Université Jean Monnet de Saint-Étienne Licence 1 de sociologie Faculté de Soci

Université Jean Monnet de Saint-Étienne Licence 1 de sociologie Faculté de Sociologie Année 2014-2015 -Semestre 2 Enseignant Thibaut RIOUFREYT, Docteur en science politique Chercheur post-doctorant au Centre de données socio-politiques (CDSP) – Sciences Po Paris Chercheur associé au laboratoire Triangle (Lyon) Objectifs du cours L'objectif de ce cours magistral est de donner une série de repères et de connaissances de base permettant aux étudiants de première année de licence de découvrir et de se familiariser avec les auteurs, les approches et les outils de la sociologie politique. Née tardivement, cette branche de la science politique a progressivement pris son essor à mesure qu’elle est parvenue à développer un savoir spécialisé pour expliquer et comprendre les phénomènes politiques. La vie politique apparaît souvent aux yeux du profane comme une sphère austère et obscure. Elle se prête bien dès lors à des caricatures et des dénigrements. La sociologie politique offre aussi l’opportunité de rompre avec les pré-notions et les a priori que nous avons tous sur l’objet politique et sur le fonctionnement de la vie politique. Elle s’attache notamment à analyser les comportements des dirigeants politiques et des citoyens pour, finalement, mieux comprendre comment les sociétés sont gouvernées. En premier lieu, la sociologie politique permet de porter un regard complémentaire sur des phénomènes abordés traditionnellement sous le seul angle juridique, historique ou philosophique en prenant en compte les déterminations sociales des comportements politiques. Elle amène, par exemple, à considérer que la règle de droit n’est qu’une donnée parmi d’autres, plus ou moins décisive selon les moments, et qu’elle fait l’objet d’usages diversifiés par les acteurs politiques (les mêmes institutions peuvent donner lieu à des pratiques et configurations politiques distinctes !). La vie politique obéit à des mécanismes qu’il faut chercher à décrypter en ne s’en tenant pas seulement aux règles constitutionnelles, mais en prêtant aussi une attention à d'autres processus sociaux. À ce titre, la vie politique met aux prises des hommes et des femmes qui, dans un même cadre constitutionnel, peuvent agir très différemment selon leurs intérêts, leur trajectoire sociale, leurs compétences, leurs ressources, le contexte, etc. : Qu’est-ce qui a changé dans les moyens à disposition des dirigeants politiques pour gouverner ? Pourquoi la compétition politique apparaît de plus en plus personnalisée et semble être une affaire de communication ? Pourquoi les partis politiques sont-ils devenus si importants pour conquérir le pouvoir ? Ensuite, la sociologie politique éclaire sur la manière dont se gèrent les problèmes de la société (la politique économique, la politique scolaire, la politique culturelle, etc.) et sur la manière de gouverner des élites politiques. Elle contribue en cela à répondre à des questionnements tels que : Comment se prennent les décisions ? Qui décide et qui gouverne ? Est-on si sûr que les décisions se prennent là où elles devraient l’être et selon les orientations annoncées dans une campagne COURS MAGISTRAL : INTRODUCTION À LA SOCIOLOGIE POLITIQUE électorale ? Enfin, la sociologie politique peut contribuer à comprendre la vie politique du point de vue non plus des professionnels de la politique mais des profanes. S'il existe des régularités dans les comportements politiques et des déterminations structurelles fortes, la vie politique n’est jamais totalement réglée par avance. Elle recèle toujours une part d’incertitude liée à la compétition pour le pouvoir et au fait que les citoyens arbitrent par leur vote secret cette compétition : Comment votent les électeurs ? Vers où se dirige mon vote en fonction de mon milieu social ? Pourquoi une partie importante des citoyens préfèrent s’abstenir de voter ? Au-delà du vote, la sociologie politique s'intéresse également aux autres modalités à la disposition des citoyens pour peser sur les gouvernants et infléchir leurs décisions, exprimer leurs préférences, voire participer directement à la prise de décision ? Analyser tous ces mécanismes de fonctionnement de la vie politique, c’est ainsi une façon de fournir des outils d’analyse pour mieux comprendre l’actualité et le monde dans lequel les étudiants seront amenés à travailler. Cet enseignement s’inscrit dans une telle perspective : permettre de se repérer dans le monde environnant en développant une aptitude à la réflexion et se préparer à être des citoyens en saisissant les jeux de pouvoir dans la gestion des sociétés contemporaines. Le cours se focalisera sur le fonctionnement des démocraties représentatives dans lesquelles nous vivons au quotidien. Son parti-pris est de délaisser les considérations trop abstraites pour ne s’intéresser, en dehors de tout jugement de valeur, qu’aux phénomènes les plus concrets de la vie et de l’activité politiques. Cherchant à rendre compte des débats en science politique, le cours s’organisera, après une introduction problématique, en trois grandes parties abordant successivement la politique sous l’angle de son cadre d’exercice, des professionnels élus et, enfin, des profanes. Organisation pratique Le CM aura lieu tous les jeudis de 14h30 à 16h30 SÉANCE INTRODUCTIVE : QU'EST-CE QUE LA SOCIOLOGIE POLITIQUE ? I) Qu'est-ce que la sociologie politique ? 1) La sociologie politique, une science ? 2) La sociologie politique, une science sociale 3) Entre science et politique : neutralité scientifique et effet politique de la science II) Qu'est-ce que la politique ? A) La politique comme sphère d'activité autonome 1) La politique trois en un : polity, politics et policy 2) La politisation comme qualification B) Le politique comme registre pratique transversal 1) Le pouvoir 2) La conflictualité 3) La généralité ou la relation entre le public et le privé PLAN GÉNÉRAL DU COURS Bibliographie - BALANDIER Georges, « Le politique des anthropologues », in GRAWITZ Madeleine & LECA Jean (dir.), Traité de science politique. 1. La science politique, science sociale. L'ordre politique, Paris, Presses Universitaires de France (PUF), 1985, pp. 309-334. - BIRNBAUM Pierre, « Conflits », in BOUDON Raymond, Traité de sociologie, Paris, Presses universitaires de France (PUF), 1994 (4ème éd.), pp. 227-261. - BOLTANSKI Luc, « La dénonciation publique » in Luc Boltanski, L’Amour et la justice comme compétence, Paris, Métailié, 1990, pp. 255-356. - BOUDON Raymond, « Individualisme et holisme dans les sciences sociales », in BIRNBAUM Jean & LECA Jean (dir.), Sur l’individualisme, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1986. - BOUDON Raymond, Effets pervers et ordre social, Paris, Presses Universitaires de France, 1989 (1e éd. 1977). - BOUDON Raymond, La Place du désordre. Critique des théories du changement social, Paris, Presses Universitaires de France, 1991 (1e éd. 1984). - CLASTRES Pierre, La Société contre l'État. Recherches d’anthropologie politique, Paris, Minuit, 1974. - DAHL Robert, « The concept of power », Systems Research & Behavioral Science, vol. 2, issue 3, 1957, article mis en ligne le 17 janvier 2007, pp. 201-215. - DEWEY John, Le Public et ses problèmes, traduit et présenté par Joëlle Zask, Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », 2010. - DUCHESNE Sophie & HAEGEL Florence, « La politisation des discussions », Revue française de science politique, vol. 54, n° 6, décembre 2004, pp. 877-909. - ELIAS Norbert, Engagement et distanciation – Contributions à une sociologie de la connaissance, 1983, traduction française, avant-propos de Roger Chartier, Paris, Fayard, 1993. - ELIASOPH Nina, L’Évitement du politique. Comment les Américains produisent l’apathie dans la vie quotidienne, traduction française de Camille Hamidi, Paris, Économica, 2010 (Éd. originale : 1998). - HAEGEL Florence & DUCHESNE Sophie (avec Céline Braconnier, Camille Hamidi, Pierre Lefébure, Sophie Maurer et Vanessa Scherrer), « Politisation et conflictualisation : de la compétence à l'implication », in Pascal PERRINEAU (dir.) Le Désenchantement démocratique, La Tour d’Aigues, Éditions de l'Aube, 2003, pp. 107-129. - HAMIDI Camille, « Éléments pour une approche interactionniste de la politisation. Engagement associatif et rapport au politique dans des associations locales issues de l'immigration », Revue française de science politique, vol. 56, n° 1, février 2006, pp. 5-25. - HÉRAN François, « L’assise statistique de la sociologie », Économie et statistique, vol. 168, n° 1, juillet-août 1984, pp. 23-35. - LAGROYE Jacques, « Les processus de politisation », dans Jacques Lagroye (dir.), La Politisation, Paris, Belin, coll. « Socio-histoires », 2003, pp. 359-372. - LAGROYE Jacques, FRANÇOIS Bastien & SAWICKI Frédéric, Sociologie politique, Paris, Presses de Sciences Po/Dalloz, 2003. - LAPIERRE Jean-William, Vivre sans État ? Essai sur le pouvoir politique et l'innovation sociale, Paris, Le Seuil, coll. « Esprit », 1977. - LUKES Steven, « La troisième dimension du pouvoir », in BIRNBAUM Pierre (dir.), Le pouvoir politique, Paris, Dalloz, 1975. - MASNATA François, Le politique et la liberté : principes d'anthropologie politique, Paris, L'Harmattan, 1990. - MOUFFE Chantal, « Pour un pluralisme agonistique », Revue du MAUSS, n° 2, 1993, pp. 98-105. - MOUFFE Chantal, Le Politique et ses enjeux. Pour une démocratie plurielle, Paris, MAUSS, 1994. - PITKIN Hanna, « Justice : on relating Public and Private », Political Theory, vol. 9, issue 3, août 1981, pp. 327-352. - RANCIÈRE Jacques, La Mésentente, Paris, Galilée, 1995. - SCHMITT Carl, La Notion de politique. Théorie du partisan, Paris, Calmann-lévy, 1972. - SIMMEL Georg, Sociologie. Études sur les formes de socialisation, Paris, Presses universitaires de France (PUF), 1999 (1ère éd. 1908). - WEBER Max, Économie et société, Paris, Pocket, 1995 (1ère éd. uploads/Politique/ syllabus-cm-sociologie-politique-st-etienne-2014-2015-1.pdf

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