appartenance éthique de la politique 2.1. Le souci premier du bien commun 2.1.1. La notion du bien commun 2.1.2. Le caractère proprement éthique du bien commun 2.2. Contre le machiavélisme 2.3. Les assises transcendantes des fondements de la cité 2.3.1. Ouverture à Dieu et aux traditions religieuses 2.3.2. L’inéluctable loi naturelle Chapitre 3 : La charte démocratique 3.1. La « foi » séculière démocratique 3.2. Les hérétiques politiques 3.3. L’autorité, le pouvoir et la souveraineté RÉSUMÉ : CHAPITRE 1 : LES FONDEMENTS DE L’ÉTHIQUE POLITIQUE En général, l’éthique politique repose sur trois piliers : La personne dans la société ; La destination universelle de biens de la terre ; et L’ordre inhérent aux relations humaines. 1.1. La personne dans la société - L’homme est attaché à divers types de société ou de communauté. Mais lorsqu’il est ici question de société humaine, c’est avant tout à la société politique ou civile, que nous faisons allusion. 1.1.1. La personne humaine : origine et fin de la vie sociale - La personne est au centre de la vie politique et sociale. Pour se réaliser, elle a besoin du tissu des relations qu’elle noue avec d’autres personnes. Insérée dans ses différentes communautés d’appartenance, elle est l’origine et la fin de toute la vie sociale et politique. - L’anthropologie réaliste d’Aristote a dégagé des inclinations ou tendances fondamentales, innées et communes à tous les êtres humains : Dr RABEHEVITRA Zaralahy Benjamin Cours de Philosophie politique et morale Faculté des Sciences Sociales - UCM 3 La première et la plus fondamentale est une inclination naturelle au bien. Elle est la première et la plus fondamentale car les autres inclinations ne font finalement que l’actualiser. En second lieu vient une inclination naturelle à la conservation de l’être. Elle est commune à l’homme et à tout être : c’est l’inclination au plan de la subsistance même dans l’être, de tout ce qui se rattache à la conservation de l’être et de la vie. En troisième lieu, nous avons l’inclination naturelle à rechercher certains besoins spéciaux qui sont semblables à ceux qu’éprouvent les animaux : l’union du mâle et de femelle. Mais, chez l’homme, ces inclinations ont valeur morale en tant qu’elles sont enracinées dans la raison humaine. Ainsi, chez l’homme, en tant qu’animal rationnel, la finalité dans la sexualité doit être vécu humainement, c’est-à-dire raisonnablement. L’inclination naturelle à la vie en société constitue la quatrième inclination. Aristote remarquait déjà que l’homme est un être sociable par nature3. En ce sens, la vie en société n’est pas le fruit d’un contrat, comme le prétend un Jean- Jacques Rousseau. Elle fait partie de l’épanouissement de la vie humaine. Cette inclination ne s’explique pas seulement par l’utilité matérielle, mais elle s’explique aussi et principalement par le besoin si humain de l’amitié, de l’affection ou de l’amour. Enfin, nous avons l’inclination conforme à la nature raisonnable de l’homme, en quoi il se distingue des animaux : le besoin de connaître Dieu, de connaître la vérité. L’amour de la vérité est, en ce sens, le désir le plus humain. Aucune de ces inclinations n’est le résultat d’un choix. Elles sont un donné, à partir duquel la liberté va élire tel ou tel moyen. Les personnes humaines tendent naturellement à réaliser les potentialités inscrites dans leur être. Les valeurs éthiques, qui ont leur racine dans la structure même des êtres humains visent toujours à l’humanisation de l’homme. 1.1.2. La personne humaine : être social par nature La société est-elle naturelle ou non ? A cette interrogation, les réponses sont diverses. - D’après Rousseau, la situation naturelle était à l’origine soit l’isolement soit l’anarchie. A l’état naturel, l’homme est un animal puisque la vie sociale serait contraire à sa nature. Rousseau refuse la naturalité de la société. Ce qui est naturel à l’homme, c’est la liberté mais non pas la société. Il est donc libre de nature et il ne pourra tolérer aucune sorte d’autorité. La société n’est qu’un fait artificiel, un produit purement humain. Elle est le résultat du consentement des volontés par le contrat social4. Avant le contrat, l’homme jouissait de son indépendance absolue qu’est pour Rousseau la liberté. - Pourtant, c’est un fait que la personne vit en société. Aristote affirme que l’homme est un « animal politique ». « L’homme en dehors de la cité est soit une bête ou soit un dieu »5. La société est quelque 3 Cf. ARISTOTE, Politique, I, 2, 1253 a. 9 – 12. 4 Cf. Jean-Jacques ROUSSEAU, Du contrat social, Présentation par Bruno Bernard, Paris, Flammarion, 2001. 5 Cf. ARISTOTE, Politique, I, 2, 1253 a. 9 – 12. Dr RABEHEVITRA Zaralahy Benjamin Cours de Philosophie politique et morale Faculté des Sciences Sociales - UCM 4 chose que la nature humaine demande, l’homme est fait pour vivre en société, il en a besoin. Ce besoin n’est pas extérieur à l’homme, et il ne peut y renoncer. Il est constitutif de lui-même. Il en a besoin parce qu’il est un être raisonnable, c’est- à-dire intelligent. C’est pour l’épanouissement de la personne que les différentes formes de société existent. La personne ne s’est pas donné l’existence. Elle dérive d’autres personnes et d’une cause première. La personne est par nature communication et échange. 1.1.3. Égalité en dignité et en droit de tous les êtres humains - Tous les êtres humains demeurent égaux en dignité humaine et en droits. La société ne peut admettre des attitudes ou des mesures discriminatoires envers aucun d’entre eux. - La dignité est donnée avec la personne comme un donné irréductible et un programme à réaliser. - L’égalité n’est pas matérielle ni extérieure. La véritable égalité n’est donc pas la suppression de toutes les différences ni l’uniformité ! C’est la conscience d’appartenir au même genre humain. On n’affirme pas l’égalité en déclarant qu’un homme en vaut un autre. - L’égalité, c’est d’affirmer uploads/Politique/ philo-pdf.pdf
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- Publié le Oct 15, 2021
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