1 Le temps de la Réforme voit naître bien des mouvements très divers, ils sont
1 Le temps de la Réforme voit naître bien des mouvements très divers, ils sont de manière générale opposés aux Eglises protestantes établies. 1) La Réforme radicale : les "anabaptistes" Dès 1520, apparaît le mouvement anabaptiste. Les anabaptistes veulent une réforme plus radicale. Ils veulent rétablir le véritable chris tianisme. "Anabaptiste" vient du grec "anabaptizein" qui signifie "baptiser à nouveau", d’où l’autre nom : "rebaptiseur". Les anabaptistes refusent le baptême des enfants, et pratiquent le baptême des adultes professant leur foi (souvent par immersion). Ce surnom a été donné aux anabaptistes par leurs adversaires. Ils souhaitent que l’Eglise soit formée de chrétiens professant leur foi et non pas de la multitude (d’où le qualificatif "multitudinistes" attribué aux Eglises luthérienne et réformée). Pour les anabaptistes, Luther n’insiste pas assez sur la sanctification et sur l’Eglise comme communauté de chrétiens professant leur foi. Les anabaptistes mettent donc l’accent sur la transformation de la vie du croyant, sur la discipline, l’amour, la non-violence. L’autre point très important qui distingue les anabaptistes des autres protestants est la séparation de l’Eglise et de l’Etat, ce qui était une conception proprement révolutionnaire au 16ème siècle. En fait, ils ne prenaient pas part aux affaires de l’Etat pour deux raisons parti culières : d’une part parce que l’autorité mettait à mort des anabaptistes et d’autre part parce que les magistrats de l’époque pouvaient être amenés à mettre quelqu’un à mort. L’anabaptisme est aussi marqué par un esprit pacifiste, non-violent. En effet, la majorité des anabaptistes refusaient de porter les armes et de se défendre par les armes. Ils ont été les victimes de cruelles persécutions de la part des protestants réformés et des catholiques, mais le mouvement s’étend malgré tout. Historique des anabaptistes A Zurich, Conrad Grebel déçu par les performances de la réforme zurichoise s’interroge sur les écrits de Münzer. Il envoie à celui-ci un texte qui définit ce qu’est une Eglise de confessants. Sont mentionnés dans ce texte "l’impossibilité absolue de faire la guerre pour un chrétien, et le baptême réservé aux adultes (seuls en mesure de confesser personnellement leur foi)"1. Grebel, Mantz et Blaurock sont considérés comme les premiers "chefs" du mouvement. Sattler a rédigé à Schleitheim la première confession de foi anabaptiste : LES 7 ARTICLES DE SCHLEITHEIM La confession de Schleitheim2 en sept articles de foi est rédigée par Michael Sattler et adoptée le 24 février 1525, à Schleitheim, en Suisse : Points principaux de l’entente : 1. Seuls seront baptisés les croyants qui marchent dans la résurrection (c’est à dire qui font la preuve d’une vie transformée par la puissance de Dieu) 2. Les membres qui retournent à une vie de péché et qui refusent de revenir à une vie fidèle de disciple se voient privés de leur qualité de membre 3. Ceux qui souhaitent rompre le pain ensemble doivent être unis dans la foi par le baptême des croyants avant de prendre la cène 4. Les chrétiens doivent vivre une vie sainte séparée des péchés de la vie et de la société environnante 5. L’assemblée sera servie par des pasteurs. Leur devoir est de prêcher la Parole de Dieu, de présider à la Sainte Cène et de veiller à la bonne marche de la communauté 6. Les disciples doivent en toutes circonstances prendre la même attitude que le Seigneur souffrant. Ils n’utilisent jamais la force, ni la violence et ne font jamais la guerre 7. Obéissant strictement aux enseignements de Jésus-Christ, les membres ne prêtent jamais serment, même un serment civil. Ils se contentent d’affirmer la vérité telle qu’ils la perçoivent.3 LA RECONCILIATION J2 Naissance des Eglises de Professants But : Faire découvrir les origines des Eglises évangéliques mennonites et baptistes. A) EXPLICATION DE LA FICHE-PARTICIPANT 1. Cf. Journal Réforme, n° 2829, 01/ 07/ 1999. 2. Cf. a. La Confession de Foi de Schleitheim en sept articles (1527), appelée aussi «Entente fraternelle». Voir aussi la version commentée dans l’Affaire Sattler par Claude BAECHER intitulée Michaël Sattler, la naissance d’Eglises de professants au XVIe siècle (Cléon d’Andran, Editions Excelsis, 2002, 2e édition augmentée) p. 53-68. b. La Confession de Foi Mennonite de Dortrecht (anabaptiste) en Hollande, le 21 avril 1632, traduction Jean de Savignac. Puis figure la traduction française d’un article supplémentaire relatif au Saint-Esprit, ajouté par des anabaptistes de la Haute Vallée Rhénane (Les Frères Suisses). 3. J.-C. WENGER, "Qui sont les Mennonites ? D’où viennent-ils ?", Les Cahiers de "Christ seul", n°4/1993, p. 39-40. 2 Personnalités anabaptistes VIOLENTS : Jean de Leyde était anabaptiste et “fonctionnait” avec une logique apocalyptique dans laquelle il s’agissait d’avoir recours au glaive pour se battre contre les impies coalisés qui voulaient prendre la ville, le tout pour préparer la venue du Seigneur dans la ville de Munster en Westphalie.4 PACIFISTES : Grebel, Mantz, Georges Cajacob des Grisons surnommé Blaurock (à cause de son manteau bleu), Hubmaier, Sattler, Marpeck, Hoffman. Conrad Grebel : naît vers 1498. Il fréquente les universités de Bâle, de Vienne (1515-1518), de Paris (1518-1520). En 1520, il rejoint Zurich, c’est là qu’il rencontre et fréquente Zwingli. Il découvre l’Evangile et se convertit. Mais peu à peu ses vues diffèrent de celles de Zwingli, selon lui Zwingli ne va pas assez loin et reste frileux vis à vis de certaines questions, il s’oppose à l’intervention de la ville de Zurich dans les affaires religieuses. Il étudie les traités de Münzer. Malgré plusieurs tentatives de dialogue, Grebel et Zwingli ne parviendront pas à s’entendre, notamment sur la question du baptême des enfants. Grebel, déjà accompagné de Manz, est rejoint par Blaurock. Grebel insiste aussi sur l’importance pour chaque chrétien de vivre selon les Ecritures dans la vie quotidienne. Il est arrêté et emprisonné le 8 octobre 1525, avec Manz et Blaurock, mais ils parviennent à s’échapper ! Grebel meurt de la peste durant l’été 1526 à Mainefeld. Félix Mantz pour sa part fut arrêté par les autorités réformées de Zurich pour la dernière fois le 3 décembre 1526. Le 5 janvier 1527 "A 15 heures, il fut emmené au bord de la Limmat, rivière qui traverse la ville de Zurich. On lui lia les pieds et les mains. Le corps plié et bloqué à l’aide d’un bâton, il fut jeté dans l’eau froide du fleuve. Juste avant son exécution, il cria en latin : ‘entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit’ "5 . (Act 7 : 59) Blaurock (Georges Cajacob) est capturé et emprisonné en août 1527, et le 6 décembre, après avoir été torturé, il est brûlé vif à Clausen (Italie) Balthasar Hubmaier, écrivain, "défenseur du baptême des croyants et avocat fort éloquent de la tolérance religieuse"6 , il organisa des présentations d’enfants (à distinguer des baptêmes) et remit à l’honneur la pratique du lavement des pieds. Il a une influence dans la région de Waldshut (Allemagne). Il est lui aussi emprisonné, torturé et brûlé vif le 10 mars 1528, à Vienne. "Il divergeait de Grebel et des frères suisses sur la question de la non-résistance. Sur ce point, il était plus proche des partisans de l’Eglise d’Etat"7. Michael Sattler, il se convertit en Allemagne en 1525, il rejoint Grebel et ses amis, et rédige les articles de Schleitheim. Il est emprisonné à Binzdorf et jugé à Rottenburg. La sentence à l’issue du procès est terrible : on doit lui arracher la langue, le torturer au fer rouge et le brûler sur le bûcher. Il est exécuté en mai 15278 . Melchior Hoffman intervient aux Pays Bas, il prêche la doctrine de Luther vers 1523. En 1525, certaines de ses idées diffèrent de Luther. La cène est symbolique et commémorative, il est opposé au serment, il est "également résolument non-violent"9 , prône le bap tême des adultes. Dans son intérêt pour le prophétique, il pense que le Seigneur doit revenir en 1533. Dans cette attente, il se laisse emprisonner à Strasbourg et y meurt probablement en 1543. "Le premier baptême adulte est pratiqué le 21 janvier 1525 à Zurich parmi d’anciens élèves et amis de Zwingli et il constitue un événe ment fondateur pour l’anabaptisme suisse"10. Les anabaptistes suisses se caractérisent par "leur dualisme théologique, leur respect scripturaire, leur aspiration à une vie sanctifiée coupée du monde extérieur, leurs communautés sans magistrats et leur acceptation du martyre"11. Le mouvement se répand : partant de la Suisse, il s’étend à toute l’Europe, à la Russie et à l’Amérique du Nord et du Sud. Les anabap tistes sont sans cesse persécutés : emprisonnés, torturés, privés de leurs biens. En 1693, suite à des conflits internes, Jacob Ammann crée la communauté amish. Par la suite, l’influence du piétisme et du réveil des 17ème et 18ème siècles permettront aux communautés de croître. C’est poussé par les persécutions du 17ème siècle que les mennonites suisses se réfugient en Moravie, en Alsace, dans la région de Montbéliard, aux Pays Bas. 4. Nous ne considérons pas Münzer comme anabaptiste, car personne ne sait s’il a été "rebaptisé". 5. Ibid. , p. 36. 6. Ibid. , p. 38. 7. Ibid. , p. 38. 8. Ibid. , concernant Sattler, uploads/Religion/ fiche-j2.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Fev 22, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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