La politique Introduction : l’homme comme animal politique Aristote affirme que

La politique Introduction : l’homme comme animal politique Aristote affirme que « l’homme est par nature un animal politique ». Le terme nature ici renvoie à l’essence ; l’homme est donc par essence politique ou bien, la politique fait partie de la nature de l’homme. Ceci nous permet d’avancer qu’il y a une naturalité de la politique selon Aristote. En d’autres termes et pour élargir la signification de cette politique naturelle, l’homme est un être culturel et social ; nous savons que l’anthropologie, a mis en évidence que depuis ses lointaines origines, l’homme a toujours vécu en société. Ceci lui a permis de survivre d’une part et d’exploiter les potentialités de son espèce d’autre part, notamment en adaptant toujours mieux la nature à ses besoins grâce au travail et à la technique. Dès lors, au même titre que chaque individu à titre privé, la société, en tant que telle, doit, dans le cadre de son organisation, se fixer des fins, des objectifs et les moyens pour atteindre ces derniers. Tel sont les objets de cette activité spécifique à l’homme et qu’on appelle « politique ». Sachant que le mot « politique » vient du grec « polis qui signifie cité », la politique est l’ensemble des relations qu’entretient un Etat avec le peuple et avec d’autres Etats, dans le but de l’organisation et du pouvoir. Il nous faut donc examiner de manière critique les différentes manières de concevoir cette activité spécifique qui, selon Aristote, consacre l’homme « comme animal politique ». Pour cela, nous sommes amenés à poser les questions suivantes : comment est née l’autorité politique et dans quel but ? N’est-elle pas en opposition à la liberté individuelle contrairement à ce qu’a affirmé Aristote ? En d’autres termes y a-t-il une nécessité à l’existence de l’Etat et ce pour quelle raison ? Ou pour se référer à la pensée anarchiste l’Etat n’est-il pas contre l’individu ? Peut-on toujours croire au bien-fondé de l’action politique ? I- L’organisation de l’autorité politique 1) La nécessité de la société et des lois L’homme est un être social L’homme ne devient homme qu’au contact des hommes (cf. Hegel : la dialectique des consciences). Nous savons par ailleurs que la pensée humaine permet d’asseoir de manière décisive la supériorité de l’homme sur toutes les autres espèces animales. Or, cette pensée réflexive ne se développe que grâce au langage, et ce dernier requiert, pour se mettre en place et se voir acquis, une vie sociale, puisqu’il n’existe aucune langue naturelle humaine. Ajoutons pour faire bonne mesure que le sentiment moral et le sens des valeurs qui lui est lié ne prennent forme qu’en présence d’autrui et dans le cadre d’une éducation fixant les possibilités et les limites qu’exige une vie sociale. L’ensemble de ces considérations rejoignent les conclusions d’Aristote, lorsque ce dernier affirme que l’homme est un animal naturellement appelé à vivre en société. Or, une société ne saurait se réduire à un simple agrégat d’individus. La vie sociale n’a 1 de sens et d’intérêt que si elle permet d’exploiter les potentialités de l’espèce ; elle permet à l’homme la réalisation de son essence politique (Aristote). Bref, elle suppose la division des tâches, leur complémentarité et des échanges faisant bénéficier chacun des activités de l’ensemble. Tout ceci nécessite une organisation, des activités ordonnées et donc des règles, des limites, des interdits empêchant tout retour au désordre, que ces règles prennent la forme de coutumes, de simples traditions ou encore, depuis l’écriture, de règles écrites ou lois. C’est ce que souligne Platon dans Les Lois : « Les hommes doivent nécessairement établir des lois et vivre selon des lois, sous peine de ne différer en aucun point des bêtes les plus totalement sauvages. La raison en est qu’aucune nature d’homme ne naît assez douée pour à la fois savoir ce qui est le plus profitable à la vie humaine en cité et, le sachant, pouvoir toujours et vouloir toujours faire ce qui est le meilleur. La première vérité difficile à connaître est, en effet, que l’art politique véritable ne doit pas se soucier du bien particulier, mais du bien général, car le bien commun assemble, le bien particulier déchire les cités, et que bien commun et bien particulier gagnent tous les deux à ce que le premier, plutôt que le second, soit solidement assuré ». Cette absence d’instinct social peut conduire l’homme à tous les excès et notamment à sacrifier l’intérêt de l’ensemble du corps social au bénéfice d’intérêts individuels et égoïstes. Spinoza n’écrit rien de très différent lorsque dans Le Traité politique il affirme que si les hommes obéissaient naturellement à la raison morale, les lois n’auraient pas lieu d’être : « De là vient que nulle société ne peut subsister sans un pouvoir de commandement et une force, et conséquemment sans des lois qui modèrent et contraignent l’appétit de plaisir et les passions sans frein ». L’Etat et la société sont artificiels mais nécessaires La société et l’Etat sont contre-nature mais ils sont nécessaires car l'état de nature est invivable. Qu’est-ce qui amène l’homme à vivre en société alors qu’aucun instinct ne l’y contraint et qu’à l’état de nature il dispose d’une liberté naturelle totale ? En effet, il est clair pour Hobbes que la vie en société s’avère artificielle. Pourtant, la vie sociale incarne la condition ordinaire et quasiment générale de l’humanité. D’où cela vient-il ? L’homme à l’état de nature est « un loup pour l’homme ». La violence humaine ne trouve plus de limites, excepté les limites fixées avec plus ou moins de réussite par l’éducation ou la culture (ce genre de limite existe-t-il à l’état de nature ?). C’est pour cela qu’Hobbes peut affirmer dans le Léviathan « qu’aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre tous ». Les lois, qui instaurent des rapports de droit, protègent chaque homme de la violence. L’insociable sociabilité de l’homme : Ainsi le droit s’oppose à la force. Le droit est conventionnel, culturel, inventé par l’homme alors que la force relève de la nature. Peut-on dire alors, comme Aristote, que la société et ses lois sont naturelles ou doit-on, au contraire comme Hobbes, proclamer qu’elles sont artificielles quoique 2 nécessaires ? Ces deux conceptions sont-elles définitivement inconciliables ? Ne peut-on pas supposer que l’homme aspire naturellement à l’état social mais que dans le même temps cet état contrarie ses tendances tout aussi naturelles à vouloir dominer ses semblables et à se comporter comme s’il vivait en solitaire au sein de l’état de nature? Kant propose donc une synthèse entre les théories d’Aristote et de Hobbes. Cette synthèse tient compte en effet des exigences naturelles qui amènent l’homme à vivre en société mais également de l’absence d’instinct social qui porte spontanément l’individu à défendre ses intérêts égoïstes, à commettre tous les excès, ces tendances négatives amenant paradoxalement les hommes à développer les dispositions naturelles de leur espèce afin de surmonter les « résistances » qui s’offrent à son action, mais ce, dans le cadre des limites fixées par la société et ses lois. Ainsi l’homme, selon Kant, est naturellement un être social, c’est-à-dire porté à vivre en société, même s’il n’est pas naturellement sociable, c’est-à-dire porté à établir des relations avec autrui sur un mode positif et empreint d’empathie. Définition et fonction de la loi : Les lois ne régissent pas l’ensemble des activités d’un individu. Il est clair que la plupart des actes ordinaires de la vie relèvent de la coutume, des modes, des règles morales qu’on se donne, c’est-à-dire de manières de vivre librement choisies à titre individuel et non de la loi, qui incarne une exigence collective à laquelle nous ne saurions échapper sous peine de sanction. C’est précisément ce qu’affirme Hobbes dans le Léviathan : « Etant donné qu’il n’existe pas au monde de république où l’on ait établi suffisamment de règles pour présider à toutes les actions et paroles des hommes (car cela serait impossible), il s’ensuit nécessairement que, dans tous les domaines d’activité que les lois ont passés sous silence, les gens ont la liberté de faire ce que leur propre raison leur indique comme leur étant le plus profitable. Car si nous prenons le mot de liberté en son sens propre de liberté corporelle, c’est-à-dire de n’être ni enchaîné ni emprisonné, il serait tout à fait absurde de crier comme ils le font pour obtenir cette liberté dont ils jouissent si manifestement. D’autre part, si nous entendons par liberté le fait d’être soustrait aux lois, il n’est pas moins absurde de la part des hommes de réclamer comme ils le font cette liberté qui permettrait à tous les autres hommes de se rendre maîtres de leurs vies. Et cependant, aussi absurde que ce soit, c’est bien ce qu’ils réclament, ne sachant pas que leurs lois sont sans pouvoir pour les protéger s’il n’est pas un glaive entre les mains d’un homme (ou uploads/Politique/ la-politique-synthese.pdf

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