Bibliothèque de l'école des chartes De Guillaume de Nangis et de ses continuate

Bibliothèque de l'école des chartes De Guillaume de Nangis et de ses continuateurs. Hercule Géraud Citer ce document / Cite this document : Géraud Hercule. De Guillaume de Nangis et de ses continuateurs.. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1842, tome 3. pp. 17-46; doi : https://doi.org/10.3406/bec.1842.451644 https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1842_num_3_1_451644 Fichier pdf généré le 12/04/2018 DE GUILLAUME DE NANGIS ET BE SES CONTINUATEURS. i. GUILLAUME DE NANGIS. Parmi les écrivains du treizième et du quatorzième siècle, aucun n'a fait mention de Guillaume de Nangis ; c'est donc dans les ouvrages de ce chroniqueur qu'il faut chercher les éléments de sa biographie. Par malheur ces éléments se réduisent à bien peu de chose : Guillaume ne nous apprend positivement que ses noms et sa profession de moine; nous ignorons complètement et sa famille et l'époque de sa naissance. On le suppose originaire de Nangis , petite ville du département de Seine-et-Marne ; mais c'est une simple conjecture qu'autorise seulement le surnom de Nan- giaco. Il avait embrassé la vie religieuse dans l'ordre de Saint- Benoît , et faisait sa résidence à l'abbaye de Saint-Denis. Dom Poirier qui , vers la fin du dernier siècle , fut pendant quelque temps archiviste de cette abbaye , y trouva dans un compte du treizième siècle , le nom de Guillaume de Nangis , avec la mention dune gratification annuelle de 100 sous à titre de garde des chartes. La date de ces comptes prouve que Guillaume de Nangis remplit ces fonctions au moins depuis l'an 1289 jusqu'à l'an Ш 2 1299 (1). On a conjecturé que notre historien avait cessé de vivre peu après Гап 1300 , parce que sa chronique s'arrête à cette année dans les éditions et dans la plupart des manuscrits. Une présomption nouvelle en faveur de cette conjecture semble ressortir de cette particularité , que le nom de Guillaume de Nangis figure jusqu'en 1 299 seulement dans les anciens comptes de l'abbaye de Saint-Denis. Dom Poirier, il est vrai, ne raisonnait pas ainsi : il inclinait au contraire à prolonger jusqu'à l'an 1303 la vie de Guillaume de Nangis, et voici sur quel fondement. On connaît aujourd'hui trois manuscrits, et il en a existé un plus grand nombre (2) , dans lesquels la chronique de Guillaume de Nangis, au lien de finir à l'an 1 300 , se prolonge sans interruption jusqu'à l'année 1 303 . La continuation vient ensuite , qui reprend les événements à partir de 1301. A qui faut-il attribuer le premier récit des faits arrivés pendant les années 1301 , 1302 et une partie de l'an 1303? Ce n'est pas à coup sûr au premier continuateur, qui commence son ouvrage par la narration de ces mêmes faits conçue en des termes différents. Est-ce à Guillaume de Nangis lui-même? Cette opinion semble s'être déjà produite et avoir trouvé des contradicteurs pendant le quatorzième siècle. L'un des plus anciens manuscrits que nous possédions de la chronique de Nangis (3), s'arrête avec l'an 1300, et se termine par cette note remarquable: hue usque protendit chronica fratris Guillelmi de Nangiaco et non ultra. D'un autre côté, le premier continuateur, contemporain de Guillaume de Nan gis, quia dû vivre avec ce dernier et bien connaître son ouvrage , affirme que cet ouvrage ne dépassait pas l'an 1 300 : Chronographiœ seriem a venerabili fratre cœnobii nostri commo- nacho Guillermo de Nangiaco ab initio mundi usque hue, hoc est usque ad annum Domini millesimum trecenlesimum inclusive... digestam, etc. Enfin ce fragment d'histoire que l'on trouve dans trois manuscrits à la fin de la chronique de Nangis, forme une disparate frappante avec le reste de l'ouvrage. Ce n'est plus un récit (1) Le mémoire de D. Poirier , lu par lui à l'Académie des inscriptions, le 7 janvier 1791, est intitulé : Nouveaux éclaircissements sur les ouvrages de Guillaume de Nangis et de ses continuateurs. Il est conservé manuscrit à la bibliothèque royale, manuscr. de Poirier, carton 9 , mémoires et rapports. (2) D. Poirier cite notamment les deux manuscrits de Saint- Germain. Le manuscrit français 10298-6 de la bibliothèque du roi présente la même particularité; elle se trouvait encore dans un manuscrit du P. Péteau, d'après lequel le manuscrit 10298-6 a été complété. (3) Bibliothèque du roi, n° 4917. 19 froid, sec, décoloré, monotone, comme dans le chroniqueur principal et dans ses premiers continuateurs. Une méthode plus logique , une exposition plus animée, un style plus pur et plus vif, révèlent au premier coup d'oeil un auteur plus habile (Í). 11 est donc à peu près démontré que Guillaume de Nangis a cessé d'écrire à partir de l'an 1300, et l'on peut conjecturer qu'il n'a pas vécu bien longtemps après cette époque. « L'histoire de ses ouvrages , dit Sainte-Palaye , n'est pas aussi « stérile que celle de sa vie. » Guillaume de Nangis a laissé en effet des travaux importants : une histoire de saint Louis et une histoire de Philippe le Hardi, en latin; une chronique latine qui s'étend depuis le commencement du monde jusqu'à l'an 1300 et une petite chronique des rois de France, en langue vulgaire. On lui attribue aussi une traduction française de sa Vie de saint Louis, et une autre de sa Chronique universelle. La Vie de saint Louis n'est pas à proprement parler une œuvre originale ; l'auteur déclare avoir travaillé d'après plusieurs historiens, dont les principaux sont Geoff roi de Beaulieu, confesseur de Louis IX , et Gilon de Reims, moine de Saint-Denis. L'ouvrage de Geoffroi de Beaulieu , que nous possédons encore (2) , n'est à proprement parler qu'une vie de saint ; les événements politiques du règne de saint Louis n'y ont pas trouvé place ; c'est donc probablement dans Gilon de Reims que Guillaume de Nangis a pris le récit des guerres de Louis IX et les renseignements qui concernent l'administration de ce prince. Or, Gilon de Eeims qui était mort au moment où Guillaume de Nangis prenait la plume (3) , avait été sans aucun doute le contemporain et peut- être le témoin oculaire des faits qu'il racontait. Si Guillaume de Nangis a suivi cet écrivain avec l'exactitude qu'il a mise à copier Geoffroi de Beaulieu , il ne faut pas regretter la biographie , aujourd'hui perdue , que Gilon de Reims avait composée : la Vie de saint Louis , par Guillaume de Nangis , offre les mêmes garanties et doit avoir la même autorité. La Vie de Philippe III mérite peut-être encore plus de con- (1) On peut principalement citer le tableau de la séance des états généraux de 1302, et le récit de la bataille de Courtray. Aucun des éditeurs de la Chronique de Nangis n'a cru devoir publier ce fragment qui méritait pourtant de voir le jour. (2) Voyez Recueil des hist, de France, t. XX, p. 3. (3) Préface de la Vie de saint Louis , ibid., t. XX, p. 3(0. 20 fiance. Ici l'auteur n'avait pas besoin de guide ni de témoignages; il écrivait ce qui se passait de son temps , autour de lui , et pour ainsi dire sous ses yeux. Ces deux Vies furent composées en même temps ; la préface qui précède la Vie de saint Louis est commune à l'une et à l'autre. A la fin de cette préface , l'auteur adresse les deux ouvrages à Philippe le Bel , « afin , dit-il , qu'à la vue de ces grands modèles « de piété et de religion, il s'efforce d'y conformer sa conduite , « et qu'il se réjouisse dans le Seigneur qui lui avait procuré une « si illustre et si sainte origine (1). « Ces pieuses recommandations semblent s'adresser à un prince dont le règne commence. On peut au moins affirmer que Philippe le Bel a reçu l'hommage de notre historien avant 1297, année de la canonisation de saint Louis ; car Guillaume de Wangis, malgré l'admiration qu'il professe pour les vertus de son héros , ne lui donne jamais dans son histoire le titre de saint. La Vie de saint Louis et celle de Philippe le Hardi ont, été imprimées en 1596, dans la collection de Pithou ; en 1649 , dans le cinquième volume du recueil de Duchesne; en 1840, dans le tome vingt du Recueil des historiens de France. La Chronique universelle a été publiée dans les deux éditions du Spicilége de D. Luc d'Achery, et tout récemment dans le xxe volume du Recueil des historiens de France. Comme beaucoup d'autres chroniques du même temps , elle commence à la création ; mais l'auteur déclare lui - même (2) que jusqu'à Fan 1 1 13 , il n'a été que le copiste d'Eusèbe, de saint Jérôme et de Sigebert de Gemblours ; aussi les précédents éditeurs n'ont-ils imprimé que la partie de la chronique qui s'étend depuis 1113 jusqu'à 1300. On aurait cependant tort de s'en fier aveuglément à l'humble et candide aveu de Guillaume de Nangis. Dom Poirier, qui a principalement étudié la partie de sa chronique antérieure à 1 1 13 , uploads/Religion/ geraud-hercule-de-guillaume-de-nangis-et-de-ses-continuateurs-1842.pdf

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  • Publié le Mai 30, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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