BLOC II: L’Espagne, 1833 – 1923. Unité 3: A. La construction de l’État libéral

BLOC II: L’Espagne, 1833 – 1923. Unité 3: A. La construction de l’État libéral (1833 - 1868). La difficile marche de l’Espagne vers le libéralisme. Comment l’Ancien régime s’est-il définitivement effondré en Espagne et par quelle organisation politico-sociale a-t-il été remplacé? 1. La difficile mise en place d’une monarchie libérale (1833-1856). 1.1. La révolution libérale (1833-1843).  Le rôle de la première guerre carliste (1833-1840) avec deux mouvances opposées: · Les carlistes («Dios, Patria, Fueros y Rey»): Carlos María Isidro seul roi légitime; défense de l’absolutisme et de l’Ancien régime (église catholique, société d’ordres, fueros; hétérogénéité du mouvements avec clercs, nobles, paysans et artisans pauvres redoutant les effets de la réforme agraire promue par les libéraux ou écrasés d’impôts. · Les partisans d’Isabelle: la régente María Cristina et son entourage, fonctionnaires réformistes, bourgeoisie et travailleurs urbains espérant une évolution libérale. - Les étapes du conflit: o 1833-1835, quand la guerre se fixe au nord:  Zones carlistes: Pays Basque et Navarre et une partie des pré-Pyrénées catalanes.  Carlos gouverne en Navarre en tant que Charles V.  Plusieurs succès carlistes (Tolosa, Durango, Vergara), mais échec devant Bilbao. o 1835-1837, de nouveaux fronts s’ouvrent et le camp d’Isabelle se renforce:  Cabrera réunit les foyers carlistes (bas-Aragon, Maestrazgo et nord du pays valencien).  Expéditions carlistes de Gómez (fin juin 1836) et de Charles V (1837) qui échoue à conquérir Madrid.  Succès des partisans d’Isabelle, aidés par les puissances étrangères (Angleterre, France, Portugal), comme Espartero à Luchana (1836). o 1838 à 1840, effrondement du mouvement carliste.  Tensions (ultras/partisans d’un compromis), manque d’unité du commandement et isolement.  Paix de Vergara (31/08/1840) entre Maroto et Espartero: respect des fueros basques et navarrais et reclassement des carlistes dans l’armée.  Charles V s’exile et Cabrera est vaincu en 1840. Étapes de la révolution libérale (1833-1843). · Des gouvernemtnes de transition (1833-1836):  Conseil de gouvernement formé pour appuyer la régente: o Présidé par Cea Bermúdez: absolutiste réformiste. o Troisième voie entre carlisme et libéralisme. o Quelques réformes: division en 49 provinces.  Sous la menace carliste et la pression populaire, la régente accepte l’alliance avec les libéraux: o Martínez de la Rosa (modéré) au gouvernement o Statut Royal (1834): compromis absolutisme / libéralisme; souveraineté partagée roi/Cortès; bicaméralisme avec suffrage censitaire (16000 votants); divisions entre modérés/progressistes (Mendizábal).  Climat révolutionnaire dans plusieurs villes: o Menace carliste provocant une radicalisation (1834, émeutes anticléricales à Madrid). o Diffusion des idées progressistes grâce au retour de certaines libertés (presse et réunion). o Revendications: Constitution de Cadix, réunion de Cortes, milice nationale. · Les progressistes au pouvoir (1835-1837):  Révoltes urbaines (été 1835): la régente choisit Mendizábal.  Opposition de la cour et des modérés à Mendizábal aboutissant à son renvoi et à une seconde crise en 1836: o Nouveausoulèvement urbain: constitution de Juntes. o Révolte de La Granja contraignant la régente à céder: constitution de Cadix rétablie, Cortès constituantes convoquées et Calatrava à la tête du gouvernement.  Démantèlement de l’Ancien Régime pour créer une monarchie libérale, constitutionnelle et parlementaire: o Réforme agraire: régime seigneurial et majorats supprimés, désamortissement. o Libéralisation économique: Mesta abolie, liberté des prix, de l’industrie et du commerce, douanes intérieures et dîmes supprimées ; o Lois libérales (censure supprimée, cens élargi) et constitution de 1837 (souveraineté nationale, droits, séparation des pouvoirs et neutralité de l’Etat, mais bicaméralisme et exécutif fort). · Modérés au pouvoir (1837-1840):  Retour des modérés aux élections après la constitution.  Annulation de certaines réformes progressistes: o Régime électoral plus restrictif, liberté de la presse limitée et rétablissement des dîmes. o Loi sur l’administration municipale (1840): maires des chefs-lieux de province nommés. o Vague de protestation (Barcelone): la régente nomme Espartero au gouvernement.  Exil de María Cristina après son refus de retirer la loi municipale. · Régence d’Espartero (1840-1843):  Un militaire progressiste au pouvoir: o Nommé régent en 1841. o Après de nouvelles élections, les progressistes sont majoritaires aux Cortès. o Rétablissement des décisions de 1835-1837.  Dérive autoritaire et chute d’Espartero: o Espartero se coupe des progressistes: mauvaises relations avec les Cortes, entourage de militaires (ayacuchos), répression (Barcelone, 1842). o Progressistes et modérés agissent: soulèvements urbains à partir de mai 1843 et pronunciamientos (nouvelle génération d’officiers : Narváez, O’Donnel, Prim et Serrano)  Espartero s’exile et Isabelle II est proclamée reine. · La décennie modérée (1844-1854):  Élections de 1844 donnant la majorité aux modérés qui forment nouveau gouvernement présidé par Narváez. o Programme: fonder un État libéral, mais contre les tentations révolutionnaires, sociales ou démocratiques.  Principes défendus: ordre, propriété et autorité.  Libertés individuelles limitées.  Défense de l’État confessionnel.  Souveraineté partagée: Cortès/couronne. o Régime modéré mis en place par une série de réformes:  Constitution (1845): pouvoir exécutif renforcé (roi nomme ministres, sénateurs, dissout les Cortès, veto).  Catholicisme comme religión d’État et concordat de 1851 (congèle la vente des biens de l’Eglise).  Droits de 1837 reconnus mais lois les limitant (contrôle de la presse, 1845).  Limitation des mécanismes électoraux: loi de 1846 (électorat divisé par 6), élections locales contrôlées (pressions du gouverneur civil, corruption et clientélisme).  Réseaux d’influence à la cour (camarilla) et interventions de la couronne dans le jeu politique. o Renforcement du centralisme.  Pouvoir accru de l’administration centrale: maires nommés (loi d’administration locale, 1845) et réforme fiscale de Mon-Santillán.  Projet de système national d’instruction publique (Loi Moyano de 1857).  Unification des lois: Code pénal (1848) et projet de Code civil.  Instruments de répression: suppression de la Milice et création de la Garde civile (1844). o Répression des révolutions (Madrid, 1848).  Crise du système modéré o Facteurs d’impopularité croissante:  Instabilité: 10 gouvernements de 1844 à 1851.  Corruption des milieux dirigeants (María Cristina rentrée en 1848). o Échec de Bravo Murillo.  1er ministre après Narváez en 1851:  Projet de créer une dictature technocratique.  Opposition parlementaire qui provoque sa chute. o Modérés divisés en trois tendances:  Conservateurs favorables à un rapprochement avec les carlistes (Balmes).  Centristes à l’origine de la plupart des réformes modérées (Mon et Narváez).  Puritains favorables à une alliance avec les progressistes et opposés à l’autoritarisme (généraux Serrano et O’Donnel). o Opposition au régime:  Carlistes: minoritaires.  Modérés puritains et progressistes.  Démocrates: extrême-gauche radicalisée dès 1835-1837 dans les villes (Barcelone) défendant la souveraineté populaire, les libertés, la démocratie locale, les droits sociaux et la liberté de culte ;  Républicains : démocrates les plus radicaux ;  Révolte de 1854 : o Juin-juillet 1854: O’Donnel, progressistes et démocrates déclenchent le pronunciamiento de Vicálvaro. o Cánovas del Castillo rédige le Manifeste de Manzanares.  Retour à la lettre de la constitution de 1845.  Parlementarisme véritable, sans camarilla.  Mesures libérales: abolition de la loi électorale, libertés locales, rétablissement de la milice nationale. · Le biennat progressiste (1854-1856).  Progressistes au pouvoir: o Conséquences de la révolte de 1854:  Espartero devient 1er ministre.  O’Donnel ministre de la guerre forme l’Union libérale (puritains + aile droite progressiste).  Victoire progressiste au Congrès des députés et quelques démocrates élus. o Réformes:  Politiques: Milice nationale et Loi municipale (élection des maires) rétablies, préparation d’une constitution jamais appliquée mais plus libérale.  Économiques: désamortissement (Madoz, 1855), investissements (rail, reforestation, infrastructures), recherche d’investissements (sociétés par actions, avantages aux étrangers).  Crise et chute du biennat progressiste. o Contexte difficile et troublé par la question sociale:  Malaise ouvrier du aux crises et à un capitalisme sans encadrement légal: grèves et révoltes (Catalogne, 1855), revendications nouvelles (droit d’association, limitation de l’horaire légal de travail).  Contestation dans les campagnes fragilisées par les crises et les désamortissements (révolte de 1857 en Andalousie).  Tentative de freiner la contestation ouvrière avec la loi sur le travail (création d’associations ouvrières). o Désunion des progressistes face à la crise:  Aile gauche: se rapproche des démocrates.  Aile modérée: rapprochement avec l’Union libérale. Chute des progressistes: démission d’Espartero remplacé par O’Donnell qui réprime les contestations et suspend l’élaboration de la nouvelle constitution. 2. La monarchie en crise (1856-1868). 2.1. Les gouvernements unionistes (1856-1863).  Stabilisation intérieure: o O’Donnel assure une relative stabilité pendant sept ans. o Politique visant à trouver un nouvel équilibre couronne / parlement:  Dissolution des Cortès évitée.  Retour du débat parlementaire.  Acceptation de l’opposition parlementaire, même limitée par le contrôle gouvernemental sur les élections.  Politique de prestige à l’extérieur: o Expéditions : Cochinchine (1858-1863), Mexique (1862), Saint-Domingue, Pérou (guerre en 1866). o Affirmation territoriale et commerciale au Maroc (1859-1860):  Victoires (Tetuán), extension de Ceuta et contrôle d’Ifni.  Véritable engouement populaire renforçant le nationalisme et le prestige des militaires (général Prim). Décomposition du bloc unioniste qui se fractionne en clans rivaux: la cour cesse de soutenir O’Donnel qui présente sa démission en 1863. 2.2. L’effondrement du régime sous les gouvernements modérés (1863-1868).  Retour de l’autoritairsme: o Les modérés reviennent avec Narváez. o Le retour aux principes du modérantisme et politique plus autoritaire:  Exercice du pouvoir en uploads/Politique/ unite-3.pdf

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