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Les vues et interprétation contenues dans ce document sont celles de l’auteur et non nécessairement celles de la Banque africaine de développement BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT ETUDES ET RECHERCHES ECONOMIQUES NO 67 par Tchabouré Aimé GOGUE FASEG Université de Lomé Gouvernance en Afrique : Etat des lieux ETUDES ET RECHERCHES ECONOMIQUES NO 67 Gouvernance en Afrique : Etat des lieux par Tchabouré Aimé GOGUE FASEG Université de Lomé Droits de auteur © 2001 La Banque africaine de développement 01 B.P. 1387 Abidjan 01 Côte d’Ivoire Résumé Prétextant que les régimes autocratiques étaient les mieux placés pour mobiliser et organiser les ressources en vue d’assurer le développement et l’unité nationale, la classe politique a généralisé la pratique de cette forme de gouvernement dans les pays africains à partir de la seconde moitié des années soixante. Malheureusement, ces régimes n’ont pas permis d’avoir les résultats escomptés, l’Afrique subsaharienne étant caractérisée à la fin des années quatre- vingts par une détérioration des conditions de vie des populations et une instabilité de l’environnement politique. Ces régimes ont ainsi perdu leur crédibilité et leur légitimité aussi bien sur le plan interne qu’externe. Les mouvements pour la libéralisation de la vie politique qui se sont alors accélérés dans la plupart de ces pays, ont permis d’obtenir des résultats qui varient selon les pays : - les pays en guerre connaissent soit une dictature implacable ou un blocage du processus démocratique : l’Angola ou la République Démocratique du Congo illustrerait ce groupe ; - les pays où le chef de l’exécutif est omniprésent et omnipotent, avec des violations fréquentes des droits de l’homme, sont qualifiés de démocrature démocratisante : il s’agit par exemple ici de la Libye, du Togo ou du Zimbabwe ; - les pays où l’alternance au pouvoir exécutif est une réalité mais où la situation politique paraît instable : ce sont les pays de démocratie molle. La Côte d’Ivoire ou le Burkina Faso pourront bien servir d’exemple ; - dans les pays en voie de démocratisation, comme le Bénin, le Ghana ou le Mali, la volonté d’appliquer les principes démocratiques semble réelle ; - les pays vivant véritablement la démocratie comme le Botswana ou l’Ile Maurice. En même temps que les africains recherchent plus de démocratie, ils visaient également l’amélioration de leurs conditions de vie. S’il paraît difficile d’établir a priori une relation entre type de régime politique et performances économiques, il est cependant prouvé que la consolidation de la démocratie exige de bonnes performances économiques. Plus que la nature du régime ce serait plutôt la pratique de la gouvernance du pays qui expliquerait la différence dans les performances économiques. La bonne gouvernance serait de nature à garantir de meilleures performances économiques. La bonne gouvernance suppose l’existence de capacités institutionnelles, humaines et matérielles adéquates ainsi que des acteurs (l’administration publique, les pouvoirs exécutif, législatif et, judiciaire ainsi que la société civile) forts et qui s’équilibrent. Or actuellement, ces conditions sont loin d’être remplies dans beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne. Dans ces conditions, la consolidation de la pratique de la bonne gouvernance dans les pays africains exige le renforcement des capacités institutionnelles et humaines des différents acteurs (notamment administration publique, pouvoir judiciaire et société civile). Abstract Advancing the argument that autocratic regimes were best placed to mobilise and organise resources to ensure development and national unity, politicians generalised the practice of this form of government in African countries starting in the second half of the 60s. Unfortunately, these regimes did not permit the anticipated results to be obtained, Sub-Saharan Africa was characterised, at the end of the 80s, by the population’s deteriorating living conditions and unstable political environment. These regimes therefore lost their credibility and their legitimacy internally as well as externally. Movements to liberalise political life, which in most countries have accelerated their activities, made it possible to obtain results that varied from one country to another: - Countries at war have either an unremitting dictator or an impediment to the democratic process; this group is illustrated by Angola or the Democratic Republic of Congo; - Countries where the chief of the executive branch is ever present and all powerful, with frequent human rights violations, is considered a “democratorship becoming more democratic”: this is the case, for example, of Libya, Togo or Zimbabwe; - Countries where the alternation of executive power is a reality but the political situation seems unstable: these countries have soft democracies. Côte d’Ivoire or Burkina Faso could be considered as examples; - In countries in the process of democratisation, such as Benin, Ghana or Mali, the determination to apply democratic principles seems real; - The truly democratic countries are Botswana or Mauritius. While Africans seek enhanced democracy, they also are aiming at improving their living conditions. If, a priori, it seems difficult to establish a link between the type of political regime and economic performances, it has been proven that the consolidation of democracy requires sound economic performances. More than the type of regime, it would be the country’s practice of governance that would explain the difference in economic performances. Good governance could guarantee better economic performances. Good governance implies the existence of appropriate institutional, human and material capacities as well as strong actors (public administration, executive, legislative and judicial powers and civil society). Currently, these conditions are far from being met in many Sub-Saharan African countries. Under these circumstances, consolidation of the practice of good governance in African countries requires strengthening the institutional and human capacities of the various actors (namely public administration, judicial power and civil society). * Professeur à la Faculté des Sciences Economiques et Sciences de Gestion (FASEG), Université de Lomé, B.P. 1515 Lomé - Togo. Email : aimegogue@hotmail.com Gouvernance en Afrique : Etat des Lieux par Tchabouré Aimé GOGUE* I - INTRODUCTION Entre 1885 et 1990 le continent africain, a connu des mutations importantes. D’abord, la Conférence de Berlin de 1885 a marqué la triste consécration du partage de l’Afrique par les puissances coloniales. Ensuite, l’une des conséquences majeures des deux guerres mondiales du 20ème siècle est l’émancipation des peuples colonisés et l’affirmation de leur volonté à mette un terme aux relations d’asservissement qui les liaient aux puissances coloniales. C’est ainsi que les années soixante se sont illustrées par la décolonisation formelle de la majorité des pays africains, le plus souvent sans violence remarquable. Malheureusement, pour la vaste majorité des populations, cette accession à l’indépendance n’a mis fin à l’arbitraire des gouvernants que pendant une courte période. Déjà au cours des années soixante, des leaders nationaux autocratiques se sont vite substitués aux dirigeants coloniaux. Enfin, il a fallu attendre un second sursaut national pour être témoin de la réaffirmation des aspirations profondes des populations à plus de liberté et à plus de démocratie. Ainsi, les mouvements de démocratisation qui se sont généralisés et cristallisés surtout au début des années quatre-vingt-dix marquent une renaissance de ces pays. Ce renouveau démocratique répond aux échecs des régimes autocratiques à atteindre les objectifs de construction de l’unité nationale et de développement économique qu’ils étaient sensés mieux adaptés à réaliser. Au cours des années soixante et soixante-dix, l’Afrique s’est illustrée par le triste record des réfugiés politiques et un nombre de plus en plus considérable de guerres civiles et de marginalisation d’une partie de plus en plus grande de la population. Sur le plan économique, après des performances relativement bonnes au cours des années soixante, les pays africains en général ont connu une chute du PIB par habitant au cours des années soixante-dix et ont traversé des crises économiques profondes durant les années quatre-vingts. Si les chocs externes et des variables liées à la géographie ont été avancés pour expliquer la détérioration des conditions économiques des années quatre-vingts, de plus en plus de voix ont plutôt pensé que la manière de gérer, a certainement été très déterminante (Sachs, J. and Warner (1997), Ndulu B.J. et S.A. O’Connor (1999), Collier et Gunnings (1999), etc.) La mauvaise gouvernance en pratique dans ces pays, serait ainsi la raison principale de l’incapacité à, d’une part, éviter les tensions et crises sociales ainsi que les violences politiques et d’autre part, formuler et mettre en œuvre les réformes de politiques économiques comprises dans les programmes de stabilisation financière et d’ajustement structurel avec le soutien du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. 6 Tchabouré Aimé GOGUE La bonne gouvernance est ainsi perçue aussi bien par les populations que les partenaires des pays africains comme indispensable pour la promotion du développement. On a ainsi assisté à des oppositions le plus souvent violentes entre, d’une part, les tenants du pouvoir et, d’autre part, les populations aspirant à plus de liberté, à plus de respects des droits de l’homme, à une meilleure distribution des richesses du pays et à une meilleure façon de diriger et de gérer le pays. Les bailleurs de fonds les plus importants du continent, les Institutions de Bretton Woods et l’Union européenne notamment, font de la bonne gouvernance un des critères d’attribution de d’aide publique au développement. Le Groupe de la Banque africaine de uploads/Politique/en-erp-67-pdf 1 .pdf
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- Publié le Sep 26, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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