Lettre Encyclique Fides et ratio Du souverain pontife Jean-Paul II Aux évêques
Lettre Encyclique Fides et ratio Du souverain pontife Jean-Paul II Aux évêques de l'Église catholique Sur les rapports entre la foi et la raison Vénérés Frères dans l'épiscopat, salut et Bénédiction apostolique ! La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité. C'est Dieu qui a mis au c÷ur de l'homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même a n que, Le connaissant et L'aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même (cf. Ex 33, 18 ; Ps 27 [26], 8-9 ; 63 [62], 2-3 ; Jn 14, 8 ; 1 Jn 3, 2). Table des matières 0 Introduction Connais-toi toi-même 1 1 Chapitre 1 La révélation de la sagesse de Dieu Jésus révèle le Père 8 2 Chapitre 2 Credo ut intellegam La Sagesse sait et comprend tout(Sg 9, 11) 17 3 Chapitre 3 Intellego ut credam Jésus révèle le Père 25 4 Chapitre 4 Les rapports entre la foi et la raison Les étapes signi catives de la rencontre entre la foi et la raison 35 5 Chapitre 5 Les interventions du magistère dans le domaine philosophique Le discernement du Magistère comme diaconie de la vérité 49 TABLE DES MATIÈRES 6 Chapitre 6 Interaction entre la théologie et la philosophie La science de la foi et les exigences de la raison philosophique 63 7 Chapitre 7 Exigences et tâches actuelles Les exigences impératives de la parole de Dieu 78 8 Conclusion 97 Introduction Connais-toi toi-même 1. En Orient comme en Occident, on peut discerner un parcours qui, au long des siècles, a amené l'humanité à s'approcher progressivement de la vérité et à s'y confronter. C'est un parcours qui s'est déroulé il ne pouvait en être autrement dans le champ de la conscience personnelle de soi : plus l'homme connaît la réalité et le monde, plus il se connaît lui- même dans son unicité, tandis que devient toujours plus pressante pour lui la question du sens des choses et de son existence même. Ce qui se présente comme objet de notre connaissance fait par là-même partie de notre vie. Le conseil Connais-toi toi-même était sculpté sur l'architrave du temple de Delphes, pour témoigner d'une vérité fondamentale qui doit être prise comme règle minimum par tout homme désireux de se distinguer, au sein de la création, en se quali ant comme homme précisément parce qu'il se connaît lui-même . Un simple regard sur l'histoire ancienne montre d'ailleurs clairement qu'en diverses parties de la terre, marquées par des cultures diérentes, naissent en même temps les questions de fond qui caractérisent le par- cours de l'existence humaine : Qui suis-je ? D'où viens-je et où vais-je ? Pourquoi la présence du mal ? Qu'y aura-t-il après cette vie ? Ces in- terrogations sont présentes dans les écrits sacrés d'Israël, mais elles ap- paraissent également dans les Védas ainsi que dans l'Avesta ; nous les trouvons dans les écrits de Confucius et de Lao Tseu, comme aussi dans la prédication des Tirthankaras et de Bouddha ; ce sont encore elles que l'on peut reconnaître dans les poèmes d'Homère et dans les tragédies d'Euripide et de Sophocle, de même que dans les traités philosophiques 1 Introduction 2 de Platon et d'Aristote. Ces questions ont une source commune : la quête de sens qui depuis toujours est pressante dans le c÷ur de l'homme, car de la réponse à ces questions dépend l'orientation à donner à l'existence. 2. L'Église n'est pas étrangère à ce parcours de recherche, et elle ne peut l'être. Depuis que, dans le Mystère pascal, elle a reçu le don de la vérité ultime sur la vie de l'homme, elle est partie en pèlerinage sur les routes du monde pour annoncer que Jésus Christ est le Chemin, la Vérité et la Vie (Jn 14, 6). Parmi les divers services qu'elle doit orir à l'humanité, il y en a un qui engage sa responsabilité d'une manière tout à fait particulière : c'est la diaconie de la vérité. 1 D'une part, cette mission fait participer la communauté des croyants à l'eort commun que l'hu- manité accomplit pour atteindre la vérité 2 et, d'autre part, elle l'oblige à prendre en charge l'annonce des certitudes acquises, tout en sachant que toute vérité atteinte n'est jamais qu'une étape vers la pleine vérité qui se manifestera dans la révélation ultime de Dieu : Nous voyons, à présent, dans un miroir, en énigme, mais alors ce sera face à face. À présent, je connais d'une manière partielle ; mais alors je connaîtrai comme je suis connu (1 Co 13, 12). 3. L'homme possède de multiples ressources pour stimuler le progrès dans la connaissance de la vérité, de façon à rendre son existence toujours plus humaine. Parmi elles ressort la philosophie, qui contribue directe- ment à poser la question du sens de la vie et à en ébaucher la réponse ; elle apparaît donc comme l'une des tâches les plus nobles de l'humanité. Le mot philosophie, selon l'étymologie grecque, signi e amour de la sagesse . En eet, la philosophie est née et s'est développée au moment où l'homme a commencé à s'interroger sur le pourquoi des choses et sur leur n. Sous des modes et des formes diérentes, elle montre que le désir de vérité fait partie de la nature même de l'homme. C'est une propriété 1. Je l'écrivais déjà dans ma première encyclique Redemptor hominis : Nous sommes devenus participants de cette mission du Christ prophète et, en vertu de la même mission, nous sommes avec lui au service de la vérité divine dans l'Église. La responsabilité envers cette vérité signi e aussi que nous devons l'aimer, en chercher la compréhension la plus exacte, de manière à la rendre plus accessible à nous-mêmes et aux autres dans toute sa force salvi que, dans sa splendeur, dans sa profondeur et en même temps dans sa simplicité (n. 19 : AAS 71 [1979], p. 306). 2. Cf. Conc. ÷cum. Vat. II, Const. past. sur l'Église dans le monde de ce temps Gaudium et spes, n. 16. 2 3 Introduction innée de sa raison que de s'interroger sur le pourquoi des choses, même si les réponses données peu à peu s'inscrivent dans une perspective qui met en évidence la complémentarité des diérentes cultures dans lesquelles vit l'homme. La forte incidence qu'a eue la philosophie dans la formation et dans le développement des cultures en Occident ne doit pas nous faire oublier l'in uence qu'elle a exercée aussi dans les manières de concevoir l'exis- tence dont vit l'Orient. Tout peuple possède en eet sa propre sagesse autochtone et originelle qui, en tant que richesse culturelle authentique, tend à s'exprimer et à mûrir également sous des formes typiquement philosophiques. Que cela soit vrai, on en a pour preuve le fait qu'une forme fondamentale de savoir philosophique, présente jusqu'à nos jours, peut être identi ée jusque dans les postulats dont s'inspirent les diverses législations nationales et internationales pour établir les règles de la vie sociale. 4. Il faut en tout cas observer que derrière un mot unique se cachent des sens diérents. Une explicitation préliminaire est donc né- cessaire. Poussé par le désir de découvrir la vérité dernière de l'existence, l'homme cherche à acquérir les connaissances universelles qui lui per- mettent de mieux se comprendre et de progresser dans la réalisation de lui-même. Les connaissances fondamentales découlent de l'émerveille- ment suscité en lui par la contemplation de la création : l'être humain est frappé d'admiration en découvrant qu'il est inséré dans le monde, en re- lation avec d'autres êtres semblables à lui dont il partage la destinée. Là commence le parcours qui le conduira ensuite à la découverte d'horizons toujours nouveaux de connaissance. Sans émerveillement, l'homme tom- berait dans la répétitivité et, peu à peu, il deviendrait incapable d'une existence vraiment personnelle. La capacité spéculative, qui est propre à l'intelligence humaine, conduit à élaborer, par l'activité philosophique, une forme de pensée rigoureuse et à construire ainsi, avec la cohérence logique des a rmations et le carac- tère organique du contenu, un savoir systématique. Grâce à ce processus, on a atteint, dans des contextes culturels diérents et à des époques di- verses, des résultats qui ont conduit à l'élaboration de vrais systèmes de pensée. Historiquement, cela a souvent exposé à la tentation de considé- 3 Introduction 4 rer un seul courant comme la totalité de la pensée philosophique. Il est cependant évident qu'entre en jeu, dans ces cas, une certaine superbe philosophique qui prétend ériger sa propre perspective imparfaite en lecture universelle. En réalité, tout système philosophique, même tou- jours respecté dans son intégralité sans aucune sorte d'instrumentalisa- tion, doit reconnaître la priorité de la pensée philosophique d'où il tire son origine et qu'il doit servir d'une manière cohérente. En ce sens, il est possible de reconnaître, malgré les changements au cours des temps et les progrès uploads/Religion/ fides-ratio.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 13, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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