Table des Matières Table des Matières Page de Copyright DU MÊME AUTEUR AVANT-PR

Table des Matières Table des Matières Page de Copyright DU MÊME AUTEUR AVANT-PROPOS INTRODUCTION CHAPITRE PREMIER Torquemada, inquisiteur général L'Inquisition dans la couronne d'Aragon L'expulsion des juifs Les judaïsants portugais Les chuetas de Majorque Les morisques L'héritage sémite de l'Espagne La pureté de sang CHAPITRE II L'affaire Lucero L'Inquisition confirmée Luthéranisme et érasmisme en Espagne L'illuminisme Les protestants de Valladolid et de Séville Le tournant antimystique de 1559 L'Inquisition et les sorcières La foi et les mœurs La fin de l'Inquisition CHAPITRE III L'inquisiteur général Le Conseil de l'Inquisition Les districts inquisitoriaux Les inquisiteurs L'accusateur public Le personnel subalterne Le personnel bénévole Les privilèges du Saint-Office Les finances du Saint-Office CHAPITRE IV L'édit de foi L'arrestation L'instruction La torture Le verdict L'autodafé Les victimes du Saint-Office CHAPITRE V L'Inquisition et le développement économique L'Inquisition et le livre4 L'Inquisition et la science L'Inquisition et la littérature L'Inquisition et la vie intellectuelle CHAPITRE VI CONCLUSION ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE TABLE DES MATIÈRES © Librairie Arthème Fayard, 2002. 978-2-213-65943-5 DU MÊME AUTEUR AVANT-PROPOS Ce livre se propose de faire le point sur la forme que l'Inquisition a prise en Espagne, c'est-à-dire dans une partie seulement des États placés sous l'autorité de Ferdinand et d'Isabelle, puis des Habsbourgs et, enfin, des premiers Bourbons. On ne trouvera donc ici que de rares et brèves allusions à l'activité du Saint-Office dans nombre de territoires de la couronne de Castille — les Canaries, les vice-royautés de la Nouvelle-Espagne et du Pérou — et de la couronne d'Aragon — la Sicile. Ce choix n'est pas arbitraire : l'Inquisition a été créée, à la fin du XVe siècle, pour résoudre un problème spécifique, celui que posait la présence de milliers de juifs convertis dans la péninsule Ibérique. Il est donc légitime d'examiner de préférence la façon dont l'Inquisition s'est attaquée à ce problème en Espagne, même si, à partir du XVIe siècle, elle a étendu sa compétence à d'autres minorités et si elle s'est implantée dans d'autres aires géographiques. INTRODUCTION De l'Espagne des trois religions à l'Espagne inquisitoriale Entre 1478 et 1502, Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon prennent trois décisions complémentaires : ils obtiennent du pape la création de l'Inquisition ; ils expulsent les juifs ; ils obligent les musulmans de la couronne de Castille à se convertir au catholicisme. Ces mesures vont dans le même sens : elles visent à instaurer l'unité de foi. Les souverains donnent ainsi l'impression de rompre avec la politique antérieure ; la tolérance à l'égard des confessions non chrétiennes semble faire place à l'intransigeance et à la persécution. En réalité, cette tolérance n'en était une qu'en apparence. Il faut renoncer à une idée reçue, celle d'une Espagne dans laquelle les trois religions du Livre — chrétiens, musulmans et juifs — auraient vécu en bonne intelligence pendant les premiers siècles de la domination musulmane, puis dans l'Espagne chrétienne des XIIe et XIIIe siècles. La tolérance suppose absence de discrimination à l'égard des minorités et respect de l'autre. Dans la péninsule entre le VIIIe et le XVe siècle, on ne voit rien qui y ressemble : chrétiens et musulmans sont également convaincus qu'ils détiennent la vérité et que leur foi est incompatible avec celle des autres ; s'ils se montrent tolérants, c'est parce qu'ils ne peuvent faire autrement ; ils acceptent à contrecœur ce qu'ils n'ont pas les moyens d'interdire. C'est la force des choses qui a rendu possible la présence de communautés chrétiennes en terre d'islam et de minorités de mudéjares — c'est-à-dire de musulmans — dans les royaumes chrétiens, sans parler des juifs, que l'on trouve partout. Il convient donc de nuancer l'originalité de l'Espagne médiévale. On est en présence d'une tolérance de fait, subie plus que voulue. Il est vrai qu'en terre d'islam le pacte dit de la dhimma prévoyait des dispositions particulières pour les « gens du Livre », juifs et chrétiens : on ne les contraignait pas à se convertir ; ils avaient droit à un statut, ce qui ne veut pas dire qu'ils étaient placés sur un pied d'égalité avec les musulmans ; juifs et chrétiens étaient, au contraire, soumis à des discriminations civiles et juridiques. Ce statut leur a néanmoins permis de conserver, en même temps que leurs biens, la liberté de pratiquer leur culte et une relative autonomie juridique. En contrepartie, les non-croyants étaient assujettis à de lourdes contributions. Les juifs se sont rapidement intégrés dans la société musulmane. Une minorité s'était spécialisée dans le commerce, la finance, le prêt à intérêt. Étant donné que de nombreux juifs avaient adopté l'arabe comme langue de communication et comme langue de culture, les autorités leur confiaient volontiers des tâches administratives impopulaires, par exemple le recouvrement des impôts. À plusieurs reprises, on a pu voir des juifs occuper de hautes responsabilités au sommet de l'État, mais il s'agit là de promotions individuelles et exceptionnelles ; l'immense majorité de leurs coreligionnaires vivaient dans des conditions beaucoup plus modestes. D'autre part, la situation sociale de ces juifs de Cour les exposait au ressentiment et à la vindicte populaire en période de difficultés ; les hautes fonctions qu'ils exerçaient contrevenaient explicitement au pacte de la dhimma qui interdisait aux non-croyants d'avoir autorité sur des croyants ; leur chute était alors aussi rapide que l'avait été leur élévation ; ils n'avaient aucune garantie contre d'éventuels revers de fortune. La prospérité des juifs à cette époque n'a été possible qu'à cause de la négligence et du laxisme des autorités musulmanes, et cette prospérité était précaire ; bien loin d'être la conséquence d'une politique délibérée d'ouverture et de tolérance, elle dépendait entièrement de la bonne volonté, donc de l'arbitraire et du caprice des souverains. La seconde vague d'invasion musulmane, à la fin du XIe siècle et au milieu du XIIe, a mis fin à cette situation. Les Almoravides et surtout les Almohades se sont montrés intransigeants à l'égard des non-croyants. Persécutés, les juifs ont alors trouvé refuge dans les royaumes chrétiens du Nord où les princes leur ont fait bon accueil parce qu'ils venaient d'un pays — al-Andalus — dont la civilisation, à l'époque, était bien supérieure à celle de l'Espagne chrétienne, qu'ils parlaient l'arabe, qu'ils connaissaient l'organisation politique, économique et sociale des territoires musulmans, qu'ils étaient au courant des techniques commerciales les plus avancées. Les souverains de l'Espagne chrétienne ont donc encouragé les juifs à s'installer sur leur territoire, malgré l'Église catholique qui, depuis le quatrième concile de Latran (1215), cherchait à réduire les contacts entre les juifs et les chrétiens aux seules transactions économiques : interdiction des mariages mixtes, défense faite aux juifs d'employer des chrétiens et d'occuper des fonctions qui leur donnent autorité sur les chrétiens, etc. En Espagne même, le concile de Zamora (1312) reprend et aggrave ces injonctions : les chrétiens ne devaient pas prendre de repas avec des juifs, ni employer des nourrices juives, ni avoir des rapports sexuels avec des juifs ou des juives ; on suggérait encore d'obliger les juifs à porter un signe distinctif. Les rois se sont bien gardés de suivre ces recommandations ; à leurs yeux, les juifs étaient des auxiliaires précieux dans les rapports diplomatiques et pour la mise en valeur des territoires reconquis, mais, dans l'Espagne chrétienne comme naguère dans l'Espagne musulmane, ils étaient loin d'être placés sur le même plan que les fidèles de la religion dominante. Le célèbre code juridique promulgué par le roi de Castille Alphonse X (1252-1284) — les Partidas — est de ce point de vue tout à fait explicite : les juifs sont autorisés à vivre parmi les chrétiens, dans une sorte de captivité perpétuelle, « afin que leur seule présence rappelle qu'ils descendent de ceux qui ont crucifié Notre Seigneur Jésus-Christ ». On est bien dans l'esprit des textes liturgiques qui, du VIIe siècle jusqu'à 1959, invitaient les fidèles, le jour du vendredi saint, à prier pour les juifs « perfides » — pro perfidis judaeis. Certes, cette « perfidie » signifiait manque de foi, incrédulité ou infidélité, mais l'expression avait fini par prendre le sens de fourberie, entretenant par là même l'hostilité du peuple chrétien. Dans l'Espagne médiévale, on a donc vu coexister tant bien que mal trois religions — la musulmane, la chrétienne et la juive —, mais il n'y a jamais eu que deux civilisations dominantes : d'abord, la civilisation arabe, puis la civilisation chrétienne ; la première a été la plus riche et la plus brillante jusqu'à ce que, à partir du XIIe siècle, la seconde l'emporte définitivement. Les juifs ont assimilé successivement l'une et l'autre, ce qui leur a permis de jouer le rôle d'intermédiaires au tournant des XIe-XIIe siècles, sans renoncer à leurs traditions religieuses. C'est dans ces conditions que se sont constituées, dans l'Espagne médiévale, des communautés juives — on disait des aljamas — dotées d'une autonomie relative : elles s'administraient elles-mêmes sous l'autorité de leurs magistrats ; elles disposaient de leurs synagogues, de leurs écoles, de leurs cimetières. Ces aljamas n'étaient pas des ghettos ; les juifs choisissaient librement leur domicile ; s'ils préféraient se regrouper dans certains quartiers, uploads/Religion/ breve-histoire-de-l-x27-inquisition-joseph-perez.pdf

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  • Publié le Jan 06, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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