INTRODUCTION Prise dans la plénitude de son acception. La foi présente un ensem
INTRODUCTION Prise dans la plénitude de son acception. La foi présente un ensemble de caractères qui la distingue de la simple croyance. De toutes les modes de connaitre, elle est paradoxalement, en elle-même, la plus ferme et le plus assure quoique toujours libre et toujours. Tandis que la religion est system de pratiques et croyances qui désigne avant tout les prescriptions de Dieu pour une communauté. C’est en sens qu’une t’elle interrogation nous a posé ; « tout foi est-elle religieuse ? ». Autrement la notion de confiance se rime-t-elle avec la croissance. Qu’est ce qui nous permet de dire que la foi est religieuse ? Est-ce que toute foi est religieuse ? I-La religion, détentrice de la révélation divine et garante de la cohésion sociale ? Ces deux réfutations sont intéressantes, parce qu’elles conduisent à ce qui nous semble être les deux enjeux majeurs de la question de la foi. Première objection – traditionnelle : avec la foi, l’homme serait confronté à de qui le dépasse et donc obligé de recourir aux lumières, censées être divines, de telle ou telle révélation. Seconde objection – moderne, celle-ci : avec la foi, la société humaine fait l’expérience que quelque chose de transcendant doit être au centre de l’existence collective pour assurer à telle société, culture ou civilisation le sentiment de ses membres d’avoir une communauté de destin. Que peut-on répondre aujourd’hui à chacune de ces deux objections ? 1-Premiere objection –traditionnelle Selon la première, les articles de foi de la religion garantiraient seuls à l’homme que sa vie spirituelle le mette effectivement en contact avec la transcendance de la présence et de la vérité divines. Sans ces articles de foi supposés venir de Dieu même, l’homme risquerait donc de manquer son rendez-vous avec la transcendance, en n’ayant pas à sa disposition les moyens de se hisser jusqu’à elle. Il pourrait « avoir foi en » une multitude d’objets, mais aucun d’eux ne recèlerait la dose de sacralité suffisante, ou le sacré réel. Il s’exposerait au risque de l’idolâtrie, c’est-à-dire de l’adoration des faux dieux – veaux d’or et autres statues antiques ou idéaux modernes. Voilà l’avertissement solennellement adressé par les religions à qui ose définir lui-même le contenu ou l’objet de sa foi. Et voilà le risque qu’il doit assumer s’il veut s’y aventurer quand même : le risque de lâcher la proie pour l’ombre et de prendre une vessie pour une lanterne, c’est-à-dire de confondre l’expérience authentique de la foi avec quelque chose qui lui ressemble, mais qui n’en est qu’une imitation grossière ou un succédané. L’incroyant dit au fidèle qu’il prend une illusion de contact avec Dieu pour une expérience réelle. À son tour ici, le fidèle croit pouvoir opposer le même démenti à celui qui veut définir sa foi par lui-même. Le premier dit au second : « toute foi est une illusion ». Le second dit au troisième : « ta foi est une illusion ». L’individu se retrouve ici tout seul face à la communauté des croyants, de tous les croyants rassemblés, au- delà des bornes de leur foi particulière, par la conviction commune qu’il faut le support d’une révélation pour croire au niveau requis. Il lui faut donc une maturité spirituelle singulière pour persister dans l’audace de trouver sa foi par ses propres moyens. Sans doute est-ce l’une des plus grandes forces dont un homme puisse faire preuve : croire par soi-même, ce qui suppose le double risque de penser par soi-même et de s’avancer aussi tout seul au-delà même de la pensée et de la certitude, vers ce dont seule (seule aussi) une intuition nous visite, un pressentiment ou une prescience nous habite secrètement, sans jamais se donner pleinement à notre langage, à nos images, à nos arguments. On dit habituellement de la foi qu’elle est « un beau risque à courir ». C’est encore plus vrai pour celui qui tente de suivre seul la lumière qu’elle montre. Car alors le risque est double : croire, et croire ce que l’on a choisi de croire sans autre assurance que sa boussole intérieure. Comment ne pas voir là l’une des expressions les plus hautes de la foi ? En effet, il faut alors non seulement réussir à croire en quelque chose, mais également croire en soi-même ! La foi en soi étant ici la condition première de la foi. Mais les religions instituées accepteront-elles un jour de renoncer à leur monopole, à leur droit de propriété proclamé sur la foi ? Et laisseront-elles chaque homme choisir ainsi le contenu de celle-ci ? Quand donc, si on peut l’espérer un jour, les religions proposeront-elles au lieu d’imposer ? Quand donc considéreront-elles enfin l’homme comme un « majeur spirituel » capable de prendre ce risque de définir par lui-même ses articles de foi ? Comme le soulignait Sri Aurobindo, et beaucoup d’autres sages avec lui, au lieu de faciliter le cheminement spirituel de l’homme, « la religion, quand elle s’identifie seulement à un credo, à un culte, à une Église, à un système de formes cérémonielles, peut très facilement devenir une force retardatrice et, par conséquent, l’esprit humain peut se trouver dans la nécessité de rejeter l’autorité qu’elle exerce sur les diverses activités de la vie » Il faudrait que chaque religion se considère simplement comme véhicule de ressources possibles – de symboles et de rites – dans lequel chaque homme est libre de puiser. Mais comme le dit encore ici Sri Aurobindo, « ces choses sont des aides et des soutiens, non l’essence » . Nous avons essayé de légitimer ce droit de choisir par soi-même le contenu de sa foi – et de sa pratique – dans plusieurs ouvrages consacrés à l’islam depuis 2004 : le premier problème au sein de cette religion est que le Coran ne soit plus considéré comme un code légal qui impose des dogmes, des rites et une morale, mais précisément comme un support de formation, par chaque conscience spirituelle, de son propre jugement sur ce qu’elle veut croire. À partir de 2008, nous sommes allés plus loin dans cette direction qui vise la constitution d’un être humain spirituellement autonome, c’est-à-dire capable non seulement de trouver par lui-même le contenu de sa foi, mais de découvrir en lui-même la capacité créatrice suprême que la religion attribue au divin. L’homme arrivé à ce stade de développement spirituel réalise alors que sa foi était intuition sur lui- même – « était » parce qu’à ce moment-là se trouve atteint ce dont la foi était le pressentiment .* 2- Second objection –Moderne Voyons maintenant la seconde objection faite contre cette liberté personnelle de définir le contenu de sa foi. Nous avons dit qu’elle venait de la sociologie, qui considère que la raison d’être de la religion est sociale : si les hommes perdent leur foi collective, et s’ils définissent chacun leur credo, qu’est-ce qui pourrait continuer de les solidariser assez fortement pour qu’ils forment véritablement une société ? Récemment, Marcel Gauchet s’interrogeait à ce sujet : le problème des sociétés dans lesquelles la religion a perdu sa place centrale – et on peut se demander dans quelles sociétés ce n’est pas aujourd’hui le cas, malgré les apparences de persistance ou de retour du religieux – est qu’elles ont perdu leur capacité d’action collective. Seule la religion en effet, selon lui, savait fédérer assez puissamment un groupe d’hommes et le faire agir ensemble. Or à présent que les religions historiques, puis les « crypto-religions du salut politique » du XIXe et du XXe siècle (religions du progrès, de la science, de la nation, etc.), ont été désenchantées, cela serait devenu impossible. Il écrit : « Ce quelque chose qui se dérobe à nous, et que nous devions, à mon sens, à l’héritage des religions, c’est ni plus ni moins ce qui nous permettait d’appréhender nos sociétés comme des ensembles cohérents et d’envisager d’agir globalement sur elles pour les transformer de manière concertée (…) Voilà ce que nous devions à l’héritage immémorial des religions : d’avoir pouvoir sur notre monde et d’être en mesure d’ambitionner davantage de pouvoir encore. Voilà ce que nous avons perdu » [14]»,…. Il y a là quelque chose qui doit faire mesurer aux hommes de notre temps ce que représente la fin des époques religieuses. Car, encore une fois, sur ce dernier point, il s’agit d’être clair : bien que les religions semblent avoir encore des ressources de vitalité, elles n’occupent plus et n’occuperont plus jamais la position axiale qui a été la leur autrefois au milieu du monde humain. Quelle que soit la place qu’elles occupent toujours aujourd’hui dans la Constitution de certains États, ou dans la vie quotidienne de millions d’hommes, leur vision du monde et leurs principes sont partout associés à des représentations tout à fait profanes : partout, même si c’est encore à des degrés divers, la vie et la conscience religieuses des hommes sont de plus en plus mêlées de formes et de considérations temporelles… Un seul exemple : la façon dont les croyants aujourd’hui uploads/Religion/ expose-bailo-1-pdf.pdf
Documents similaires
-
18
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 20, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 0.7340MB