LA CROIX SANS PEINE Dominique Jardin Grand Orient de France | « La chaîne d'uni

LA CROIX SANS PEINE Dominique Jardin Grand Orient de France | « La chaîne d'union » 2015/1 N° 71 | pages 34 à 47 ISSN 0292-8000 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-la-chaine-d-union-2015-1-page-34.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Grand Orient de France. © Grand Orient de France. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Beaucoup de maçons contemporains ne s’attendent guère à trouver le motif de la croix en loge2. Pourtant, le premier dessin de loge chez les Anciens, représenté dans Le dialogue de Simon et Philippe (1725), est réalisé sous forme de croix et le motif va vite devenir commun, en particulier dans les hauts grades où il « marque » les grades chevaleresques. La chevalerie maçonnique reste en effet influencée par le christianisme, voire par les croisades. Cette notion de chevalerie se retrouve dans les principaux rites que sont les rites Français, Ecossais Rectifié, Ecossais Ancien Accepté. Chacun d’eux adopte la croix comme motif symbolique essentiel à un moment ou à l’autre du parcours proposé, mais les croix présentées ici sont celles de grades qui se construisent en amont de leur structuration en rites. L’idée qui préside à cet essai de typologie des motifs recensés est celle de l’emprunt au champ religieux réalisé par le champ maçonnique au XVIIIe siècle avec parfois des glis- sements de significations qui autorisent progressivement la projection sur la croix de tout un discours autre que religieux dans un contexte de déchristianisation au moins relative des grades à la fin du siècle. Il ne peut s’agir, dans le cadre limité de cet article, de proposer une herméneutique3 ou une véritable étude des croix maçonniques, mais a a f fr ra an nc c- -m ma aç ço on nn ne er ri ie e a a e em mp pr ru un nt té é a au u c ch ha am mp p r re el li ig gi ie eu ux x, , d dè ès s l le e 1 18 8 e e s si iè èc cl le e, , d de e n no om mb br re eu ux x m mo ot ti if fs s – – d do on nt t l la a c cr ro oi ix x s so ou us s p pl lu us si ie eu ur rs s f fo or rm me es s – – q qu u’ ’e el ll le e a a t tr ra an ns sf fo or rm mé és s e et t a au ux xq qu ue el ls s e el ll le e a a d do on nn né é p pa ar rf fo oi is s u un n t to ou ut t a au ut tr re e s se en ns s. . I Il l c co on nv vi ie en nt t d d’ ’y y p po or rt te er r a at tt te en nt ti io on n, , m mê êm me e s si i d de e n no om mb br re eu ux x m ma aç ço on ns s, , n no ot ta am mm me en nt t a au u G Gr ra an nd d O Or ri ie en nt t d de e F Fr ra an nc ce e, , n ne e s s’ ’a at tt te en nd de en nt t g gu uè èr re e à à t tr ro ou uv ve er r u un ne e c cr ro oi ix x e en n l lo og ge e. . LA CROIX SANS PEINE PAR DOMINIQUE JARDIN L L DOSSIER SYMBOLES RARES ET INSTRUCTIFS LA CHAÎNE D’UNION n°71 G Janvier 2015 G 35 © Grand Orient de France | Téléchargé le 20/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 200.113.251.96) © Grand Orient de France | Téléchargé le 20/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 200.113.251.96) LA CROIX SANS PEINE LA CHAÎNE D’UNION n°71 G Janvier 2015 DOSSIER plutôt de montrer leur diversité et leur richesse à travers une esquisse de classement, parfois brièvement énumératif. L’iconographie présentée s’appuie surtout sur les tableaux de loge et privilégie ceux du XVIIIe siècle4. Les types de croix recensés dans les différents grades maçonniques ne se mélangent pas. Très variées de couleurs et de formes, les croix permettent d’identifier assez surement ces grades, du moins lorsqu’il s’agit des formes d’origine. A compter du XIXe siècle, les formes ont tendance à se juxtaposer (plusieurs formes pour un même grade), à se mélanger (croix pattée, pas très distincte de la croix de Malte), à se substituer les unes aux autres. Le manque de place nous oblige à ne présenter qu’une occurrence de chaque type de croix alors qu’il en existe des dizaines. Enfin, les contraintes des reproductions en noir et blanc supposent d’imaginer les couleurs rouges, noires ou dorées des différentes croix. LE MOTIF DE LA CROIX ET LA FRANC-MAÇONNERIE L’apparition du motif de la croix comme substitut de celui du cœur sur les décors et les tableaux de loge Le grade de Sublime Chevalier Elu, futur onzième grade du REAA,est le premier grade où apparaissent à la fois la notion de chevalerie et la croix. Le rituel Kloss XXVII (circa 1804) décrit le cordon du grade comme un large ruban noir sur lequel sont peints ou brodés trois cœurs enflammés et le tablier « blanc avec une croix rouge ». Le motif du bijou du grade de Sublime Chevalier Elu, commandant des douze tribus, est précisé par le texte du rituel du Rite de Perfection : « À la place du cœur enflammé qui, du temps de la loi écrite, était la marque distinctive du Sublime Elu, nous portons, de nos jours, une croix, qui vous est maintenant montrée ». La croix remplace le motif du cœur mais se porte sur l’emplacement du cœur ! On retrouve la croix du Sublime Chevalier Elu, rouge cette fois, sur les tableaux de loge, d’abord à côté du cœur enflammé sur le tableau du dix-huitième grade du duc de Chartres (fig. 1), puis s’y substituant sur les autres tableaux de Chevalier Rose-Croix (fig. 2). La croix tréflée, cantonnée des lettres CKES, est dessinée sur une médaille attribuée d’abord au Chevalier de l’Occident puis, par un ajout manuscrit, au Chevalier Rose-Croix (fig. 3). La croix du Sublime Chevalier Elu est donc bien à l’interface des deux grades du Sublime Elu et du Rose-Croix, tout comme le texte du grade et son tableau intitulé Chevalier Rose-Croix. En fait, seuls les palmiers, ainsi que la croix boulée ou tréflée qui remplace le cœur enflammé, marquent, au plan iconographique, une différence entre les tableaux des septième et dix-huitième grades du REAA. En revanche, les légendes de ces derniers tableaux sont explicites et les attribuent clairement au Chevalier Rose-Croix. Leurs motifs permettent donc de jeter un pont entre les septième et onzième grades d’une part et entre onzième et dix-huitième grades d’autre part. La croix prend 36 G © Grand Orient de France | Téléchargé le 20/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 200.113.251.96) © Grand Orient de France | Téléchargé le 20/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 200.113.251.96) LA CROIX SANS PEINE LA CHAÎNE D’UNION n°71 G Janvier 2015 DOSSIER certes la place du cœur, mais désormais la rose y est associée et concrétise le cœur d’une autre manière. L’un des deux acrostiches du dix-huitième grade, INRI, IgneNaturaRenovaturIntegra, en reprenant la thématique du feu, associée à celle du phénix, apparaît ici comme une transposition du cœur enflammé, illustrant la symbolique du grade, tout entière centrée sur l’amour. L’autre et première version d’INRI, qui correspond aux premiers rituels, est celle de Judée, Nazareth, Raphaël, Juda. Le motif chrétien de la croix se décline donc de manière particu- lière dans l’iconographie et les rituels maçonniques, les premiers rituels Rose-Croix ne présentant, uploads/Religion/ cdu-071-0034.pdf

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  • Publié le Dec 13, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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