BAPTÊME DE DÉSIR ET PRINCIPES THÉOLOGIQUES (2000) par l’abbé Anthony Cekada Not
BAPTÊME DE DÉSIR ET PRINCIPES THÉOLOGIQUES (2000) par l’abbé Anthony Cekada Note à l'attention des lecteurs francophones [2014] : pour des traditionalistes francophones, l'expression "hérésies américaines" évoque tout naturellement l'américanisme, condamné par Léon XIII, ainsi que la notion de liberté religieuse proposée par le jésuite John Courtney Murray, puis adoptée par Vatican II. On connaît moins en Europe l'hérésie appelée "feeneyisme", d'après le nom du jésuite bostonien Leonard Feeney (1897-1978). Apparu en réaction au libéralisme des jésuites de l'université de Harvard dans les années quarante et cinquante, le feeneyisme était censé avoir découvert la "véritable" signification de l'enseignement Extra Ecclesiam nulla salus (Hors de l'Église, point de salut), signification dont ses adeptes prétendaient qu'elle avait été "déformée" par les théologiens catholiques des siècles durant. Les "feeneyistes" en vinrent à nier l'enseignement catholique sur le baptême de désir et le baptême de sang. Né dans l'atmosphère puritaine de la Nouvelle-Angleterre protestante, le feeneyisme a toujours été une hérésie "de laïcs". Il n'a réuni autour de lui qu'une poignée de partisans dans le clergé catholique des États-Unis, car même le plus ignorant des prêtres catholiques américains savait, d'une part qu'il était impossible de nier des doctrines contenues dans le catéchisme et enseignées depuis des siècles par les théologiens catholiques, d'autre part qu'on pouvait encore moins prétendre que la "véritable" signification de la doctrine "Extra Ecclesiam nulla salus" fut restée cachée aux catholiques pendant des siècles pour n'être découverte qu'en 1940 par des laïcs de Boston ! Bien que leurs idées eussent été condamnées en 1949 par une lettre du Saint-Office, les feeneyites ont initialement réussi, dans une certaine mesure, à infiltrer le mouvement traditionaliste en Amérique après Vatican II. En tant que jeunes prêtres membres de la FSSPX dans les années soixante-dix, nous avons eu plusieurs occasions de rencontrer des feeneyites qui tentaient secrètement de répandre leurs erreurs au sein des congrégations. Durant ces années, les propagateurs les plus visibles des erreurs feeneyites étaient associés au St. Benedict Center, situé en Nouvelle-Angleterre. Aujourd’hui, malheureusement, leurs erreurs reçoivent une audience bien supérieure de la part du « frère » Michael Dimond, du Most Holy Family « Monastery », institution se composant uniquement de lui- même et de son frère de sang, ni l’un ni l’autre n’ayant reçu la moindre formation théologique. De crainte que le nom de cette organisation n’évoque aux fidèles français des visions de Solesmes ou de Fontgombault, force est d’avertir ceux-ci que l’essentiel de la vie monastique « bénédictine » des deux frères se passe sur YouTube et sur un site Internet. Omne ignotum pro magnifico !... Bien que le « frère » Dimond se qualifie de « sédévacantiste », les lecteurs français doivent savoir aussi que les prêtres sédévacantistes d’Amérique, de quelque sensibilité qu’ils se réclament (et nous sommes nombreux), répudient ses opinions. Je crois savoir que les feeneyites se servent désormais de l’Internet pour répandre leurs erreurs dans le monde francophone. C’est pourquoi un ami a fait en sorte que l’article ci-après soit traduit en français pour le bénéfice de nos amis traditionalistes francophones. L’article fait état d’un dossier comprenant des photocopies des travaux de docteurs de l’Église et de théologiens concernant le baptême de désir et le baptême de sang. Nous espérons pouvoir en mettre prochainement une version pdf sur l’Internet. Je tiens enfin à ajouter, à l'adresse de nos lecteurs francophones, l'avis pratique que voici : étant donné que (comme le démontre l'article ci-après), l'erreur sous-jacente des feeneyites tient à ce qu'ils rejettent les critères fondamentaux dont use la théologie catholique pour séparer la vérité de l'erreur, il est inutile d'argumenter avec eux sur la signification de textes particuliers (Boniface VIII, le Concile de Florence, etc.), car il n'existe tout bonnement aucun terrain de discussion commun avec eux. Les feeneyites vivent en effet sur une planète théologique fonctionnant selon ses propres règles, de sorte que débattre avec eux au sujet de la signification d'une déclaration magistérielle revient, malheureusement, à débattre des mérites d'une symphonie de Mozart avec un Martien sourd. 1 Quels principes les catholiques doivent-ils observer pour parvenir à la vérité ? Au fil des années, j’ai eu plusieurs occasions de rencontrer des traditionalistes – laïcs ou clercs – qui suivaient les enseignements de feu l’abbé Leonard Feeney et du St. Benedict Center relatifs à l’axiome « Hors de l’Église point de salut ». Ceux qui adhèrent entièrement à la position « feeneyite » rejettent l’enseignement ordinaire de l’Église touchant au baptême de désir et au baptême de sang. Les catholiques ne sont pourtant pas libres de rejeter cet enseignement, car il relève du magistère ordinaire universel de l’Église. Pie IX a déclaré que les catholiques sont astreints à croire tout enseignement que les théologiens considèrent comme « appartenant à la foi » et de se soumettre à ces formes de doctrine communément tenues pour des « vérités et conclusions théologiques ». En 1998, j’ai photocopié des textes sur le baptême de désir et le baptême de sang que j’avais extraits des travaux de vingt-cinq théologiens préconciliaires (y compris deux Docteurs de l’Église), et j’en ai fait un dossier. Naturellement, tous enseignent la même doctrine. Derrière le rejet de cette doctrine par les feeneyites se cache celui des principes énoncés par Pie IX et qui forment la base même de toute la science théologique. Quiconque rejette ces critères rejette aussi les fondements de la théologie catholique et échafaude une théologie à lui, dans laquelle sa propre interprétation des déclarations papales est en tous points aussi arbitraire et idiosyncratique que l’interprétation de la Bible par les libre-penseurs baptistes. Il est absolument vain de discuter du baptême de sang et du baptême de désir avec une telle personne, parce qu’elle n’accepte pas le seul critère d’après lequel doit être jugée une question théologique. On trouvera ci-après les notes d’un exposé que j’ai fait le 15 juillet 2000 quant aux principes à appliquer lorsqu’on étudie le baptême de désir et le baptême de sang. On peut se procurer le dossier susmentionné auprès de nos bureaux moyennant une somme modique. 2 Section I Quels principes l’Église vous demande-t-elle d’observer ? 1. Vous devez croire les enseignements du magistère ordinaire de l’Église, qu’il soit solennel ou universel (Vatican I) A. Principe général : - « Or, on doit croire d’une foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans les Saintes Écritures et dans la tradition, et tout ce qui est proposé par l’Église comme vérité divinement révélée, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel. » (Concile Vatican I, Constitution dogmatique sur la foi catholique, 1870, DZ 1792). B. Le Code de droit canon impose la même obligation : Canon 1323.1 C. Par conséquent, vous devez croire d’une foi divine et catholique ce qui est : 1. contenu dans les Écritures ou la tradition ; 2. ET proposé pour être cru comme divinement révélé par l’autorité de l’Église : a. soit par des déclarations solennelles (faites par des conciles œcuméniques ou par les papes ex cathedra : b. soit par le magistère ordinaire universel (enseignement des évêques en union avec le pape, soit en concile, soit dans leurs diocèses respectifs). D. Ce n’est ni « facultatif », ni « une question d’opinion » : - Cela définit l’objet de la foi – c’est-à-dire ce que vous êtes tenu de croire. - En outre, c’est de fide definita – autrement dit, c’est une déclaration infaillible, immuable et solennelle. II. Vous devez croire ces enseignements du magistère ordinaire universel considérés par les théologiens comme étant de foi (Pie IX) - « Car, même s’il s’agissait de cette mission qui doit se manifester par l’acte de foi divine, elle ne saurait être limitée à ce qui a été défini par les décrets exprès des conciles œcuméniques ou des pontifes romains de ce Siège apostolique, mais elle doit aussi s’étendre à ce que le magistère ordinaire de toute l’Église répandue dans l’univers transmet comme divinement révélé et, par conséquent, qui est retenu d’un consensus unanime et universel par les théologiens catholiques, comme appartenant à la foi » (Tuas Libenter, 1863, DZ 1683). 3 III. Vous devez vous soumettre aux décisions doctrinales du Saint-Siège et aux autres formes de doctrine communément tenues pour des vérités théologiques et des conclusions (Pie IX). A. Principe général - « Mais quand il s’agit de cette soumission qui oblige en conscience tous les catholiques qui s’adonnent aux sciences de l’esprit, pour rendre de nouveaux services à l’Église par leurs écrits, les membres de ce congrès doivent reconnaître qu’il est absolument insuffisant pour des savants catholiques de recevoir et de révérer les dogmes de l’Église dont nous avons parlé, mais qu’il est aussi nécessaire de se soumettre aux décisions touchant la doctrine qui sont édictées par les congrégations pontificales, ainsi qu’aux points de doctrine que le consensus commun et constant des catholiques tient pour des vérités théologiques et des conclusions si certaines que les opinions qui leur sont contraires, même si elles ne peuvent être dites hérétiques, méritent cependant quelque censure théologique » (Tuas uploads/Religion/ abbe-anthony-cekada-bapteme-de-desir-et-principes-theologiques-version-2014 1 .pdf
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- Publié le Apv 07, 2021
- Catégorie Religion
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