1 LA FORCE DU SILENCE contre la dictature du bruit... J’ai déjà abordé le thème

1 LA FORCE DU SILENCE contre la dictature du bruit... J’ai déjà abordé le thème de « l’Esprit-Saint » quatre années de suite ! • La 1ère fois avec un exposé sur la « Lectio divina » ; l’année suivante, une étude du Veni Creator, d’après le livre du père Raniero Cantalamessa, • puis, en 2012, j’ai abordé la vie dans l’Esprit Saint, comme restauration intérieure, • enfin, l’an passé : « Vivre avec l’Esprit Saint », qui se voulait un modeste vade-mecum pour vous inciter à expérimenter cette vie de l’Esprit… Et puis, la Providence faisant bien les choses, j’ai découvert le livre d’entretiens du cardinal Robert Sarah avec Nicolas Diat, intitulé : « La force du silence » avec en sous-titre : face à la dictature du bruit … Je me suis dit que je tenais mon sujet, celui qui convenait à notre époque de plus en plus bruyante, alors que la technique et les biens matériels ne cessent d’étendre leur emprise. Le cardinal Robert Sarah est Guinéen, né en 1945, c’est une des figures les plus importantes du monde catholique d’aujourd’hui. Il est le numéro trois du Vatican. Nicolas Diat est lui, écrivain. C’est un spécialiste reconnu de l’Eglise ; il est l’auteur d’un livre de référence sur le pontificat de Benoît XVI « l’homme qui ne voulait pas être pape » (Albin Michel, 2014). Avec le cardinal Sarah, il avait déjà publié chez Fayard, en 2015, un premier livre intitulé « Dieu ou rien. Entretien sur la foi ». Cette fois-ci, dans « La force du silence », le cardinal s’interroge : les hommes qui ne connaissent pas le silence peuvent-ils jamais atteindre la vérité, la beauté et l’amour ? Sa réponse est claire : tout ce qui est grand et créateur est formé de silence… car DIEU EST SILENCE ! D’où l’importance du silence qui est, si je puis dire, le creuset de la vie intérieure et du discernement, pour que naisse une parole véritable. C’est ce qu’écrivait déjà Romano Guardini - prêtre Italien, théologien et philosophe des religions, dont s’ouvrira en décembre prochain le procès en béatification. Ses écrits ont influencé la pensée de Benoit XVI et du Pape François. Voici ce qu’il écrivait en 1954 dans son livre « Le Dieu vivant » : « Les grandes choses s’accomplissent dans le silence. Non pas dans le bruit et la mise en scène des événements extérieurs, mais dans la clarté du regard intérieur, dans le mouvement discret de la décision, dans des sacrifices et des victoires cachés, quand l’amour touche le cœur, que l’action sollicite l’esprit libre. Les puissances silencieuses sont les puissances vraiment fortes. » De même, le bienheureux père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, dans son admirable « Je veux voir Dieu » écrit : « Pour le spirituel qui a goûté Dieu, silence et Dieu semblent s’identifier. Car Dieu parle dans le silence et seul le silence paraît pouvoir exprimer Dieu. » Le cardinal Sarah, lui, fait cette remarque : « Beaucoup de nos contemporains ne peuvent accepter le silence de Dieu. Ils n’admettent pas qu’il soit possible d’entrer en communication autrement que par des paroles, des gestes ou des actions concrètes et visibles. Or Dieu parle par son silence. Le silence de Dieu est une parole. Son Verbe est solitude. La solitude de Dieu n’est pas une absence, elle est son être même, sa silencieuse transcendance ». 2 Au cœur de l’homme, il y a un silence inné, car Dieu demeure au plus intime de chaque personne. Dieu est silence et ce silence divin habite l’homme. Si nous ne cultivons pas ce silence comment trouver Dieu ? L’homme aime voyager, créer, faire de grandes découvertes… Mais il reste au-dehors de lui-même, loin de Dieu qui est silencieusement dans son âme… C’est ce que dit Saint Paul (Tm 10, 6-9) en s’appuyant sur le Deutéronome (30, 12-14.16) : « La parole est tout près de toi, sur tes lèvres et dans ton cœur, entends : la parole de la foi que nous proclamons. En effet, si tes lèvres proclament que Jésus est Seigneur, et si ton cœur croit que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. » Saint Augustin ne dit pas autre chose dans ces lignes magnifiques tirées des « Confessions », où il confie sa propre expérience : « Tard je tai aimée, ô Beauté, si ancienne et si nouvelle, tard je t’ai aimée. Ah ! Voilà : tu étais au-dedans de moi, et moi j’étais au-dehors, et c’est au-dehors que je te cherchais, dans ma laideur, je me précipitais sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n’étais pas avec toi »… Si le silence n’habite pas l’homme, et si la solitude n’est pas un état où il se laisse façonner, la créature est privée de Dieu. Il n’y a de lieu au monde où Dieu se trouve plus présent que dans le cœur humain. Ce cœur est vraiment la demeure de Dieu, le temple du silence… Que ce soit Moïse, Elie ou Jean le Baptiste, tous ont rencontré Dieu dans le grand silence du désert. Mais qu’est-ce à dire ? Vous comprenez bien qu’il ne s’agit pas uniquement d’une solitude ou d’un mouvement géographique, mais plutôt d’un état intérieur. Il ne suffit pas non plus de se taire : il faut devenir silence et pour cela, sortir du tumulte intérieur qui nous habite… car le véritable désert est au- dedans de nous, dans notre âme. Hélas les puissances mondaines (dixit le pape François) qui cherchent à façonner l’homme moderne, écartent méthodiquement le silence. Quand je dis cela je pense à l’hyper connexion dans laquelle nous vivons avec la généralisation du smartphone qui a débuté dans le monde du travail - tout particulièrement dans celui de la finance - puis a envahi la sphère privée… ce qui pose la question de la présence à l’autre, à l’environnement, à une œuvre d’art, à une relation amoureuse, à Dieu… On pense être présent à tout le monde grâce à la connexion. Mais en réalité, on finit par ne plus jamais être présent à rien ni à personne car on est sans arrêt ailleurs ! C’est ce qu’ont bien compris les concepteurs des applications, dans la Silicon Valley qui font des cours de « méditation » et envoient leurs enfants dans des écoles sans écran ! Et que dire des réseaux sociaux qui ont décuplé la parole en l’étendant à tout un chacun. A chaque événement, vite un post, un tweet… il faut d’urgence donner son opinion, faire passer « ses idées ». Que ce soit la dernière sortie d’Emmanuel Macron, du Pape François sur les migrants, les cyclones Irma et José… chacun s’improvise politologue ou théologien. L’internaute devient ainsi un lobbyiste de ses propres causes et alimente le buzz. Où sont passés nos questions, nos tâtonnements devant la complexité du réel ? Depuis l’époque lointaine où l’on gardait tout pour soi, nous nous sommes tellement désinhibés qu’il n’y a plus de limite : dans la violence, l’insulte, la surexposition de soi qui détruit l’intime et l’identité profonde. Dans notre société où le flot de paroles est incessant, qu’est-ce qui retient notre attention ? Avons-nous déjà entendu l’interpellation de Jésus au milieu de tout ce brouhaha ? Comment pourrions-nous d’ailleurs l’entendre ? 3 C’est ce que pointe le cardinal Sarah quand il dit : « Aujourd’hui, la parole facile et l’image vulgaire sont les maîtresses de bien des existences. J’ai le sentiment que l’homme moderne ne sait pas arrêter le flot ininterrompu d’une parole sentencieuse, faussement morale, et le besoin boulimique d’icônes frelatées. Le silence des lèvres semble impossible aux hommes d’Occident. Mais les médias tentent aussi les sociétés africaines et asiatiques en les poussant à se perdre dans une jungle surabondante de paroles, d’images et de bruits. Les écrans lumineux ont besoin d’une nourriture gargantuesque pour distraire l’humanité et détruire les consciences. Le fait de se taire revêt l’apparence d’une faiblesse, d’une ignorance ou d’un manque de volonté. En régime moderne, l’homme silencieux devient celui qui ne sait pas se défendre. Il est un sous-homme. A contrario, l’homme soi-disant fort est un être de paroles. Il écrase et noie l’autre dans les flots de ses discours. » Il termine par cette conclusion : « Les paroles n’ont-elles aucun sens ? Qu’importe. Le bruit a acquis la noblesse que le silence possédait autrefois ». Nous devons réapprendre à nous taire pour retrouver une éthique du langage… parce que les paroles nous engagent autant que les actes. A ce propos, connaissez-vous la règle des trois tamis, établie par le philosophe Socrate ? Je la trouve tellement pertinente que je l’ai imprimée à votre intention pour vous en faire bénéficier ! 1er tamis : celui de la vérité (as-tu vérifié que ce que tu veux me dire est vrai ?) 2ème tamis : celui de la bonté (ce que tu veux m’apprendre est-ce quelque chose de bon ?) 3ème tamis : celui de l’utilité (est-ce utile que je l’apprenne ?) uploads/Religion/ la-force-du-silence.pdf

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  • Publié le Mar 18, 2021
  • Catégorie Religion
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