Aristide Briand Assemblé Nationale (Chambre des députés), France (4 mars 1905)
Aristide Briand Assemblé Nationale (Chambre des députés), France (4 mars 1905) Rapport fait le 4 mars 1905 au nom de la commission relative à la séparation des Églises et de l’État et de la dénonciation du Concordat chargée d’examiner le projet de loi et les diverses propositions de loi Rapport fait le 4 mars 1905 par Aristide Briand, la séparation des églises et de l’État (1905) 2 Table des matières I. Culte catholique. DE CLOVIS A MIRABEAU La pragmatique sanction Le concordat de Bologne. La déclaration de 1682 DE LA RÉVOLUTION AU CONCORDAT La constitution civile du clergé. Le concordat de 1801 DU CONCORDAT AU SYLLABUS Le Concordat de 1817 Campagne séparatiste Le Syllabus DE 1870 A 1905 LE BUDGET DU CULTE CATHOLIQUE II. Culte protestant ÉGLISES SÉPARÉES DE L’ÉTAT III. Culte israélite Consistoire central Consistoires départementaux Commissions administratives Ministres du culte Conclusion Rapport fait le 4 mars 1905 par Aristide Briand, la séparation des églises et de l’État (1905) 3 IV. Législations étrangères Espagne ; Portugal. Russie ; Grèce ; Roumanie ; Bulgarie ; Serbie. Norvège ; Suède. Prusse et états allemands. Autriche. Hongrie. Italie. Belgique. Pays-Bas. Grande-Bretagne et Irlande. Suisse. États-Unis. Mexique. Cuba. Brésil. Équateur. V. Analyse des propositions et projets de loi. Proposition Dejante Proposition Ernest Roche Proposition de Pressensé Proposition Hubbard Proposition Flourens Proposition Réveillaud Proposition Grosjean et Berthoulat Proposition Sénac Premier texte de la commission Projet Combes Projet du Gouvernement VI. Discussion des articles VII. Conclusion Projet de loi présenté (auquel j'ai joint, pour comparaison, le texte voté et le texte actuel. Il est préférable d'utiliser Netscape pour une meilleure concordance des articles.) Rapport fait le 4 mars 1905 par Aristide Briand, la séparation des églises et de l’État (1905) 4 Rapport fait le 4 mars 1905 au nom de la commission relative à la séparation des Églises et de l’État et de la dénonciation du Concordat chargée d’examiner le projet de loi et les diverses propositions de loi Par Aristide Briand Source: Journal officiel des débats de l'Assemblée nationale. Texte recueilli dans les Annales. Retour à la table des matières Messieurs, en 1788, quelques années à peine avant la Révolution, il existait dans le royaume de France une moyenne de 130 000 ecclésiastiques. On pouvait les répartir ainsi : 70 000 appartenait au clergé séculier, parmi lesquels on comptait 60 000 curés et vicaires ; 2 800 prélats, vicaires généraux, chanoines de chapitres ; 5 600 chanoines de collégiales ; 3 000 ecclésiastiques sans bénéfices. Quant au clergé régulier, le chiffre des ecclésiastiques qu’il comprenait s’élevait à 60 000. Ces chiffres sont empruntés à l’abbé Guettée, et Taine les donne comme authentiques. De Pradt, le célèbre diplomate ecclésiastique, le conseiller et le collaborateur de Napoléon, nous apporte un dénombrement analogue. Ces 130 000 ecclésiastiques possédaient, à la veille de la révolution, un tiers de la fortune de la France. Dans son rapport au comité ecclésiastique, le constituant Treilhard évalue à 4 milliards les biens du clergé ; et ce chiffre n’a rie d’exagéré. Ces 4 milliards rapportent annuellement de 80 à 100 millions ; et il faut joindre à ce revenu ce Rapport fait le 4 mars 1905 par Aristide Briand, la séparation des églises et de l’État (1905) 5 que produit au clergé la dîme ; soit 123 millions par an ; au total 200 millions. Pour apprécier l’importance de ce revenu, en le chiffrant suivant la valeur qu’il aurait aujourd’hui, il faut parler de 400 millions. Il n’a été question ni du casuel ni des quêtes. Et si nous avons placé ici, au début de ce travail, cet état succinct de la propriété ecclésiastique, à la veille de la Révolution française, c’est afin de donner une idée éclatante de ce qu’était la puissance matérielle de l’Église, en France, au moment où cette puissance, et l’autorité morale même du catholicisme vont être mis en question, et pour la première fois contestées au nom de principes qui s’attaquèrent non seulement aux manifestations extérieures de l’Église, à ses abus, à certains de ses dogmes, comme l’avait fait, par exemple, le protestantisme et l’orthodoxie russe, mais à son esprit même, à sa conception générale de la vie, et de la divinité. Si par le seul effort des constituant et des conventionnels, cette énorme puissance matérielle a pu être sapée, détruite, anéantie – du moins pendant la période qui précède le Concordat de 1801 – c’est donc que les principes de la Révolution laïque eurent une vertu prodigieuse ! Hélas, nous ne saurions attribuer aux idées une aussi grande force qu’elles puissent saper ce qui est profondément enraciné. Si la sécularisation des biens du clergé put se produire, c’est qu’elle était déjà préparée par le mécontentement général qu’avaient causé les excès du haut clergé ou la dictature intolérable de la papauté. En vous présentant ce rapport, nous avons pour objectif de prouver que la seule solution possible aux difficultés intérieures, qui résultent en France de l’actuel régime concordataire, est dans une séparation loyale et complète des Églises et de l’État. Nous montrerons juridiquement que ce régime est le seul qui, en France, pays où les croyances sont diverses, réserve et sauvegarde les droits de chacun. Nous voulons montrer aussi, et d’abord que cette solution est celle que nous indique l’histoire elle-même, étudiée sans parti pris ni passion. Rapport fait le 4 mars 1905 par Aristide Briand, la séparation des églises et de l’État (1905) 6 La sécularisation des biens du clergé par la Constituante ne fut pas une œuvre de haine, dictée par des principes opposés à ceux du catholicisme, ce fut une œuvre nationale exigée par l’ensemble de la nation, moins les prêtres, et aujourd’hui, ce n’est pas davantage pour satisfaire à des rancunes politiques, ou par haine de catholicisme, que nous réclamons la séparation complète des Églises et de l’État ; mais afin d’instaurer le seul régime où la paix puisse s’établir entre les adeptes des diverses croyances. Dans la première partie de cette étude, on verra comment les rapports entre l’Église catholique et l’État français ne cessèrent jamais d’être très troubles, malgré les services réciproques qu’ils s’étaient rendus dès l’origine de notre histoire. Sans insister sur la partie anecdotique, nous rappellerons avec quelques détails les principaux expédients grâce auxquels la royauté française crut pouvoir atteindre à des rapports sereins avec Rome, et comment elle n’y parvint jamais, pas plus d’ailleurs qu’à s’affranchir, par le gallicanisme, de la tutelle gênante du saint-Siège. Dans une deuxième partie, nous étudierons les tentatives infructueuses des pouvoirs de la révolution et nous verrons comment le Concordat napoléonien permit à l’Église de se reconstituer et d’acquérir, au cours du dix-neuvième siècle, une puissance égale à celle que nous lui avons connue quelques années avant la Révolution. Nous nous efforcerons enfin, dans une troisième partie, de noter les protestations qui ses sont produites, au cours du dernier siècle, contre un état des choses aussi intolérable pour les catholiques que pour les libres-penseurs, ainsi que les remèdes apportés au jour le jour à un mal qui ne peut s’éteindre qu’avec le régime de la séparation. Rapport fait le 4 mars 1905 par Aristide Briand, la séparation des églises et de l’État (1905) 7 I Culte catholique. DE CLOVIS A MIRABEAU Retour à la table des matières L’adhésion de Constantin aux idées chrétiennes avait inauguré une ère nouvelle dans l’histoire du christianisme. Depuis le jour où Constantin présida le concile de Nicée (313), depuis le moment où, après avoir été le souverain pontife de la religion païenne, il se proclama, devenu chrétien, “empereur et docteur, roi et prêtre”, les tendances de la religion de jésus se trouvèrent profondément modifiées. La parole de Galiléen : “Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu” fut désormais sans application ; une confusion s’établit entre le spirituel et le temporel ; l’Église emprunta, pour s’organiser, les cadres administratifs de l’empire, et elle fut amenée, par la succession des circonstances, à prendre en main une part considérable de la puissance temporelle. Lorsque les Barbares envahirent la gaule, ils se trouvèrent en face d’une situation de fait : l’Empire tombé, l’évêque avait remplacé presque partout, le fonctionnaire romain et il apparut aux envahisseurs comme le véritable chef de la cité, ayant sa part de l’autorité judiciaire, administrant les fonds du municipe, percevant les impôts, Rapport fait le 4 mars 1905 par Aristide Briand, la séparation des églises et de l’État (1905) 8 inspectant les édifices publics et dirigeant les travaux de construction de voirie. Le pouvoir de l’évêque était si bien établi dans la cité romaine qu’il devint un des éléments nécessaires à l’installation définitive des envahisseurs sur le vieux sol gaulois. C’est la raison même de la conversion de Clovis. Le récit qu’en a fait Grégoire de Tours, avec les formes émouvante de sa foi naïve, nous dit quelle force avait alors la religion sur les volontés hésitantes des chefs barbares. Cet épisode de la conversion de Clovis a été vulgarisé, en une belle langue, par Augustin-Thierry ; il est uploads/Religion/ rapport-a-briand-19051.pdf
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- Publié le Jul 27, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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