STVDIA ISLAMICA COLLEGERVNT R. BRVNSCHVIG J. SCHACHT III G. E. VON GRUNEBAUM. -
STVDIA ISLAMICA COLLEGERVNT R. BRVNSCHVIG J. SCHACHT III G. E. VON GRUNEBAUM. - Ideologie musulmane el Eslhelique arabe .......... ....................................... 5 H. TERRASSE. - L'art de l'empire al violution ............................................... 25 L. TORRES BALBAS. - Extension y demografla de las ciudades hispanomusulmanas ...... .. .............................. 35 R. BRUNSCHVIG. - Considdrations sociologiques sur le dro man ancien ............................................ 61 S. D. GOITEIN. - The Cairo Geniza as a source for the history of muslim civilisation ....................... ............. 75 C1. CAHEN. - L'Histoire gconomique et sociale m edidval ................................................ 93 Sh. T. LOKHANDWALLA. - The Bohras, Gujarat .. ......... ..................................... .. 117 Hic fasciculus adiuuantibus Vniuersilatibus Bu el Lugduno-Bataua, Facultate Litterarum Burdigalensi, Legalo c. n. De Goeje Stichting in lucem prodiit. LAROSE - PARIS MCMLV ID OLOGIE MUSULMANE ET ESTHEITIQUE ARABE (1) Pendant des sikcles l'Arabie pre-islamique avait pietin6 sur place. Les grands antagonismes de la politique internationale l'avaient touche, les mouvements intellectuels et religieux du monde antique mourant l'avaient frolee, sa vie economique (du moins dans les territoires marginaux et dans les villes, centres d'un commerce assez organise) dependait a un certain point des relations avec les pouvoirs limitrophes. Mais ces contacts n'avaient pas abouti a des influences. I1 est vrai que certaines idees communes au monde hellenistique s'6taient repandues dans la Peninsule, et il est vrai aussi qu'il y avait familiarite dans les milieux citadins avec les tendances mattresses des religions monotheistes qui semblent avoir ete repr6sentees par des sectaires assez incultes. Avec tout cela la vie spirituelle des Arabes des temps de l'Ignorance (pour emprunter ce terme aux musulmans) continuait dans son retard seculaire sur les civilisations environnantes. Ce n'est qu'au cinquieme ou au sixieme siecle que nous saisissons au vif l'histoire et politique et spirituelle des populations arabes. Nous nous apercevons que leur polyth6isme s'est routinise, qu'il y a dissatisfaction manifeste a l'6gard des conceptions religieuses traditionnelles qui ne suffisent plus a inspirer la conviction et pas meme le fanatisme a un peuple sobre et utilitariste; l'Arabie est prete a 6tre reformee par une secousse violente, mais elle n'est pas entree (1) Conference dounne a 1'Universite de Bordeaux le 16 novembre 1954. G. E. VON GRUNEBAUM en crise; elle attend un changement sans s'en rendre co Elle prend note du fait qu'il y a des revelations, des prop des religions qui exigent une conduite tres disciplinee loyautes absolues, mais elle n'envisage pas la possibili ces idees pourraient la regarder d'une maniere directe et ainsi dire personnelle. Dans cette epoque d'un quietisme decevant la poesie comme elle l'avait ete toujours, le seul luxe intellectu artistique auquel la societe arabe s'adonnat. II est assez dif de dire si c'etait l'amour de la langue ou le gout de la que les Arabes cultivaient, bedouins ou citadins; la langue comme la genealogie, et peut-etre plus qu'elle, etait le lie unissait des populations tribales dispersees sur une air vaste et separees par une desorganisation politique a pe constante. La beaute et l'expressivite de la langue pur n'existait que dans l'abstrait ou bien dans les odes des les meilleurs) etaient ressenties comme des verites incon et incontestables et sur lesquelles etait base au moins en l'orgueil des Arabes et le mepris qu'ils professaient pour voisins, attitude qui s'est, d'ailleurs, perp6tuee jusqu'a nos L'attrait esthetique de leur poesie etait pour les Arabes c pour nous identique ou presque avec l'attrait d'un lan mani6 a la perfection et avec beaucoup de sensibilite acou langage disposant d'un grand appareil de figures et d' employees avec un raffinement fort intelligent pour inlassablement un contenu tres limite et devenu tout a fait conventionnel, standardise. II faut noter une fois de plus que ce n'est pas seulement les grands themes que la poesie pre-islamique a accepte restrictions tres graves, mais encore dans le traitemen detail des sujets admis. L'exuberante richesse de traits b observes dans les descriptions de la faune de la steppe ne d pas obscurcir le fait que ce sont toujours les memes ani auxquels une ecole poetique s'int6resse ; on peut aisement dr la liste des animaux omis, et il n'est pas du tout facile de de les raisons qui peuvent avoir conduit a leur exclusion. En somme, la poesie pre-islamique est une poesie de virtuoses qui doivent plaire a un public tres epris de sa langue et qui ne veut 6 IDEOLOGIE MUSULMANE ET ESTHETIQUE ARABE pas etre diverti par la variete des matieres, mais qui applaud aux variations et l'embellissement d'un choix de sujets t limite. Les sujets et la maniere dont ils sont traites refleten gout des bedouins; les citadins n'ont pas developpe une po qui leur fut propre; les quelques poetes citadins ou mi-citad se contentent d'imiter la tradition de la steppe, et ils sembl souscrire au prejuge general decretant l'inferiorite du langa et du don poetique de l'habitant des villes. L'islamisme n'est pas un mouvement litteraire - il sembler peut-etre inutile de le dire; mais pour Mahomet, premi predicateur d'une religion fondee sur un livre arabe et devait paraitre aux contemporains quelque peu livresque l'affirmation qu'il etait prophete et rien que prophete, ni p ni devin, etait d'une toute premiere necessite. Ses adversair paiens s'efforcerent de leur mieux de confondre les notions revelation et de divination d'une part, de revelation et d production poetique d'autre part. Se trouvant accuse de n'et rien d'autre qu'un poete, Mahomet etait force de se dissoc nettement de la poesie et, par surcroit, d'afficher une esp d'antagonisme envers la litterature et les litterateurs en denonsant comme des menteurs qui ((ne font pas ce qu'il disent ). Ce n'est pas exagerer beaucoup que de dire que c formule un peu naive a pour jamais bloque la route vers esthetique litteraire d'un caractere specifiquement musulma l'6limination de l'idee d'une realite artistique a cote de la rea dans laquelle nous croyons vivre est implicite dans le jugem du Prophete, et elle s'allie avec la correction morale com critere principal de la reussite de l'ceuvre pour rendre dout ou meme illegitime l'invention autonome - j'evite le terme d ((creation ), notion necessairement suspecte aux theologie islamiques - de la part de l'artiste. Malgre cette attitude Prophete, le Coran a ete reconnu tres tot comme un chef-d'oeuvr litteraire. En effet, apres quelques hesitations de nature theo gique ainsi qu'esthetique, la pr6cellence litt6raire du Cor son inimitabilite du point de vue artistique, ont ete accept6 comme un dogme par la communaute des vrais croyant Strictement parlant, le dogme ne constate que le fait d l'inimitabilit6 du Livre, en se fondant sur le refus des pa 7 G. E. VON GRUNEBAUM de produire son egal quand, a raison d'une p de la part du Prophete, ils auraient eu tou l'essai; mais a part cette incapacite consta a laquelle on pouvait ajouter celle de quel musulmans qui, disait-on, s'etaient donne d avec la Revelation, le consensus interpretait tique comme une assertion de la perfection d Mahomet avait adouci sa condamnation des tant ceux dont les vers seraient utiles a la cause de Dieu et du Prophete. Malgre cet encouragement, ces partisans ne comp serent pas de poesies remarquables. A part quelques poem politiques animes d'une verve de partisans assez prenant les contemporains du Prophete n'ont rien laisse qui, sauf po des considerations historiques, meritat vraiment la preservat II est curieux qu'une impulsion aussi elementaire et aussi fo que la conversion a l'islamisme n'ait pas provoque d'echos litteraires importants; il est plus curieux encore que les sujets nouveaux que le Coran avait introduits et qui pour nous se pretaient fort bien l'elaboration litteraire, comme les descriptions du Jugement Dernier, du Paradis et de l'Enfer n'aient point tente les poetes des premieres generations de croyants. A de menues exceptions pres, il n'y eut pas de poesi religieuse en dehors des cercles de l'heterodoxie avant la fi du deuxieme siecle de l'ere musulmane. Ce n'est qu'au temp ou la piete mystique devint le theme dominant de la religiosit islamique que s'est developpee une poesie religieuse de tenu orthodoxe en langue arabe. Plus tard encore cette poesie religieuse s'enrichit d'une espece d'hymnodie en l'honneur du Prophete ou des saints locaux ; mais il faut se rendre compte que ces poemes panegyriques, quand ils ne sont pas d'origine populaire, refletent l'erudition un peu torturee de theologiens bien intentionnes plutot que la devotion authentique de poetes- nes. I1 y a dans la litterature arabe de tres emouvantes prieres et des sermons tres efficaces; mais peu s'en faut qu'il y manque la poesie d'inspiration religieuse, sinon mystique. Mais revenons a l'islamisme des origines. Le Prophete se voyait l'avertisseur d'un peuple assoupi dans l'ignorance des verites supremes, engourdi dans la negligence, expose a la menace de 8 IDEOLOGIE MUSULMANE ET ESTHETIQUE ARABE la fin du monde. En offrant aux Arabes la rEvelation du Seign (essentiellement identique aux revelations accordees auparav aux juifs et aux chretiens, que le Coran designera comm possesseurs de livres) Mahomet leur montre la voie du sa il ne reconnaft d'obstacle au salut que l'ignorance des or de Dieu; une fois ces ordres promulgues et compris, c'e seulement la mauvaise uploads/Religion/ grunebaum-g-e-von-ideologie-musulmane-et-esthetique-arabe-dans-studia-islamica-iii-1955.pdf
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- Publié le Aoû 13, 2022
- Catégorie Religion
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