Christologie I Prof. F. Emery 1er semestre 2009 Université de Fribourg Présenta

Christologie I Prof. F. Emery 1er semestre 2009 Université de Fribourg Présentation du cours L’approche théologique se concentre sur la foi au Christ ainsi que sur le salut. « Le Seigneur a enseigné que la connaissance qui rend bienheureux consiste à connaître deux choses : la divinité de la trinité et l’humanité du Christ. C’est pourquoi, toute la connaissance de foi se rapporte à ces deux choses, la divinité de la trinité et l’humanité du Christ. Rien d’étonnant à cela puisque c’est l’humanité du Christ qui nous donne accès à la divinité. » (St Thomas, extrait du compendium de théologie). La confession de foi de Chalcédoine dans l’unique personne du Christ en ses deux natures constitue la règle fondamentale de la christologie dogmatique. Cette confession de foi s’enracine dans les saintes écritures, développés ensuite par les Pères et formalisés à Chalcédoine repris par les conciles ultérieurs. La foi est la même mais c’est l’intelligence du mystère du Christ et l’expression doctrinale de la foi au Christ. Cet aspect d’intelligence de la foi n’est pas seulement une curiosité historique à travers les conciles du premier millénaire mais le meilleur moyen de nous approprier la foi de l’Eglise, dans le foisonnement des doctrines christologiques, où trouver les critères si ce n’est dans la tradition des pères et des conciles. Et le meilleur moyen de nous approprier la tradition de l’Eglise c’est de refaire à notre tour le parcours de l’Ecriture et des Pères. Le but est donc d’acquérir les fondements pour une réflexion christologique. Il s’agit de rendre compte de la foi au Christ à partir de la contemplation (au sens de scrutation du mystère du Christ) ainsi que d’orienter l’agir chrétien, la formation chrétienne. Quelques éléments de christologie du Nouveau- Testament Préambule : Une vie et une mort situées dans le temps L’histoire atteste de la naissance, de la vie vertueuse, des miracles, de la passion, de la crucifixion de Jésus ainsi que ses disciples ont annoncés la résurrection du Christ. Les historiens de l’époque posent également la question « peut-être était-il le messie ». Pline évoque trois éléments caractéristiques des chrétiens : la liturgie, la foi au christ et la vie morale. La Christologie « ancienne » (exaltation, chair-Esprit) Le point de départ historique de la christologie c’est la mort et la résurrection du Christ dont la catéchèse est fixée bien avant les écrits évangéliques. Catéchèse condensée dans le kérygme (1 Co 15,3-5) que St Paul a lui-même reçu. Cette catéchèse comporte quatre éléments : la mort de Jésus pour nos péchés, sa mise au tombeau, sa résurrection, ses apparitions aux premiers témoins et le tout conformément aux écritures. La première christologie exprime la nouveauté de la foi chrétienne en se servant des catégories palestiniennes (juives)[cf. biblio 2.2.19]. Le premier aspect c’est la christologie de l’exaltation. La christologie de l’exaltation Le vocabulaire de l’exaltation de Jésus n’est pas le plus fréquent dans le NT. On le trouve dans les Actes des apôtres, chez St Jean (Jn 3,14 ; 8,28 : quand vous aurez élevé (= hupsoô = exaltation) le Fils de l’homme… ; Jn 12,32.34), chez St Paul (Ph 2,9 huperupsoô = hyper exalté). La christologie de l’exaltation se fonde sur le fait que Dieu par la résurrection a donné au Christ le pouvoir de messie sauveur. Cette christologie est liée à deux thèmes en particulier. Le premier est celui de la session du Christ à la droite de Dieu (Rm 8,34 ; Mc 12,36 ; Ps 110,1 ; Ac 7,55). Le deuxième est le nom Seigneur (Kyrios) qui est constamment associé à l’exaltation de Jésus. Jésus reçoit le nom de Seigneur en raison de sa résurrection. Cette christologie dite ancienne considère que par sa résurrection que Jésus est intronisé dans sa royauté messianique. [Gourgues 2,13 p 163-168] Actes 2,32-36 C’est le tout premier discours de St Pierre à la Pentecôte. Il comporte trois parties : 1. Le Christ est ressuscité. 2. L’Esprit promis par Dieu est la cause du phénomène de la prophétie à la Pentecôte 3. Ce Christ que Dieu a ressuscité c’est de Lui que vient l’Esprit St Pierre place un accent très net sur l’identité du ressuscité, c’est ce Jésus là (Ac 2,22). Le point de référence c’est Jésus dans son individualité historique, dans son existence publique et sa mise à mort. Sa résurrection est une œuvre de Dieu, de Dieu le Père. Quant à Jésus, c’est son humanité qui est au premier plan. Nous ne sommes pas encore dans un rôle de Jésus pour sa résurrection comme en Jn 10,17-18. Dans la résurrection interviennent trois acteurs, Dieu le Père qui ressuscite, Jésus qui est ressuscité et l’Esprit Saint que le Père donne à Jésus qui le répand. St Pierre fournit ici le motif du parler en langue des apôtres. Jésus a été exalté par un effet de la puissance divine. Etre exalté c’est entrer dans la plénitude de la communion avec Dieu, c’est partager les prérogatives de Dieu, parce que Jésus reçoit l’Esprit promis et Il le répand ce qui est un privilège divin, il n’y a que Dieu qui puisse donner l’Esprit Saint. En Ac 2,17-18 St Pierre reprend Joël 3,1-5 qui marque le fait que seul Dieu peut répandre l’Esprit. En résumé, c’est Dieu seul qui répand l’Esprit Saint, or Dieu est aux cieux dans sa gloire, c’est de là que l’Esprit est répandu par conséquent pour pouvoir répandre l’Esprit Saint il faut partager Sa gloire et c’est précisément ce que l’exaltation confère à l’humanité de Jésus. [Dupont 2.2.12] L’exaltation exprime la résurrection dans toute son ampleur avec ses déploiements et ses conséquences et c’est dans ce sens qu’est cité le Ps 110,1 dans la session à la droite du Père. L’application de ce psaume à Jésus signifie l’exaltation de Jésus en sa qualité de messie et évoque aussi la figure du Fils de l’homme de Daniel 7,13. Jésus en tant que exalté occupe une place unique que personne d’autre ne partage, Il est avec le Père dans la plus grande intimité, une intimité divine et c’est ça que l’exaltation met au grand jour. [Hengel 2.2.15] On a dit l’identité profonde de Jésus en indiquant la communion intime avec son Père et c’est le premier pas vers le consubstantiel de Nicée. L’exaltation signifie pour le Christ la communion et la participation aux privilèges divins. Ac 2,36 St Pierre donne deux titres : Seigneur et Christ. Dire que Jésus est Seigneur c’est lui reconnaître une dignité équivalente à celle de Dieu Lui-même, c’est l’expression de la foi de Pâques qui est lié au culte que l’on rend au Christ. Ce transfert du nom du Dieu de la foi juive sur la personne de Jésus signifie que Jésus se trouve dans la proximité la plus étroite avec Dieu, que Jésus est inclus dans l’identité de Dieu Lui-même. Jn 20,28 nous rapporte l’exclamation de Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu » et c’est ce que la foi de Pâques met en lumière. Le titre de Christ est fruit de l’exaltation. Dieu l’a fait Christ et Seigneur par l’exaltation. C’est la nouveauté de la résurrection que Jésus est Seigneur et Christ, c’est l’exaltation qui met ces titres en pleine lumière. Les apôtres expriment ce que la résurrection a mis en pleine lumière, puis ils discernent cette lumière dans les évènements terrestres de la vie de Jésus. La résurrection est l’onction par excellence qui confère à Jésus la plénitude de sa messianité. Le mot Christ évoque celui qui est oint, qui est oint comme roi, le roi- messie. Le messie est celui par qui les dons de Dieu sont assurés pour le peuple et c’est ce que fait l’exaltation car le don de Dieu c’est l’Esprit Saint. Le Christ est manifesté comme Christ en tant qu’il répand l’Esprit. Le titre Christ se réfère à la royauté messianique, le nom Seigneur connote le nom propre de Dieu dans l’AT ce que n’évoque pas le nom messie qui renvoi à l’humanité de Jésus. Actes 5,30-32 Jésus est identifié comme ce Jésus identifié par son exécution au gibet. Il n’y a pas ici de coupure entre le Christ de l’histoire et le Christ de la foi. L’exaltation de Jésus a valeur d’authentification de ce que Jésus a fait été enseigné. En Ac 5,31 nous avons l’exaltation puis il y’a deux nouveaux titres qui sont donnés à Jésus, le premier est celui de archégos c'est à dire chef, prince, initiateur qui signifie celui qui entraîne les autres, c’est le pionnier, le premier de cordée (Ac 3,15 prince de la vie ; He 2,10 prince, initiateur du salut; He 12,2 prince de la foi). Son exaltation fait de Jésus tout à la foi le premier bénéficiaire de la vie en son humanité corporelle et le donateur de la vie à tous les autres qui la reçoivent par Lui. Le deuxième titre est celui de sauveur (sôtér) qui est très cher à St Luc. Jésus apparaît comme sauveur par sa résurrection. Jésus est sauveur dans la mesure où il répand l’Esprit Saint. uploads/Religion/ christologie-i.pdf

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  • Publié le Oct 31, 2022
  • Catégorie Religion
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