. PUBLICATIONS DE L'INSTITUT FRANÇAIS D'INDOLOGIE No 38 LA DOCTRINE DE MADHYA D
. PUBLICATIONS DE L'INSTITUT FRANÇAIS D'INDOLOGIE No 38 LA DOCTRINE DE MADHYA DVAITA-VEDANT A par SuZANNE SIAUVE INSTITUT FRANÇAIS D'INDOLOGIE PONDICHÉRY 1968 PUBLICATIONS DE L'INSTITCT FRANÇAIS D'INDOLOGIE No 38 LA DOCTRINE DE MADHVA DVAITA- VEDANTA par SUZANNE SIA UVE INSTITUT FRANÇAIS D'INDOLOGIE PONDICHÉRY 1968 , IMPRIMBRIB DE SRI AUROBINDO ASHRAM: PONDICHÉRY AU MAÎTRE INTÉRIEUR à la mémoire de mon père INTRODUCTION A la différence de ses deux grands prédecesseurs vedantin, Sankara et Ramfumja, Madhva ne fait référence au début de ses ouvrages à aucune lignée de guru. Nous connaissons pourtant par le récit de sa vie le nom de celui qui lui conféra l'initiation monastique, l'ascète Acyutaprek~a qui lui donna les noms de Pür?Zapraj1ia, plénitude de connaissance, et de Anandatïrtlza, gué de félicité. Mais nous savons aussi que Madhva refusa dès les premiers mots l'enseignement de son maître advaitin, proposa ses interprétations propres des textes, écrivit pour les démontrer un commentaire de la Bhagavad-gitii.1 Après une retraite dans les Himalaya, en la seule présence de Vi~l).u, 2 Madhva revint parmi les siens leur apportant le commentaire des Braluna-sütra. 3 Ce commentaire con~ vertit son maître et inaugura une longue carrière d'enseignement et de prédica- tion, jalonnée par les trente-sept ouvrages qui lui sont attribués et par la conversion d'illustres opposants issus principalement de l'école advaita. Madhva signe ses œuvres du nom d' Anandatïrtha mais il nous indique que ce nom est l'équivalent de celui qu'il s'est conféré lui-même, et qui figure dans le Bafittha-sükta4 du ]J.g Veda. Ce texte selon lui parlerait des trois avatara du dieu Vayu, apparus aux trois âges de l'histoire du monde, le premier Hanu~ man, au Treta-yuga, le second Bhïma, au Dvapara-yuga et le troisième Madhva, au Kali-yuga. Chacune de ces incarnations accompagne l'une des incarnations de Vigm lui-même. Hanuman est le singe serviteur de Rama, Bhïma est le guer- rier pal).Çlava qui combat pour la cause de Kr~l).a, Madhva est le disciple de Vyasa, venu rétablir le vrai culte de Vigm. Le Madhva-vijaya, récit de la vie de Madhva, admire l'inspiration qui fit choisir à Acyutaprek~a le nom d' Ananda- tïrtha au moment où il consacra son disciple, car celui-ci "dont la pensée est le réceptacle du Dieu suprême, essence de félicité, est l'auteur de la bonne 1 M.V., VI. 32. 2 Le Madhva-vijaya raconte que Madhva quitta ses disciples pour aller vivre dans l'ermitage de Badari, où il fut le disciple de Vigm lui-même, demeu~ rant là sous la forme de Vyasa. a M. V., IX. 12. 4 M. T. N., II. 154-158; V. T.V., par. 464; B. A. U. Bh., VIII. 2, etc. Dans le M. T. N. (p. 13b) Madhva cite le texte du Bafitthii-sükta, ]J.g-Veda I, I41,1-5. Dans sa traduction du B.A.U. Bh., Sris Chandra Vasu explique mot à mot ce texte selon l'interprétation de Madhva, pp. 708-714. 2 La Doctrine de Madhva doctrine qui dispense la félicité" .1 Dans son commentaire à la Brhad-ara1;tyaka- upani~ad, Madhva explique la correspondance des deux termes : madhu qui signifie "doux" est l'équivalent d'ananda, et le mot va signifie tirtha.2 Pour cette dernière équivalence il pense peut-être à l'un des sens du substantif va, qui peut signifier eau, comme le mot tïrtha, gué, s'entend aussi de l'eau des gués sacrés. Mais le mot va signifie également réceptacle et c'est en ce sens que semble le comprendre l'auteur du Madhva-vijaya. Fait remarquable, Madhva nous donne la date de sa naissance. Un passage de son "Explication du sens du Mahabharata", Mahabharata-tatparya-nir1Jaya, nous apprend "qu'en l'an 4300 du Kali-yuga, naquit à nouveau sur la terre, sous forme de brâhmane, Bhima qui affirma la vérité de Hari cachée par les démons", 3 A moins de rejeter comme interpolations ultérieures tous les textes dans lesquels Madhva se présente comme le troisième avatiira de Vayu, il n'y a pas de raison de mettre en doute l'authenticité du passage. Que le but de la mission de Madhva soit d'affirmer la vérité de Hari, c'est-à-dire de Vi~t;tu, ressort de toute son œuvre et des invocations par lesquelles commencent ses traités, Le mot employé, tattva, qui signifie "le fait d'être tel" est un des termes par lesquels Madhva qualifie sa propre doctrine, doctrine de "ce qui est" tattva- vada, par opposition à celle des advaitin, maya-vada, doctrine de l'illusion. 4 Le terme de tattva figure dans le titre de plusieurs de ses ouvrages, et l'un d'eux, le Vi§'{lU-tattva-vlnirtzaya est consacré à l'exposé de la vérité de Vi~:r;tu. Mais cette année 4300 du Kali-yuga, laquelle correspond à l'année II98 de notre ère, se trouve être une année cyclique Pingala, et l'affirmation du Mallabltiirata-tiitparya-nirtzaya contredit une tradition solide tenue par 1 M. V., V. 2 iinandarüpasya parasya patradhïranandasandayisu§astrakrt sa yatjauandatirtheti padat[tgurüditarzz babhüva tasyatyanurüparüpakam/Le nom de Tirtha est un des noms des dix ordres d'ascètes établis par SaDkara. cf. G. S. Ghurye, Indian Sadhus, pp. 82-3. 2 B. A. U. Bh., VIII. 2. (p. 76b) madhvityananda uddiifo veti tirtham uda- hrtam/madhva iinandatïrthab syiit trtïyii marutitanu'b/Madhva explique que son premier nom Pürt;taprâjfia figure également dans le texte sous la forme da!apra- mati "dix sagesses". 3 M. T. N., XXXII. I3I (p. 243 a) catubsahasre trisatottare gate saqJvatsararsatJl ttt kalau prthivyiimfjatal} putrar vipratanub sa bhïmo daityair tzigü4hatp haritattvam aha/ " M. Kh., p. 2b ..• mayavadatam(lkhilamjnirastat[t tattvavadena satiitp ' salflsayatluttaye • . . "la doctrine de l'illusion, tout entière ténèbres, est réfutée par la doctrine du réel pour détruire les doutes des gens de bien". Imroducrion 3 les monastères madhva, selon laquelle le maître serait né en une année cyclique Vilambi et serait mort en une année Pùigala, après avoir vécu 79 années. Un texte très ancien, l' A~mmadhvacarita,l attribué à l'un des premiers disciples directs de Madhva, Hç~ïkesa-tïrtha, supporte cette tradition. II est difficile de négliger les données des années cycliques : les listes de la plupart des monastères concordent sur leur nom, et un texte cité par B. N. K. Sharma, la Gurucarya,2 donne les noms des années correspondant au pontificat des pre- miers disciples en s'appuyant sur les mêmes données. Par une confusion assez curieuse entre les deux traditions la plupart des monastères avaient considéré l'année r 198 comme celle de la disparition de Madhva et placé sa naissance en l'année Vilambi III9. Une des listes de monastère, celle de Phalmaru, maintenait cependant la date de r 198 comme date de naissance, et c'était également l'infor- mation rapportée par le District Marzual of South Canara. L'état de la question s'est trouvé transformé au début du siècle par la dé- couverte d'inscriptions dans le district de Ganjam en Orissa.3 Ces inscriptions sont relatives à un ascète du nom de Narahari-tirtha, dont le nom nous est par ailleurs connu comme celui du deuxième successeur de Madhva sur le trône pontifical. Le récit de sa vie, le Narahariyayatistotra,4 nous apprend que ce moine serait allé au royaume du Kaliiiga sur les ordres de Madhva E>Our se pro- curer des idoles de Rama et de Sïta qui se trouvaient dans le trésor royal. Le roi étant mort, Naraharitïrtha fut nommé régent et gouverna le royaume pen- dant douze ans : le jeune roi, à son avènement, lui remit en reconnaissance les idoles qu'il rapporta à Madhva. Les inscriptions des temples de Sri Kürmam et S.iiphacalam, au nombre de neuf, sont datées de 1264 à 1293. La première d'entre elles nous dit que Nara_hari-tirtha fut consacré moine par Ananda-tirtha, lui-même consacré par Puru~ottama-tïrtha. L'identification de Narahari- tirtha comme d'un disciple direct de Madhva ne saurait faire de doute, d'autant que le nom de Puru~ottama-tirtha se trouve être le nom sous lequel le Madlwa- 1 B. N. K. Sbarma, Rist. Dv. Sch. I p. 108, donne le Slol~a de l'Atzumadlzva- carita: ekoniiSïtivar~atzi nïtvii manu~adr#igabfpùigalabde miighaJuddhanava- myrï'?~ badarz'f}'l yayau;c'ayant passé soixante-dix-neuf ans à Ja vue des hommes, le neuvième jour de la quinzaine claire du mois de Magha, de l'année Püigala, il partit à Badarf'. Madhva ne serait pas mort mais aurait disparu de la vue de ses disciples, se retirant auprès de son maître Vyasa dans son ermitage de l'Hima- laya. 2 »· N. K. Sharma, ibid., I, p. vii et p. 103. 3 B. N. K. Sharma, ibid., I, pp. 296-7. Ep. Ind, VI, n.U 25, pp. 26o-8. 4 ibid.~ p. 297. 4 La Doctrine de Madhva vijaya désigne une fois le maître de Madhva, Acyutaprek~a. 1 Les inscriptions, à partir de 1281 présentent Narahari-tïrtha comme investi du pouvoir royal, concordant avec la tradition qui le fait régent du K.aliiiga pendant une douzaine d'années. Narahari-tirtha n'a pu revenir de sa charge au Kalmga qu'après 1293: Il est le second successeur de Madhva sur le trône pontifical et son prédécesseur Padmanâbha-tïrtha aurait occupé cette fonction pendant sept ans. Selon ces nouvelles données la disparition de Madhva n'aurait pu se produire avant 1286. Il aurait consacré son disciple avant u64: c'est pendant le treizième siècle et non pendant le douzième qu'il tàut placer sa carrière. Ces indications ramènent l'attention sur la date du Mahâbharata-tâtparya-nir1Jaya. Madhva serait né en II98 et mort en 1278. C'est l'opinion à laquelle se rallieR. G. Bhan- uploads/Religion/ dvaita-vedanta-doctrine-de-mahdva.pdf
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- Publié le Aoû 14, 2022
- Catégorie Religion
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