ÉTUDES POUR SERVIR À L’HISTOIRE DU PONTHIEU ____________ MONOGRAPHIE DE L’ÉGLIS
ÉTUDES POUR SERVIR À L’HISTOIRE DU PONTHIEU ____________ MONOGRAPHIE DE L’ÉGLISE DE BERCK-S-MER par LÉON PLANCOUARD 1 ÉTUDES POUR SERVIR À L’HISTOIRE DU PONTHIEU ____________ MONOGRAPHIE DE L’ÉGLISE DE BERCK-S-MER Par Léon PLANCOUARD ARCHÉOLOGUE Membre de la Société française d’archéologie Correspondant de la Société académique de Boulogne s/m * * * PRODÉAT Les Églises principales sont décrites aujourd’hui mais bien peu d’édifices secondaires ont été l’objet d’une monographie. Aucune étude approfondie n’a été, jusqu’à présent, consacrée aux édifices religieux de l’arrondissement de Montreuil. Pour combler l’une de ces lacunes nous avons cru devoir publier une description complète de l’église de Berck, afin de faire connaître ses dispositions et déterminer la date de ses différentes parties ; espérons que d’autres se mettront à l’œuvre. Bien peu de descriptions cependant ont été données de cet édifice. Il faut en voir sans doute la cause dans son éloignement jusqu’à ses dernières années, de toute voies de communication. Sa bibliographie ne comprend guère que deux courtes notices dont nous allons parler. Quant aux renseignements iconographiques publiés sur Berck, ils parlent sommairement de son Église. En 1885, M. Aristide Danvin dans son livre « Berck-Guide » lui consacre quelques lignes historiques. En 1886 M. Ch. Wignier, d’Abbeville a relevé dans son ouvrage « poteries vernissées de l’ancien Ponthieu » les restes des quelques inscriptions tombales qu’on retrouve encore parmi les carreaux du pavé actuel de l’Eglise de Berck-Ville. – Deux ans plus tard, M. l’abbé E. Thobois publiait dans le cabinet historique d’Abbeville sous le pseudonyme H. Lambert, une description (quatre pages) ayant titre « Église de Berck » note courte mais bien rédigée sous le rapport archéologique ; c’est un résumé de l’histoire complète de Berck qu’il se proposait de publier. Cette année enfin, Mlle L. Duplais complète dans son livre « Berck- Ville et Plage » les données parues jusqu’à ce jour ; la première partie de cette charmante brochure donne une petite historique du vieux Berck. L’église de Berck a été gravée à plusieurs reprises, notamment en 1888 dans le cabinet historique de M. Alcius Ledieu d’Abbeville, T III – Octobre 1888 n°s 5 et 6 ; divers détails du monument accompagnaient cette planche. On peut également consulter le dictionnaire archéologique du Pas-de-Calais, un volume est relatif à l’arrondissement de Montreuil, et a été composé par M. Albéric de Calonne dont la compétence en archéologie est hors de doute. L’article relatif à Berck se trouve aux pages 315 à 321. 2 3 A Messieurs les membres du Conseil Municipal de la Ville de Berck. MM. Macquet Alfred, Maire ; Parmentier Alphonse, 1er adjoint ; Lafitte Edmond, 2e adjoint ; Macquet J-B ; Malingre Pierre ; Quettier Désiré ; Bouville-Baillet P. ; Bucquet Bridenne ; Beauvois ; Fanthome ; Michaux-Rivet ; Rivet Pierre, dit Mémé ; Drapier-Fauchet ; Macquet Joseph, dit Dez ; Bouville Lucien ; Bridenne, dit Tiojean ; Macquet Mionnet ; Cobert J-B ; Clef Pierre ; Haigneré, dit treize ans. Messieurs, Les encouragements que j’ai reçus de tous côtés et particulièrement de la municipalité me font un devoir de vous dédier ce petit opuscule que j’ai consacré à la description archéologique de l’église de Berck. C’est donc comme l’expression de ma reconnaissance que je vous prie de l’accueillir. Permettez-moi d’espérer que vous le lirez avec quelque intérêt. Tout d’abord, je n’ai pas la prétention de vous le présenter comme une œuvre d’art, ni même d’érudition. N’y voyez que la preuve du profond intérêt que je porte à la ville de Berck. C’est vous dire que bien que nouveau venu parmi vous, j’aime déjà votre ville, sa plage magnifique, ses sites variés, jusqu’à l’air qu’on y respire et que les douces brises de la mer ont rendu si salutaire. Je ne pouvais donc pas rester indifférent aux curiosités de votre ville et particulièrement aux beautés de votre Église dont l’originalité archéologique m’a particulièrement séduit. Et si j’ai le bonheur de vous intéresser j’élargirai tant soit peu le cercle de mes travaux en essayant de vous présenter, dans un ouvrage ultérieur, un aperçu historique et scrupuleusement fidèle de tout ce qui se rattache au passé de la ville de Berck. Établissements de Berck 1er Décembre 1890 4 ESQUISSE HISTORIQUE Avant d’aborder le sujet principal de notre étude, c’est-à-dire l’archéologie du monument qui nous intéresse, nous allons en esquisser rapidement l’histoire, mais comme toujours, les textes qu’on peut invoquer, sont rares et vagues. LA PAROISSE DE BERCK Le nom de paroisse invariablement donné à tous nos villages, n’avait pas, sous l’ancien régime, comme de nos jours une signification exclusivement religieuse. La paroisse, dans les désignations géographiques de l’ancienne France était l’agglomération d’habitants que nous appelons aujourd’hui la commune. Avant la Révolution nous trouvons à Berck 1° une administration religieuse confiée au curé gérant de la cure, entouré d’un conseil de fabrique comprenant un marguillier en charge, un receveur, un lieutenant, un procureur d’office, un greffier et cinq à sept marguilliers, tenant ses assemblées soit à l’église, soit au presbytère. 2° Une administration civile que nous citons pour mémoire aux mains d’un bailli « obéissant au seigneur du lieu et relevant du prévôt de Montreuil » aidé des anciens et des notables du pays. Dans les campagnes il y eut des paroisses chrétiennes dès le 4e siècle ; dans les villes un peu plus tard. Berck dont l’étymologie paraît être celtique est très ancien ; il n’y a aucun doute sur l’existence d’une paroisse avec ancienne église ou lieu destiné au culte comme dans un certain nombre de localités où se trouvait un noyau de chrétiens pendant comme après la persécution. Il n’y avait pas de pasteurs à résidence fixe, cela n’a commencé qu’avec le XIIe siècle ; ils passaient tour à tour dans les centres ; quand aux territoires, ils avaient leurs limites fixes ; c’était l’ancienne division romaine : à leur tête se trouvait un parrochus qui remplissait à peu près les fonctions de nos maires actuels et un peu celle des prêtres païens. Le bourg de Berck dont nous ne pouvons indiquer le rôle dans ces premiers temps, situé à une faible distance de Montreuil, faisait anciennement partie, au point de vue ecclésiastique, des pays soumis à la juridiction de l’évêque d’Amiens. Il était de l’archidiaconé du Ponthieu et du Doyenné de Montreuil. L’église paroissiale qui relève aujourd’hui depuis la nouvelle réorganisation diocésaine, du diocèse d’Arras et du grand décannat de Montreuil, a pour patron titulaire St.-Jean et est dédiée secondairement à St –Pierre. Dans les siècles passés, jusqu’à la Révolution il y avait à Berck un pèlerinage en l’honneur de ces deux patrons auquel prenaient part les paroisses voisines. Il était aussi d’usage, dans le pays, huit jours avant la fête de ces deux saints que les enfants allassent quêter le bois pour alimenter un feu d’or en leur honneur (24 et 29 juin). Ce feu était béni au couchant du soleil et les restes du bois servaient aux habitants comme un talisman pour détruire les rats dans leur grenier ou les insectes dans leur literie, risum teneatis ! 5 La cure de l’église de Berck était placée, avant 1789 sous le patronage de la riche et puissante abbaye de St-Josse (celle maritime de l’ordre de St.-Benoit) et le curé qui la desservait était choisi par l’abbé de ce monastère qui était lui-même sous la dépendant de celle de Ferrière 1. On ne peut préciser l’époque à laquelle la cure St.-Jean de Berck a été placée sous le patronage de l’abbé de St-Josse et malgré d’actives recherches il nous a été impossible de la découvrir même approximativement. Aurait-elle été remise à l’abbaye au XIe siècle ou après la croisade ! Autant de points en litige que nous ne pouvons élucider faute de documents. Nous savons que dès le XIe siècle la seigneurie de Berck dépendait de la chatellenie de Beaurain et de la prévôté de Montreuil la plus étendue du bailliage d’Amiens qui se composait de portions de Flandre d’Artois et de Picardie ; les chroniques du temps mentionnent Berck, mais sont muettes sur sa cure. C’est ainsi qu’elles rapportent qu’en 1065, Harold comte de Kent, fut chargé d’une mission importante auprès du duc de Normandie. Ce grand seigneur de la cour d’Edouard le Confesseur qui s’était embarqué à Bosham vit son vaisseau brisé par la tempête et jeté sur la plage de Berck à l’embouchure de l’Authie. Les officiers de la seigneurie de Berck qui recueillirent le prince anglais le conduisirent au château de la chatellenie de qui Berck dépendait : à Beaurain où se trouvait le comte Guy 1er. « Guy garda Harold par grand cure « Moult en creut mesaventure « A Belrem2 le fit envoyer « Pour faire le duc eloigner ». Harold devint roi d’Angleterre après avoir été délivré de ses chaînes par le prince normand qui devait lui ravir bientôt la couronne et la vie dans la bataille d’Hastings. Par un titre de 1123, Enguerran évêque d’Amiens confirme les paroisses (altaria) accordées à l’abbaye de St.-Josse et parmi celles-ci, Douriez, Nempont-St.-Firmin ultra aquam (de uploads/Religion/ 1891-monogra.pdf
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- Publié le Sep 17, 2022
- Catégorie Religion
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